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Écrans, comportements nocifs, consommation de substances dangereuses… Les addictions de la vie personnelle ne s’arrêtent pas par magie à la porte de l’entreprise. Comment les services RH et managers peuvent-ils gérer les troubles de leurs collaborateurs sujets à des dépendances ? On en parle avec deux experts des RPS.

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Transcription
00:00Musique
00:00Avez-vous des addictions ?
00:13Et surtout, est-ce que vos addictions impactent votre vie professionnelle ?
00:17On va faire le point sur l'articulation entre ces troubles du comportement
00:20ou plutôt ces conséquences de troubles de santé mentale
00:23et ce qui se passe au travail avec Camille Puech, le président de Cali Social,
00:26et Alexis Péchard, l'administrateur à la firme, c'est aussi président de GAE Conseil.
00:31Bonjour, messieurs.
00:32Bonjour.
00:33Alors, on va peut-être commencer en faisant simple.
00:35Déjà, je vais me tourner vers vous, Alexis Péchard.
00:38Quand on dit addiction, déjà, on parle de quoi ?
00:40Alors, on parle d'une maladie, d'une maladie qui est chronique, qui est récidivante,
00:44qui va toucher directement le cerveau, d'accord,
00:46et qui va s'exprimer par trois niveaux de dépendance.
00:49La dépendance psychique, psychologique, la dépendance physique ou physiologique
00:52et la dépendance sociale ou comportementale.
00:55Et c'est ces trois dimensions qui vont faire l'addiction.
00:58Et quand on parle d'addiction au travail,
01:02là, Camille Puech, est-ce qu'il y a une distinction ?
01:04Ou est-ce que c'est des choses qu'on importe de la vie perso ?
01:07Ou est-ce que c'est parfois des choses que l'on peut créer directement au travail
01:11grâce aux process, peut-être, qui sont dysfonctionnels ?
01:14Alors, il y a deux choses dans la question,
01:16parce qu'il y a une forme d'addiction qui est l'addiction au travail.
01:19Ça existe.
01:20Ça existe.
01:21Le workaholic.
01:21Exactement, le workaholic.
01:26Et il y a l'autre aspect qui est d'avoir une addiction
01:29et qu'elle vienne affecter le travail.
01:32Il y a un troisième élément que vous évoquiez,
01:35c'est le fait que le travail peut être lui-même facteur,
01:39générer, favoriser la survenance d'une addiction chez l'individu.
01:44Et ça, on le voit notamment dans cette période de fortes transformations.
01:50Le monde du travail change, bouge énormément,
01:53ou à l'inverse, ne bouge pas assez,
01:54mais tous ces facteurs-là favorisent l'anxiété chez l'individu.
01:58Et que ce soit les substances psychoactives
02:01ou les comportements qui annihilent,
02:03finalement, le fonctionnement du cerveau,
02:06ça permet, finalement, de s'échapper, de s'isoler,
02:08de se protéger du trouble, du facteur de risque qui peut être le travail.
02:13Quand on parle de comportement,
02:14c'est par exemple parier sur des résultats sportifs
02:18ou par exemple regarder les résultats de son entreprise
02:20toutes les cinq minutes ?
02:21Exactement.
02:22En fait, tout ce qui va être pari sportif
02:24vont faire partie, effectivement,
02:25de ce qu'on appelle les addictions sans produit
02:26ou les addictions comportementales, effectivement.
02:29Il y a tout ce qui est en lien avec les écrans
02:30et la grande famille des cyberdépendances.
02:32Il y a l'addiction aux jeux d'argent,
02:33très large, qu'elle soit en ligne ou sur...
02:36Qui peut faire des normes dégâts sociaux, d'ailleurs.
02:38Exactement.
02:39Et sur le plan professionnel,
02:41est-ce qu'il y a des types d'addictions
02:43qu'on retrouve plus souvent qu'à NIPH
02:46dans le cadre du travail ?
02:48Ce n'est pas un risque psychosocial,
02:49vous me l'expliquiez avant,
02:50mais c'est plutôt une conséquence d'un trouble mental.
02:53Mais sur le monde du travail,
02:55qu'est-ce qu'on retrouve très souvent
02:56comme type d'addictions ?
02:58Alors, les addictions, je dirais,
03:01aux psychotropes sont sur une tense baissière.
03:05Bonne nouvelle.
03:05Bonne nouvelle.
03:06Il y a 50 ans,
03:08il était d'usage d'avoir de l'alcool
03:10lors du déjeuner.
03:12Même à l'école.
03:12Aujourd'hui, même à l'école, exactement.
03:14Le vin.
03:16Aujourd'hui, c'est beaucoup moins le cas
03:17et c'est très, très positif.
03:19En revanche, on a,
03:20sur les addictions comportementales,
03:22un sujet qui est en forte progression,
03:24c'est les écrans.
03:26Et on constate
03:28une durée d'exposition à l'écran
03:30qui est en très forte augmentation.
03:32et le télétravail,
03:34la Covid,
03:35on a vu une augmentation
03:36du temps d'écran
03:37qui a été plus de 35 à 40%
03:40pendant la Covid.
03:42Et globalement,
03:43on a augmenté
03:44notre exposition aux écrans
03:46et on voit en parallèle de ça
03:47une augmentation
03:48de l'usage des réseaux sociaux,
03:51des jeux vidéo, etc.,
03:52qui sont reconnus
03:54par l'OMS notamment
03:55comme un trouble addictif.
03:57On va regarder un chiffre
03:57qui est issu d'une étude au DOXA
03:59pour GEE Conseil.
04:00Et c'est 49%
04:01de la proportion d'actifs français
04:03qui déclarent être touchés
04:04par au moins une,
04:06un trouble en santé mentale.
04:07Ça veut dire que là,
04:08statistiquement,
04:09il y en a au moins un
04:11sur la table là
04:12qui est concerné.
04:14C'est un chiffre
04:15assez inquiétant, Alexis.
04:16Ça veut dire que
04:16dans le monde du travail,
04:18là, les DRH,
04:19les managers,
04:20les patrons,
04:21ne peuvent pas ignorer,
04:22ils ne peuvent pas dire
04:22« pas chez moi »
04:23parce que statistiquement,
04:25c'est impossible
04:26qu'il n'y ait pas au moins
04:27une personne touchée
04:28dans leur salarié,
04:28sauf s'ils sont tout seuls
04:29en micro-entreprise.
04:31Effectivement,
04:31je pense que quand on parle
04:32de questions de santé mentale,
04:33de troubles psychiques,
04:34d'addiction, etc.,
04:35je pense que finalement,
04:36on connaît tous quelqu'un,
04:37que ce soit dans notre entourage
04:38personnel, privé
04:39ou effectivement dans le monde
04:40du travail,
04:41qui a été ou est concerné
04:43par ce type de problématique.
04:45C'est un peu,
04:45on le dit souvent,
04:46dans l'entreprise
04:46et notamment quand on parle
04:47d'addiction,
04:48qui reste encore aujourd'hui
04:49un sujet extrêmement tabou.
04:51C'est un peu,
04:51la personne a dit
04:52qu'on résume souvent,
04:53c'est la personne
04:53dont tout le monde parle
04:54mais à qui on ne parle plus.
04:55C'est la personne
04:55dont on parle à la machine
04:56à café et finalement,
04:58on n'est pas à l'aise
04:58avec le sujet,
04:59on ne le traite pas,
05:00on a plutôt tendance
05:01à le laisser de côté,
05:03à mettre le sujet
05:04sous le tapis
05:04et puis à s'adapter
05:06finalement au dysfonctionnement
05:08et surtout,
05:09si entre guillemets,
05:10il y a encore
05:10de la performance
05:11dans le poste en question
05:13et on va attendre
05:14un élément déclencheur.
05:15Et finalement,
05:15ce qu'on voit nous
05:16dans les accompagnements
05:17que l'on fait,
05:18c'est que c'est des situations
05:19qui perdurent
05:20depuis 10 ans,
05:2115 ans,
05:2120 ans
05:22et on est parfois appelé
05:22sur des situations
05:23extrêmement critiques,
05:24aiguës,
05:25en réaction à un événement.
05:27Alors,
05:27ce n'est jamais trop tard
05:28mais en tout cas,
05:29il y a des gros dégâts
05:30qui sont évidemment physiques,
05:32qui sont sociaux,
05:33qui sont familiaux,
05:34qui sont importants
05:35et évidemment,
05:36tout le travail
05:37de la prévention,
05:38ça va être d'essayer
05:39d'agir le plus précocement possible
05:41et justement
05:41de briser ce tabou-là,
05:43notamment sur les situations individuelles.
05:45Ça va jusqu'où
05:46le dégât
05:47ou la situation,
05:49la plus critique,
05:50même dramatique,
05:51j'oserais dire ?
05:51Ça peut aller jusqu'où
05:52à une addiction,
05:53à un trouble
05:54qui n'est pas traité ?
05:55Ça va jusqu'au décès.
05:57Donc,
05:57jusqu'au suicide
05:58parce qu'on pourrait penser
05:59instinctivement au burn-out
06:00mais ce n'est pas...
06:00Il y a effectivement
06:01la question des passages
06:02à l'acte suicidaire
06:03mais pas que.
06:04On peut mourir évidemment
06:05d'une dépendance,
06:07d'une addiction.
06:08Ça peut être un accident de travail
06:10plus ou moins grave.
06:11Parce qu'on n'est pas attentif.
06:12Exactement.
06:13Il y a plein de raisons
06:15en fait,
06:16malheureusement,
06:16qui vont être effectivement
06:17cet élément
06:18déclencheur.
06:19Nous,
06:20on va faire des interventions
06:21sur des cellules de crise
06:22suite à des overdoses
06:23sur site.
06:24Ça peut être un malaise,
06:25ça peut être effectivement
06:26un accident
06:27ou un presque accident.
06:28Ça peut être quelque chose
06:28qui va être révélé
06:29par la presse
06:31ou une prise de conscience
06:32par un client,
06:32un partenaire,
06:33etc.
06:33La question du regard de l'autre
06:35est aussi quelque chose
06:35de très important
06:36dans la prise de conscience.
06:38Je tourne vers vous Camille
06:39parce que la grande question
06:41quand il y a un problème
06:41de ce type-là,
06:42c'est qu'il doit le gérer.
06:44Or, c'est compliqué
06:45vu que là,
06:45c'est vraiment le type
06:46de problème assez sensible,
06:48assez compliqué aussi
06:48parce qu'on n'est pas
06:50forcément préparé en amont
06:51à gérer un comportement
06:53addictif grave
06:54chez un collaborateur.
06:56Donc, dans une entreprise,
06:57si on constate
06:58qu'un collaborateur
06:59est en difficulté,
07:00a un comportement
07:01de stress,
07:02même pas confirmé,
07:04mais potentiellement addictif,
07:06qui doit prendre ça en charge ?
07:08Alors, il y a plusieurs choses.
07:11Déjà, le détecter,
07:14ça nécessite un effort.
07:15C'est très, très facile
07:16de ne pas le détecter.
07:17C'est beaucoup plus facile
07:18de ne pas le détecter
07:19que de le détecter.
07:20Donc, c'est déjà,
07:21s'il y a une détection
07:21qui est faite,
07:22c'est que l'employeur
07:23a déjà mis en œuvre
07:23une démarche
07:24qui permettait la détection.
07:26Vous ne détectez
07:27que les choses
07:27sur lesquelles
07:27vous mettez un capteur.
07:29S'il n'y a pas de capteur,
07:30vous ne détectez rien du tout
07:31et tout va bien.
07:32Il faut comprendre que,
07:34on parlait du vin tout à l'heure,
07:36l'alcool,
07:37mais même les comportements
07:39sont des refuges
07:42aux difficultés rencontrées
07:44dans la vie
07:44et que, globalement,
07:46ça fait plaisir.
07:47Tout le monde,
07:48une forme de tabou
07:50sur le sujet
07:50parce que tout le monde
07:51y trouve son gain.
07:53Et donc, voilà,
07:54on n'en parle pas.
07:55À savoir,
07:55qui doit gérer le problème ?
07:57Pour moi,
07:58le premier raisonnement
07:59est très simple.
08:00C'est qui en subit
08:01les conséquences ?
08:02Il y a l'individu,
08:03évidemment,
08:03sauf que le problème,
08:04c'est que lorsque l'on est
08:05dans une addiction,
08:06on a effectivement,
08:07tu évoquais,
08:08trois types de dépendance.
08:11Il peut y avoir du déni
08:11aussi chez l'individu.
08:12Oui, exactement.
08:13Et puis, il y a cette addiction
08:14qui fait qu'on n'a pas
08:15la hauteur
08:15qui nous permet
08:16de prendre conscience
08:16forcément qu'on est
08:17dans un comportement addictif.
08:20Ça, c'est la première chose.
08:22Mais au final,
08:22qui est l'organe
08:24qui, finalement,
08:25paye les conséquences ?
08:26C'est l'entreprise,
08:27c'est l'organisation.
08:28Croire que,
08:29parce qu'on n'est pas
08:29responsable de la cause,
08:31eh bien,
08:31on n'a pas à gérer
08:33les conséquences,
08:34c'est une erreur
08:34d'arbitrage.
08:35L'employeur est responsable,
08:37mais quel est le manager
08:40ou le DRH ?
08:41Quelle est la personnalité
08:42dans l'entreprise,
08:43dans l'organigramme
08:44qui va devoir prendre
08:44le problème à bras-le-corps ?
08:46Ça, ça peut être un problème
08:47si ce n'est pas bien défini.
08:49Exactement.
08:50Mais là où ça fonctionne,
08:52le mieux,
08:52c'est quand la responsabilité,
08:54elle est collective.
08:55C'est-à-dire que,
08:56évidemment,
08:56vous avez besoin
08:57d'avoir des RH
08:57qui sont plus sensibilisés
08:58au sujet,
08:59des préventeurs également
09:00qui maîtrisent mieux le sujet,
09:02des partenaires sociaux aussi,
09:03des référents.
09:04Mais,
09:05quand on lance
09:06une campagne de prévention
09:07sur un sujet,
09:08l'enjeu,
09:08c'est que tout le monde
09:09soit sensibilisé au sujet,
09:10sensibilisé au sujet
09:11à son égard,
09:12mais aussi être en capacité
09:14de détecter les signaux
09:15chez les autres
09:16et de savoir
09:17sur quel levier tirer
09:19ou agir
09:19pour gérer la situation.
09:20Par exemple,
09:21un signal,
09:22ça peut être
09:22le collaborateur
09:23qui arrive tous les matins
09:24à 7h,
09:25repart tous les soirs
09:25à 22h.
09:27Ça,
09:27ça peut peut-être
09:28faire plaisir
09:28au N plus 1
09:29qui se dit
09:30la personne est engagée
09:30et en fait,
09:31ce n'est pas de l'engagement.
09:32Il faut avoir le courage
09:32de dire non,
09:33là, ce n'est pas correct.
09:36Alex,
09:36je dirais qu'il y a
09:37un peu deux grandes catégories
09:38de ce qu'on appelle
09:38les signaux faibles.
09:40Il y a ce qui va effectivement
09:41lier au travail directement.
09:42Ça, c'est du moral-cholisme,
09:44très clairement.
09:44Peut-être,
09:45et pas forcément,
09:45et attention aux étiquettes
09:47que l'on donne,
09:48mais c'est en tout cas
09:49quelque chose
09:49qui nous met en alerte,
09:50qui nous interroge
09:51et qui sort du cadre.
09:53En tout cas,
09:53ça, c'est sûr.
09:54Et puis,
09:54il y a tout ce qu'on va appeler
09:55les signaux faibles
09:55qui vont être liés
09:56plutôt sur un aspect
09:57psychocomportemental
09:58avec des modifications
09:59de comportement
10:00et avec des signes
10:01qui sont plus ou moins aigus
10:02et parfois plus ou moins chroniques.
10:04D'accord ?
10:04Et il y a des signes
10:05qui vont même être nécessités
10:06d'une intervention rapide
10:08et d'urgence
10:09parce qu'on est face
10:10à quelqu'un
10:11qui est soit
10:11sous l'emprise d'un produit,
10:13soit quelqu'un
10:13qui est peut-être
10:14sous l'emprise
10:14qui fait une crise de manque,
10:16tout simplement.
10:17Et puis,
10:17ça peut être quelque chose
10:18qui vient masquer
10:18quelque chose de plus grave.
10:20Attention,
10:20tous les signaux
10:21que l'on peut avoir
10:21peuvent venir masquer.
10:23Je vais prendre un exemple
10:23très caractéristique.
10:25Dans un grand groupe de transport
10:26qu'on a accompagné
10:26il y a quelques années,
10:27l'élément déclencheur
10:28à la mise en place
10:29d'une politique
10:29au niveau de cette organisation
10:32a été un AVC,
10:34c'est un collaborateur
10:35où on est intervenu
10:36trop tard.
10:37Pourquoi ?
10:37Parce que ce collaborateur,
10:39tout le monde le savait,
10:39que ce monsieur,
10:40il avait un problème
10:41avec l'alcool.
10:41Et quand ils sont intervenus,
10:43ils l'ont dépisté,
10:44le salarié reconnaissait
10:44qu'il avait trop consommé
10:45au déjeuner,
10:46il ne disait pas
10:46qu'il avait un problème
10:47d'alcool.
10:47Le test révélait effectivement
10:49qu'il était positif,
10:49qu'il était au-delà
10:50des 0,50.
10:52Simplement,
10:52en fait,
10:52tous les signaux
10:53qui ont fait
10:54qu'il y a eu cette action
10:55venaient masquer
10:56en réalité un AVC.
10:57Ça aurait été quelqu'un d'autre,
10:58ils n'auraient pas attendu,
10:59ils auraient appelé 15 en fait.
11:00Et là,
11:01ils se sont substitués
11:01aux services médicaux
11:02en utilisant un test
11:03de dépistage
11:04à des fins diagnostiques.
11:06Et là,
11:06l'employeur a exposé
11:07sa responsabilité
11:07parce qu'il a utilisé
11:08ce test
11:09comme un élément diagnostique
11:10et donc il est intervenu
11:11trop tard.
11:12Les secours sont arrivés
11:13plus de deux heures après
11:14le début de l'incident.
11:16Donc attention
11:16à ces signaux faibles,
11:18ce sont tous ces signaux
11:18en plus ou en moins
11:19sur le plan du comportement
11:20qui doivent nous faire agir
11:21certains plus urgentement
11:22que d'autres.
11:23Et l'entreprise doit avoir,
11:24enfin les dirigeants
11:24doivent avoir conscience
11:25de leurs limites aussi
11:26pour traiter le...
11:28C'est ce que rappelait Camille
11:29à l'instant
11:30et c'était très bien
11:31effectivement sur le rôle
11:32collectif des uns
11:33et des autres.
11:34On parlait du déni tout à l'heure,
11:35moi je rappelle souvent
11:36qu'il y a un déni
11:36du collectif de travail aussi
11:37et dire que le déni du collectif
11:38à un moment donné
11:39il alimente le déni individuel.
11:41Tant que le sujet
11:41n'est pas nommé,
11:42il n'existe pas.
11:43Et tant qu'il n'existe pas,
11:44forcément pour la personne
11:45qui est en difficulté,
11:46il n'y a pas de problème.
11:48Après il y a un deuxième facteur
11:49qui rend les choses
11:50assez complexes,
11:51c'est le respect
11:51de la vie privée,
11:52c'est-à-dire que l'employeur
11:53doit détecter les signaux faibles
11:55sans être intrusif.
11:56L'équilibre se situe où ?
11:58Parce que ça aussi
11:59ce n'est pas évident,
11:59on peut se faire reprocher
12:00d'être intrusif.
12:02Oui, et ça c'est un problème français
12:03parce qu'on est dans un pays
12:05dans lequel on met une barrière
12:06très très forte
12:06sur la protection
12:07de la vie privée
12:08là où dans le reste du monde
12:09en fait,
12:10cette barrière n'existe pas
12:12tant que ça.
12:13L'employeur est beaucoup
12:14plus responsable
12:15de ce qui se passe
12:15dans la vie privée
12:16de l'individu
12:16que ce qu'on a en France
12:18et pour la simple et bonne raison
12:19que naturellement en fait
12:20votre vie privée
12:21influe votre vie professionnelle
12:22et votre vie professionnelle
12:23influe votre vie privée.
12:25On a mis cette barrière en France
12:26pour plein de bonnes raisons
12:27mais qui sur ce sujet
12:28occulte une capacité
12:30à accompagner l'individu
12:31de manière holistique.
12:34Et c'est ça qui fonctionne
12:34quand on doit adresser
12:35une addiction
12:35qu'elle soit dans le personnel
12:37et qui vienne dans le travail
12:38mais aussi qu'elle soit
12:40liée au travail.
12:41Si quelqu'un,
12:42je vois des organisations
12:43qui ont un travail
12:45très très intense
12:45et qui développent
12:48une culture du pot
12:50collectif après le travail
12:53parce que ça permet
12:54d'apaiser les tensions
12:56qu'on a eues pendant la journée,
12:57de mieux se connaître,
12:58de débriefer, etc.
13:00sauf qu'il y a un moment
13:02dans ces organisations
13:03on voit se développer
13:04des personnes qui
13:04s'il n'y a pas de pot
13:06après le travail
13:06ne savent pas
13:07ce qu'elles vont faire
13:07de leur soirée.
13:09Elles sont devenues
13:09dépendantes socialement
13:10de leur travail.
13:10Elles sont devenues
13:11exactement
13:12et leur addiction
13:14s'est développée
13:15à partir de leur travail
13:16et c'est un problème
13:18et c'est aussi
13:19sous le coup
13:19de la responsabilité
13:20de l'employeur potentiel.
13:21Au niveau de l'organisation
13:21du travail,
13:22c'est intéressant
13:22parce que je pense
13:23à un client typiquement
13:24dans sa culture d'entreprise
13:25alors qu'il n'est pas
13:25affiché ouvertement
13:26mais il a cette phrase
13:28partout
13:28c'est work hard, play hard
13:30et dans le play hard
13:31tu as alcool, cocaïne
13:33en collectif
13:34c'est pas si positif
13:36ah non non
13:36du tout
13:36enfin on n'est pas du tout
13:37on n'est pas du tout là
13:38mais voilà
13:39et toutes les lignes sociales
13:40de se dire
13:41à un moment donné
13:41ton manager
13:42entre guillemets
13:43t'offre
13:44ou te finance
13:44ses consommations
13:45sous prétexte
13:46d'une récompense
13:47et d'un rythme
13:48de travail complexe
13:50et intense
13:51vient légitimer
13:53d'une certaine manière
13:54ce type de consommation
13:55toutes les barrières
13:56sautent à ce moment-là
13:57quand j'entends ça
13:58j'ai envie de vous demander
13:59est-ce que l'employeur
14:01peut être attaqué
14:02au prud'homme
14:03par exemple
14:03pour avoir créé
14:05des conditions de travail
14:06qui ne protégeaient pas
14:07les salariés
14:07on sait que ça existe
14:08par exemple
14:09être condamné
14:11pour non-protection
14:12d'une salariée victime
14:13de harcèlement
14:13est-ce qu'un salarié
14:15peut attaquer
14:16son employeur
14:17ou ancien employeur
14:18pour non-protection
14:19dans le cadre
14:20de la création
14:21de comportements addictifs
14:22Camille
14:22est-ce que ça existe
14:23est-ce que ça a déjà eu lieu
14:24alors uniquement ce point-là
14:27je ne l'ai pas vu
14:27en revanche
14:28c'est effectivement
14:29attaquer son employeur
14:30pour défaut de son obligation
14:31de sécurité
14:32ça rentrera dans ce cadre-là
14:34vous signez un contrat
14:35avec votre employeur
14:35dans ses obligations
14:36il a de prendre soin
14:38de votre santé
14:38votre santé physique et mentale
14:40donc défaut de respect
14:41de son obligation
14:42c'est une rupture
14:43de contrat abusive
14:43et sur laquelle
14:46dans les conséquences
14:47on voit
14:48effectivement
14:49beaucoup de dossiers
14:49où on a vu
14:50se développer des addictions
14:51et quand on va chiffrer
14:53l'impact
14:54du défaut
14:55de protection
14:56de la santé
14:57de l'organisation
14:58on va
14:58tenir compte
15:00du fait que
15:00l'addiction
15:01s'écrit à partir de là
15:02et calculer le coût
15:03finalement que l'addiction
15:04va occasionner
15:05chez l'individu
15:05donc on lui paye
15:06des dommages
15:06et intérêts
15:07exactement
15:07merci beaucoup messieurs
15:09c'est un sujet passionnant
15:10c'est un sujet
15:11qu'on pourrait traiter
15:12je pense sur une ou deux heures
15:13donc je pense qu'on
15:14vous réinvitera
15:15pour faire un épisode 2
15:16sur les addictions
15:17merci beaucoup
15:18on va continuer
15:19Smart Job
15:19on va s'intéresser
15:20à un livre
15:21où sont passés
15:22nos rêves d'émancipation
15:23par le travail
15:23c'est Emmanuelle Duez
15:25la présidente
15:26de The Boson Project
15:26qui l'a écrit
15:27elle est avec moi
15:28juste après le jingle
15:29on va s'émancipation
15:30on va s'émancipation
15:30on va s'émancipation
15:31par le travail

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