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Le débat médiatique autour de l’immigration a-t-il totalement annihilé l’analyse factuelle ? Une étude du Credoc pour Terra Nova souligne que l’économie française aurait du mal à tourner sans les travailleurs étrangers.

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Transcription
00:00Et on termine notre émission avec Fenêtre sur l'emploi pour parler d'un sujet à première vue politique,
00:16mais qui est d'abord et avant tout un sujet économique, l'immigration, la manière dont on accueille
00:21et la manière dont ces immigrés prennent place dans notre société pour y travailler.
00:25On en parle avec vous, Juba Iadaden, vous êtes économiste, président de Terra Nova Jeune,
00:31qui est un think tank de réflexion, et auteur justement d'un rapport sur l'immigration de travail en France.
00:37Nous, on est une chaîne éco et on parle d'emploi, et c'est vrai que c'est souvent l'immigration un sujet qui glisse vers des enjeux politiques.
00:46Je crois que c'est Greenpeace, peut-être me trompais-je, mais qui s'est amusé à retirer visuellement tous ceux qui étaient issus de l'immigration,
00:53de l'économie, des restaurants, des boulangeries, vous avez forcément vu cela, et on voit que notre économie s'effondrerait.
00:59Est-ce que c'est le constat que vous faites à travers votre rapport ?
01:02Alors, merci pour l'invitation, c'est assez intéressant de pouvoir discuter de cette question-là.
01:06Alors, nous, on a réfléchi à cette question de ce qui se passerait s'il n'y avait pas d'immigration à deux niveaux.
01:13D'abord, en regardant ce qui s'est passé pendant le Covid.
01:15Pendant le Covid, il n'y avait plus de flux entrant en France.
01:18Donc, il y a une note du Conseil d'analyse économique qui montre très bien que, en fait, dans les secteurs qui sont en tension,
01:27les secteurs qui demandent de la main-d'œuvre, beaucoup de main-d'œuvre, en fait, il y a eu vraiment des pénuries.
01:32Et les entreprises, les recruteurs n'arrivaient pas à trouver de personnes pour travailler,
01:39que ce soit sur des métiers qui sont qualifiés et d'autres qui sont peut-être un peu moins qualifiés,
01:43mais qui sont, en fait, essentiels pour que l'économie française tourne.
01:47Et le deuxième élément, en fait, le deuxième temps sur lequel on se demande qu'est-ce qui se passerait s'il n'y avait pas d'immigration,
01:53c'est quand on fait des projections de soutien de ratio démographique.
01:58Donc, on va regarder les projections de population de l'INSEE.
02:02On se dit, on se place dans un scénario où il n'y a plus de solde migratoire.
02:05C'est-à-dire, on n'accueille plus personne jusqu'à 2040, jusqu'à 2070.
02:09Et là, ce qu'on voit, c'est que sans immigration, en fait, le soutien de ratio démographique,
02:16il se dégrade de manière certaine et, en fait, il va en dessous de 1.
02:21C'est-à-dire qu'il faudrait finalement…
02:25Donc, vous dites, vous, en tant qu'économiste et en même temps expert de Terra Nova,
02:28que cette immigration, elle est bonne pour notre économie.
02:31On en a besoin.
02:32Alors oui, on en a besoin.
02:32Non, mais ce n'est pas un discours qu'on entend en ce moment beaucoup.
02:35C'est l'objet du rapport.
02:37C'est, en fait, de reverser un petit peu l'angle qui est pris
02:41et de se dire, finalement, en fait, quelle est l'histoire de l'immigration en France.
02:44Parce qu'il y a de l'immigration en France depuis la révolution industrielle, depuis 1850.
02:51De voir, en fait, cette immigration…
02:53Polonaise, italienne, espagnole, portugaise, algérienne, marocaine, tunisienne.
02:58Je faisais une évolution chronologique.
03:00Oui, en effet.
03:01Même si, par exemple, les Algériens, c'est depuis le début du XXe siècle.
03:05C'était un département et que les Algériens venaient…
03:08Donc, il y a des liens entre les différents pays liés à l'immigration.
03:12Et donc, ensuite, on se place dans le temps présent et on regarde que font les immigrés,
03:18dans quel secteur ils travaillent, où est-ce qu'on en a le plus besoin,
03:21où est-ce qu'ils sont géographiquement également en fonction de leurs origines.
03:24Et ensuite, on se projette.
03:25C'est ça l'objet du rapport.
03:26J'ai vu une petite polémique sur cette personne qui critiquait cette idée d'utiliser les immigrés.
03:32Et elle répondait, son nom m'échappe, mais si c'est pour avoir un steak-fried moins cher,
03:36pour justifier l'immigration, je préfère avoir des steaks-frieds plus chers.
03:41Alors, ce n'est pas l'arbitrage qui est fait par les entreprises.
03:45C'est-à-dire que les entreprises ne vont pas embaucher de la main-d'œuvre étrangère
03:49parce qu'elle est moins chère.
03:50Ils vont l'embaucher parce que les Français ne veulent pas faire certains travails.
03:54C'est ça le sujet.
03:55Ou alors, on n'a pas encore les structures de formation adéquates pour qu'il y ait assez de personnes en France
04:01qui soient formées et qui aillent dans certains métiers.
04:04C'est le cas des médecins, par exemple.
04:05C'est-à-dire qu'il y a le numérosus clausus.
04:08Aujourd'hui, si on veut former un médecin, il faut 10 ans, surtout pour les spécialistes.
04:12Médecins algériens.
04:14Entre autres.
04:14Entre autres, mais il y a beaucoup de médecins algériens qui viennent et qui n'ont pas les mêmes rémunérations.
04:18Il faut le préciser que les médecins de plein droit dans les hôpitaux.
04:22C'est confirmé.
04:24Ça, je n'ai pas l'information là-dessus.
04:26Mais en tout cas, ce qu'il faut avoir en tête, c'est que l'immigration,
04:30elle contribue à la fois dans le privé, mais aussi dans le public avec les hôpitaux.
04:32Et ça, c'est important de le rappeler.
04:34Ce n'est pas uniquement une question d'entrepreneurs qui auraient besoin de la main-d'œuvre.
04:39C'est aussi pour faire tourner l'État, en fait.
04:42Donc, renverser le regard sur ce sujet, c'est aussi une autre manière de parler de l'immigration.
04:48Exactement.
04:49C'est ça aussi l'objectif de Terrané.
04:50Exactement.
04:51L'objectif, c'est de parler de l'immigration sous un angle qui est un angle économique,
04:55parce qu'en fait, les immigrés contribuent depuis 150 ans, voire plus, à la construction économique du pays.
05:04Et il faut, il fallait aussi leur rendre cet apport qu'ils ont à l'économie.
05:10Et il y a aussi une question de, en fait, dans un univers européen qui est de plus en plus concurrentiel,
05:17on a des pays qui, aujourd'hui, sont des pays avec une teinture politique qui n'est pas une teinture politique progressiste
05:24ou du centre droit classique, qui, en fait, ont des politiques d'immigration attractives.
05:30Attractives, évidemment.
05:31Qui ont besoin de main-d'œuvre.
05:32Et ce sont des dirigeants à l'Italie, à l'Église, ou alors à Orban, en Hongrie.
05:37Et ce sont des personnes qui vont, en fait, comprendre, d'un point de vue purement pragmatique, qu'ils ont besoin de main-d'œuvre étrangère.
05:43Merci, Juba Iadadène.
05:45Merci, ce rapport à découvrir sur le site Terranova.
05:47Vous êtes le président de Terranova Jaune, je précise.
05:50Exactement.
05:50Qui est un signe de réflexion.
05:51Nous sommes très en retard.
05:52Merci à vous.
05:53Merci à Mani et à la réalisation.
05:54Merci à Paul Hausson.
05:55Et merci à Nicolas Juchat.
05:56Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures et de nouveaux numéros de Smart Job.
06:00Bye, bye.

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