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  • 23/06/2025
Les députés ont voté cet après-midi la proposition de loi pour acter la création d'un registre national du cancer. Ce texte a déjà été adopté par le Sénat il y a deux ans, il servira à recenser tous les cas en France. L'ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau a révélé début juin être atteint d'un cancer, appelant le gouvernement à ne pas couper dans les budgets de la recherche sur cette maladie. Il est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 23 juin 2025.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h43, bonsoir Aurélien Rousseau.
00:07Bonsoir.
00:07Vous êtes député socialiste des Yvelines, ancien ministre de la Santé.
00:11L'Assemblée nationale a donc adopté cet après-midi à l'unanimité la création d'un registre national du cancer.
00:17C'était une demande des associations de malades et des médecins.
00:21Que leur dites-vous, enfin ?
00:23Oui, je leur dis enfin et je dois dire presque à mon corps défendant
00:29que j'ai été amené à me plonger encore plus fortement dans ce sujet,
00:35moi-même ayant à faire face à cette maladie.
00:41Et le sujet, il est simple.
00:43D'abord, il y a beaucoup de dispositifs pour comprendre ce qui se passe,
00:47pour recueillir des données.
00:50Mais on est dans un moment, et je pense qu'on le voit tous autour de nous,
00:53où on voit de plus en plus de personnes qui ont des cancers,
00:57de personnes jeunes, de personnes à qui on dit qu'on a un peu de mal à comprendre,
01:01quel est ce cancer, à comprendre comment elles ont été les déterminants qui ont conduit à la maladie.
01:07Et donc, ce registre national, ça veut dire tout simplement que tous les cancers
01:13et toutes les données sur les malades vont être regroupées,
01:16et qu'on va être capables peut-être, je l'espère, j'en suis même convaincu,
01:21de repérer des dynamiques qu'aujourd'hui on ne voit pas.
01:25Quelle est la part des perturbateurs endocriniens ?
01:27Quelle est la part de la contraception hormonale ?
01:31Quelle est la part de l'environnement ?
01:34Aujourd'hui, par exemple, il y a des départements qui ne sont pas couverts par un registre.
01:39On extrapole la situation à partir d'autres départements à proximité,
01:42mais un département industriel, ce n'est pas pareil qu'un département agricole.
01:46Donc, certes, il y a énormément de boulot qui est fait d'ores et déjà pour comprendre,
01:51mais dans ce moment où on voit qu'il y a ce risque d'épidémie de nouveaux cancers,
01:57c'était indispensable de se doter de cet outil.
02:00Ça veut dire quoi Aurélien Rousseau ?
02:02Que cet immense fichier central va permettre de mieux agir en termes de prévention ?
02:08Oui, ça va permettre de mieux agir en termes de prévention.
02:11Peut-être encore plus exactement en termes de compréhension de ce que sont les déterminants
02:18aujourd'hui des cancers.
02:22Et par ailleurs, pourquoi c'est d'autant plus indispensable aujourd'hui ?
02:27C'est qu'on a simultanément, il y a trois semaines à Chicago,
02:31le congrès annuel qui regroupait tous les cancérologues, les oncologues du monde,
02:37il y a des progrès phénoménaux qui sont en train de se passer en termes de repérage,
02:42en termes d'interception du cancer, en termes de traitement.
02:45Et donc, mieux on comprendra les déterminants, mieux on pourra utiliser toutes ces nouvelles ressources
02:51qui sont des perspectives réjouissantes, enfin réjouissantes avec gravité aussi.
02:57D'espoir, d'espoir, oui.
02:59D'espoir en tout cas, voilà.
03:00Aurélien Rousseau, avec 157 000 décès annuels,
03:04le cancer reste quand même la première cause de mortalité prématurée.
03:07En France, on a du mal à croire qu'une telle maladie ne soit pas mieux, on va dire,
03:11suivie, voire cartographiée.
03:14Elle l'est aujourd'hui suivie et cartographiée.
03:16Et moi, je ne voudrais pas qu'on croie qu'on part de zéro.
03:22Simplement, on active un levier de plus de compréhension, sans doute plus fin.
03:29Aujourd'hui, avec les données de l'assurance maladie,
03:32avec les travaux qui sont conduits dans les centres hospitaliers universitaires,
03:36encore une fois, avec tout le travail d'extrapolation et de projection,
03:40on connaît les dynamiques.
03:42Moi, mon obsession, c'est qu'il n'y ait pas d'angle mort.
03:44C'est qu'avec un fichier exhaustif,
03:48on soit sûr que peut-être des choses qu'on repère avec quelques pourcents,
03:52en fait, dans certains territoires, ça ne soit pas plus fort.
03:55Par exemple, des territoires agricoles,
03:57dans lesquels il y a des pesticides qui sont utilisés depuis des décennies,
04:01est-ce qu'on voit à l'heure actuelle ce qui se passe,
04:04ou à l'inverse, des territoires industriels ?
04:06Et vous le voyez dans la presse quotidienne régionale,
04:10très régulièrement, il y a le sentiment d'avoir des clusters,
04:15pour reprendre un mot que les Français ont entendu beaucoup pendant le Covid,
04:19ou des surmortalités liées à des cancers,
04:22et quelquefois, on ne comprend pas.
04:24Donc, plus on a de données,
04:26plus on a de capacité à craquer les sujets et à comprendre ce qui se passe.
04:29Et concrètement, ce registre, comment va-t-il être mis en place ?
04:33Vous parliez effectivement de toutes les données que l'on a à partir de notre carte vitale,
04:38à partir de notre dossier, lorsqu'on est accueilli dans un service,
04:43mais au-delà, comment ça va se passer ?
04:46Aujourd'hui, on a voté un texte de loi
04:49qui confie la mise en œuvre de ce fichier,
04:54de ce registre à l'Institut National du Cancer.
04:57Le défi, parce qu'on sait qu'on est en France,
05:01c'est de ne pas construire une usine à gaz,
05:04c'est de ne pas détruire ce qu'on fait déjà et ce qu'on fait déjà bien.
05:09Et donc, l'idée, c'est d'avoir un fichier le plus simple à utiliser,
05:13qu'on ne demande pas aux professionnels
05:15de remplir des dizaines de documents complémentaires.
05:19Donc, tout ça part notamment de la qualité du codage.
05:22Vous savez, c'est ces codes que chaque médecin met pour chaque fois qu'il fait un acte sur votre situation.
05:30Et puis, d'avoir une approche plus globale de la situation d'un patient,
05:35ses conditions de vie, ses conditions d'habitat, à quoi il a été exposé.
05:39Ce questionnaire-là que font les oncologues,
05:42il est indispensable d'accumuler des données, encore une fois,
05:45parce que c'est dans cette accumulation qu'on arrive derrière à trouver des causalités
05:51qu'on n'identifie pas quand on est sur quelques dizaines ou quelques centaines de cas.
05:55Et est-ce que cela signifie que tous les patients atteints aujourd'hui par une forme de cancer
05:59seront d'une façon ou d'une autre fichés ?
06:02Tous les patients, alors ils ne seront pas fichés avec leur nom,
06:06ils auront un intitulé mais qui n'est pas leur nom, c'est un dossier anonyme.
06:12Mais en effet, toutes les données seront regroupées
06:16et elles seront regroupées au bénéfice de tous les acteurs qui font de la recherche
06:22ou qui développent des médicaments.
06:26Et il faut être très clair là-dessus.
06:28On est en France, c'est toujours pareil,
06:31on a toujours le sentiment que tout va mal, surtout en ce moment.
06:35On a une richesse inouïe qui sont nos données publiques de santé
06:38et il faut qu'on les exploite à fond.
06:42Et on a aussi une richesse inouïe qui est notre recherche sur le cancer
06:45qui est de très très haut niveau.
06:47Et moi je crois que si on arrive à mieux faire se rencontrer ces deux éléments,
06:54on est capable aujourd'hui de faire face à une maladie
06:57qui touche 4 millions de Français,
06:59il y a 400 000 nouveaux cas par an.
07:01C'est pour ça que j'avais employé cette expression,
07:04ça n'est plus juste un sujet intime,
07:06mais c'est un sujet politique et on doit le traiter
07:09et se donner les moyens de le traiter en politique publique.
07:12Et il y a moins d'un mois Aurélien Rousseau,
07:13vous avez révélé en pleine séance à l'Assemblée Nationale
07:17avoir été soigné pour un cancer.
07:19Comment allez-vous aujourd'hui ?
07:22Écoutez, moi à la fin de cette journée,
07:25je me dis parce qu'après avoir annoncé ça
07:28dans la séance de questions au gouvernement,
07:30j'ai été un peu sonné en me disant
07:32mais pourquoi je l'ai fait ?
07:35Je n'avais pas forcément réfléchi très longtemps avant de le dire.
07:39Je me dis si ce soir ça a permis d'accélérer l'adoption de ce projet
07:44qui avait été adopté à l'initiative de Sonia de la Provoté,
07:47qui est une sénatrice,
07:49les Républicains à qui je veux rendre hommage,
07:51mais ça avait été adopté il y a deux ans.
07:53Ça n'avait pas été inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée.
07:56Ça y est, ce texte est voté,
07:58il va rentrer en application.
07:59Donc de ce point de vue-là,
08:02je suis comme tous les patients,
08:06l'espoir aide à faire face.
08:10Et donc ce soir, on a adopté un texte
08:14qui est une brique de plus
08:15du côté de l'espoir pour tous les malades du cancer.
08:18Merci infiniment, Régnat Rousseau,
08:20d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
08:22Je rappelle que vous êtes député socialiste des Yvelines
08:23et par ailleurs ancien ministre de la Santé.
08:26Dans un instant, nous allons retrouver Marc-Antoine Lebray.
08:29RTL Soir
08:31Yves Calvi
08:32L'espoir
08:34L'espoir

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