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Onco-dermatologue à l'Oncopole de Toulouse

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Personnes
Transcription
00:01Ici Occitanie, jusqu'à 9h, ici Matin.
00:05Nous sommes le lundi 23 juin, 8h moins le quart, en direct à la radio, à la télé.
00:09C'est le début de votre quart d'heure toulousain.
00:11Début aussi de l'été, il faut se protéger face au soleil, c'est indispensable.
00:14Chaque année, ce sont plus de 240 000 cancers de la peau qui sont diagnostiqués en France.
00:18Il n'a jamais été aussi difficile de prendre rendez-vous avec un dermato, Bénédicte Dupont.
00:23Alors, ça tombe bien, vous êtes avec un oncodermacologue, le professeur Vincent Sibaud.
00:27Bonjour professeur.
00:28Bonjour, merci de m'inviter.
00:29Avec plaisir, vous êtes responsable de la cancérologie cutanée à l'Encoupole de Toulouse.
00:34D'abord, professeur, ce chiffre incroyable que je découvre ce matin.
00:36Un cancer sur trois diagnostiqués en France, c'est un cancer de la peau.
00:39Et ces cancers-là sont en augmentation.
00:41Est-ce que c'est tout simplement parce qu'on les dépiste mieux ?
00:44Alors, certainement on les dépiste mieux.
00:46C'est aussi lié au vieillissement progressif de la population.
00:49Parce que la majorité de ces cancers de la peau va concerner les patients de plus de 60 ans.
00:54Donc, ces facteurs-là, cumulés, font qu'aujourd'hui, on peut effectivement considérer
00:59que si on prend l'ensemble de tous les cancers en France et en Europe,
01:03un sur trois est un cancer de la peau.
01:04Est-ce que les gens font plus attention ?
01:06Moi, j'ai l'impression que c'est générationnel,
01:08que nous, les jeunes générations, on fait plus attention.
01:11On a été plus formés par les campagnes de prévention,
01:13alors que les personnes plus âgées se mettent plus facilement au soleil.
01:16Il y a un progrès de ce point de vue-là, générationnel ?
01:18Je pense qu'il y a un progrès sur l'éducation,
01:21l'éducation préventive, notamment chez les enfants.
01:24Moi, je fais partie d'une génération, en revanche,
01:26qui a été assez peu protégée sur l'exposition solaire dans sa jeunesse.
01:30J'allais vous poser cette question précisément,
01:32parce que je suis aussi de cette génération.
01:34Mes enfants, j'ai la peau claire.
01:36Quand j'étais petite, mes parents me mettaient sur la plage,
01:38en plein cagnard, à midi, sur la côte d'Azur,
01:40sans écran total, sans même crème solaire.
01:42Parfois, je me mettais du mon oeil avec ma cousine,
01:44en mélangez tout. Est-ce que mon capital solaire,
01:47mon capital peau, est déjà rongé ?
01:50Je ne peux pas répondre pour vous, bien évidemment,
01:53mais effectivement, je crois que c'est très important,
01:56si on doit faire un focus, un warning,
01:58c'est la protection des enfants,
02:00et notamment sur les expositions intenses,
02:02ce qui veut dire les coups de soleil,
02:04l'exposition entre midi et 16h,
02:07l'exposition sans vêtements de protection.
02:09Parce qu'on sait très bien que les coups de soleil dans l'enfance
02:12est un facteur de risque majeur du développement du mélanome,
02:15qui est le cancer le plus sévère potentiellement.
02:18On est à Toulouse,
02:19beaucoup de gens d'origine espagnole,
02:21notamment et pas que,
02:21des gens à la peau mate.
02:23Question simple, mais dont je n'ai pas la réponse.
02:25Est-ce qu'on est davantage protégé quand on a la peau mate ?
02:27Est-ce qu'il faut moins se protéger ?
02:28Alors, je ne sais pas s'il faut moins se protéger,
02:30parce que participe aussi, avec l'exposition solaire,
02:33le vieillissement cutané.
02:34Mais, forcément, il y a moins de cancers cutanés
02:37chez les patients avec un phototype un peu plus élevé.
02:40Ils sont naturellement protégés,
02:42ce qui ne veut pas dire ne pas se protéger.
02:44Le cœur du problème, on en parlait professeur,
02:46c'est que pour être soigné, il faut être diagnostiqué.
02:48Vous nous le confirmez d'ailleurs, évidemment,
02:50un cancer de la peau,
02:51plus il est diagnostiqué tôt,
02:55plus les taux de survie sont importants,
02:56ça va de soi.
02:57Bien sûr, et je crois qu'il faut aussi rassurer un peu la population,
03:00c'est-à-dire que dans ces cancers de la peau,
03:0280% au moins seront traités uniquement par chirurgie
03:06et évoluent très lentement.
03:07Je crois qu'effectivement, il y a des cancers de la peau
03:10comme le mélanome qui peuvent avoir une agressivité rapide,
03:13mais globalement, l'ensemble des cancers de la peau
03:15ont une évolutivité lente,
03:17ce qui laisse le temps aussi au diagnostic.
03:20On a posé la question à vos confrères,
03:21pourquoi c'est si compliqué de prendre rendez-vous
03:24chez un dermatologue ?
03:25Leur première réponse, c'est la même que celle qu'on pose
03:28aux médecins de manière générale,
03:30quelles que soient les spécialités,
03:31c'est la pénurie, le nombre d'étudiants
03:34qui ne sont pas assez formés.
03:35Vous confirmez ça aussi ?
03:36Oui, complètement.
03:36C'est-à-dire que la dermatologie,
03:38pendant 30 ans, a été considérée
03:39comme une spécialité sans valeur ajoutée.
03:43Donc, les flux étaient fermés pendant très longtemps.
03:45Sans valeur ajoutée, c'est-à-dire ?
03:46Sans valeur ajoutée par rapport à d'autres spécialités
03:48comme la cardiologie, dite un peu plus noble.
03:52Moins valorisée.
03:52Moins valorisée.
03:54Donc, avec des flux d'étudiants très limités.
03:56Et aujourd'hui, on se retrouve sur une pénurie quantitative
03:58qui est majeure.
03:59C'est-à-dire que, par rapport à mon début d'internat
04:02il y a une trentaine d'années,
04:03on a divisé par deux, à peu près,
04:05le nombre de dermatologues sur le territoire.
04:07Mais ce n'est pas une question d'attractivité.
04:08Les jeunes médecins, les jeunes étudiants
04:10se dirigent aussi naturellement vers la...
04:12Se jettent sur la dermatologie.
04:13C'est la spécialité choisie en premier
04:15à l'internat de médecine.
04:16D'accord.
04:16Et sur la question de l'esthétisme,
04:18on voit bien, quand on va sur Doctolib,
04:21que certains rendez-vous,
04:22ce ne sont que des rendez-vous esthétiques
04:25pour l'épilation du détatouage,
04:27l'injection de l'acide hyaluronique.
04:31Voilà, exactement, merci.
04:32Notre technicien Pierre nous racontait tout à l'heure
04:34que son propre dermato avait arrêté le médical
04:37pour ne faire que de l'esthétique.
04:38C'est un exemple anecdotique
04:40ou ça commence à se multiplier, ce genre de cas ?
04:42En aucun cas, ça se multiplie.
04:44Les dermatologues ont toujours fait une part d'esthétique
04:46qui fait partie de la spécialité.
04:48Donc, il y a beaucoup de gens
04:49qui ont besoin d'une prise en charge d'esthétique.
04:51L'activité d'esthétique n'a pas augmenté.
04:54Ce qui a changé, c'est le nombre de dermatologues.
04:57Donc, la demande sur la dermatologie traditionnelle
05:00est beaucoup plus forte que pour l'esthétique,
05:01ce qui fait qu'il y a aussi des créneaux
05:03plus souvent disponibles pour l'esthétique.
05:05Mais le facteur, c'est le nombre de dermatologues
05:09qui a diminué par deux.
05:10Et les perspectives sur les dix prochaines années
05:13ne sont pas très encourageantes.
05:15Effectivement.
05:16Le syndicat des dermatos nous dit aussi
05:17qu'il y a des rendez-vous abusifs
05:18qui vaudraient mieux parfois passer par le généraliste.
05:21J'ai du mal à y croire ça quand même,
05:23des rendez-vous abusifs.
05:23Alors, vous, vous êtes onco-dermatologue,
05:25c'est encore autre chose.
05:25Mais pour les dermatolibéraux en ville,
05:28j'ai du mal à croire qu'ils aient beaucoup de patients
05:31qui viennent un peu pour rien.
05:33Alors, je ne suis pas dermatologue libéral.
05:36J'ai fait quand même un certain nombre
05:37de remplacements et d'activités libérales.
05:39Oui, bien sûr que ça existe.
05:40Bien sûr que les gens, parfois,
05:42viennent pour des motifs
05:43qui pourraient vous paraître totalement...
05:45Parce qu'ils sont inquiets.
05:47Inquiets ou infondés.
05:48Et puis du confort aussi.
05:49Donc, c'est sûr que ça embolise aussi
05:51les consultations.
05:52Mais les dermatologues libéraux
05:54se sont aussi adaptés
05:55pour ne pas traiter, par exemple,
05:58maintenant les verrues
05:58pour laisser place à la détection de cancer,
06:01des choses comme ça.
06:02Mais, encore une fois,
06:03les créneaux restent limités.
06:04Et en cas d'urgence,
06:05en cas, clairement,
06:06de suspicion de mélanome,
06:07peut-être détecté par un médecin ou pas,
06:09soi-même se dire,
06:10tiens, ça me paraît vraiment bizarre.
06:11Il y a aussi des créneaux d'urgence,
06:12je pense, chez vous, à l'oncopole ?
06:14Il y a des créneaux d'urgence à l'oncopole.
06:15Il y a des créneaux d'urgence
06:16chez la plupart des dermatologues.
06:17Et là, le médecin généraliste
06:19joue un rôle majeur
06:20de prendre son téléphone
06:21et d'appeler le dermatologue
06:22en disant, j'ai une suspicion,
06:24je vous envoie une photo
06:25ou je vous envoie le patient
06:26et le patient sera vu.
06:27Le professeur Vincent Sibaud
06:29était avec nous ce matin.

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