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00:00Léa, ce matin, vous recevez l'homme en noir.
00:03Bonjour Thierry Ardisson.
00:04Bonjour.
00:04On est très heureux de vous recevoir en ce 1er mai.
00:07J'en ai des travailleurs ou de ceux qui sortent en boîte.
00:09Vous êtes dans quelle catégorie ?
00:11Maintenant, je ne suis plus que dans le travailleur.
00:13Les boîtes, c'est un peu terminé.
00:15C'est terminé.
00:16On est très heureux de vous recevoir avec Nicolas, c'est vrai.
00:18On commence par mes questions rituelles.
00:20Si vous étiez une héroïne, un écrivain et une transgression en 2025 ?
00:25Si j'étais une héroïne, je serais Marie-Antoinette.
00:27Mais pas la Marie-Antoinette de Sofia Coppola.
00:30La vraie Marie-Antoinette, celle dont je parle dans mon livre,
00:32c'est-à-dire dont l'enfant a été drogué, saoulé,
00:35pour lui faire avouer qu'il avait couché avec sa mère.
00:38C'est un personnage qui me touche beaucoup.
00:44Ceci étant, je n'étais pas choqué au moment de l'ouverture des Jeux Olympiques
00:48qu'on puisse jouer avec Marie-Antoinette ou avec la scène.
00:50Ce que personne a dit, par exemple, c'est que le tableau de la scène
00:54avait déjà été détourné une cinquantaine de fois.
00:56Donc, ça n'avait rien d'extraordinaire.
00:57Ça ne vous a pas choqué. Un écrivain ?
00:59Philippe Kadic, parce que je crois que moi, j'étais un des premiers à lire dans les années 70.
01:04Bien entendu, le maître dit au château, mais après, il y a eu Toto Le Récol, tout ça.
01:08Il a beaucoup apporté.
01:09Moi, toute proportion gardée, bien sûr.
01:12Mais dans mon livre, il y a cette dimension comme ça
01:15où on passe d'une dimension à l'autre, disons.
01:18Et c'est ça qui me plaît chez Kadic.
01:20On va en parler.
01:20Mais une transgression.
01:21Si vous étiez une transgression de 2025, c'est quoi l'acte transgressif, par absolu ?
01:27Il n'y a plus de transgression.
01:28Si, il y a une transgression.
01:29Je viens d'en faire une de transgression.
01:30C'est que j'ai fêté les 30 ans de Paris dernière.
01:33L'émission où je me promène la nuit dans Paris.
01:35Donc, on a fait un numéro spécial 2025.
01:38Et à la fin de l'émission, au lieu d'aller dans une boîte de partouze,
01:42je vais à Saint-Eustache écouter les Grandes Orgues.
01:46Donc, je dirais que pour moi, ils jouent évidemment du bac, mais ils jouent aussi les Beatles.
01:50Et je trouve que c'est extraordinaire aujourd'hui que finalement, ce qu'ils soient transgressifs,
01:53ce soit d'aller à Saint-Eustache.
01:54Il y a un côté père de Foucault, d'aller à Saint-Eustache plutôt qu'aux chandelles, disons.
02:01La transgression ultime, c'est donc d'aller à l'église écouter les Orgues.
02:04Le nouveau livre, le dernier livre de Thierry Ardisson s'appelle L'Homme en Noir.
02:08Vous n'êtes pas foulé pour le titre, dis donc.
02:10Ça sort chez Plon la semaine prochaine.
02:12Et c'est un peu la prolongation de votre autobiographie Confession d'un Baby Moomer
02:16paru il y a 20 ans qui s'était vendu à 100 000 exemplaires.
02:19Mais là, c'est une autofiction qui mêle le vrai et le faux.
02:21Alors, le pitch, c'est l'histoire de l'animateur star du plus gros talk show de France,
02:25le talk show du samedi soir, qui arrive sur son plateau de tournage pour tourner son émission.
02:30Il trouve dans sa loge une lettre de menace de mort.
02:33Il s'en fiche, il ne prend pas le truc au sérieux, il la met dans sa poche.
02:37Il arrive sur son plateau avec tout ce qu'on connaît de tout le monde en parle quand on l'a vécu.
02:43Il y a tout le monde, il y a la productrice Catherine Barma,
02:45il y a le réalisateur Magneto Serge, Serge Calfon, etc.
02:50Et arrivé sur le plateau, il y a un coup de feu qui est retentit.
02:55Il se prend une balle et arrivent à ce moment-là tous les personnages de sa vie sur le plateau.
02:59Ses parents, les femmes qu'il a aimé, ses enfants, mais aussi les invités les plus emblématiques de sa carrière.
03:04Johnny, Karl Lagerfeld, Gainsbourg, Dormeson, Christine Angot, Delon, ils y passent tous.
03:08Mais aussi Marie-Antoinette, Jésus, même ceux que vous n'avez pas reçus.
03:12C'est quoi cette émission folle ? C'est le jugement dernier ?
03:15Oui, c'est ça, c'est exactement ça.
03:16C'est la dernière valse sous acide, c'est quoi ?
03:18C'est un jugement dernier sous acide, c'est-à-dire qu'en fait, je me suis dit, bon, il paraît que quand on meurt, on voit arriver tous les personnages de sa vie.
03:27Mais moi, je me suis dit, en fait, ce qui serait drôle, c'est qu'ils arrivent par le même escalier, avec la même lumière, les mêmes applaudissements, la même musique que des invités habituels.
03:36Donc quand j'annonce Johnny Hallyday, enfin, je n'annonce pas Johnny Hallyday, Catherine Barma me dit, Luchini est en forme.
03:42Et j'ai dit, j'accueille Johnny Hallyday, mais c'était con ou quoi ?
03:44Et là, on comprend qu'on est parti dans autre chose, évidemment.
03:47Et en fait, tous ces personnages arrivent comme des invités habituels du samedi soir.
03:52Mais il y a aussi bien Saint-Trita, effectivement, comme je l'ai dit, Jésus.
03:55Il y a Jésus que vous invitez ?
03:57C'est très cool, Jésus.
03:58Pourquoi Jésus ?
03:59Très cool, Jésus.
04:00D'ailleurs, je lui dis, moi, j'ai toujours pensé que tu étais un petit juif qui a foutu la merde, ce qui est vrai.
04:04Et c'est plus que l'église catholique, Jésus, c'est vraiment...
04:07Moi, j'aime le vrai Jésus, quoi.
04:08Moi, j'ai senti, j'ai lu ce livre et je l'ai vécu.
04:12Je me suis dit, tiens, Ardisson fait son Bowie, il fait son Lazarus.
04:16Lazarus, c'est le dernier album de Bowie avant sa mort.
04:20Il sait qu'il va mourir, il sait qu'il est malade et il va mettre en scène sa propre mort.
04:25Le clip est dingue, d'ailleurs, on le voit quasiment enfermé dans un cercueil, les yeux couverts, etc.
04:31Et quelques mois après la sortie de cet album, il va mourir, effectivement.
04:34Je me suis dit, qu'est-ce qu'il nous fait, là, Ardisson ? Il met en scène sa propre mort ?
04:38Oui, de toute façon, oui, j'ai 76 ans.
04:41Comme Michel Delpeche, c'était 73 ans dans la chanson quand j'étais chanteur.
04:45Moi, j'étais animateur.
04:47J'ai 76 ans et c'est normal que j'aborde les problèmes de la mort, effectivement.
04:52Et tout ce qui a été ma vie.
04:53Je pense que c'est naturel.
04:55Je pense que moi, il ne faut pas avoir peur de la mort.
04:58Parce que, comme je dis souvent, de toute façon, tout le monde meurt.
05:00Même Napoléon, qui était quand même un mec puissant, il est mort.
05:04Donc, à partir du moment où tout le monde meurt, à part Jésus, tout le monde est mort.
05:07Mais vous n'avez pas peur de la mort ?
05:08Il y a quelque chose où vous...
05:09Si on n'ait peur ou pas, ça ne changerait rien, de toute façon.
05:11Donc, je préfère ne pas en avoir peur.
05:12C'est comme le pari de Pascal.
05:14C'est-à-dire, croire ou pas croire, oui, c'est mieux de croire parce que ça enchante le monde.
05:19Et la mort, c'est mieux de ne pas en avoir peur.
05:21De toute façon, on va mourir.
05:22Et en attendant, vous racontez effectivement votre vie à travers ces personnages de fiction
05:26ou que vous avez vraiment rencontrés, à travers des souvenirs, des vrais souvenirs de tout le monde en parle
05:31et des trucs que vous inventez.
05:33Johnny, d'ailleurs, il y a un des premiers chapitres, c'est sur Johnny qui serait sur le plateau
05:38et qui vous raconte que quand il était môme, il a été traité de fils de collabo
05:41parce que son fils a été collabo pendant la guerre.
05:43Ça, c'est vrai ou pas ?
05:44Oui, ça, c'est vrai.
05:45C'est-à-dire qu'en fait, c'est dans Wikipédia.
05:47Mais c'est qu'en fait, jamais personne ne lui a posé la question, à Johnny Hallyday,
05:51même pas moi, parce que je l'ai eu sur mon plateau, je n'ai pas osé.
05:54Et quand on a vu arriver Johnny à la télévision dans les années 60,
05:58il était vraiment timide, il ne nous avait pas parlé, il était bunkérisé.
06:03Et en fait, oui, parce qu'à l'école, on l'appelait fils de Bosch,
06:06son père s'occupait de la télé allemande à Paris pendant la guerre.
06:09Et en 1944, Johnny a toujours raconté que son père était parti avec une femme.
06:15En fait, il était parti à cause de l'épuration.
06:17Il était parti se planquer à Madrid, quoi.
06:19Ça, c'est vrai.
06:20Il y a des trucs vrais.
06:21Il y a des trucs vrais que vous racontez.
06:22Et pendant que Johnny raconte dans le livre,
06:25pendant qu'il vous raconte cette histoire-là où il est très triste,
06:27vous avez dans l'oreillette celle qui fut la reine, la productrice, Catherine Barma.
06:34Catherine Barma, qui a fait « Tout le monde en parle »,
06:36qui a fait « Ensuite, on n'est pas couché », Laurent Ruquier.
06:39Voilà, on lui doit tous quelque chose.
06:41En tout cas, tous ceux qui ont transité par le samedi soir.
06:42Moi, je lui dois la moitié de ma carrière, ça, c'est sûr.
06:44Absolument.
06:45Qui vous dit « Non, mais là, c'est très, très fort.
06:47Non, mais là, c'est fort, mais on se fait chier, là.
06:49Prends le Kini, prends le Kini. »
06:51C'est ça que vous racontez.
06:52Oui, elle m'engueule sans arrêt.
06:54Et jusqu'au moment où elle me dit « Mais enfin, si tu veux, on arrête. »
07:00Et là, j'ai dit « Mais tu ne comprends pas que si j'arrête, je meurs ? »
07:03Ça va loin, des fois.
07:04Oui, c'est ça qui va loin.
07:06C'est sans doute le livre où vous êtes le plus intime et le plus sincère.
07:09Il y a bien sûr les effets, le côté hardisson, le sens de la formule et tout,
07:14mais il y a des choses que vous dites, et on va y venir notamment sur vos parents et vos enfants,
07:18et vous, votre rapport à votre enfance et à vos blessures que je n'ai jamais lu.
07:23Je ne vous ai jamais entendu parler comme ça.
07:25Catherine Barma, juste un mot.
07:27Vous dites des jolies choses sur elle.
07:28Je l'aime, Catherine.
07:29Après une brouille qui est allée dans les tribunaux, etc.
07:32Oui, vous savez, c'est des histoires qui ont à voir avec le show business.
07:36Ce n'est pas grave.
07:37À la fin, vous l'aimez.
07:38Oui, c'est réciproque.
07:40À la fin, vous l'aimez.
07:41Vous invitez aussi dans cette ultime émission, ce jugement dernier, vos ennemis.
07:47Il y a Hanouna, il y a Bolloré, Jean Gabin.
07:50Il y a des trucs drôles avec Hanouna, c'est drôle.
07:53C'est l'homme invisible.
07:53J'annonce l'homme invisible.
07:57Et puis, on voit arriver l'homme invisible avec son chapeau élégant.
08:00Et puis, il dit, ça va, mes petites beautés ?
08:01Je dis, putain, Cyril, t'es invisible.
08:03Oui, je suis devenu invisible.
08:04Et puis, voilà.
08:05Non, non, mais il y a des trucs marrants.
08:06Ce n'est pas que sombre.
08:08Il y a des moments marrants.
08:09Il y a des moments surréalistes.
08:10Vincent Bolloré qui vous a viré, vous le faites.
08:12Vincent Bolloré, c'est Gabin.
08:13Parce que j'accueille Jean Gabin.
08:14Tout le monde dit, mais c'est l'IA, c'est l'intelligence artificielle.
08:17En fait, pas du tout.
08:17C'est le vrai Jean Gabin.
08:19Et Jean Gabin, il apprend un truc que m'a fait Bolloré.
08:21Il le fait venir et il engueule Gabin qui engueule Bolloré.
08:25C'est drôle.
08:26Et puis, il lui dit qu'il a inventé le cinéma muet.
08:28Puisque maintenant, les acteurs, pour pouvoir avoir des subventions de Canal,
08:31ne peuvent plus rien dire contre Canal et CNews.
08:33Donc, ils ferment leur gueule et ils ont peur du badgeuse.
08:35Ils ont tous peur de lui, sauf moi.
08:37J'ai toujours mis un point d'honneur à inviter des infréquentables.
08:40Écrivez-vous, mais Dieudo et Soral, c'est plus possible depuis longtemps.
08:43Non, non, non.
08:45Un jour, j'ai viré en direct, ce qui ne se fait jamais à la télé.
08:48Parce qu'en général, à la télé, quand on ne vous veut plus,
08:51quand votre attaché de presse appelle, on vous dit, oui, on est occupé en ce moment.
08:54Moi, je lui ai dit, sur le plateau, devant tout le monde, je lui ai dit, je ne t'inviterai plus.
08:59Parce qu'il était encore parti, c'était l'époque où il n'avait pas eu son argent du CNC
09:03pour faire son film sur la traite des Noirs.
09:06Et il disait, les Juifs, ils ont toujours l'argent pour parler de la Shoah.
09:09Donc, il était là-dedans.
09:10Bon, moi, je l'ai laissé dire deux fois et puis après...
09:12Stop !
09:13C'est sur YouTube, c'est pas...
09:14Et donc, je lui ai dit, je ne veux plus te voir.
09:16Donc, lui, c'était fini, Dieudo.
09:18Et Soral, c'est pareil.
09:19Enfin, je veux dire, non, il y a un moment,
09:21on ne peut pas donner la parole à des gens qui disent des conneries.
09:24Vous étiez l'animateur, je le rappelle, pour ceux qui sont nés, qui ont moins de 30 ans.
09:28Et oui, vous étiez l'animateur star du samedi soir, vous receviez...
09:30J'étais le Léa Salamé, de l'époque.
09:33Voilà, on le dit pour les jeunes.
09:34De Brett Easton Ellis à Evangélie, de Tom Wolfe à Brad Pitt,
09:37en passant par Valérie Lemercier et Ray Charles.
09:39Ray Charles, c'est vraiment là que tout se passait.
09:41Eh ben, ça avait de la gueule.
10:04C'est moi qui vous le dis.
10:06L'une des forces de vos émissions, c'était le casting.
10:09Donc, on l'entend...
10:09Et oui, les interviews très écrites, très séquencées,
10:14avec un ton cash provocateur qui vous a été reproché
10:17et qui vous est reproché par un certain nombre d'actrices,
10:21de chanteuses, d'autrices aussi, que vous citez dans le livre.
10:24Vous leur répondez à toutes ces femmes,
10:27de Mélanie Thierry à Christine Angot, d'Emmanuel Béard à Vaina Gioquante
10:30et les autres qui vous accusent de les avoir sexualisées,
10:33de les avoir réduites au rang, au fond, de nanas jolies
10:36qui faisaient bien dans votre décor
10:39et on parlait sérieux avec les mecs, quoi.
10:41Oui, c'est-à-dire qu'en fait, si vous voulez,
10:43quand Emmanuel Macron m'a donné la Légion d'honneur,
10:46je me suis pris une tribune dans Libération
10:48de tout un tas de filles, à commencer par Angot,
10:51qui disait, mais attendez, Macron qui donne la Légion d'honneur,
10:54en disant, c'est comme s'il me donnait une gifle à moi.
10:56Alors, j'en profite d'être là pour remettre les choses au point.
10:59D'abord, moi, je n'ai rien à voir avec MeToo.
11:01Il faut quand même le préciser, parce que moi, je n'ai jamais été,
11:04il n'y a jamais une fille qui est sortie en me disant
11:05il a fait ci, il a fait ça, pour cause.
11:09Et à notre époque, c'est plutôt bien.
11:12Ensuite, quand les gens venaient dans mon émission,
11:14il y avait une interview biographique, promotionnelle,
11:18et après, il y avait ce qu'on appelait l'interview formatée.
11:20C'était une petite interview, genre Alerte Rose, par exemple.
11:24Et la question la plus symbolique d'Alerte Rose,
11:27c'est est-ce que tu sais, c'est trompé ?
11:28Mais je l'ai fait à Michel Rocard.
11:30Ce que je veux dire simplement, c'est que je le faisais aussi bien
11:32à un ancien Premier ministre, et je n'osais pas le demander.
11:35Je pense à une jeune actrice, ça.
11:37Il n'y a pas de regret en tout cas, vous en parlez.
11:40Elle venait pas, il n'y avait pas d'emprise amoureuse.
11:43Elle venait pour la promotion des ventes.
11:46Elle venait vendre leurs films ou leurs disques.
11:49Mais d'abord, elle connaissait l'émission,
11:51ce n'était pas un traquenard.
11:52Un traquenard.
11:52Je vais le dire.
11:53Un traquenard.
11:54Un traquenard.
11:55Vous avez fait une...
11:56Qui m'excuse.
11:57Non, non, mais bon.
11:58Donc, il n'y avait pas de pièce, je veux dire.
11:59Tout le monde savait où ils mettaient les pieds.
12:01Et elle revenait.
12:01Christine Angot, qui fait un scandale sur ce qui lui est arrivé en 1999.
12:05Elle est revenue plusieurs fois.
12:06Elle est revenue en 2000.
12:08Et puis, ce qu'il faut dire aussi, quand même,
12:09parce que cette histoire commence à me fatiguer un peu,
12:12tout ça ne se passait pas sur Zoubida Télévisions.
12:15Ça se passait sur Antenne 2.
12:17Et la patronne d'Antenne 2, c'était Michel Cotta.
12:19Michel Cotta, elle voyait mes émissions.
12:21Les émissions étaient visionnées avant.
12:23Donc, s'il y avait eu quelque chose de si extraordinaire que ça...
12:26Pas de regret.
12:28Non.
12:28Contrairement à Bafi, qui a deux semaines...
12:30Bafi s'excuse, lui.
12:31Oui, il s'excuse.
12:33Il a dit, avec Ardisson, on était un peu con, un peu machiste.
12:35Mais c'est fou de dire ça.
12:36D'abord, il n'a pas à s'excuser.
12:38Il doit demander aux gens qui ont été offensés de l'excuser de lui.
12:41On ne s'excuse pas.
12:42Déjà, je vais expliquer.
12:43Je l'ai appelé après le passage chez vous.
12:45Je lui ai dit, il faut déjà que tu apprennes à parler français.
12:49Moi, je n'étais ni con, ni macho.
12:50Il dit, avec Ardisson, on n'était con et macho.
12:52Lui, peut-être.
12:53Mais vous, non.
12:54Mais je n'étais ni con, ni macho.
12:56Et puis, vous avez vu dans le livre, je fais 10 pages sur lui.
12:58Enfin, peut-être pas 10.
12:59C'est très beau, ce que vous dites.
13:00Oui, voilà.
13:01J'aime Laurent.
13:02Vous dites, c'est le petit frère de Jean-Yal.
13:03Il m'a fait une rencontre formidable.
13:05Et je trouve qu'aujourd'hui, cracher dans la soupe, 25 ans après, en disant on était
13:10con, ben non, on n'était pas con.
13:11On était dans l'époque.
13:12C'est sûr que l'époque a changé.
13:13Tout le monde le sait.
13:14Oui.
13:15Ceci dit, en 2010, j'ai retrouvé une interview de vous à Josiane Savignot dans Le Monde,
13:18où vous dites, il faut se méfier de l'institutionnalisation de la provocation.
13:22Dans Tout le monde en parle, je finissais par tomber dans une provocation un peu caricaturale.
13:25Et quand je vois mes successeurs, je me reproche parfois d'avoir ouvert la boîte de Pandore.
13:29Oui.
13:29Donc, même vous, vous faisiez, il y a 15 ans, un petit méa culpa en disant peut-être qu'on a...
13:34C'était outré.
13:35C'était outré.
13:36Mais enfin, je veux dire, de là à se battre la culpe en disant, c'est terrible ce que j'ai fait,
13:40j'étais con, j'étais macho.
13:41Non, moi, j'étais ni con, ni macho.
13:43J'étais Thierry Ardisson.
13:44Il y a la télé dans le livre, évidemment.
13:46Mais il y a plus surprenant encore, votre enfance, vos blessures d'enfance, vos traumatismes d'enfance.
13:50Et là, c'est là où vous êtes émouvant.
13:52Thierry Ardisson peut être émouvant.
13:54D'abord, l'éloignement de vos parents quand ils vous envoient, gamins, à la naissance de votre frère, chez vos grands-parents.
14:01Oui, ma mère n'était pas faite pour...
14:03Enfin, je pense qu'elle n'était pas...
14:05Je suis née, elle avait 19 ans, elle ne savait pas s'occuper de moi.
14:09Mon père voyageait tout le temps.
14:10On allait dans mon histoire au public, donc on déménageait dans toute la France.
14:13Il y avait ma grand-mère qui fallait supporter à la maison.
14:16J'ai une enfance de merde, ça c'est la vérité.
14:17D'ailleurs, à 16 ans, je suis parti.
14:19Je suis revenu 10 ans après.
14:20C'est très marrant, ça.
14:21C'est-à-dire que quand vous avez votre bac à 17 ans, votre père vous dit qu'est-ce que tu veux comme cadeau et vous lui répondez ?
14:26Partir.
14:28Partir, là je vais à Jean Lépin.
14:30Et je suis ramassé sur la plage par Johnny Honeywood qui m'a changé ma vie.
14:36Il m'a nommé disquaire de whisky à gogo alors que je n'avais jamais mis un vice de ma vie.
14:41Et là, vous apprenez la vie.
14:42Mais c'est vrai qu'enfance de merde, quoi.
14:45Qui explique beaucoup de choses.
14:47Et c'est très fort quand dans le livre, dans cette émission folle de jugement dernier, vous invitez vos parents.
14:53Mais dans un premier temps, c'est vos parents qui sont des sosies de vos parents, qui sont des gens hyper élégants, très beaux, qui viennent de Meugev, etc.
15:01que vous invitez, avant qu'à un moment, vous vous dites, ben non, ce n'est pas mes vrais parents.
15:04Il y a mon frère qui arrive et qui dit, mais qu'est-ce que tu fais ? Il m'appelle Titou.
15:09Qu'est-ce que tu fais, Titou ? Ce n'est pas nos vrais parents.
15:11J'ai dit, oui, non, mais il dit, mais non, mais attends, maintenant, au point où tu es, tu peux reconnaître tes vrais parents.
15:15Et là, arrivent deux gens normaux.
15:18Et voilà, mes parents, ben oui, ils étaient comme ça.
15:21Mais en même temps, je dis aussi...
15:22Deux gens normaux dont vous avez eu honte.
15:24Vous écrivez dans le livre qu'au fond, pendant longtemps, vous avez eu honte de vos parents.
15:27Oui, oui.
15:28Honte de cette enfance un peu minable.
15:30Je ne comprenais pas pourquoi j'étais né là.
15:32Je croyais qu'il y avait une erreur à la maternité.
15:34Je ne comprenais pas ce que je foutais dans cette famille.
15:36Pourquoi on n'avait pas une déesse 19, mais une dauphine ?
15:39Pourquoi on habitait dans un immeuble et on n'avait pas une propriété au bout d'une allée d'arbres ?
15:44C'est-à-dire, je ne comprenais pas pourquoi, moi, j'étais là.
15:47Et donc, oui, je me sentais tout à fait étranger à ça.
15:50Et vous avez eu honte d'avoir eu honte, en fait.
15:52Et ce livre-là, c'est une manière d'hommage.
15:54Mon père m'a beaucoup apporté.
15:59Oh non !
16:00Sur le plan cinématographique, sur le plan...
16:03Voilà, il m'a donné...
16:04C'est lui qui m'a fait écouter Europe 1, qui m'a fait lire Paris Match,
16:07qui m'a amené voir des films.
16:09Donc tout ça, évidemment, c'est vrai.
16:11Vous avez eu les larmes aux yeux.
16:13Oui, mais c'est à cause de demorance.
16:15Pourquoi ?
16:15J'ai lu son livre.
16:16Je suis rentré dans ce studio.
16:18J'étais...
16:19Voilà, et puis quand j'ai vu Nicolas...
16:22Mais ce n'est pas grave.
16:24Parce qu'il vous a touché, son livre.
16:25Son livre ?
16:25Il m'a explosé.
16:27Oui.
16:27Vous venez de lui dire ça pendant le disque.
16:30Oui, il m'a explosé.
16:31On a mis spécialement pour vous.
16:31Mais là, on va parler de votre livre.
16:33Et là, du coup, comme j'ai deux mecs qui chialent devant moi,
16:36donc c'est un peu...
16:37Ce n'est pas prévu comme ça.
16:40Donc là, on va continuer dans la chance.
16:42Ce que je vous dis, c'est parce que vous parlez aussi de vos enfants dans le livre.
16:45Et c'est là où c'est toujours...
16:46Qu'est-ce que vous voulez que je dise ?
16:46Moi, vous m'avez touché.
16:47Je me suis dit, tiens, ça va être encore un énième bouquin d'Ardisson qui fusille tout le monde.
16:51Ce n'est pas les mémoires de Castaldi, vous voyez.
16:53Oui, mais c'est...
16:54D'abord, c'est écrit.
16:56Et puis, il y a les enfants.
16:58Vos trois enfants, Manon, Ninon et Gaston.
17:00Vous parlez de votre culpabilité à vous n'êtes pas occupé d'eux.
17:02Et viennent vous dire, papa, on voulait te dire que tu répètes souvent
17:05que tu ne t'es pas occupé de nous à cause de la télé.
17:07Ne regrettes rien.
17:07C'était ta vie.
17:08On t'aime.
17:09Pars en paix.
17:11Oui, mais ils ne m'en veulent pas, il paraît.
17:14Non, mais j'ai tout sacrifié à ma carrière.
17:15C'est clair.
17:16C'est vrai qu'il faut dire la vérité.
17:18J'avais une telle revanche à prendre sur la vie.
17:19Je suis arrivé à Paris, j'avais 50 balles, je ne connaissais personne.
17:22Je voulais réussir.
17:23J'ai commencé par me suicider parce que c'était tellement...
17:26Ce que dit très bien, c'est qu'à un moment, le suicide apparaît comme une solution.
17:29Je me suis suicidé à l'âge de 20 ans.
17:31Vous avez fait une tentative de suicide à 20 ans que vous racontez dans le livre.
17:34Une tentative, évidemment, heureusement d'ailleurs.
17:36Et si vous voulez, c'est là que j'ai refusé de voir un psy
17:39parce qu'on m'a dit, on va te soigner, tu vas devenir normal.
17:41Je me suis dit, mais je ne veux pas du tout être normal.
17:43Mais après, je me suis accroché à l'héroïne.
17:44Elle part en paix, donc ça c'est les enfants.
17:48Et puis tout au long du livre, il y a l'amour.
17:51Audrey, Audrey Crespo-Marac, le livre est dédié à elle.
17:54Elle revient au début, à la fin, au milieu.
17:57Elle est d'ailleurs en régie.
17:58Elle est venue vous accompagner ce matin, décidément.
18:0015 ans que ça dure.
18:02Ardisson amoureux, fidèle, rangé des voitures.
18:04Elle est forte, Audrey ?
18:06Très.
18:08Je crois qu'elle m'aime.
18:09Oui, malgré tout.
18:11Vous ne devez pas être un cadeau au quotidien, non ?
18:13Je m'arrange.
18:15Il y a une jolie phrase de Brel qui résume un peu votre vie, Thierry Ardisson.
18:19Je voulais juste qu'on l'écoute.
18:20Je voulais terminer en musique avant les imprises.
18:22Finalement, finalement, il nous a fallu bien du talent pour être vieux sans être adulte.
18:32C'était la phrase dans Conféchant de Baby Boomer, c'est la phrase qui en exergue.
18:40Il nous en a fallu du temps pour être vieux sans être adulte.
18:43Mais c'est le cas.
18:44Merci, en tous les cas.
18:45Je termine par les impromptus.
18:47Vous répondez rapidement sans trop réfléchir.
18:49On y va.
18:49Paris Dernière ou Rive-Droite-Rive-Gauche ?
18:51Paris Dernière quand même, parce que c'est la nuit dans Paris et tout est possible.
18:56Vous allez fêter les 30 ans de Paris Dernière après avoir fêté les 20 ans de 93 Faubourg.
19:01C'est bientôt fini, les commémorations.
19:03Ça sent le cercueil.
19:05C'est ce que j'allais vous dire.
19:06Ça sent le sapin.
19:06Je ne sais pas.
19:07Instagram ou Twitter ?
19:09Ni l'un ni l'autre.
19:10Vous utilisez Tchadjpiti ?
19:12Oui, alors moi on me dit, ça donne des idées.
19:14Alors je dis, trouve-moi une idée pour le dimanche après-midi sur France 2.
19:17Il me répond, mais Game of Thrones.
19:19Je dis, c'est pour trouver ça, je n'ai pas besoin de toi, connard.
19:22Les 100 jours de Trump en un mot.
19:25Chaos, catastrophe.
19:27Zelensky en un mot.
19:29C'est une espèce de Churchill.
19:31Bonjour.
19:32Ça va ?
19:33Là c'est bonjour à Charline Vanhoenacker.
19:35Jean-Paul II ou le pape François ?
19:38Le pape François, bien que vous avez vu sur ces news, il déteste le pape François, c'est bon signe.
19:45Squeezie ou Inokstag ?
19:48Squeezie et Squeezie.
19:49On s'est réconciliés, parce qu'on s'est un peu fâchés.
19:51Oui, vous étiez fâchés.
19:52Ah alors ?
19:53Vous fâchez que des gens, vous ?
19:55Ce sera peut-être pareil.
19:56Vous êtes prêts à vous réconcilier Charline Thierrien-Bisson ?
19:59Parce que vous étiez engueulés il y a quelques années ici.
20:01C'est lui qui m'a engueulé.
20:02Les gens qui me font rire, je suis toujours prêt à me réconcilier avec.
20:06Marc-Olivier Fogiel ou Laurent Ruquier dans les réconciliations ?
20:08Marc-Olivier Fogiel.
20:10Ah oui ?
20:10Ah non, Laurent est quand même là, il est allé un peu loin, mais bon.
20:12Ah, vous allez vous réconcilier bientôt.
20:14C'est vrai que la seule fois où vous avez rencontré John Lennon, c'était dans des toilettes ?
20:18Ou c'est inventé ça ?
20:20Non, ça c'est faux.
20:21En revanche, j'ai rencontré George Harrison et je lui ai dit, j'adore ce que vous faites.
20:25Il faut être con quand même.
20:27Est-ce que c'est vrai que vous avez inventé une fausse citation de Sénèque et que personne n'a rien vu ?
20:31La fausse citation était, de tous les vices, le pire est l'excès de vertu.
20:36Ça aurait marché.
20:36Même chez Demorand, il n'aurait pas vu que c'était faux.
20:39C'était mon livre, mon livre rive droite, où c'était l'histoire d'un junkie qui arrêtait la dope et qui tuait des junkies.
20:45Et de tous les vices, le pire est l'excès de vertu puisqu'il tuait des junkies.
20:48Et Dieu dans tout ça, pour finir ?
20:50Bah, Dieu, il m'aide tous les jours.
20:53Le livre s'appelle L'homme en noir, Ardisson différent, séchez plomb.
20:57Merci.
20:57Et belle journée à vous.
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