Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 01/07/2025
La réalisatrice Sophie Letourneur était l’invitée de Léa Salamé mardi 1er juillet sur France Inter, à l'occasion de la sortie de son film "L'Aventura".

Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Léa, ce matin vous recevez une réalisatrice.
00:03Et bonjour Sophie Le Tourneur.
00:05Bonjour Léa.
00:06Bienvenue sur Inter.
00:07Je commence par ma question rituelle.
00:08Si vous étiez un pays, un acteur et un coucher de soleil,
00:12vous seriez qui, vous seriez quoi, vous seriez où le coucher de soleil ?
00:17Je vais dire l'Italie déjà, je pense que c'est tout indiqué.
00:24Vu que le film fait partie de la trilogie italienne, on va dire.
00:28Donc oui, l'Italie.
00:29On va parler de votre film, L'Aventura, qui sort demain.
00:32Voilà, c'est ça.
00:33Du coup, je fais des réponses un peu ciblées.
00:35Le pays, c'est l'Italie, ok.
00:37L'acteur ?
00:38Philippe Catherine.
00:40Non, c'est vrai que n'empêche, c'est un super acteur, j'avoue.
00:45Et notamment dans vos films.
00:47C'est un super artiste total.
00:49Voilà, donc j'aimerais bien être Philippe Catherine.
00:54Et un coucher de soleil, ce serait où ?
00:56Alors le coucher de soleil, je pense que ce serait déjà un coucher de soleil que je partage avec des gens que j'aime.
01:04Je crois que c'est surtout ça, ça peut être n'importe où.
01:06Bon, après, j'ai une petite idée d'où ce serait, mais j'ai pas trop envie d'en parler.
01:09D'en parler parce que c'est bien quand il n'y a personne, justement.
01:14C'est un coucher de soleil que vous ne rateriez pas ?
01:17Parce que dans le film, vous les ratez, les couchers de soleil, en fait.
01:20Ah ouais, on est toujours en retard.
01:22On est toujours en retard.
01:23Et il se passe toujours un truc qui fait qu'on n'arrive pas à en profiter.
01:26Mais quand même, dans le fond, il y en a quelques-uns qu'on a bien.
01:30« Ne rien faire, c'est le bonheur des enfants et le malheur des vieux », écrivait Victor Hugo.
01:35Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, Sophie Le Tourneur ?
01:39Alors le malheur des vieux, oui.
01:41« Ne rien faire ».
01:43Les enfants ne rien faire, je ne sais pas s'il s'est beaucoup occupé de ses enfants.
01:47Ou peut-être que oui, ce n'étaient peut-être pas les mêmes enfants à l'époque.
01:51Mais non, les enfants n'aiment pas ne rien faire, j'ai l'impression.
01:56Ne rien faire, ou presque, en tout cas, c'est ce que vous filmez dans l'Aventura, en salle de main.
02:00La suite de Voyages en Italie, sorti il y a deux ans, où vous auscultiez le couple que vous formiez déjà avec Philippe Catherine.
02:07Là, vous partez en famille, toujours en Italie, en Sardaigne, avec vos deux enfants.
02:11Votre fils de 3 ans, Raoul, et votre fille, Claudine, 11 ans, que vous avez d'une précédente relation.
02:16Je dis vous, parce que vous jouez la mère de famille, dans ce film que vous réalisez, Sophie Le Tourneur.
02:21Vous jouez donc Sophie, Sophie joue Sophie.
02:23Un couple, deux enfants en Sardaigne, et c'est un peu Michel Jonas, les vacances au bord de la mer.
02:28On allait au bord de la mer
02:31Avec mon père, ma soeur, ma mère
02:37Et j'ai été plein de fois à Canary aussi.
02:39Enfin, j'ai des amis en fait là-bas.
02:42On vous écoute là.
02:49Ah bon ?
02:49Comme ils dépensaient leur argent
02:52Bah moi j'ai pensé à Jonas quand on regarde votre film, j'ai pensé à cette chanson, à Canary ou ailleurs.
03:04C'est les grandes vacances, le soleil, la mer, la plage, les glaces, la pizza le soir.
03:08Sauf que dans votre film, on est loin de la carte postale.
03:11Le couple est en crise, la mer légèrement écrasée par son statut de mère,
03:14Les enfants sont envahissants, jaloux l'un de l'autre
03:16Et donc vous ratez presque tous les couchers de soleil.
03:20C'est la vraie vie qui vous intéresse Sophie Le Tourneur depuis toujours.
03:23Depuis que vous êtes étudiante aux arts déco, parce qu'à l'origine vous avez un travail d'artiste.
03:28Filmer la vérité vraie, comme disait Rimbaud, pas la fausse vie parfaite qu'on s'invente sur Instagram.
03:34C'est les vraies vacances en fait, dans lesquelles on se reconnaît tous.
03:37J'espère, j'espère qu'on se reconnaît, j'espère que le film...
03:42C'est vrai que moi c'était ça aussi, c'est d'être dans de l'hyper réel.
03:49Mais en même temps que cet hyper réel, c'est pas du naturalisme non plus en fait.
03:54C'est vraiment d'essayer de trouver qu'est-ce qui se passe entre les mots,
03:58qu'est-ce qui se passe entre les regards, qu'est-ce qui se passe en fait dans tous ces moments qu'on partage
04:03et qui filent et qu'on n'identifie pas en fait comme ça en fait.
04:12Et c'est vrai que quand on repense à tous ces moments qu'on a vécu et qui ne reviendront jamais,
04:17qu'on commence à les disséquer, en fait tout est là, tous les affects, toute la complexité,
04:21tous les rapports, toutes les souffrances aussi.
04:25Parce qu'une famille c'est aussi des jalousies, des tensions, des regrets, c'est très intense.
04:33Et c'est tout ce que vous filmez, ce qui donne des choses très drôles, très jouissives et aussi très mélancoliques.
04:40Mais je crois que c'est Catherine, c'est Philippe Catherine qui résume le mieux le film,
04:44qui dit « Sophie Le Tourneur filme la poésie de l'extra quotidien,
04:48elle filme les plis d'une robe plissée, ce qu'on ne montre jamais dans un film. »
04:52C'est-à-dire les discussions sur où on va manger, sur quelle plage on va,
04:56pourquoi on a pris la couette dans la voiture, à quelle heure on arrive, maman j'ai envie de faire pipi.
05:00Ça, ces moments-là du quotidien qui sont rarement filmés.
05:02C'est-à-dire qu'il y a d'autres films sur les grandes vacances, « Une famille en vacances »,
05:05il y en a d'autres, on en a vu d'autres.
05:07Mais la spécificité de votre film à vous, c'est ça, c'est que vous filmez dans les plis de la robe.
05:12Tout ce qui fait la vraie vie, les vraies vacances, c'est-à-dire aussi les galères,
05:17et pas seulement les couchers de soleil, et le gamin qui fait caca au milieu du restaurant, etc.
05:21C'est ce qui vous intéresse, vous.
05:23Parce que vous dites, il n'y a rien de plus beau que ce qui se passe en vrai.
05:25Oui, c'est vrai que je fais plus des films qui parlent de la vie que des films qui parlent du cinéma, en fait.
05:33Pour moi, c'est l'idée du peintre et du modèle, quoi.
05:36C'est peindre d'après modèle, en fait.
05:41C'est l'inspiration Nouvelle Vague, clairement, chez vous ?
05:44Oui, oui, oui.
05:45Parce que c'était ça, la révolution de la Nouvelle Vague, c'était le film et la vérité vraie.
05:48Oui, complètement.
05:48De toute façon, moi, je ne suis toujours pas revenue de Godard.
05:53Vous y êtes toujours ?
05:54Moi, j'y suis toujours.
05:56On se reconnaît en tout cas tous dans vos vacances avec la phrase que vous prononcez le plus.
05:59Je ne sais pas si vous avez remarqué, la phrase que vous et Philippe Catherine, les deux parents, prononcent le plus, c'est
06:04« Raoul, ça va mal se terminer ».
06:06Vous le dites au moins cinq fois, et je pense que tous les parents se reconnaissent dans cette phrase
06:11qu'on prononce au moins une fois par semaine dans notre vie.
06:13« Ça va mal se terminer ».
06:14Oui, ça va mal se terminer, mais pour tout le monde, jusqu'au bout, je crois.
06:18Il y a un vrai plaisir à filmer les enfants, qui sont évidemment les plus bruyants et les plus relous du train, c'est les vôtres.
06:26Oui, c'est les miens, c'est les miens, oui, c'est vrai.
06:30Ça faisait très longtemps que j'avais envie de faire un film sur les enfants, parce que c'est quand même 20 ans de ma vie,
06:36j'ai une fille qui a 19 ans, et j'ai mis du temps à être prête à faire ça.
06:40Je pense que ce n'est pas par hasard que je fais ce film alors qu'elle est majeure, maintenant.
06:46Votre fille est majeure, mais ceux qui jouent les enfants, je vais quand même les citer parce qu'ils sont formidables,
06:51Berenice Vernet qui joue la petite fille de 11 ans, et Esteban Melero, le gamin Raoul, le petit Raoul, incroyable,
06:59parce que c'est un animal dans le film en fait.
07:01Vous vouliez filmer un enfant qui fait du bruit, qui casse tout, et qui va mettre ses parents, et ça sort sous tension en fait.
07:07Oui, oui, oui, puis ce qui m'intéressait c'était aussi les transitions, c'est-à-dire que les grandes vacances,
07:12c'est aussi la transition vers un autre état de soi, comment on va être après ces grandes vacances,
07:19puis il y a un truc aussi avec le fait de se baigner, du soleil, cette pause au milieu de l'année,
07:24et quand on est par exemple à dos, le fait de passer dans la classe supérieure,
07:28ou quand on est un couple, on se dit bon ben on verra après les vacances, même si ça ne va pas bien,
07:32enfin c'est toujours le moment de la transition, et pour Raoul, moi ce qui m'intéressait,
07:36c'était vraiment le passage de basculer dans, de devenir un petit enfant, c'est plus un bébé,
07:43donc c'est vraiment pour moi l'entrée en maternelle, il y a un vrai...
07:47D'abord ils doivent être propres, et c'est le fameux été où on leur apprend à être propre, et c'est difficile.
07:53Et le rapport au langage aussi, parce que je travaille beaucoup autour du langage,
07:57donc moi je mets beaucoup de temps à écrire mes films, où il n'y a pas du tout d'impro,
08:02mais c'est vrai que je cherche à retrouver des dialogues, à tisser des conversations,
08:06des dialogues, à retrouver une musique, une musicalité, qui est très vraie,
08:11c'est là où se niche aussi la poésie.
08:14Parce qu'il faut expliquer aux auditeurs ce matin, que votre film, et votre spécificité,
08:19votre marque, votre signature, Sophie Le Tournant, dans tous vos films,
08:21depuis que vous étiez étudiante aux arts déco, c'est l'enregistrement,
08:24et en fait ce film, c'est la reconstitution d'enregistrement que vous avez effectivement fait
08:29dans votre vraie vie, avec votre mari, avec votre fille,
08:32et en fait dont vous avez fait un film, vous enregistrez tout.
08:36C'est votre matériau d'artiste, l'enregistrement.
08:40Pourquoi vous aimez tant enregistrer, et imprimer donc,
08:44que ce ne soit pas furtif, que ce ne soit pas fugave, que ça reste ?
08:49Je pense que, oui, c'est le document, c'est la matière,
08:55je pense que j'ai un rapport très particulier à la matière, en fait.
09:01Je pense que peut-être que c'est lié à une pratique de la peinture,
09:05j'ai aussi fait du textile, j'ai fait du péret aussi,
09:08donc j'ai beaucoup travaillé aussi, même les tissus, j'ai fait de la sculpture,
09:13j'ai fait beaucoup de choses où j'avais besoin de triturer la matière,
09:18et finalement...
09:19Que ça ne s'efface pas, en fait.
09:21Et que ça ne s'efface pas, oui, oui, je pense qu'il y a un soulagement,
09:25en fait, je pense, quelque chose qui me fait croire
09:31que je peux avoir une prise sur quelque chose,
09:33que je peux retenir certaines choses, que je peux reconstituer,
09:38revivre, faire revenir les instants, les fantômes.
09:41Oui, sauf que ça ne marche pas, puisque quand ils se font,
09:43ils s'enregistrent tous les soirs, ils racontent leurs vacances,
09:46et aucun membre de la famille n'a le même souvenir de ce qui s'est passé.
09:50Et ça, c'est très fort.
09:51Ça, c'est très fort parce qu'effectivement, quand on repense à une scène,
09:55si vous faites l'expérience, amis auditeurs,
09:57de repenser à des vacances que vous avez passées il y a deux ans
09:59avec votre mari ou votre femme, etc.,
10:03ce que vous avez vécu, c'est-à-dire ce coucher de soleil raté
10:05ou ce moment dans ce restaurant-là, etc.,
10:07vous ne l'avez pas vécu pareil.
10:08C'est ça qu'on voit dans les enregistrements,
10:10et c'est ça qu'on voit dans votre film.
10:11Vous avez aussi choisi une très belle musique
10:12pour accompagner tout le film.
10:15C'est le prélude de Bach.
10:16Maman, j'ai envie de faire pipi.
10:29Pourquoi le prélude de Bach ?
10:31C'est marrant parce que Philippe me disait à juste titre
10:34« Bach », ça veut dire « retour ».
10:36En anglais ?
10:37Oui, c'est vrai.
10:40Il y a quelque chose d'enfantin.
10:42Et puis, je pense que le film est sur le temps,
10:47il est sur le cycle.
10:48Il y a quelque chose de très cyclique,
10:50même comment il est construit.
10:52Même la narration, elle n'est pas en ligne droite.
10:54Il y a la lune, le soleil, les jours qui passent,
10:58mais on ne sait plus dans quel sens ils sont passés.
11:01Il y a quelque chose d'organique aussi dans le film.
11:03Donc, je pense que cette structure comme ça, en boucle,
11:06ça correspondait bien au film.
11:08Et en plus, c'est vrai que c'était le morceau de piano
11:11que mon fils était en train d'apprendre.
11:14Donc, en fait, c'est lui qu'on entend là.
11:16C'est lui qui joue.
11:18Le vrai fils qui joue.
11:19Voilà.
11:19Bon, et puis, surtout avec ce film,
11:22vous continuez à ausculter le couple moderne.
11:24Sophie et Jean-Phi sont en crise.
11:26Ils sont un peu étouffés par leurs enfants.
11:28C'est plus vraiment la Ventura,
11:30comme le titre du film,
11:31comme le chantait Stone et Chardin,
11:33que vous reprenez avec Philippe Catherine
11:35dans le générique fin.
11:36C'est ça que j'aime,
11:38chanter partout avec toi.
11:43Le jour se lève,
11:46on prend l'avion et on s'en va.
11:51À nous.
11:54La Ventura,
11:58c'est la vie que je mène avec toi.
12:02La Ventura,
12:08c'est dormir chaque nuit dans tes bras.
12:14La Ventura,
12:19c'est tes mains qui se posent sur moi.
12:24Du coup, à cause de vous,
12:25je l'ai réécoutée toute la vie.
12:27C'est vrai que j'ai saoulé tout le monde
12:28avec cette chanson qui est quand même magnifique.
12:32Ce n'est pas la Ventura,
12:33votre couple avec Philippe Catherine.
12:38C'est un couple en transition,
12:39comme vous dites,
12:39puisque les grandes vacances,
12:41c'est les transitions.
12:42Les gamins passent en classe supérieure,
12:44le petit va passer à la maternelle,
12:46la grande va passer en classe supérieure.
12:48Et les couples ne savent pas
12:49s'ils vont se séparer ou pas
12:51à la fin de cet été.
12:53On passe l'été,
12:54on passe les vacances
12:55et on voit si on se sépare ou pas.
12:57Oui, tout à fait.
12:57Et puis en plus,
12:58je pense que le fait d'avoir un enfant
13:00qui sort des couches,
13:03on récupère de l'espace.
13:05Et cet espace,
13:06c'est peut-être la distance nécessaire
13:09pour se demander
13:11qu'est-ce qui reste du couple.
13:13Je crois qu'il y a beaucoup de couples
13:14qui se séparent
13:14quand l'enfant a trois ans.
13:17Je pense que ce n'est pas par hasard aussi.
13:19C'est-à-dire que c'est un moment
13:19où en tant que parent
13:20et en tant que femme,
13:22on récupère aussi de l'espace même physique.
13:25Et là, c'est très fort ce que vous faites
13:27et ce que vous montrez
13:27à la fois sur le personnage de l'homme
13:29de Philippe Catherine,
13:30le mec d'aujourd'hui,
13:31gentiment déconstruit,
13:32un peu perdu,
13:33qui a du mal à trouver sa place
13:34dans la famille,
13:35qui est à la fois absent-présent.
13:38Je pense qu'on a beaucoup d'hommes,
13:39de références d'hommes
13:40qui sont là,
13:41mais pas là pendant les vacances,
13:43qui sont un peu saoulés,
13:43qui préféraient être seuls,
13:45fumer leur clope ailleurs
13:45ou passer une soirée avec leurs potes,
13:47mais qui sont là
13:48parce qu'ils ont leurs enfants
13:48et qu'ils doivent faire semblant.
13:50Et la mère,
13:51envahie par son rôle de mère,
13:52le corps envahi par les enfants,
13:54par la charge mentale.
13:55C'est elle qui porte les valises,
13:56c'est elle qui décide du programme,
13:57c'est elle qui,
13:58quitte à s'oublier elle-même,
13:59à s'oublier sa féminité.
14:01Vous aussi,
14:02vous filmez de manière très subtile
14:03et très forte
14:04les vacances avec les enfants.
14:06C'est la mort de la libido,
14:08de ce lit conjugal
14:09que vous continuez de sculpter,
14:10que vous aviez fait
14:11dans votre précédent film,
14:12ce lit conjugal
14:13où ils dorment ensemble
14:14mais il ne se passe rien.
14:15Et finalement,
14:16ils l'acceptent.
14:16Ce n'est pas tellement une souffrance,
14:17c'est une acceptation.
14:20Oui, oui,
14:20je pense que là,
14:21ce n'est même plus la question
14:22de toute façon
14:23et puis je pense
14:24qu'il y a un truc aussi
14:25de survie,
14:26de survivre
14:27et de tenir bon
14:28parce qu'il y a beaucoup
14:29de fatigue dans le film
14:30mais il y a beaucoup d'amour aussi
14:33et puis l'amour,
14:34c'est fatigant,
14:34d'aimer ses enfants,
14:35c'est très fatigant.
14:36Il y a beaucoup d'affect
14:37dans le film,
14:38dans cette famille,
14:39il y a beaucoup de choses
14:40contradictoires,
14:41de sentiments contraires
14:44qui traversent le film
14:45et cette famille
14:45comme beaucoup de familles,
14:47comme toutes les familles
14:48parce que ce n'est jamais simple
14:49et c'est ça que vous montrez,
14:50que ce n'est jamais simple,
14:51que même quand il y a
14:52plein d'amour,
14:52même quand on est dans
14:53un cadre idyllique,
14:54ce n'est pas forcément
14:55tout parfait
14:56mais qu'il y a quand même
14:57plein d'amour
14:57et la fin est très mélancolique
14:59et jolie
15:00et voilà,
15:02il faut le voir,
15:03ça sort demain.
15:04Donc au cinéma,
15:05on a appelé
15:06Philippe Catherine,
15:07on l'a eu au téléphone
15:08ce matin,
15:08il prépare ses vacances
15:09justement il y a un petit mois.
15:10bonjour,
15:11je m'appelle Philippe,
15:14il y a toujours dans son cinéma
15:17quelque chose de sauvage,
15:19on tourne comme ça
15:20à la déboté
15:21parmi les gens
15:22qui vivent leur vie,
15:25elle est assez punk
15:25dans son genre,
15:27elle est punk,
15:28elle fait tout ce qu'on lui
15:29dit pas de faire aussi,
15:30donc il y a une ténérité
15:33qui force le respect,
15:35tout simplement.
15:35Moi je suis en pleine tourmente
15:37ce matin
15:37qu'il faut déposer ici
15:39l'enfant,
15:40après faire des courses,
15:41après faire une valise,
15:43enfin bon bref,
15:44c'est des trucs
15:45qu'on vit tous les jours
15:46et qui passent un peu
15:47comme des charges
15:48et au fond,
15:49ils sont quand même aussi
15:51des petits amours
15:53d'énigmes du quotidien
15:55à résoudre chaque instant.
15:57Et c'est ça que j'aime.
15:59En fait,
15:59on est tous tous les jours
16:00dans ton film.
16:01Tu me fais aimer
16:02ces films
16:03de chacun de nous.
16:04Je t'embrasse bien fort
16:06ainsi que les personnes
16:08qui t'interrogent actuellement
16:09derrière la vitre.
16:11Bisous !
16:13Et on l'embrasse Philippe-Catherine,
16:15vous êtes téméraire et punk.
16:17Et il a raison,
16:18Sophie le tourneur.
16:20Oui,
16:21c'est sûr que je prends ça
16:22comme un compliment.
16:23Après,
16:23c'est difficile pour moi
16:24de le dire.
16:25En tout cas,
16:27je me bats.
16:27Je me bats.
16:28Vous vous battez
16:29pour faire vos films
16:30tels que vous voulez qu'ils soient
16:31et pour filmer
16:32les plis de la robe
16:33et la vraie vie
16:34de notre vraie vie.
16:35C'est ça.
16:36Et ça donne envie aussi.
16:37Il le dit dans le téléphone
16:38ce matin,
16:38mais on ne l'a pas coupé.
16:39Ça donne envie.
16:40En fait,
16:40on voit votre film
16:41et ça donne très envie
16:42de partir en vacances,
16:43en famille,
16:44même si c'est relou.
16:45C'est bien quand même.
16:46C'est ça que ça dit.
16:46C'est marrant.
16:47Ben oui.
16:47C'est marrant.
16:48Les impromptus pour finir.
16:49Est-ce que vous vous sentez plus
16:50artiste vidéo
16:51ou cinéaste ?
16:54Euh...
16:54Non,
16:56je me sens cinéaste.
16:59Ouais,
16:59oui,
17:00je me sens cinéaste.
17:02La Ventura,
17:03le titre,
17:03c'est une référence
17:04à Antonioni ?
17:05Ouais.
17:06Ben oui.
17:06Le film avait reçu
17:07le prix du jury à Cannes.
17:08Il avait été conspué
17:09à l'époque,
17:10c'était en 1960.
17:11Et vous savez
17:11qui avait gagné
17:11la Palme d'Or
17:12cette année-là ?
17:13Non.
17:13La Dolce Vita.
17:14Ah,
17:15ça va aussi avec le film.
17:17Truffaut ou Godard ?
17:18Godard.
17:19Benjamin Biolet
17:20ou Jonathan Cohen ?
17:21Vous avez tourné
17:22avec les deux.
17:24Faut choisir ?
17:25Non.
17:26En principe,
17:27oui,
17:27mais bon.
17:28Vous avez le droit
17:28de la choisir
17:29parce que vous êtes punk.
17:30Liberté,
17:30égalité,
17:31fraternité,
17:31vous choisissez quoi ?
17:34La liberté.
17:36Et Dieu dans tout ça,
17:37Sophie Le Tourneur ?
17:39Dieu...
17:41Ben c'est...
17:43Dieu...
17:45Non,
17:45mais j'aimerais bien
17:46y croire.
17:46J'aimerais bien.
17:47le film...
17:49On l'a compris.
17:51L'Aventura donc.
17:52Ça sort demain.
17:53Surprenant,
17:54poétique,
17:54jouissif.
17:55Un petit air de vacances
17:56avant les vacances.
17:57Et en plus,
17:57aller au cinéma ?
17:58Il y a la clim.
17:59Ouais,
18:00c'est clair.
18:01Alors,
18:02merci et belle journée.
18:03Merci beaucoup.
18:04Merci Léa.
18:05Merci Léa.

Recommandations