À quelques jours du Grand Départ du Tour de France, l’heure est au bilan et à la projection pour les équipes du peloton. Manager général de la Groupama-FDJ, Marc Madiot revient pour Cyclism'Actu sur les enseignements tirés du Tour de Suisse et du Critérium du Dauphiné, avec les performances notables de Guillaume Martin et surtout de Romain Grégoire. Il évoque aussi les ambitions de son équipe pour les Championnats de France, les incertitudes autour de la sélection pour la Grande Boucle, et livre son regard tranché sur la hiérarchie actuelle entre les favoris du Tour. Un entretien sans langue de bois, fidèle à la marque de fabrique du patron de la Groupama-FDJ.
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00:00Bonjour Marc, merci d'accorder cette petite interview à Cyclisme Actu.
00:10Tout d'abord, commencer un peu par l'actualité du moment, l'actualité chaude, c'est le Tour de Suisse qui vient de se terminer.
00:17Vous avez eu votre coureur Romain Grégoire qui a été chercher une belle victoire d'étape dès le premier jour, qui a porté le maillot jaune.
00:24Quel bilan vous tirez un peu de cette course et des performances de Romain ?
00:30Le Romain a fait un bon Tour de Suisse, il a atteint son objectif qui au départ était de remporter une étape.
00:35Il a eu cette satisfaction dès le premier jour dans des conditions difficiles, où il a démontré beaucoup de détermination pour aller chercher la victoire.
00:43Ensuite, il a eu le maillot jaune pendant plusieurs jours, ce qui était un petit bonus en plus, ce qui lui a permis de jouer les premiers rôles pendant plusieurs étapes.
00:50L'équipe était à son niveau et je note au passage les belles performances de Lewis HK qui a fait deux podiums sur des sprints massifs.
01:00C'était plutôt pas mal et l'équipe a travaillé tout au long de la semaine pour Romain.
01:05Je trouve qu'on a un bilan plutôt positif.
01:08Justement, après ses premiers jours en jaune, Romain a craqué dans les grosses étapes.
01:16C'était quelque chose qui était attendu ou pas ?
01:18Quand il y a 4000 mètres de dénivelé, on est sur une étape de haute montagne.
01:24Romain passe bien les bosses, c'est un puncher, mais ce n'est pas un grimpeur qui peut enchaîner les ascensions sur plusieurs journées.
01:30On savait que ce serait difficile, mais il s'est bien battu et je pense que tout ce qu'il a réalisé pendant cette semaine sur le Tour de Suisse
01:36va lui permettre d'être très opérationnel sur le championnat et surtout pour le Tour de France.
01:42On compare par exemple à un coureur comme Kevin Waukelin qui a un peu la même trajectoire, même s'il a quelques années de plus.
01:51C'est quoi ? C'est juste les qualités physiques qui les séparent, qui permettent à Waukelin notamment de faire deuxième sur ce Tour de Suisse ?
01:58Waukelin est déjà un peu plus âgé, il a un peu plus d'expérience et de vécu au niveau du World Tour.
02:03Et puis ensuite, je pense qu'il a un peu meilleur grimpeur sur des grandes ascensions et la répétition de grandes ascensions.
02:09Il a eu le temps de travailler avec le temps et son âge, donc il arrive à une pleine maturité.
02:14Là où Romain a encore un chemin à parcourir dans son développement, il est encore très jeune, donc il a des capacités.
02:21Mais je pense qu'il faut surtout le conserver dans le chemin dans lequel il est, puncher, sprinter, passeur de boss.
02:29C'est là où il excellera le mieux dans la deuxième partie de sa carrière.
02:35Très bien.
02:36On a aussi eu la semaine d'avant le Dauphiné, où cette fois-ci vous n'avez pas gagné d'étape,
02:44mais vous avez vu notamment Guillaume Martin qui a été chercher un top 10.
02:46C'était le résultat attendu de la part de Guillaume, qui est un peu spécialiste des top 10 sur ses courses par étape pour le Tour ?
02:57C'est un bon coureur par étape.
02:58C'est un coureur qui s'impose avec le temps et avec l'usure du peloton.
03:02Donc, il a parfaitement répondu à nos attentes sur cette semaine de course du Dauphiné.
03:07C'est un coureur raccrocheur.
03:08Il n'est peut-être pas comme cela au premier abord très spectaculaire,
03:11mais c'est un coureur qui ne lâche rien, qui a une grosse force mentale
03:14et qui va nous apporter des belles satisfactions.
03:17J'en suis certain sur le prochain Tour de France,
03:19parce que c'est un garçon qui ne lâche jamais le morceau, comme on dit dans le jargon.
03:24Oui.
03:24Bien sûr, toute la lumière sur ce Dauphiné était sur la grande bataille entre les favoris au prochain Tour de France.
03:32Au final, il y a eu très peu de batailles, on va dire ça comme ça,
03:35avec un Pogacar qui a écrasé Vingegaard et Vingegaard qui a écrasé le reste de la concurrence.
03:43Il y a vraiment des paliers, des niveaux d'écart entre ces coureurs assez impressionnants.
03:48Qu'est-ce que vous retenez de cette bagarre des grands champions sur ce Dauphiné ?
03:54Visiblement, Pogacar est à son meilleur niveau, notamment en montagne.
03:58Il y a peut-être encore des petites choses à profiner pour le chrono,
04:00mais globalement, il est à un très haut niveau dans la lignée de ce qu'il a réalisé depuis le début de saison.
04:06Vingegaard m'a semblé plutôt pas mal,
04:08mais il manque un petit cran pour pouvoir jouer de manière régulière et être au même niveau que Pogacar.
04:14On sent qu'il y a quand même un décalage entre les deux.
04:16Et après, le reste, Evane Poul, Remco est à un très bon niveau,
04:21mais on voit bien qu'il manque une marche pour être dans la bataille avec les deux précités.
04:25Donc, la hiérarchie de l'année dernière se renouvelle.
04:33Alors, justement, il y a aujourd'hui les codes pour le Tour de France
04:36qui ont fait un peu le tour des réseaux sociaux des codes de Paris Sportifs.
04:40Je crois qu'on a rarement vu un tel écart entre le premier favori et le deuxième,
04:46entre Pogacar et les autres.
04:47Est-ce que c'est aussi votre avis qu'il y a un immense favori pour ce Tour ?
04:50Oui, non, mais je veux dire, est-ce qu'il y a un immense favori pour ce Tour de France ?
04:55Si on est logique et qu'on observe ce qui s'est passé,
04:59il n'y a pas besoin d'être un grand spécialiste pour se dire que Pogacar est le favori numéro un du Tour.
05:04Mais il faut toujours se méfier parce que le Tour, c'est trois semaines,
05:07c'est beaucoup d'embûches, ce n'est pas que de la montagne ou des chronos.
05:09C'est aussi des étapes de moyenne montagne avec des pièges, avec des bosses, avec du vent,
05:14avec des parcours parfois délicats et difficiles.
05:16Il y a la gestion au sein du peloton aussi à assumer et à assurer pour son équipe.
05:22Donc tout ça fait qu'il y a des paramètres qu'on essaie de maîtriser le mieux possible
05:25et qu'on ne maîtrise jamais totalement à 100%.
05:27Il y a les aléas de la course, comme l'on dit.
05:30Donc tout est encore ouvert pour ce Tour de France,
05:34même si sur le papier, il coche plus de cases à son avantage que la concurrence.
05:39Pour vous, Pogacar est l'immense favori et après il y aura la bataille entre les autres ?
05:49A priori oui, mais encore une fois, on est sur le Tour.
05:52Ces trois semaines, les actions qu'on peut avoir dépendent aussi de la concurrence.
05:56Donc on ne sait jamais ce qui peut se passer.
05:58Sur le papier, au moins, pour le moment, il est largement favori.
06:02Et votre équipe, sur le Tour, quelles seront un peu les ambitions ?
06:06On sait que notamment Guillaume Martin sera présent,