"Plus aucune indulgence pour Bayrou" : les Socialistes, bien décidés à faire tomber le Premier ministre, déposent leur motion de censure à l'Assemblée. Regardez les arguments de Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, député de la 3e circonscription des Landes. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 01 juillet 2025.
00:02Et tout de suite l'invité d'RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Boris Vallaud, c'est le président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale et député des Landes.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL, Boris Vallaud.
00:12Bonjour.
00:13La France suffoque, elle est en partie à l'arrêt, des services publics sont à l'arrêt, les élèves sont priés de rester à la maison pour éviter de cuire dans des écoles qui sont des étuves.
00:21Faut-il lancer un grand plan de climatisation, comme l'a suggéré Marine Le Pen ?
00:25Il y a eu un grand plan de climatisation, vous vous en souvenez, au moment de la première grande canicule dans les établissements où sont des personnes âgées.
00:32On peut se poser la question de savoir si dans un certain nombre d'établissements publics recevant des enfants, il ne faut pas avoir le même plan.
00:39En tout cas, chacun mesure aujourd'hui et touche du doigt la réalité du changement climatique et les conséquences que cela remporte sur le plan sanitaire, économique, social, agricole.
00:51Et ce à quoi nous nous assistons est absolument stupéfiant.
00:54C'est vraiment le réchauffement climatique à hauteur d'homme.
00:58Voilà, pour tous ceux qui ne croient pas à la réalité de ce changement, il est sous nos yeux.
01:03Catherine Vautrin, la ministre du Travail et de la Santé, dit qu'il faut adapter les horaires de travail.
01:08Le gouvernement vous paraît à la hauteur, il semble avoir pris en compte la situation, la gravité de la situation.
01:13Je crois qu'on est dans un moment qui est un moment d'apprentissage.
01:17Comme souvent avec ce gouvernement, ça se fait au moment même de l'événement.
01:21Mais l'organisation du ton de travail et conditions de travail sont une responsabilité des employeurs, du gouvernement aussi et du ministre du Travail et de la Santé qui donne un certain nombre de prescriptions.
01:31Le choix fait par un certain nombre d'établissements aujourd'hui, de communes, de fermées me paraît répondre en effet à cette préoccupation-là.
01:39Il y a des métiers qui s'exercent aujourd'hui en plein air et on comprend naturellement qu'aujourd'hui on ne peut pas couler du béton, on ne peut pas être sur un toit.
01:46Pour donner quelques exemples de métiers qui sont des métiers difficiles.
01:50Bon, sinon ça va chauffer aussi à l'Assemblée nationale aujourd'hui avec l'examen de votre motion de censure.
01:54J'imagine que vous avez entendu le Premier ministre, François Bayrou, qui ne prend pas très au sérieux cette motion.
01:58C'était dimanche dans le Grand Jury sur RTL.
02:00C'est une blague.
02:02Le Parti Socialiste ne fait pas une censure sur la question de l'inscription du texte législatif.
02:07Ils font une censure pour montrer qu'ils sont dans l'opposition.
02:10C'est une blague cette motion de censure ?
02:12La blague c'est le Premier ministre qui nous gouverne et qui en réalité ne gouverne pas grand-chose et pas toujours lui-même.
02:18Vous l'avez vu dans un certain nombre de ses déclarations intempestives.
02:21Alors est-ce qu'il faisait de l'humour ?
02:22Non, ce n'est pas une plaisanterie.
02:26Quand on prend des engagements devant la représentation nationale, comme l'a fait François Bayrou au moment où nous discutions avec lui,
02:32sur la question des retraites, comme sur d'autres sujets qui relèvent des questions budgétaires,
02:37du fonctionnement de nos services publics, de l'investissement public dans nos communes, dans nos territoires,
02:44eh bien il faut tenir ces engagements.
02:46Il vous a trahis ?
02:47Il a d'abord trahi les Françaises et les Français.
02:49Je veux dire, quand en loyauté, devant les Français, devant leurs représentants,
02:54vous prenez un certain nombre d'engagements et que vous ne les tenez pas,
02:57oui, il y a une forme de trahison de la parole donnée.
03:00Mais il y aura quand même un débat sur les retraites ?
03:02Écoutez, je ne sais pas, on va de manœuvre dilatoire en manœuvre dilatoire.
03:05Le Premier ministre avait indiqué qu'il y avait la nécessité d'une réforme
03:09qui ne se ferait que la discussion des partenaires sociaux,
03:12puis des députés, des sénateurs se feraient sans totem ni tabou, y compris sur la mesure d'âge.
03:18Puis il a décrété tout seul, dans des expressions un peu intempestives,
03:21qu'on pouvait parler de tout, sauf des mesures d'âge.
03:24Là, la semaine dernière, il fait une conférence de presse avec un côté
03:28« Attention, vous allez voir ce que vous allez voir, attention les yeux ».
03:30Finalement, on n'a rien vu.
03:32Il prétendait un grand accord, alors qu'il n'y a pas d'accord du tout.
03:34Les partenaires sociaux nous l'ont rappelé.
03:36Et moi, je regrette l'échec du dialogue social,
03:39parce que je crois que c'est important, la démocratie sociale.
03:41Mais aujourd'hui, Boris Vallaud, vous voulez vraiment le faire tomber ?
03:44C'est vraiment l'objectif du jour ?
03:45Oui, vous pensez qu'on peut engager des discussions à l'avenir avec un Premier ministre
03:49qui n'a pas tenu les engagements passés ?
03:51Vous savez que les efforts manifestement à accomplir pour le prochain budget
03:55sont beaucoup plus importants que ceux qui ont été présentés dans le dernier budget.
04:00Est-ce que vous avez remarqué que c'est une fois la session parlementaire close
04:04que le Premier ministre va présenter son grand plan d'économie ?
04:08Les députés seront en vacances le 11 juillet et présentera le 15 ou 16 juillet.
04:12Oui.
04:12C'est pour gagner du temps ? C'est pour sauver sa peau ?
04:14C'est pour gagner du temps.
04:15C'est sa seule ambition ?
04:16Et c'est peut-être...
04:18Je crains que ce soit l'essentiel de son ambition.
04:20Il est d'une certaine manière accompli.
04:22Il est Premier ministre et j'allais dire que ça lui suffit.
04:24Ensuite, le reste, l'indiffère un peu.
04:27Sauf que le pays a besoin d'un gouvernement au travail.
04:29Il a besoin d'une majorité même relative qui le soit aussi,
04:31ce qui n'est pas non plus le cas.
04:34Bon, j'ai un peu de mal à vous suivre au sens large des socialistes
04:36quand j'entends François Hollande qui dit
04:38« Je voterai la censure parce que le RN ne la vote pas.
04:41Sous-entendu, je la voterai parce que je suis sûr qu'elle ne passera pas cet après-midi. »
04:44On est un peu dans la tartuffe là, non ?
04:45Non, parce que je veux dire, moi je ne me détermine pas en fonction du Rassemblement national.
04:50Je me détermine en fonction des engagements qui ont été pris devant les Français par le Premier ministre.
04:54Vis-à-vis de nous, le Premier ministre a écrit aux socialistes.
04:58Il a, je vais dire, indiqué de façon extrêmement précise les engagements qu'il prenait.
05:02Nous sommes capables de dire de façon extrêmement précise
05:05les engagements qu'il n'a pas tenus.
05:07Mais François Hollande a exprimé une position.
05:09Nous votons une motion de censure.
05:11Nous ne savons pas ce que feront les uns et les autres.
05:13Mais c'est une motion de censure socialiste
05:15qui vient, en réalité, dénoncer la parole non tenue du Premier ministre.
05:20Est-ce que ce matin vous appelez les députés RN à la vote ?
05:22Moi je n'appelle rien.
05:23Je suis propriétaire, si j'ose dire, de mon vote et de mon seul vote.
05:26Je suis président d'un groupe qui a déposé et qui votera une motion.
05:29Ensuite, est-ce que je m'étonne du choix du Rassemblement national ?
05:31Non, il vote beaucoup de textes avec le bloc central,
05:35que ce soit la loi Duplon qui réintroduit les néonicotinoïdes,
05:39que ce soit la loi de simplification qui supprime les ZFE,
05:41que ce soit tout un tas de lois.
05:44Donc est-ce que je m'en étonne ?
05:45Non. Est-ce que je m'en désole ? Oui.
05:46À propos des retraites, après l'échec du fameux conclave qu'on évoquait,
05:49le chef du parti macroniste Gabriel Attal a fait une proposition.
05:52Il veut supprimer la référence à l'âge légal, les fameux 64 ans,
05:55pour ne tenir compte que de la durée de cotisation avec une part de capitalisation.
06:00Ça peut être une piste, ça peut être une solution, ça ?
06:02Il y a déjà un mot que l'on récute, c'est celui de capitalisation.
06:04Parce qu'on voit bien subrepticement le changement de modèle.
06:07Les Français sont attachés à leur modèle.
06:09Ils ne veulent pas dépendre des aléas d'investissement
06:12qui peuvent être faits sur des obligations d'État ou des actions.
06:16Pour ceux qui auraient préparé leur retraite en faisant le choix de Karmad,
06:22je crois qu'il leur en coûte cher à leur retraite.
06:26Donc ce que je veux dire, c'est que je n'ai pas entendu dans la proposition de M. Attal
06:28la question des carrières longues, la question de la pénibilité.
06:32J'aurais aimé qu'il se prononce en ce sens.
06:35Et je n'oublie pas...
06:35Mais sur l'idée de supprimer l'âge légal ?
06:37Parce qu'on voit bien que c'est quelque chose qui crispe tout le monde.
06:40Mais je veux dire que s'il y a un débat loyal, on peut tout regarder.
06:42Mais moi, ce qui m'importe, c'est que...
06:44Vous savez, il y a six ans de différentes espérances de vie
06:46entre un cadre et un ouvrier.
06:47Il faut d'abord qu'on ait une politique de pleine santé.
06:49C'est-à-dire que nous devons reculer les écarts,
06:51améliorer l'espérance de vie en bonne santé.
06:53L'espérance de vie pour tous.
06:55On ne peut pas se satisfaire de cette situation-là.
06:57Est-ce que M. Attal fait les propositions sur ce sujet-là ?
06:58Non. Est-ce qu'il envisage de renforcer les carrières longues ?
07:01Moi, je suis d'avis qu'on doit partir plus tôt, beaucoup plus tôt,
07:05quand son espérance de vie en bonne santé à la retraite est réduite.
07:08Et puis il y a un certain nombre de gens, des cadres notamment,
07:11qui doivent pouvoir partir plus tôt.
07:12La question du financement est posée.
07:13J'imagine que M. Attal ne se pose pas la question du financement
07:16puisqu'il est très dogmatique de ce point de vue-là.
07:19Il préfère confier au marché le soin d'assurer nos retraites.
07:24Nous, on préfère le confier à la solidarité nationale
07:26et à la justice sociale et fiscale.
07:29Il y a peut-être un sujet, Boris Vallaud,
07:30qui va vous réconcilier avec le Premier ministre.
07:32C'est la proportionnelle.
07:33Ce sujet lui tient à cœur.
07:34Il veut un texte à l'Assemblée d'ici la fin de l'année
07:36ou pour le début de 2026.
07:37Est-ce que ça, c'est de nature à vous adoucir un peu ?
07:40D'abord, le Premier ministre nous a consultés,
07:42comme il a consulté l'ensemble des forces politiques.
07:47J'ai compris qu'il voulait la proportionnelle.
07:48Je n'ai pas bien compris laquelle.
07:49Vous savez qu'il y a entre 50 et 90 modèles.
07:53C'est un peu comme la recette de la garbure.
07:54Il y a autant de recettes que de famille.
07:56Bon, je dis ça parce qu'on est du sud-ouest,
08:00François Bayrou et moi qui comprendra.
08:02Donc, je ne sais pas quelle est la...
08:03Est-ce que c'est celle de 1986,
08:05c'est-à-dire un scrutin proportionnel départemental ?
08:07Est-ce que c'est un scrutin régional ?
08:09Ça, ça sera mis en débat.
08:10Oui, mais il va quand même déposer un texte.
08:12Quel texte il va déposer ? Je n'en sais rien.
08:14Moi, je vous donne...
08:14Les socialistes vont prendre une position.
08:17Je vous donne la position qui est la mienne.
08:19Je crois qu'on peut réfléchir à un scrutin proportionnel régional.
08:23Mais ça suppose qu'il y ait, dans ce périmètre-là,
08:25suffisamment de parlementaires à élire
08:27pour que la proportionnalité soit respectée.
08:30Mais nous devons nous poser la question de
08:32qu'est-ce que c'est que le Parlement du non-cumul ?
08:34Quel est l'ancrage de nos territoires ?
08:35Nous ne devons pas perdre contact avec ceux que nous représentons.
08:37Je veux poser la question aussi du fonctionnement de notre institution.
08:40Il ne suffit pas d'avoir un scrutin proportionnel
08:42et une représentation proportionnelle
08:43pour que ce Parlement fonctionne.
08:45Je suis d'avis qu'on déprésidentialise ce régime.
08:48Que le Premier ministre soit issu par un vote
08:50de la majorité parlementaire.
08:52Que le droit de dissolution ne soit plus entre les mains
08:53du Président de la République.
08:54Ça, c'est un changement de constitution.
08:56Ça ne sera pas...
08:56Oui, mais parce que sinon, j'ai la crainte
08:57que ce que nous espérons d'un fonctionnement plus parlementaire
09:02n'advienne pas.
09:04Et moi, je suis très parlementariste.
09:05Pour être utérataire, est-ce qu'un deal proportionnel
09:08qui serait débattu contre non-censure
09:10est envisageable pour vous ?
09:11Mais je ne peux pas me prononcer au nom des socialistes
09:13parce que les socialistes, à ce stade,
09:15puisque vous savez, nous avions eu le Congrès,
09:17n'ont pas pris de position.
09:18Il y a des travaux qui nous seront présentés
09:20avec un conseil national dédié
09:22ou un bureau national dédié à cette question-là.
09:24Et ma position sur un seul socialiste,
09:26je vous ai exprimé une position personnelle.
09:28Mais vous savez, il n'y a pas de deal.
09:30Vous voyez ? Il n'y a pas de deal.
09:31Moi, ce qui me préoccupe,
09:35c'est de savoir comment celles et ceux qui travaillent
09:37vivent de leur travail.
09:38Comment ils bouclent leur fin de mois.
09:40Comment les services publics ont les moyens de leur fonctionnement.
09:42Comment on garantit l'égalité d'accès à la santé
09:44partout dans le territoire.
09:45Ça, ce sont des sujets qui me paraissent
09:47au moins aussi importants, si ce n'est plus que la proportionnelle.
09:49Dernière question.
09:50Le verdict dans la parodie de procès de Bolem Sansal
09:52est attendu tout à l'heure en Algérie.
09:53Il risque d'être très lourd, ce verdict,
09:55puisque le procureur a requis 10 ans de prison.
09:57Que devra faire la France ?
09:59Attendre qu'il purge sa peine ?
10:00Je crois que nous devons, à toute force,
10:04et sans mollir,
10:05demander la libération de Bolem Sansal.
10:07Je sais bien, je crois que nous l'espérons.
10:11Nous attendons le verdict.
10:12Nous attendons aussi la possibilité
10:13d'une grâce présidentielle.
10:15Je crois que nous devons
10:17les forces politiques,
10:19le gouvernement français,
10:21le chef de l'État...
10:21Mais par la voie diplomatique ou par le rapport de force ?
10:24Par la voie diplomatique,
10:26à chaque fois que c'est possible.
10:28Et nous devons l'obtenir.
10:29En tout cas,
10:30moi, à titre personnel,
10:32comme l'ensemble des socialistes,
10:33nous souhaitons la libération de Bolem Sansal.