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Manque de renouvellement des générations, accès au foncier bloqué, transition écologique ralentie : le modèle agricole français arrive à un point de bascule. Alors que des milliers de porteurs de projets souhaitent s’installer pour produire autrement, nombre d’entre eux restent freinés par un système inadapté. Pour y répondre, la foncière solidaire FEVE mise sur l’épargne citoyenne pour soutenir une nouvelle génération d’agriculteurs engagés.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex. Maxime Plasmance, bonjour. Vous êtes chef de projet chez FEV pour 3 régions, les Hauts-de-France, l'Île-de-France et la Normandie. FEV pour Fermenvie. C'est quoi FEV ?
00:22FEV, c'est une foncière solidaire. On va collecter de l'argent auprès de l'épargne citoyenne pour le réinvestir dans des exploitations agricoles.
00:28Donc foncière agricole et solidaire qui fonctionne depuis combien d'années et combien d'agriculteurs accompagnés en quelque sorte.
00:38FEV, ça a été créé en 2020. Donc aujourd'hui, on va sur nos 5 ans. Aujourd'hui, on a accompagné environ 40 agriculteurs dans leur installation et dans l'acquisition de fonciers pour pouvoir s'installer dans des bonnes conditions.
00:50Est-ce que c'est un modèle qui existait déjà ou que vous avez collectivement inventé en quelque sorte ?
00:56C'est un modèle qui existait déjà un peu dans le monde agricole, qu'on a repris et amélioré pour répondre aux enjeux actuels et aux demandes des agriculteurs aujourd'hui.
01:07On essaie de répondre aussi à un autre enjeu très important, c'est la transition agroécologique.
01:12Parce qu'on demande à nos agriculteurs aujourd'hui de s'engager dans cette transition et de convertir leurs terres pour avoir des fermes plus respectueuses dans l'environnement.
01:21Alors, il y a effectivement deux enjeux majeurs dont on va parler pendant cette interview. Il y a cet enjeu de la transition agroécologique.
01:32Et puis, il y a l'enjeu du renouvellement de génération. Parce qu'il y a quand même un chiffre assez frappant que je donnais dans les titres.
01:37Un agriculteur sur deux qui doit partir à la retraite dans les 10 ans qui viennent.
01:42Vous, alors on va commencer par ça. Votre objectif, c'est quoi ? C'est de trouver des candidats, des candidates tout simplement ?
01:46Nous, on a plusieurs grands défis. C'est déjà d'identifier les bons candidats qui vont pouvoir reprendre les exploitations à vendre.
01:57Aujourd'hui, c'est un gros travail qui est effectué pour la sélection et pour la formation des candidats.
02:04On travaille avec des partenaires locaux pour des lycées à récoltes, des formations à distance, tout ça,
02:10qui permettent aujourd'hui aux jeunes et moins jeunes de se former pour la reprise d'exploitation.
02:14La sélection des candidats est une phase très compliquée.
02:19L'autre partie du travail, c'est aussi d'identifier des fermes à vendre.
02:24Aujourd'hui, elles arrivent de plus en plus sur le marché.
02:27Mais comment identifier les bonnes fermes pour les bons candidats, c'est un autre défi.
02:32Est-ce que parmi ces candidats, il y a aussi des urbains qui veulent venir vivre à la campagne,
02:38qui ont peut-être une vision un peu idéalisée du métier d'agriculteur ?
02:42Oui, tout à fait. Aujourd'hui, on a un peu tous les profils.
02:45On va avoir de l'urbain qui veut se reconvertir, qui va se former et qui va après reprendre les quotations.
02:52Mais on va aussi avoir le profil fils d'agriculteur qui ne peut pas reprendre la ferme familiale
02:57et qui cherche à s'installer sur une nouvelle ferme et qui a besoin de financement.
03:00Donc, on va avoir ce profil-là aussi.
03:01On va aussi avoir beaucoup de profils salariés agricoles qui cherchent à s'installer
03:05et qui n'ont pas malheureusement les financements.
03:08Donc, on peut répondre à ces problématiques-là.
03:10Il y a un enjeu de souveraineté alimentaire.
03:12À quel point le tissu, le maillage agricole français s'est affaibli depuis peut-être une vingtaine d'années
03:20ou une trentaine d'années ?
03:21C'est-à-dire, il y a de moins en moins d'agriculteurs en France ?
03:24Il y a tout de monde.
03:25Aujourd'hui, l'enjeu du monde agricole, c'est de se renouveler.
03:28La moitié, comme vous l'avez dit, d'exaltation, va être accédée dans les dix ans à venir.
03:34Donc, comment se renouveler et comment permettre à des nouveaux agriculteurs de s'installer sur ces fermes-là ?
03:40La principale problématique, c'est le financement du foncier.
03:43Aujourd'hui, quand vous voulez être agriculteur, il faut acheter des terres,
03:46il faut acheter des bâtiments, il faut acheter des tracteurs, il faut acheter un cheptel.
03:49Tout ça, bout à bout, ça fait un investissement qui est colossal.
03:53Les banques sont de plus en plus frileuses sur ces montants qui peuvent être très importants.
04:00Donc, FEV vient apporter une brique qui peut être très importante dans les installations
04:03pour consolider un relais bancaire après et par la suite sur le reste qui reste à financer.
04:10Si on rentre dans le détail, comment ça marche ?
04:11Vous faites le lien entre ces futurs agriculteurs et des citoyens assez engagés d'ailleurs
04:17qui sont prêts à investir ou à prêter de l'argent ?
04:21Comment ça marche, en fait ?
04:22Exactement.
04:23Tout commence des citoyens qui veulent investir de l'argent dans un projet qui leur semble cohérent.
04:31Donc ça, nous, on essaie de flécher cette épargne-là vers notre foncière
04:36qui collecte de l'argent en permanence.
04:39Dès 500 euros, vous pouvez investir de l'argent dans la foncière.
04:42Vous avez une rentabilité qui est prévue entre 2 et 3 %, mais vous avez aussi une réduction
04:50d'impôt de 25 % sur l'impôt sur le revenu.
04:55Donc, c'est des montants qui peuvent être intéressants pour les investisseurs particuliers.
05:00On essaie de dire, au lieu de mettre votre argent sur le libraire, mettez-le chez FPEV.
05:05Au moins, vous savez ce qu'il va financer.
05:07L'agriculture, les terres, c'est un placement qui est très sûr, très sécurisé.
05:12Depuis 20 ans, depuis 30 ans, le prix du foncier évolue constamment, stablement.
05:16Mais c'est un investissement sûr.
05:19Et donc, cet investissement et finalement cette utilisation de notre épargne,
05:24c'est là que ça devient encore plus intéressant.
05:25C'est qu'il se fait cet investissement avec un engagement, avec l'idée d'une transformation.
05:33Et on en vient à cet engagement agroécologique.
05:36C'est-à-dire, qu'est-ce que vous demandez aux candidats, aux candidates
05:39qui vont éventuellement, grâce à vous, pouvoir racheter une exploitation ?
05:43Aujourd'hui, on demande à nos candidats de respecter une charte agroécologique.
05:48Le socle commun de cette charte, c'est la conversion en agriculture biologique.
05:53Et après, on demande aux agriculteurs, selon leur type d'exploitation,
05:56d'aller un peu plus loin, comme de faire de la pratique de conservation du sol,
06:00de planter des haies, d'étudier les ressources en eau,
06:02d'avoir des circuits courts pour leur distribution, etc.
06:08Tout va dépendre de la forme d'exploitation.
06:10Mais le socle commun, c'est l'agriculture biologique pour nos agriculteurs qui s'intègrent faire.
06:15Ça veut dire que c'est vraiment du cas par cas ?
06:16Vous regardez, OK, on a tel agriculteur ou couple qui va racheter telle exploitation.
06:22Là, on a un cahier des charges qui est lié d'abord à ce qu'on va produire, j'imagine,
06:28au sol, à la région.
06:30Il y a ce socle commun.
06:31Et puis ensuite, on rentre dans le détail ?
06:32Oui, le socle commun reste vraiment le bio.
06:36Et après, on va essayer de permettre à l'agriculteur d'aller au plus loin possible
06:41dans sa transition agroécologique pour l'emmener sur des pratiques,
06:46essayer peut-être de lui faire connaître des pratiques qu'il ne connaissait pas
06:49pour l'emmener sur une ferme la plus vertueuse possible.
06:52Donc, on ne pourra pas demander la même chose à un céréalier que, par exemple,
06:58à un éleveur bovin.
06:59Donc, la charte va un peu s'adapter entre les deux, mais ça reste vraiment un socle commun
07:04et les mêmes objectifs, on va dire.
07:06Mais c'est quand même un travail assez long, le passage au bio, la transition vers le bio.
07:10Donc, ça veut dire que pendant plusieurs années, l'exploitation, elle va être moins rentable,
07:16elle va moins rapporter au couple.
07:18Et donc, il faut l'intégrer au modèle économique.
07:22Comment ça fonctionne ?
07:24Exactement.
07:24Chez FEV, on fait très attention, on construit avec les porteurs du projet,
07:27on surveille beaucoup les modèles économiques, les préviginels.
07:31On demande à ce qu'il se fasse accompagné par des acteurs.
07:34Aujourd'hui, dans le monde agricole, il y a déjà plein d'acteurs qui accompagnent
07:36les agriculteurs sur leur installation, sur leur modèle économique.
07:40Donc, nous, on demande à ce qu'il se fasse accompagné par un de ces acteurs-là.
07:43Aujourd'hui, la transition en bio va de quelques mois à quelques années,
07:50selon le type d'exploitation.
07:51Donc, il faut prévoir cette transition dans le préviginel.
07:55Mais ça veut dire qu'elle va continuer de produire l'exploitation,
07:59même si elle n'est pas encore en bio et donc commencer à rapporter de l'argent ?
08:03Vous acceptez qu'il y ait une période de transition, en quelque sorte ?
08:06Exactement. On accorde une période de transition.
08:09On laisse à peu près 4-5 ans à l'agriculteur pour faire sa transition
08:12dans les meilleures conditions, pour qu'il lui laisse le temps aussi
08:16de trouver les débouchés, de transformer son exploitation
08:19et ses circuits de distribution.
08:21Alors, c'est sans doute un peu trop tôt pour répondre à ma question,
08:24puisque FEV n'a que 5 ans d'existence.
08:26Mais est-ce qu'il y a des gens qui, finalement, se disent
08:30« Waouh, ce métier est dur et il n'est pas pour moi ? »
08:35Non, on n'a pas eu aujourd'hui de changement de pompée, de direction.
08:40Évidemment, quand les agriculteurs s'installent,
08:41ce n'est pas tout rose dès le premier jour.
08:44Il y a beaucoup de travail, il y a beaucoup de charges de travail
08:46à prendre en compte dès le départ.
08:49Il peut y avoir des moments difficiles, mais on est là aussi
08:51pour accompagner les agriculteurs dans ces moments
08:54qui peuvent être un peu plus critiques, soit financièrement,
08:56soit personnels, etc.
08:59Il peut y avoir beaucoup de problèmes sur l'installation.
09:01Ça veut dire que ce n'est pas seulement de l'argent que vous prêtez,
09:02il y a un rôle de conseil aussi, d'accompagnateur ?
09:06On ne va pas dire du conseil, mais on a plutôt un rôle de soutien.
09:09On a une équipe chez FEV qui est dédiée au suivi post-installation des fermes,
09:13qui reste en contact avec les agriculteurs pour animer un réseau,
09:17pour faire le lien entre les investisseurs et les agriculteurs.
09:23C'est très important d'essayer de recréer ce lien,
09:25de montrer ce qui se passe dans les fermes.
09:27Tous les investisseurs de FEV peuvent intégrer des groupes WhatsApp
09:29et tout ça, où il y a aussi des agriculteurs, où tout le monde peut échanger.
09:32Et en fait, il faut vraiment refaire le lien.
09:35Ah, en ce moment, on fait telle moisson à tel endroit.
09:37Ah, il se passe ça sur telle ferme, etc.
09:40Un dernier mot, il nous reste un peu moins d'une minute.
09:42J'ai vu que FEV était labellisé.
09:44FinanSol, c'est quoi ce label ?
09:45C'est un label qui est de la finance solidaire,
09:48qui permet de justifier qu'on a une juste répartition dans notre foncière de tous les acteurs
09:58et une gestion qui est la plus durable et la plus solidaire possible.
10:02Merci beaucoup, Maxime Plasmens et à bientôt sur Be Smart for Change.
10:07C'est l'heure du débat de ce Smart Impact.
10:09On va se demander comment rendre le recyclage du plastique plus efficace en France.

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