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  • 16/07/2025

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00:006h-9h, Europe 1 Matin.
00:04Il est 8h12 sur Europe 1, bienvenue, la grande interview Europe 1 CNews.
00:09Jacques Serret reçoit ce matin Charles Decourson, rapporteur général du budget à l'Assemblée, député Liotte de la Marne.
00:16Bonjour à tous, la grande interview Europe 1 CNews. Bonjour Charles Decourson.
00:22Bonjour.
00:22Député Liotte de la Marne, rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale.
00:26Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous êtes l'un des grands spécialistes de la question budgétaire.
00:31Vous étiez hier après-midi présent dans la salle où le Premier ministre a dévoilé son plan d'économie.
00:36Avez-vous assisté à un moment de vérité de la part de François Bayrou ou à une litanie de mesures qui n'ont aucune chance d'aboutir ?
00:46Alors, le Premier ministre a le mérite de rappeler que la France ne peut pas continuer comme cela.
00:53Voilà. Mais je voudrais quand même rappeler que le Président de la République est au pouvoir depuis 8 ans
01:03et que l'État des finances publiques n'a cessé de se dégrader.
01:08Et que nous sommes dans une situation où il faut maintenant prendre des mesures importantes et urgentes.
01:14dont c'est un mérite d'avoir un Premier ministre.
01:18Vous me direz que d'autres, François Fillon avait déclaré un jour
01:21« Je suis à la tête d'un État en faillite ».
01:24Voilà.
01:25Ce constat est partagé depuis longtemps.
01:27Mais il n'y a rien de nouveau.
01:29Il fait preuve d'assez de courage dans ce que vous avez pu entendre.
01:31Alors, il a développé un plan de 44 milliards d'économies.
01:40Alors, moi j'ai consacré une partie de ma nuit à examiner cela.
01:46Vous avez tout analysé.
01:47Voilà.
01:48Et ce que je constate, c'est que dans ces 44 milliards,
01:52il y a 14 milliards d'augmentation des prélèvements obligatoires.
01:57Je vous donne quelques exemples.
01:59Premier exemple, la suppression de deux jours.
02:03Deux jours fériés.
02:04Deux jours fériés.
02:05Alors, on a parlé du lundi de Pâques et puis du 8 mai.
02:09La question, c'est qu'est-ce qui se passe du côté des salariés ?
02:13Est-ce qu'il y a une modification de la rémunération ?
02:16Aux dernières nouvelles, la réponse est non.
02:17Ce n'est pas prévu. Non.
02:18La réponse est non.
02:19En revanche, si on vient de l'appeler ce matin,
02:20Mais y a-t-il une contrepartie ?
02:23Il devrait y avoir une contribution demandée aux entreprises.
02:25Alors, si c'est une contribution aux entreprises,
02:28c'est-à-dire une cotisation patronale, modèle de l'époque Raffarin,
02:34qui avait supprimé une journée et qui avait fait payer aux entreprises
02:38l'équivalent, c'est-à-dire 0,3 point de cotisation salariée.
02:43Et dans ce qu'a exposé le Premier ministre, il y a 4 milliards d'eux.
02:48Donc, ça correspond à peu près à 0,6 point de cotisation patronale.
02:53Sinon, le différentiel, vous enrichissez les entreprises.
02:57Si on travaille plus...
02:58Le héros ne l'a pas dit.
02:58Il ne l'a pas dit.
02:59Voilà.
03:00Pourquoi ?
03:004 milliards de...
03:01Parce que je suppose que ça ne va pas être très populaire.
03:05Voilà.
03:06Deuxième exemple sur les prélèvements obligatoires.
03:09On nous dit, on va supprimer les niches fiscales et sociales
03:13à hauteur de combien ?
03:15De 3,4 milliards.
03:16C'est bien une augmentation des prélèvements obligatoires.
03:19Troisième exemple sur les mesures d'équité fiscale.
03:25Eh bien, il y en a pour 4,2 milliards d'augmentation.
03:28Mais où voulez-vous en venir ?
03:29Eh bien, je veux dire qu'il ne faut pas dire que ces 44 milliards,
03:34c'est massivement une réduction de la dépense publique.
03:38C'est pour, grosso modo, presque un tiers, pour 14 milliards d'abrèmes et des comptes,
03:43une augmentation des prélèvements obligatoires.
03:45Or, le Premier ministre l'avait dit, il ne faut plus augmenter les prélèvements obligatoires.
03:50Là, ce sont très clairement des hausses d'impôts demandées aux Français,
03:53des cotisations demandées aux Français.
03:5414 milliards, voilà.
03:56Et il reste une trentaine de milliards d'économies sur la dépense.
04:01Donc, c'est un tiers sur les recettes et deux tiers sur les dépenses.
04:07Et sur les dépenses, vous avez un certain nombre de choses qui méritent l'investigation.
04:13On nous a dit, on va économiser 5 milliards d'euros sur les opérateurs.
04:17Alors, les opérateurs, c'est quoi ?
04:18Les fameuses agences de l'État.
04:19C'est des agences diverses et variées qui dépensent à peu près 70 milliards.
04:25Alors, on aimerait savoir sur quoi on économise.
04:29Voilà.
04:30Et on a parlé des économies, mais on n'a pas parlé des dépenses nouvelles.
04:34Pourquoi la situation est aussi catastrophique ?
04:37Parce que vous avez des augmentations spontanées considérables.
04:42Vous avez le budget de la défense, 6 milliards et demi supplémentaires.
04:46Vous avez les intérêts de la dette.
04:48Alors, on n'a pas encore le chiffre, mais ça doit être de l'ordre 7-8 milliards supplémentaires.
04:54On a la contribution à l'Union européenne.
04:57Qui augmente.
04:577 milliards de plus.
04:58Vous savez pourquoi ?
04:59L'année prochaine.
04:59Parce qu'on a été subventionné par l'Union européenne dans le cadre du plan de relance.
05:04Mais maintenant, il faut rembourser les dettes.
05:06Ce n'est pas plus compliqué que ça.
05:08Vous voyez, rien que ces trois mesures, grosso modo, c'est 20 milliards de dépenses supplémentaires.
05:13Donc, on voit bien qu'il faut prendre des mesures justes.
05:19Et est-ce qu'elles sont toutes justes ?
05:21Alors là, grand débat.
05:24Est-ce qu'on est estimé que François Bayrou ne va pas assez loin dans les coupes du budget de l'État ?
05:28Je pense que la priorité, c'est de réduire la dépense publique.
05:33Ce n'est pas de continuer à augmenter les prêlements obligatoires.
05:35C'est ça, je pense, une première critique qu'on peut faire.
05:39L'ordre de grandeur, si vous voulez, de 44 milliards, c'est un ordre de grandeur de ce qu'il faudrait faire.
05:47Il faudrait le faire sur la dépense.
05:49Et une dépense juste.
05:51Et puis, prendre quelques mesures symboliques, par exemple.
05:55Vous, Charles de Courson, je crois que vous proposez, vous avez déposé une proposition de loi.
05:59Par exemple, pour revoir les avantages accordés aux anciens présidents de la République, aux anciens premiers ministres.
06:05Absolument, absolument.
06:06Vous regrettez que le premier ministre n'est pas mis ça sur la table hier ?
06:08Oui, ce n'est pas avec ça que vous allez redresser les finances publiques.
06:10Mais il y a des mesures symboliques.
06:13De dire, tout le monde doit faire des efforts.
06:15Et en tête, ceux qui ont les meilleurs revenus ou des situations, si vous voulez, qui choquent à juste raison l'opinion publique.
06:26Moi, demander aussi aux parlementaires un petit effort, ça me paraît tout à fait normal.
06:35On a été élus par le peuple.
06:37C'est les impôts du peuple qui nous rémunèrent.
06:40Et bien, qu'on fasse aussi un...
06:41Et concrètement, quel effort ?
06:43Quel effort ?
06:44C'est-à-dire, vous auriez aimé qu'ils mettent quoi sur la table hier, François Bayrou ?
06:47Et bien, un certain nombre de mesures symboliques concernant les ministres, la représentation nationale, les anciens présidents, les anciens premiers ministres,
06:56ce qui choque beaucoup de gens.
06:59Prenez Mme Cresson, tout le monde a oublié depuis combien de temps elle n'est plus première ministre.
07:05Elle continue à avoir un certain nombre de moyens qui sont octroyés par la République.
07:09Est-ce que ceci est raisonnable ?
07:11Moi, j'avais proposé qu'au bout de dix ans, ce type d'avantages, voitures, chauffeurs, etc., disparaissent.
07:19Ça me paraît tout à fait réaliste.
07:20D'ailleurs, c'est ce que préconisait un rapport, d'ailleurs, qui avait été demandé à un membre du Conseil d'État.
07:26Charles de Courson, la grande interview européenne, c'est nous.
07:29Le Premier ministre parle jour férié ou encore antibiotiques et vaccins.
07:33Nous consommons en France deux fois plus d'antibiotiques qu'en Allemagne.
07:37Et je ne crois pas que nous soyons en meilleure santé que les Allemands, dit François Bayrou.
07:40En résumé, il veut responsabiliser les Français en les faisant davantage passer à la caisse.
07:45Il faut en passer par là ?
07:46Non, mais il a raison sur ce point.
07:49Prenez les antibiotiques.
07:51Mais qui prescrit les antibiotiques ?
07:54Ce n'est pas vous et moi qui peuvent aller acheter des antibiotiques.
07:59Il faut une ordonnance.
08:01Voilà.
08:02Donc, le problème, c'est l'évolution des prescriptions médicales.
08:07Il y a eu d'ailleurs des progrès.
08:10Prenez certaines formes de maladies.
08:12On prend des antibiotiques alors que c'était totalement inutile.
08:15Vous voyez ?
08:16Mais il y a d'autres exemples qu'on peut prendre en matière de dépenses de santé.
08:21On a parlé vaccination.
08:23C'est vrai que si tout le monde était vacciné, par exemple, contre la grippe,
08:28on ferait des économies très importantes.
08:30Mais une fois que vous avez dit cela, soit vous dites, on rend obligatoire la vaccination.
08:35Excusez-moi, comment vous rendez obligatoire une vaccination si les gens ne veulent pas se faire vacciner ?
08:40On est quand même encore dans un pays libre.
08:43Vous voyez ?
08:43Alors là, je n'ai pas bien compris.
08:45Mais Charles Lecourson, puisqu'on parle santé, économie,
08:48est-ce qu'il ne faut pas aussi, d'une certaine manière, responsabiliser les étrangers ?
08:52Il faut responsabiliser les Français.
08:54Mais est-ce que ce n'est pas aussi le grand oublié de ce grand oral de François Bayrou ?
08:59Pas une fois.
09:00Pas une fois.
09:00Hier, le mot « immigration » n'a été prononcé.
09:03Le coût de l'immigration, ce n'est pas un problème, en tout cas visiblement pour Bayrou.
09:08Est-ce que vous le regrettez ?
09:09On a un débat sur l'AME, c'est-à-dire l'aide médicale d'État,
09:14qui permet de soigner des personnes en situation irrégulière, étrangères en situation régulière en France.
09:23Il faut bien voir que, quel que soit le pays, on soigne ces personnes.
09:28Pourquoi ?
09:29Parce que si vous ne les soignez pas, ça va déclencher des épidémies.
09:32Donc, en termes de santé publique, c'est indispensable.
09:36François Bayrou cite l'exemple de l'Allemagne.
09:38En Allemagne, il n'y a pas l'aide médicale d'État, le panier de soins est resserré.
09:42Le débat, c'est le panier de soins.
09:44Il n'est pas plus malade en Allemagne qu'en France.
09:45Non, mais le problème, c'est le panier de soins.
09:48Et le panier de soins, il n'est pas législatif, il est réglementaire.
09:52Est-ce qu'il faut restreindre, au-delà de ce qui existe actuellement, le panier de soins ?
09:57Ça, on peut en discuter, c'est tout à fait légitime.
09:59Mais ceux qui disent qu'on va faire une économie d'un milliard d'eux en supprimant l'AME,
10:04ça ne veut rien dire.
10:04Parce que dans les hôpitaux, si quelqu'un étranger se présente, il sera soigné.
10:09Parce que s'il a une maladie contagieuse et qui contamine une partie de nos concitoyens,
10:14on aura tout gagné.
10:16On n'aura fait aucune économie.
10:17On aura fait des dépenses supplémentaires.
10:19Donc, il faut être raisonnable en toutes choses.
10:21Et donc, le panier de soins...
10:23On veut supprimer le lundi de Pâques, mais pas l'AME.
10:25Oui, mais ce n'est pas raisonnable de supprimer l'AME en termes de santé publique.
10:31Ceci coûterait plus cher que ce que ça rapporterait.
10:34Donc, si vous voulez, c'est le genre de fausses économies.
10:37Les économies que je qualifierais de démagogiques.
10:41Alors que sur les deux jours de suppression, le problème, c'est qu'aux dernières nouvelles,
10:46il va y avoir une contribution qui va rapporter 4 milliards d'eux.
10:51C'est-à-dire, c'est ce qu'avait fait M. Raffarin quand il avait supprimé un jour férié.
10:57Et puis après, les partenaires sociaux ont discuté branche par branche
11:01pour comment on augmentait de 7 heures par an la durée du travail.
11:06Et en contrepartie, il y a eu une cotisation dite de solidarité de 0,3%
11:11sur les cotisations patronales.
11:15Charles de Courson, vous êtes bien sur CNews et Europe 1.
11:20Quelle position va adopter votre groupe, l'UYOT,
11:23sur cette proposition de budget de François Bayrou ?
11:26On a entendu les représentants du Rassemblement National,
11:28ceux du Parti Socialiste.
11:30Visiblement, on se dirige vers la censure.
11:31Ce sera votre ligne de conduite également ?
11:33Écoutez, nous devons discuter en fin de matinée.
11:36Avec un ensemble de nos collègues, les connaissants,
11:40je ne voudrais pas anticiper sur la position de notre groupe.
11:44Mais il m'étonnerait qu'il y ait beaucoup de nos collègues qui votent pour.
11:51Pour ce budget ?
11:52Pour ce type de proposition.
11:56Alors reste la censure.
11:58Vous savez, on est un groupe de gens libres.
12:00Voilà, il y aura peut-être un certain nombre de membres de notre groupe
12:04qui voteront la mention de censure.
12:05Mais à titre personnel, vous étiez démené face à Elisabeth Borne en 2023,
12:11en 2025 face à François Bayrou ?
12:13Oui, je n'ai pas voté la dernière fois la motion de censure.
12:17Contre Michel Barnier.
12:18Contre Michel Barnier.
12:18Mais contre Elisabeth Borne, vous l'avez fait.
12:20Et je l'ai fait, mais sur le problème d'une réforme totalement inadaptée.
12:25D'ailleurs, la suite des opérations l'a montré.
12:27Et que ce que nous avions développé dans notre groupe, c'était la sagesse.
12:33C'est-à-dire qu'il faut encourager nos concitoyens à travailler plus longtemps,
12:37mais par des voies d'incitation.
12:38Et non pas en augmentant...
12:40A titre personnel sur ce gouvernement de François Bayrou ?
12:42Je pense qu'il est dangereux de rajouter du chaos au chaos.
12:49Et donc, moi, en l'état actuel des choses, je ne voterai pas pour un tel budget.
12:56Enfin, il n'y a pas que la loi de finances, il y a la loi de financement à la sécurité sociale aussi.
13:00De là à voter la motion de censure, nous en discuterons dans notre groupe.
13:03Est-ce que c'est parce que vous êtes un ancien compagnon de Rhône de François Bayrou ?
13:07Non.
13:07Qui a l'UDF jusqu'en 2006 ?
13:09Non, puisque vous savez que j'ai rompu politiquement avec François Bayrou en 2007
13:14sur sa position au second tour des élections présidentielles,
13:19où il avait fait près de 20% des voix.
13:21Et Nicolas Sarkozy avait fait une trentaine.
13:23A eux deux, ils avaient fait 50%.
13:24Il était évident qu'il fallait s'allier.
13:27Nicolas Sarkozy n'attendait que cela.
13:29Moi, il me l'a dit.
13:30Il l'a refusé.
13:31Hélas, enfin, ne refaisons pas l'histoire.
13:34Mais ce n'est pas parce que j'ai rompu politiquement
13:36qu'on ne continue pas à avoir de temps en temps des discussions.
13:40Et justement, parmi ces discussions,
13:41est-ce que vous abordez les éventuelles ambitions de François Bayrou,
13:45triple candidat à la présidentielle ?
13:47Non.
13:49Non, mais j'ai une petite idée.
13:51Je pense qu'il n'a jamais renoncé.
13:53Vous le voyez et vous l'imaginez ?
13:55Je pense que tout est possible.
13:56Vous savez, vu la situation politique française, tout peut arriver.
13:59Charles de Courson, j'aimerais vous faire réagir.
14:01Parce que dans ce contexte, et c'est un peu passé inaperçu,
14:04on parle beaucoup de ces chiffres, de ce bilan d'Emmanuel Macron.
14:07Est-ce que ce bilan, c'est aussi celui de Bruno Le Maire ?
14:10Oui.
14:11Moi, je suis nommé Bruno Le Maire M. 1000 milliards.
14:14Puisque quand il est arrivé, la dette publique était de 2300 milliards.
14:17Charles de Courson, je vous dis.
14:18Quand il nous a quitté, 3300 milliards.
14:19Je vous pose la question parce qu'il y a quelques jours,
14:21on a appris que Bruno Le Maire était décoré,
14:24nommé en titre d'officier de la Légion d'honneur pour le 14 juillet.
14:30Comment vous avez perçu cette nomination ?
14:33C'est bienvenu dans ce moment-là ?
14:34Vous savez, quelles que soient les critiques que j'ai pu adresser à Bruno Le Maire,
14:40qui a trouvé que parfois j'étais même très dur à son endroit,
14:44il a quand même consacré une partie de sa vie au service de notre pays.
14:49Même si je conteste la façon dont il l'a fait.
14:51Mais ça, c'est un débat.
14:52Donc, qu'il ait la Légion d'honneur.
14:56Vous savez, comme tous les anciens députés, au bout de certains nombres d'années...
15:01Donc c'est normal.
15:02Mais ça ne me paraît pas anormal.
15:06Merci beaucoup, Charles de Courson, d'avoir accepté notre invitation.
15:10C'était la grande interview européen CNews.
15:12A très bientôt.

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