«Je ne voyais pas le bout du capot de ma voiture» : Renaud, un habitant des Pennes-Mirabeau, près de Marseille, raconte son cauchemar dans l'incendie

Name: «Je ne voyais pas le bout du capot de ma voiture» : Renaud, un habitant des Pennes-Mirabeau, près de Marseille, raconte son cauchemar dans l'incendie
Uploaded: 2025-07-09T10:11:57+00:00
Duration: 5 min 26 s
Channel: Europe 1
Description: Regardez «Je ne voyais pas le bout du capot de ma voiture» : Renaud, un habitant des Pennes-Mirabeau, près de Marseille, raconte son cauchemar dans l'incendie - Europe 1 sur Dailymotion

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00:00On est avec Renaud, bonjour Renaud, merci d'être en direct dans l'heure des pros sur Europe 1 et sur CNews.

00:06Renaud, comment allez-vous ? Vous êtes du côté de la peine Mirabeau, donc c'est vraiment collé à Marseille,

00:12c'est là finalement où le feu a été le plus virulent quasiment.

00:17Racontez-nous la nuit que vous avez passée et ces dernières heures.

00:22Écoutez, la nuit, il n'y a pas eu de nuit à vrai dire.

00:24J'ai été hébergé chez une amie parce qu'on a été obligé d'évacuer.

00:27J'ai quitté mon domicile vers 14h30.

00:31En fait, l'air était irrespirable et voilà, c'était un tableau d'antest auquel on a assisté.

00:37Le feu jaillissait de toutes parts et on était plusieurs voisins.

00:42On a fait une tentative de sortie du lotissement, mais arrivé au portail, le portail était enseveli sous les flammes.

00:50Donc, machine arrière, femmes, enfants, confinées dans les maisons.

00:55On a essayé de sauter les barrières des voisins, d'éteindre les feux qui arrivaient de toutes parts.

01:03Et suite à ça, derrière, au bout de 45 minutes, à se battre, à mettre des coups d'épée dans l'eau, soyons clairs,

01:15j'ai repris le véhicule pour remonter au portail.

01:18Je me suis dit, il ne doit pas être loin, il ne doit pas être loin, les gars, ce n'est pas possible qu'ils ne soient pas là.

01:23Et ce qui s'est passé, c'est que je suis arrivé devant ce portail avec un mur de fumée.

01:29Je ne vous cache pas que j'ai fait un acte complètement inconsidéré.

01:35Je suis parti dedans.

01:35Je me suis dit, bon, voilà, il y a des alters intimes, il y en a deux.

01:40Soit tu arrives au bout, tu es dans une fournaise, il faut que tu fasses la plus belle marche arrière de ta vie sur 100 mètres.

01:45Soit, il y a du monde et on va retourner, on va sauver les autres.

01:51Parce que c'était quelque chose d'inimaginable.

01:55Je roulais en frottant le trottoir parce que je ne savais pas où j'allais.

02:00Je ne voyais pas le bout du capot de la voiture.

02:02Et sorti de ce couloir de fumée, je regarde sur ma gauche et je vois un camion de pompiers

02:07qui avait déjà arrosé tout le secteur et qui avait été un incendie.

02:14Je cours vers eux, je saute sur le camion et je leur dis, les gars, on est en train de brûler en bas.

02:19Et en fait, mon lotissement et nos maisons étaient masqués par ce mur de fumée.

02:23Parce qu'on a eu des pompiers de tout le département.

02:26Et je salue d'ailleurs le travail, le travail des sapeurs-pompiers, le travail des marins-pompiers qui ont été fantastiques.

02:33Et ces deux gars qui m'ont suivi, c'était des personnes de la Bouilladis que je ne remercierai jamais assez

02:39parce qu'ils m'ont suivi et ils ont sauvé nos maisons, ils ont sauvé nos vies.

02:43Voilà, à un moment donné, du coup, on essaie de les aider tant bien que mal.

02:47Je passe à 5 mètres d'un résineux.

02:50Et il était derrière moi, d'un coup, j'ai senti une déflagration.

02:55C'est-à-dire que l'arbre s'est enflammé d'un coup.

02:58J'ai été propulsé contre la clôture du voisin.

03:02Et là, j'ai la trachée qui me brûlait.

03:05Tout l'air a été aspiré d'un coup.

03:07Pour vous situer, je fais 90 kilos.

03:09Donc, pour me bouger, il en faut un peu.

03:11Et c'est à ce moment-là que je me suis dit non.

03:13Là, par contre, on va laisser faire les professionnels.

03:16Nous, on n'y arrivera pas.

03:18Et voilà, on est allé voir tous les voisins.

03:20On dit maintenant, il faut partir parce que c'est plus dans nos mains.

03:23On ne gère plus rien.

03:24Et j'ai une pensée pour mon voisin Eric qui, lui, a perdu sa maison totalement.

03:28Elle est à 15 mètres de la mienne.

03:30C'est la sienne.

03:30Ça aurait pu être la mienne.

03:31Et j'ai une grosse pensée pour lui et toute sa famille.

03:34Par contre, j'aimerais rebondir sur...

03:36Vous parliez de moyens tout à l'heure.

03:39Messieurs, je suis désolé de vous dire.

03:41Vous parliez de chiffres.

03:42La sienne, honnêtement, un milliard et demi.

03:45C'est...

03:48Voilà, je n'ai pas les mots, en fait.

03:49Alors que les pompiers se battent avec leur cœur, leur âme

03:52pour sauver nos maisons, pour nous sauver au quotidien.

03:55On leur mène des packs d'eau pour les remercier.

03:57Les policiers essayent de sécuriser nos maisons

04:00alors qu'il y a des pillards qui viennent, alors qu'il y a du feu.

04:03Quand on perd un policier, on lui donne une légion d'honneur à titre postule.

04:06Ça lui fait une belle jambe à sa veuve, à ses enfants.

04:08Et tous nos soignants, quand on est sur une pandémie,

04:11pour les remercier, on tape sur des casserolles.

04:12Non, mais on est sérieux, là, en fait.

04:14Est-ce qu'on est sérieux ?

04:15Pendant la pandémie, on a mis 500 millions pour les soignants,

04:1914 milliards et demi sur le renouvellement durable et l'écologie.

04:22Alors moi, je fais l'écologie, mais après, à un moment donné,

04:25il faut prioriser tout ça.

04:27Donc, qu'ils viennent tous, toutes les instances qui descendent,

04:31tous les politiques.

04:32Moi, je leur ouvre ma porte, qu'ils viennent me voir,

04:34parce que moi, j'en ai une de porte encore,

04:35parce que mon pote Éric, il n'en a plus.

04:37Donc, voilà.

04:39Alors, j'ai un peu d'émotion quand je parle,

04:41mais vous comprenez que quand vous avez une petite fille

04:44et que votre maison, elle est à 5 mètres de cramée,

04:48voilà, soyons clairs,

04:49en termes d'émotion, on n'est pas mal du tout.

04:52C'était un film d'horreur.

04:53Et je remercie encore ces pompiers qui ont fait un travail

04:57avec les moyens qu'ils ont.

04:58Vous savez quoi ?

04:59Les héros, ce sont vraiment eux.

05:01Moi, je dis, ils sont des Avengers.

05:03Voilà, on les a.

05:04Ils sont là.

05:04Il faut les remercier.

05:06Et on ne fait pas assez pour toutes ces corporations

05:07qui nous maintiennent au quotidien et qui nous sauvent.

05:11Et je ne fais pas de démagogie.

05:13Ce n'est pas mon problème, démagogie.

05:16Ils laissent aux politiques qui vont arriver tous de même

05:19pour faire des photos.

05:21Renaud, merci.

05:22Il n'y a rien à dire de plus.

05:24Merci à vous.

05:24Merci, Renaud.

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