Dans l'Heure des Pros, sur CNEWS, la réalisatrice Yamina Benguigui fait un rappel historique : «On a organisé une bombe pour les trente ans à venir». Pour elle, le regroupement des populations immigré dans les cités était une erreur.
00:00Il y avait 350 entretiens, ça avait été diffusé sur Canal, et puis il y a 9-3, Mémoires d'un Territoire, 2008.
00:07Qu'est-ce qu'il y a de différent ces jeunes gens qui ont aujourd'hui 20 ans par rapport à leurs parents ou à leurs grands-parents, selon vous ?
00:16Alors, je pense que le 93, je l'ai filmé pendant les émeutes de 2005.
00:23C'est un documentaire que j'ai fait pendant trois ans.
00:26La différence, c'est qu'on est obligé de remonter très brièvement dans l'histoire.
00:32C'est-à-dire qu'au moment de la fin de la guerre d'Algérie, l'arrivée des Pieds-Noirs, un million de personnes qu'on a laissées comme ça en se disant « tout ça va bien se passer ».
00:44On a gardé les travailleurs immigrés marocains, algériens et tunisiens, mais surtout algériens, puisque c'est un accord avec la France,
00:55parce que sinon la France aurait été coupée économiquement.
00:59Il n'y a pas de robots, il n'y a rien, il n'y a que des hommes.
01:02Mais ces hommes, tout ce monde-là vit dans du logement précaire, fait par l'abbé Pierre.
01:12C'est du logement qui a une prévision de 10 ans.
01:16En 1954, 64, on doit détruire.
01:21Et c'est à partir de ce moment-là qu'on va ramener des populations qui ont tous un lien avec les problèmes que rencontre la France.
01:31Par exemple, l'outre-mer, c'est à ce moment-là qu'on va envoyer des familles, enfin pas des familles, que des femmes, pour les hôpitaux.
01:42On les envoie dans le 93.
01:44Je comprends le rappel historique, mais aujourd'hui on a le sentiment que...
01:48Quelqu'un comme Zemmour habitait dans une cité avec tous les Algériens, parce qu'on se disait « ils vont se comprendre, ils parlent la même langue ».
01:54C'était celui qui organisait ça.
01:56Une fois qu'on a organisé ça, on a organisé une bombe pour les 30 ans à venir.
02:03Parce que...
02:03Donc c'est de notre faute, quoi.
02:04Non, pas de votre faute.
02:06Non, c'est de la faute de la société.
02:07C'est la faute à l'histoire.
02:09Non, c'est la faute à l'histoire.
02:10Il n'y a pas de responsabilité.
02:11On n'a jamais su.
02:12On a toujours fait...
02:13Donc ceux qui vivent là ne sont pas responsables.
02:16Comme vous dites simplement parfois, tout à l'heure j'entendais dans un reportage, émotionnellement.
02:23Émotionnellement, lorsque vous récupérez un million de pieds noirs, les trois quarts de ces pieds noirs sont sans rien, sont sans famille.
02:33On les met dans le 93.
02:35Sauf que ça se passe...
02:35Non, c'est pas bien.
02:36Ce ne sont pas, si je m'abuse, les descendants de pieds noirs qui ont fait les émeutes de 2023.
02:41Non, non, mademoiselle, vous allez trop vite.
02:43Je n'ai pas dit ça.
02:44J'ai dit l'arrivée.
02:45C'est en raison des conditions précaires, mais ils n'ont pas eu la même...
02:47Excusez-moi, excusez-moi, ils arrivent dans une situation très précaire, et j'espère qu'un jour on fera un film sur eux, et sur leur histoire, et sur leurs enfants.