Anne-Sophie Alsif, associée et cheffe économiste de BDO, était l'invitée de Sandra Gandoin dans Good Morning Business, ce mercredi 16 juillet. Elle a commenté les 44 milliards d'économies de François Bayrou pour réduire la dette et la proposition de supprimer deux jours fériés, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
00:00Ça fait parler, ces mesures présentées hier, ces 44 milliards d'économies présentées par François Bayrou pour évidemment baisser la dette.
00:08Ce budget 2026, on en parle avec vous Anne-Sophie Alcy, vous êtes associée chef économiste de BDO.
00:14Est-ce que c'est bien un plan ambitieux ? Ça oui, il y a plein plein de choses dedans, mais est-ce qu'il sera surtout réalisable pour commencer Anne-Sophie ?
00:22Alors oui, c'est ça la grande question. C'est vrai qu'économiquement, en tout cas pour ma part, je trouve que c'est très ambitieux.
00:27Ce qui est aussi excellent, c'est qu'on a vraiment une part sur on stoppe la dette avec un état des lieux précis, concret, qui dit dans quel état est le pays.
00:35Donc là, on ne peut pas dire qu'on n'est pas au courant. Et puis surtout, on a une deuxième partie. C'est un petit peu mon regret.
00:40On ne parle que des jours fériés supprimés. On ne parle pas de la seconde partie de production parce que si on est dans cette situation, c'est parce qu'on a moins de recettes publiques.
00:47Ce n'est pas parce que les dépenses publiques ont explosé ces dernières années. C'est parce que surtout, on a moins de recettes.
00:52Ça veut dire qu'on a moins de croissance et que les entreprises qui vont moins bien, paient moins d'impôts.
00:57Donc c'est vrai que ce deuxième volet de produire, j'espère qu'on aura l'occasion d'en parler, c'est à mon sens ça aussi qui est important
01:02parce qu'il fait un constat, mais il propose des pistes pour produire plus et pour avoir plus de croissance et donc pour sortir de cette situation.
01:08Donc ça, on peut le louer parce que c'est vrai que ces derniers mois, à part critiquer, il n'y a pas beaucoup de prépositions.
01:12Alors on peut y aller tout de suite sur la production d'ailleurs.
01:14C'est la recette d'Emmanuel Macron depuis 2017 pour rétablir les comptes publics.
01:20Il n'arrête pas de dire, c'est la croissance, c'est l'augmentation du PIB qui nous fera reculer notre déficit.
01:27Bon, notre déficit, il est le pire de la zone euro aujourd'hui.
01:30Et la croissance, malheureusement, et surtout en France, c'est une énergie plutôt intermittente.
01:34Tout comme l'éolien a besoin de vent pour tourner, bon, on aurait besoin de croissance,
01:38mais on voit que la croissance potentielle du pays a été ramenée de 1,3 à 1% seulement
01:43et qu'elle est très molle, la croissance aujourd'hui.
01:45Donc, est-ce qu'on peut compter sur la croissance pour rétablir nos comptes publics ?
01:49Alors pas aujourd'hui où on en se parle, mais l'idée, c'est d'avoir une vision à moyen-long terme,
01:54de dire comment on va reproduire.
01:56Là, c'est vrai qu'on a une situation politique différente, mais l'idée, c'est de dire dans 5 ans, dans 10 ans,
02:00qu'est-ce qu'on pourra faire pour avoir 3% de croissance ?
02:03On disait la même chose sur l'ESPA, et rappelez-vous, il y a 10 ans,
02:05aujourd'hui, ils ont 3% de croissance, c'est un déficit inférieur à 3%.
02:08Et en France, tu as des taux inférieurs à ceux de la France.
02:10Exactement, comme l'Italie, il faut le souligner.
02:12Donc, c'est possible, il faut avoir une vision, avoir un cap.
02:15Et en plus, c'est ce que nous demandent les investisseurs,
02:16ce n'est pas en deux minutes de baisser massivement nos dépenses,
02:19c'est d'avoir vraiment un plan, de dire où va la France, quelle est sa trace,
02:23et où demain, elle aura de la croissance.
02:25Et donc, c'est suppression de deux jours fériés pour l'instant,
02:28on verra si ça tient après le passage à l'Assemblée nationale.
02:32Mais c'est travailler plus, les Français travaillent 200 heures en moyenne
02:34de moins que leurs voisins européens.
02:37C'est un nouveau tour de vis sur l'assurance chômage,
02:39on en a besoin aujourd'hui, toutes ces mesures, vous les saluez ?
02:42Alors, sur travailler plus, il faut faire attention,
02:44parce qu'on voit déjà que ça a été récupéré politiquement,
02:46on ne dit pas que les Français sont feignants par rapport aux autres, etc.
02:50Ce n'est pas ça le sujet.
02:50Le problème, tout à fait, parce qu'on a un taux d'emploi qui est plus faible
02:55par rapport à nos voisins, notamment chez les moins de 25 ans
02:58et chez les plus de 55 ans.
02:59C'est vraiment ça le sujet.
03:00Et entre les deux, notamment, les femmes sont frappées de cela,
03:04beaucoup de temps partiel, d'intérim, des gens qui aimeraient travailler plus,
03:06mais qui n'ont pas de contrat à temps plein.
03:08Donc, c'est vraiment là-dessus qu'il faut travailler.
03:10Le gouvernement avait commencé avec l'apprentissage,
03:11mais là, on voit que ça coûte très cher,
03:13et à mon sens, ça paye des biens pêchés.
03:15Vous avez l'apprentissage des personnes qui n'ont pas vraiment besoin
03:19pour s'insérer sur le marché du travail.
03:20Donc, à mon sens, il va falloir revoir ça, mieux le flécher.
03:23Et la question, avec l'augmentation de l'âge de départ à la retraite,
03:25c'est vraiment le travail des seniors,
03:27où là, on a vraiment un taux d'emploi très bas,
03:29notamment par rapport aux pays nordiques.
03:31Si on augmentait même de 3 à 7 points,
03:33on ne serait pas du tout dans une situation de déficit.
03:35Donc, c'est vraiment là-dessus qu'il va falloir travailler.
03:36Mais Michel Picon disait tout à l'heure sur cette antenne,
03:39oui, il va falloir embaucher plus,
03:40mais on a énormément de mal à recruter.
03:42Peut-être a-t-il dit entre deux lignes
03:44qu'il allait falloir travailler sur le salaire,
03:45mais là aussi, il est resté très, très vague.
03:50Pour avoir plus de seniors, elles ont besoin de quoi ?
03:52Alors, plus de jeunes, souvent, le jeune,
03:54en effet, quand il commence, c'est moins cher.
03:55Donc là, on a moins de problèmes.
03:57Le jeune, c'est vraiment plus sa qualification.
03:59Donc, un, c'est avoir un travail beaucoup plus ciblé,
04:01c'est-à-dire qu'au lieu de soudre poudré,
04:03c'est faire un petit peu comme fait la Norvège, la Suède.
04:05C'est avoir vraiment un parcours qui est individualisé
04:08et d'éviter d'avoir 150 000 jeunes
04:09qui sortent du système chaque année sans aucune qualification.
04:13Ça, c'est le pire de tout,
04:14parce qu'après, c'est très compliqué de les réintégrer.
04:16Donc, moins, on va dire, en global,
04:18mais plus en individualisé.
04:21Et ça, on a vraiment des systèmes au pays nordique qui fonctionnent.
04:24Mais ça veut dire revoir un petit peu comment on protège
04:26et comment on insère les jeunes sur le marché du travail,
04:28ce qui n'est pas toujours facile.
04:29Avec les formations, on le sait,
04:31et puis aussi avoir l'information.
04:33Donc, ça, il y a un énorme travail à faire,
04:34même au niveau des entreprises,
04:36de dire, ben voilà, dans tel secteur, on embauche.
04:38Enfin, bon, c'est un serpent de mer,
04:40mais en tout cas, il faut vraiment le développer.
04:42Et puis, concernant les seniors,
04:44là, la problématique est inverse.
04:45C'est que souvent, on considère qu'ils sont trop chers
04:47et pas forcément assez productifs.
04:49Et là, à mon sens, il n'y a qu'un mot,
04:50c'est vraiment la formation.
04:52Il faut vraiment ne plus être contradictoire.
04:54On ne peut pas dire d'un côté,
04:55on augmente l'âge de départ
04:56pour justement augmenter le taux d'emploi.
04:58Et après 45 ans, vous dire au revoir, c'est fini.
05:00Bon, quand vous avez 50 ans
05:02et que vous allez avoir votre tête à 60, 68 ans,
05:04il vous reste plus de 15 ans à travailler.
05:06Donc, ce n'est pas 2, 3 ans.
05:07Et en 15 ans, vous pouvez avoir de la formation
05:09et vous pouvez augmenter vos compétences.
05:11Vous n'êtes pas plus bête qu'un autre.
05:12Les autres pays le font et ça marche bien.
05:14Donc, ça, c'est les entreprises qui doivent le faire.
05:16Voilà.
05:16Donc, c'est vraiment les deux.
05:17C'est vraiment faire et investir dans la formation,
05:20même pour les seniors,
05:21même si c'est un coût supérieur
05:22parce que ça n'est pas aussi rapporté.
05:24Mais c'est là aussi qu'il faut changer.
05:25C'est qu'il faut voir vraiment la formation
05:26comme une opportunité
05:27et pas seulement pour un coup en disant
05:30bon, ben voilà, ça va nous coûter
05:31ce que ça va vraiment nous rapporter.
05:33Il faut vraiment changer ça.
05:34Et c'est vrai que malheureusement,
05:35dans le débat des retraites,
05:36ça n'a pas été, à mon sens, assez soulevé.
05:38Alors, les retraites, justement,
05:39les retraités sont peut-être l'une des catégories
05:42qui sera les plus mises à contribution
05:45dans ce budget.
05:46Trois mesures sur les retraités.
05:48Le gel des pensions,
05:49le gel du barème de l'impôt sur le revenu
05:52et surtout de la CSG
05:53qui va évidemment concerner tous les retraités
05:56et la suppression, en tout cas le remplacement
05:59de l'abattement pour frais professionnels
06:02en un forfait de 2 000 euros
06:04qui là sera plus progressif.
06:05Les plus aisés paieront davantage
06:08et les plus modestes seront épargnés.
06:10Mais trois mesures sur les retraités,
06:12est-ce que ce n'est pas un peu beaucoup ?
06:14C'est vrai que quand on regarde
06:15depuis la crise inflationniste,
06:17on voit que c'est une des catégories
06:18qui a eu le plus d'indexation, justement,
06:20de leurs pensions sur l'inflation.
06:22Et on voit en niveau de vie global
06:24que c'est le niveau de vie qui a moins de baissé,