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00:00L'édito politique de Karl Béus. Bonjour Karl. Bonjour Alexandre.
00:03Ce matin, vous revenez sur les propositions de François Bayrou, annoncées hier par le Premier ministre lui-même
00:09et qui portent sur près de 44 milliards d'euros d'économie l'année prochaine.
00:14Alors ce qui vous a frappé, vous Karl, ce sont ce que vous appelez les paradoxes de François Bayrou.
00:19Quels sont-ils ces paradoxes ?
00:21François Bayrou a été au rendez-vous qu'il avait fixé avec les Français.
00:24Le Premier ministre avait dit qu'il prendrait des mesures fortes pour réduire la dette,
00:27qui s'élève, il l'a longuement rappelé, à 3300 milliards d'euros.
00:31Il a effectivement pris des mesures fortes, vous les avez rappelées sur votre entête.
00:35Mais ce qui était frappant hier, en effet, c'était les paradoxes qu'on voyait surgir
00:39au fur et à mesure que le chef du gouvernement énonçait ses propositions.
00:42J'en ai relevé au moins trois.
00:44Le premier d'entre eux, et pas des moindres, concerne les augmentations d'impôts.
00:48Dans sa première demi-heure consacrée à la pédagogie de la dette, François Bayrou a dit cette phrase
00:52« Si l'abondance des impôts faisait le bonheur d'un pays, alors nous serions le pays le plus heureux de la planète. »
00:57Sous-entendu, les réellements obligatoires sont les plus élevés, puisque la France est dans cette situation-là.
01:04La déduction logique de ceux qui l'écoutaient à ce moment-là était simple.
01:07Il n'allait pas y avoir d'augmentation d'implot dans le plan du premier ministre.
01:10Eh bien, c'est raté. Il y en a bien, même s'il refuse de le reconnaître.
01:13On a donc ce paradoxe que le premier ministre n'augmente pas les impôts,
01:17mais que malgré tout, les impôts augmenteront pour certains en 2026.
01:20Les plus riches avec la fameuse contribution de solidarité,
01:24les détenteurs de niches fiscales supprimées,
01:26puisque, il faut rappeler, l'objet d'une niche fiscale,
01:28c'est justement de diminuer cette pression fiscale sur certaines catégories
01:32pour que, soit elles investissent ou elles emploient.
01:35Supprimer la niche, c'est mécaniquement augmenter les impôts de ces catégories de Français.
01:39Les retraités, qui subiront la suppression de l'abattement de 10%
01:43liés aux frais professionnels de leur impôt sur le revenu,
01:47et ils verront aussi cet impôt augmenter.
01:49Enfin, l'année blanche fera mécaniquement entrer dans l'impôt sur le revenu
01:53ou progresser des tranches les Français qui auront eu une augmentation de salaire.
01:56Alors, quels sont, selon vous, les autres paradoxes de François Bayrou ?
02:00Toujours dans cette première partie sur la prédagogie,
02:04François Bayrou a pris l'exemple de la crise grecque
02:06sous le gouvernement Tsipras de 2015,
02:09qui a été obligé de baisser les retraites de 30%
02:11et les salaires des fonctionnaires de 15%.
02:13C'est là que nous en sommes à lancer le Premier ministre
02:15pour faire comprendre à tout le monde la gravité de la situation.
02:17A partir de là, on se dit que le Premier ministre va prendre des mesures drastiques
02:21sur la fonction publique, justement, pour éviter d'en arriver aux solutions extrêmes de la Grèce.
02:27Mais François Bayrou ne propose la suppression que de 3 000 postes de fonctionnaires en 2026.
02:33Pour rappel, la France compte 5,7 millions de fonctionnaires,
02:37parmi lesquels 2,54 millions travaillent dans la fonction publique de l'État.
02:41La réduction de 3 000 ne couvre même pas l'augmentation de 2024
02:46que l'IFRAP a calculée à 32 000 nouveaux fonctionnaires.
02:49Il est quand même paradoxal de brandir la menace grecque
02:52et d'en arriver à un chiffre aussi ridiculement bas.
02:55C'est la même chose pour le non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois.
02:57En 2007, Nicolas Sarkozy avait mis en place le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux.
03:03Quatre ans plus tard, la Cour des comptes avait estimé que ce dispositif,
03:07au lieu de rapporter 800 millions d'euros comme prévu,
03:09n'en avait rapporté que 100 millions.
03:11Et quand Michel Barnier a voulu reprendre ce dispositif d'un sur deux en décembre dernier,
03:16l'Institut Montaigne avait calculé que cela permettrait une économie
03:18de 680 millions d'euros pour 29 000 départs.
03:23On sera très loin du compte avec le 1 sur 3.
03:25Dites-moi, est-ce que François Bayrou a arrivé à le faire voter,
03:29ce budget, cet automne, par le Parlement ?
03:31Alors Alexandre, sans trop prendre de risques,
03:33je vais m'avancer aujourd'hui en vous pronostocant
03:37qu'avec ces mesures annoncées hier, le budget ne sera pas voté cet automne.
03:40Le Premier ministre devra donc obligatoirement recourir à l'article 49.3
03:44et faire face à une motion de censure.
03:46Et c'est là le dernier paradoxe de Bayrou.
03:49Il propose un plan ambitieux de réduction de la dette,
03:51sans majorité à l'Assemblée nationale,
03:53alors que son contenu supposerait qu'il s'appuie sur une majorité solide et cohérente,
03:58et surtout qu'il ait obtenu au préalable un mandat des Français
04:01qui aurait validé ses choix et mis, par exemple,
04:04pendant une campagne électorale, avant un scrutin.
04:06Or, non seulement les résultats des dernières législatives
04:09ne permettent pas de dire que les électeurs lui ont donné un tel mandat,
04:13mais rien ne dit non plus que les partis du socle commun,
04:16à commencer par les Républicains,
04:18se plient de bonne grâce à l'exercice de soutenir le plan de François Bayrou.
04:21Votre édito politique sur Europa, merci.
04:23Karl Méhus, rédacteur en chef au Figaro Magazine, à demain.

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