00:01Ça y est, Dominique de Villepin sort du bois, il annonce la création d'un parti politique.
00:05Et si c'était lui ?
00:07L'ancien Premier ministre a annoncé la création de ce parti, la France humaniste, dans des confidences qu'il accorde à Paris Match.
00:13C'est une structure qui sera un mouvement d'idées, de citoyens et d'associations, qui veut dépasser les clivages partisans.
00:19Il déclare notamment « Quand je vois des figures de droite et de gauche se mobiliser, je crois que c'est une bonne chose ».
00:23Bon, pour le reste, tous les poncifs y passent, les lieux communs de la refondation politique par quelqu'un qui a gouverné avec tous les autres,
00:29mais qui, heureusement, est tout de même beaucoup plus intelligent que tout le monde.
00:32Il veut donc faire de la politique avec un grand P majuscule, promet qu'un autre chemin est possible, il va parler à la jeunesse, se tourner vers l'avenir.
00:38Il jure enfin sur l'honneur qu'il n'est pas sur un chemin personnel, mais qu'il veut simplement apporter son expérience.
00:43Ça va mieux en le disant, c'est vrai que ça court les rues.
00:45Des politiques qui lancent un parti en promettant de faire de la petite poloche, de ne rien changer, de se tourner vers le passé,
00:49et qui, par ailleurs, assurent qu'ils sont là que pour leur gloriole.
00:52Bon, mais la politique, par le dépassement des clivages, le renouvellement des élus et du personnel politique,
00:57tiens, tiens, ça nous rappelle un peu quelqu'un quand même.
01:00C'est vrai qu'à vous entendre, on a l'impression de revivre les débuts d'En Marche avec Emmanuel Macron.
01:05Bah oui, c'est ça qui est curieux dans l'histoire, car d'abord, il ne m'a pas semblé que la succession du président de la République manquait de prétendants.
01:10D'autre part, je ne suis pas certain qu'à l'issue de dix ans de macronisme,
01:13la première aspiration du pays soit de recommencer le macronisme à partir de zéro,
01:18avec de surcroît un visage qu'on voyait déjà au journal télévisé de 20h il y a 25 ans.
01:22Emmanuel Macron avait au moins pour lui l'attrait de la nouveauté.
01:24Alors, qu'on s'entende, l'expérience de Dominique de Villepin ne le disqualifie certainement pas pour une élection présidentielle.
01:31Mais c'est vrai qu'on voit bien que la volonté de repartir de zéro ne suffit pas.
01:35Et l'impression qui domine, à entendre l'ex-premier ministre à la télévision depuis deux ans,
01:39c'est qu'au fond, il capitalise surtout sur cette expérience ramenée à sa seule décision,
01:43certes courageuse à l'époque, de ne pas s'aligner sur les États-Unis pour la guerre en Irak.
01:48Mais du coup, il construit une pensée, une proposition politique en négatif.
01:51On sait tous que Dominique de Villepin n'est pas, mais on peine à comprendre ce qu'il est.
01:55Prenez même le titre de son livre, Le pouvoir de dire non, ça laisse songeur.
01:59Dire non, c'est très bien, mais enfin, on ne construit pas un pays seulement sur des noms.
02:03Et puis même le nom de son parti, la France humaniste, on a compris la rupture avec la France insoumise,
02:08mais enfin, ça ne nous éclaire pas beaucoup plus sur le contenu de cette France.
02:10Vous nous dites qu'il va falloir qu'il soit autre chose que seulement l'homme du refus de la guerre en Irak.
02:15Il reste du temps, mais enfin, pour l'instant, on n'a pas de programme et encore moins une vision.
02:19Il capitalise sur une posture adoptée en 2003 devant l'ONU dans un discours resté célèbre, certes,
02:24mais 20 ans plus tard, le monde a changé.
02:26La peur de l'hégémonie américaine s'émue dans une incertitude stratégique croissante
02:30face à un monde où les adversaires de l'Occident se renforcent
02:32et où la France, plus que jamais, doit savoir résolument dans quel camp elle se trouve.
02:36Il va falloir que Dominique de Villepin nous explique un petit peu plus à quoi il dit oui.