00:00Il est 8h moins le quart, votre invitée en direct, Maya Baldur-Offredon, ce matin, c'est le président du MENEF dans le Gard.
00:09Bonjour Steve Caligaro.
00:10Bonjour à tous.
00:11Merci d'être avec nous ce matin.
00:13A la veille de la convention Place à l'entreprise, 800 personnes attendues demain dans les jardins du Mass Merlet
00:20pour discuter de la situation économique locale, nationale, qui ne va pas fort, on va le dire comme ça.
00:25Vous êtes un patron inquiet, Steve Caligaro, aujourd'hui ?
00:28Oui, un patron inquiet.
00:30Et puis moi, je ne suis que le président du MENEF territorial.
00:33Et donc, on doit se faire l'écho d'un certain nombre de préoccupations professionnelles,
00:37que ce soit au travers des branches qui sont présentes au sein du MENEF
00:40ou directement des entreprises composant le bureau, le directeur.
00:44Oui, oui, on n'est plus qu'inquiets.
00:45On n'est plus qu'inquiets de la conjoncture.
00:47On n'est plus qu'inquiets de la conjoncture internationale.
00:51On est très inquiets sur les arbitrages qui vont pouvoir être faits dans cet épisode budgétaire.
00:56Ça commence à plancher sur le PLFSS et les risques sont nombreux.
01:02Le PLFSS ?
01:03Projet de loi de finances de la sécurité sociale.
01:05Toutes mes excuses.
01:07Toutes mes excuses, ça y est, je me mets à avoir un jargon.
01:09Je me mets à avoir un jargon.
01:10C'est un truc de chef d'entreprise.
01:11Oui, c'est plutôt politique, mais c'est la politique au bon sens du terme.
01:18C'est-à-dire que c'est la politique sans parti, en fait.
01:22Les arbitrages qui sont en train d'être pensés par un État qui cherche 40 milliards
01:26sont extrêmement stratégiques parce que, est-ce qu'on va encore alourdir le coût du travail ?
01:33Est-ce qu'on va encore décrocher la compétitivité de nos entreprises par rapport à un marché toujours plus ouvert ?
01:40Ou est-ce que des choix courageux vont être faits ?
01:42Vous avez peur concrètement qu'on vous coupe des vivres, qu'on vous coupe des subventions,
01:44qu'on ne privilégie pas l'entreprise française ?
01:47C'est quoi exactement ?
01:48Vous savez, l'heure de SMIC a plus de 25 points de différence avec la moyenne des autres pays européens en France.
02:00Il y a un taux d'employabilité en France de 10 points supérieur à notre principal ami et concurrent, l'Allemagne.
02:07On est le pays qui part le plus tôt à la retraite.
02:10On est le pays le plus redistributif.
02:12Et on ne cesse de creuser une dette qui a passé les 3 305 milliards d'euros sur le premier trimestre.
02:21Cette équation-là, aujourd'hui, par manque de choix politiques et par manque de vision,
02:26fait reposer sur le coût du travail des choses qui sont aujourd'hui insupportables.
02:32Il n'est pas possible d'embaucher.
02:34Il est de plus en plus compliqué de développer une entreprise en France,
02:37que ce soit par le réglementaire ou par le fiscal.
02:39Et dans le Gard, parce que là, on parle à l'échelle nationale, mais nous, on est une radio locale.
02:43Dans le Gard, quelle est la situation ? Est-ce qu'on est plus mal qu'ailleurs ?
02:46Alors, le Gard, vous le savez, est le 6e département le plus pauvre de France.
02:51Un certain nombre d'entreprises sont en difficulté, que ce soit les grosses.
02:56On peut parler du plan social de Royal Canin, même s'ils ont annoncé un plan d'investissement.
03:01Mais Solway, mais Perrier.
03:02Mais on ne peut pas dire que les entreprises qui sont en prise à un marché ouvert sont très en forme.
03:10Et ensuite, il y a toute la filière du bâtiment des BTP.
03:14Vous savez, le Gard, c'est ni un département industriel, ni un département avec d'énormes entreprises.
03:20Donc, ça repose sur tout un maillage.
03:23Et par exemple, la suspension de la prime rénov' sur l'ensemble des entreprises du BTP.
03:27On peut aussi parler des agriculteurs.
03:29C'est un département dans lequel il y a une forte proportion sur le bâtiment et sur l'agriculture.
03:39On ne peut pas dire que ce soit des secteurs qui ont le vent en poupe.
03:41Et vous parliez de toutes ces grandes entreprises, puisque même les grandes entreprises ne sont pas épargnées.
03:46Il y a un rassemblement demain pour la verrerie du Languedoc à Vergès, la voisine de Perrier.
03:51Les syndicats seront là.
03:52Vous, vous y serez aussi également ou pas ?
03:55Non. Les syndicats... Alors, je crois que c'est à la... Je crois que c'est LFI qui organise...
04:02C'est à la paix de la CGT, en l'occurrence.
04:04Oui, avec deux élus LFI.
04:07C'est un rassemblement... Écoutez, on est un peu schizophrène dans ce pays, quand même.
04:12Pourquoi ?
04:13Lorsqu'on accepte d'avoir un taux de charge comme ça sur les salaires.
04:17Lorsqu'on est, encore une fois, dans un marché ouvert aujourd'hui, tout est concurrentiel.
04:23La quasi-totalité de ce que nous portons au moment où nous parlons ne vient pas de France.
04:27Nous sommes donc sur un marché extrêmement ouvert.
04:30Et nous courons une course avec des boulets au pied.
04:32Parce que nous avons un taux de charge salarial et patronal le plus élevé d'Europe.
04:37Et qu'est-ce que vous proposez alors ?
04:39Puisque vous dressez quand même un bilan assez négatif de la situation actuelle, évidemment, ce n'est pas une surprise.
04:44Quelles seraient les solutions, les choses à mettre en place ?
04:46Le MEDEF, pour le coup, dans sa position de syndicat majoritaire, le MEDEF s'appelle 63% des voix.
04:54C'est deux tiers des salariés du privé.
04:57La seule voix de Patrick Martin, le président du MEDEF, suffit à enteriner un texte ou à le bloquer.
05:03Et donc, vous vous doutez que toute la journée, le MEDEF est en force de proposition.
05:08Par exemple, sur le conclave des retraites, évidemment que nous avons bloqué le fait de revenir à 62 ans.
05:13Imaginez-vous, nous sommes dans un pays où les déficits ne cessent de courir.
05:18Et l'enjeu du conclave des retraites, c'était de détricoter la réforme borne qui occasionnait déjà 15 milliards de déficits en 2030.
05:25Donc, on marche sur la tête.
05:26Donc, les retraites, il y a d'autres...
05:27Il y a les retraites, mais il y a un certain nombre de sujets qui ont, pour le coup, avancé sur la pénibilité.
05:32Et qui ont été avancés par Patrick Martin et le MEDEF sur la pénibilité.
05:35La meilleure prise en compte des absences pour maternité.
05:39Il y a le sujet de la TVA sociale.
05:42Il y a beaucoup de sujets au MEDEF.
05:44Je ne vais pas vous les dérouler là.
05:46Il y a un petit livre blanc sur la formation.
05:47Les pays qui réussissent ne sont pas...
05:50Alors, je ne prêche pas pour ma part, mais les pays qui réussissent sur la scène internationale ne sont pas tant ceux qui ont une fiscalité la plus basse.
05:57Ce sont ceux qui ont la formation la plus efficiente.
06:00Et là, pour le coup, on a 19% des moins de 25 ans qui ne sont ni en situation de travail, ni en diplôme.
06:08Donc, mettre l'accent sur la formation, c'est l'une des pistes et l'une des choses que vous allez discuter demain, j'imagine.
06:12Oui, mais aussi avec la TVA sociale.
06:14Il va falloir, dans ce pays, remettre les gens au travail, encore une fois, sur la totalité de la plage de travail.
06:22Lorsqu'on analyse les hommes et femmes en situation de travail, nous sommes 10 points inférieurs à l'Allemagne.
06:27On ne travaille pas assez en France, mais parce qu'un certain nombre de freins à l'embauche, au recrutement, c'est ce que vivent nos entreprises.
06:36Si on veut pouvoir maintenir un modèle social aussi redistributif, il va falloir qu'on relance la machine économique.
06:42Merci beaucoup, Steve Caligaro, président du MEDEF, dans le garde d'avoir été notre invité ce matin.
06:48Interview à retrouver en replay.
06:49C'est moi qui avais le sifflet de l'arbitre. Je parle au président du rugby club, ni moi. Là, c'est l'heure, c'est l'heure, monsieur.
06:54Je n'ai pas pris de carton, je suis heureux.
06:56Non, non, pas du tout, tout va bien. Allez, bonne journée, à bientôt.
