00:00La perte de contrôle aurait pu intervenir au moment où on comprend que les solutions d'hélicoptères, de forces spéciales, de parachutistes, que sais-je, tombent à l'eau.
00:10Il y a eu comme ça des scénarii qui ont été imaginés, sauf qu'il y a un principe de réalité, c'est que les Américains ont signé cet accord avec les talibans,
00:16que les talibans sont présents à Kaboul, qu'ils vont reprendre le pouvoir.
00:19Donc on est dans la situation de Saïgon en 1975, où les Américains, après avoir signé l'accord, se sont retirés des combats
00:26et ont laissé la capitale tomber aux mains des insurgés.
00:30Et là on est dans la même posture pour les Américains, il est hors de question d'exposer des vies américaines
00:34pour sauver des gens qui sont encore, pour la plupart, déjà sauvés, sauf que quelques-uns seulement sont encore au sein de cette ambassade.
00:42Par le passé, je me complaisais dans ce genre d'action intense, où j'arrive à garder le calme, à me maîtriser,
00:49puis à réagir dans des situations qui sont parfois complexes.
00:52Pour autant, la peur m'invite quand même, j'ai des doutes, mais je ne dois pas les montrer, je ne dois pas faillir,
00:59je dois incarner les tendards que les gens doivent suivre parce qu'ils ont confiance.
01:04On voit que c'était un peu inimaginable pour vous d'abandonner les gens.
01:08Ça ne fait pas partie de mon ADN, quand on est serviteur de l'État comme j'ai été pendant des années,
01:13on ne peut pas reculer, on ne peut pas renoncer à protéger des gens, c'est le cœur même de notre métier.
01:17Si on réunit cet engagement, on perd son âme.
01:20Éthiquement, on ne peut pas faire autrement que d'être dans l'action pour sauver ces gens.
01:25Et puis le côté très humain aussi qui nous touche beaucoup, c'est que c'est des gens qui doivent fuir un pays,
01:29mais un pays qu'ils aiment profondément.
01:30Vous avez raison de le préciser, ce n'est pas des gens qui quittent un pays,
01:34c'est des gens qui fuient un pays parce que ce qui les attend est terrifiant.
01:37Et donc ça, c'est une tragédie humaine.
01:39Et c'était important de ne pas avoir une démarche spectaculaire,
01:43qu'on dit spectaculaire dans le sens du mot spectacle.
01:46C'était important de rester dans le regard de notre personnage principal
01:50pour avoir cette humanité qui est, à mon avis, l'angle essentiel et principal pour raconter ce drame humain.
01:56Oui, c'est important de ne pas avoir une démarche spectaculaire.