Un cinéma de Saint-Ouen annule la projection d’un documentaire sur le procès Charlie Hebdo

Sud Radio

09/07/2025

Avec Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen

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00:00C'est une décision très critiquée qui a eu lieu à Saint-Ouen.

00:03Il y a un cinéma qui a annulé la projection d'un documentaire important sur le procès Charlie Hebdo.

00:07« Dieu peut se défendre tout seul », c'est le titre de ce film qui devait être projeté.

00:11Oui, les questions notamment de la plaidoirie de Richard Malka, l'avocat du journal meurtri le 7 janvier 2015.

00:17Sauf qu'effectivement, la direction de cette salle privée, salle baptisée « commune image »,

00:22a annulé la projection pour un motif jugé flouin, je cite.

00:25« Notre charte d'accueil interdit la tenue de manifestation à caractère politique.

00:30Cette annulation est indépendante de la qualité artistique du film ou du message qu'il porte.

00:35La projection, pour info, avait été initiée par le Printemps Républicain, la LICRA, le Comité Laïc République,

00:40mais aussi Vigilance Collège-Lycée et le communiqué, de préciser aussi.

00:44Notre charte prévoit que les lieux équipes de commune image ne peuvent pas être mobilisés à titre gracieux

00:51pour des événements portés par des mouvements politiques,

00:53afin de garantir, disent-ils, notre indépendance.

00:56En tout cas, la présidente de la région Île-de-France a réagi sur X.

00:59Valérie Pécresse se dit scandalisée de cette censure.

01:01Et comme l'hôtel de région Île-de-France se situe justement à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis,

01:05elle se dit prête à organiser une projection dans l'auditorium du conseil régional.

01:09Pour en parler, nous sommes en ligne avec le maire PS de Saint-Ouen.

01:12Bonsoir Karim Bouamran.

01:14Bonsoir.

01:15Bonsoir, monsieur le maire.

01:16Merci d'être avec nous dans Les Vrais Voix sur Sud Radio.

01:17Votre mairie, dans un communiqué, dit aujourd'hui avoir appris cette décision avec étonnement et regret.

01:23Qu'est-ce que c'est votre sentiment, ça, ce soir ?

01:25Étonnement, regret et surprise.

01:27On n'a pas très bien compris la décision à la dernière minute de communivage.

01:30Donc déjà, ce que je voudrais, c'est vous remercier de me donner la possibilité de m'exprimer sur ce sujet-là pour la première fois.

01:36Bon, tout d'abord, mes équipes et moi-même avons toujours été du côté des défenseurs des principes de l'égalité,

01:42de la République, de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.

01:47Et ça a été toujours notre ligne directrice.

01:50Si bien qu'il y a quelques années, nous étions les premiers à Saint-Ouen à appeler à manifester contre l'attentat de Charlie.

01:59Une fois qu'on a dit ça, la salle communimage n'est pas une salle qui appartient à la même de Saint-Ouen.

02:04Comme vous l'avez si bien rappelé dans votre présentation, c'est une salle privée.

02:08Donc nous, on n'a aucune main mise directe sur la progression.

02:11En revanche, dès que nous avons appris cette décision, qui est regrettable et qui est très surprenante,

02:18nous avons, via le vice-président de la LICRA, proposé que nous puissions mettre à disposition une salle municipale

02:25pour que, justement, cette projection puisse se tenir dans les prochaines semaines

02:31au regard des contingences techniques et organisationnelles des responsables.

02:37Karim Bouhamran, ce qui choque un peu dans la déclaration de communimage,

02:41c'est qu'ils disent que c'est une manifestation à caractère politique,

02:43alors que c'est un film sur la République, puisque Charlie, c'est la République.

02:46Le droit à la moquerie et le droit à la liberté d'expression, c'est quand même la base de nos valeurs.

02:53Oui, complètement. C'est le droit de caricaturer.

02:55Moi, c'est ce que j'ai toujours dit.

02:57J'ai été le premier à soutenir Charlie, à manifester aux côtés de toutes celles et ceux

03:00qui se combattent pour la liberté d'expression,

03:03alors que je ne suis pas forcément un premier fan de Charlie en tant que tel.

03:08Mais le sujet n'est pas là. Vous avez raison.

03:10C'est la liberté d'expression. C'est ce qui fait la force de nos pays, la force de notre République.

03:14Et ce que je ne comprends pas, c'est l'explication de dernière minute de communimage

03:18qui est, en plus d'être assez cavalière et irrespectueuse à l'endroit des organisateurs,

03:24qui n'est pas en phase avec les principes que nous portons dans la ville de Chantan.

03:28Et toutes les personnes qui défendent les principes républicains,

03:33les principes de la laïcité, les principes de l'égalité, les principes de l'expression,

03:36dans pareilles circonstances, doivent faire bloc, surtout en ce moment.

03:42Karim Boisnebran, vous dites, et on l'entend bien, je ne comprends pas,

03:46on a bien compris votre position dessus,

03:49mais vous, qu'est-ce que finalement vous subodorez de cette décision ?

03:53Est-ce qu'il y a une arrière-pensée ? Est-ce qu'il y a une maladresse ?

03:56Est-ce qu'il y a une stratégie ? Quel est votre regard ?

03:59Franchement, je ne voudrais pas faire de concentration en pratique sur ça,

04:03parce que je n'ai pas tous les éléments.

04:05Ce qui m'étonne, même à partir du moment où on gère une salle,

04:09quelle que soit la salle, on n'agit pas comme ça de la sorte,

04:12et comme vient de l'évoquer Jules Béler, surtout quand il s'agit d'une question aussi noble,

04:15qui est la défense de la liberté d'expression, de l'égalité, puis le combat Charlie.

04:20Donc là, je pense que ça aurait été de bonne alloi,

04:24de faire preuve de souplesse,

04:25et pas de balancer cette histoire,

04:30ou de se cacher derrière des couverts d'organisations,

04:34ou de chartes, dont on ne connaît pas.

04:35Parce qu'il faut comprendre qu'il y avait déjà eu des films politiques,

04:39comme une image.

04:40Donc ce qui est assez...

04:42Est-ce que le problème, je vais vous poser la question très directement,

04:45Karim Bouhamran, est-ce que le problème,

04:46ce n'est pas qu'il y a le crif là-dedans, tout simplement ?

04:47Honnêtement, je ne rentre pas dans ces considérations.

04:52Si c'est le cas, en tout cas, ce serait très grave.

04:55Si on part du principe qu'il y a la LICRA, il y a le crif,

04:59on rentre dans une espèce de jugement

05:04qui peut avoir des rôlants racistes, antisémites et discriminatoires,

05:11je serai le premier à m'insurger,

05:13et vous me verrez tout de suite à vos côtés

05:15pour pouvoir condamner cette position.

05:17Mais en attendant, je ne peux pas m'exprimer

05:20alors que je n'ai pas tous les éléments.

05:21Parce que c'est en tout cas, par rapport aux éléments

05:23qui sont à ma possession,

05:24c'est une salle privée,

05:27il y a une erreur, pour ne pas dire une faute,

05:28qui a été faite à l'endroit des organisateurs,

05:30parce que ça ne se fait pas.

05:32On n'a eu pas un événement 48 heures ou 3 jours avant.

05:35Et nous, en tant que puissance publique,

05:37on fera tout pour pouvoir accompagner les organisateurs,

05:39compte tenu des valeurs qu'ils portent

05:41et des valeurs communes que nous portons,

05:43surtout en ce moment.

05:44Merci beaucoup Karim Bouhamran,

05:45nous rappelons que vous êtes maire de Saint-Ouen.

05:47Merci pour votre témoignage.

05:50Merci vous aussi.

05:51Merci Félix Mathieu.

05:52Avec plaisir.

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