"Je lis Sansal" : l’opération de soutien à l’écrivain détenu en Algérie

Sud Radio

21/06/2025

Avec David Lisnard, Maire Les Républicains de Cannes

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00:00On en parle avec notre invité, le maire Les Républicains de Cannes.

00:04Bonjour David Lissnard.

00:06Bonjour.

00:06Bienvenue sur Sud Radio.

00:08A votre initiative, et depuis hier, dans un certain nombre de villes de France,

00:12une opération est lancée. Cette opération s'appelle « Je lis sans salles ».

00:16Objectif, mettre à l'honneur les écrits de l'écrivain franco-algérien

00:21qui est retenu depuis maintenant sept mois et quelques jours dans une geôle algérienne.

00:26D'abord, quel succès pour cette opération depuis hier ?

00:30Écoutez, on a eu une belle mobilisation puisqu'en quelques jours seulement,

00:35on était hier matin à 75 médiathèques, bibliothèques, enfin mairies partenaires.

00:41On en a plus de 200 et des retombées médias qui sont importantes aussi

00:46pour faire valoir la cause de la littérature, de l'universalisme porté par Bollem sans salles,

00:50y compris à l'étranger, puisque je viens de lire un article italien qui a été consacré à l'opération.

00:56Effectivement, donc ça c'est une cause qui dépasse manifestement les frontières.

01:01Avez-vous des nouvelles, vous ou par son comité de soutien de Bollem sans salles ?

01:05Est-ce qu'on sait comment il va ?

01:06Non, on n'a pas de nouvelles. On sait qu'il a été transféré, qu'il a quitté l'hôpital,

01:11mais on n'a aucune nouvelle. Son avocat français n'a toujours pas eu le visa pour aller le voir et l'assister,

01:19ce qui est quand même absolument délirant.

01:21Et je le rappelle aussi pour tous les auditeurs, parce que certains disent « mais pourquoi on se mêle de ça ? »

01:25On s'en mêle parce que c'est un compatriote. Il a voulu acquérir la nationalité française.

01:29Il était né français avant l'indépendance, puis il est devenu français.

01:33L'Algérie est un grand pays avec un grand peuple qui est indépendante, qui a gagné son indépendance.

01:38Il n'y a pas de sujet là-dessus, mais c'est un compatriote français détenu de façon arbitraire,

01:43totalement arbitraire et scandaleuse, parce que tout simplement il a embrassé la cause de la République française

01:48et de l'universalisme républicain, et que l'honneur d'un pays, c'est de défendre ces ressortissants

01:54qui sont détenus de façon arbitraire, comme c'est le cas aussi en Iran d'ailleurs,

01:57et c'est aussi de défendre les artistes. C'est ça la France.

02:00Et donc il est, je crois, très important de ne pas laisser l'intelligentsia bien conformiste

02:06et l'exécutif tombé dans la facilité de l'oubli.

02:09Est-ce que vous êtes en train de dire que le gouvernement, c'est ce que vous dites,

02:13l'exécutif est en train d'oublier Boualem Sansal ?

02:17Je le constate, car quand je vois que, par exemple, la capacité consulaire a été activée tout de suite par le gouvernement

02:26lorsque Rima Hassan, après sa croisière narcissique, passait quelques heures en garde à vue en Israël,

02:36la protection consulaire lui a été accordée tout de suite,

02:39on aimerait qu'il en soit de même pour Boualem Sansal.

02:42C'est l'expression parmi tant d'autres d'un deux poids, deux mesures et d'une faiblesse

02:49et d'une lâcheté, je crois, malheureusement, des autorités françaises dans cette situation vis-à-vis de l'Algérie.

02:54C'est peut-être vrai. Après, quoi qu'on en pense, Rima Hassan est une députée européenne,

02:58donc elle était aussi représentante de la nation, ce qui explique aussi peut-être l'empressement des autorités consulaires.

03:02Oui, enfin, pardonnez-moi, ce que vous dites est vrai.

03:07Moi, je ne reproche pas qu'il y ait eu l'activation consulaire pour cette députée européenne,

03:14mais lorsque un auteur, un artiste, un écrivain, et je répète, un compatriote français,

03:19est d'une façon arbitraire, je ne comprends pas qu'elle ne soit pas activée.

03:22Et puis, qu'on n'ait pas un vrai travail diplomatique.

03:25On pourrait en parler de l'autre moment.

03:26La France accueille toujours M. Bouchareb sur son territoire,

03:31qui a été condamné à plus de 100 ans de prison pour corruption en Algérie.

03:34Je ne comprends pas pourquoi on le garde chez nous, par exemple.

03:38Donc, on est à la fois faible et dans nos relations diplomatiques,

03:42mais on n'est pas non plus cohérent dans nos relations diplomatiques.

03:44Mais est-ce que rester discret, comme choisi manifestement de le faire l'exécutif,

03:48au sujet de Boilem Sansal, ce n'est pas la meilleure manière

03:50d'attendre une grâce présidentielle du président Tebboune envers Boilem Sansal ?

03:56C'est toujours ce qui sera invoqué par ceux qui refusent d'agir, si vous voulez.

04:01La question, on se l'est posée, on a travaillé avec le comité de soutien,

04:04avec les autorités françaises, avec l'avocat.

04:06On était très, très discret au début.

04:09On pensait que Boilem Sansal reviendrait dans l'avion avec Jean-Hélène Barraud,

04:13quand le ministre des Affaires étrangères est allé en Algérie.

04:17Et puis, on voit bien qu'en fait, il n'en est rien.

04:19Et que je crois que le pire pour laisser quelqu'un croupir dans les géoles,

04:24c'est précisément de l'oublier.

04:26Donc, on espère, on attend le procès en appel dans quelques jours.

04:31Hier, ce qu'on a fait, vous savez, on n'a pas fait la leçon,

04:33on n'a pas fait la morale, on a lu l'œuvre de Boilem Sansal.

04:36On a montré que la lecture, que la littérature, ce n'était pas virtuel.

04:40C'était d'abord la caractéristique de la France qui est une patrie littéraire.

04:43Et c'était aussi une façon de rappeler la mémoire de Boilem Sansal

04:48sans sortir de notre rôle.

04:50Victor Hugo disait que le cerveau, la lecture, c'est ce qui nourrit le cerveau.

04:56Et qu'un cerveau maigrit s'il ne lit pas, comme un corps maigrit s'il ne se nourrit pas.

05:01Eh bien, c'est ça aussi la France.

05:02Ce n'est pas de l'emphase ce que je dis.

05:04Si on a perdu ça en France, si on n'est plus capable de défendre nos ressortissants,

05:09eh bien, comment voulez-vous que notre nation soit respectée ?

05:11Moi, je veux que la France, elle soit respectée.

05:12Dernière question, parce que cette discrétion gouvernementale, vous en parliez aussi.

05:16Vous appelez donc à ce qu'on durcisse le bras de fer avec l'Algérie

05:19pour obtenir la libération de Boilem Sansal.

05:23Est-ce que vous appelez aussi votre camarade, Bruno Retailleau,

05:27ministre de l'Intérieur, qui était très dur avec l'Algérie il y a quelques mois

05:30et qui est beaucoup plus discret sur cette question aujourd'hui ?

05:32Il n'y a aucun problème avec Bruno Retailleau.

05:35C'est heureusement qu'il a mis les pieds dans le plat.

05:37Il a proposé une approche à la fois diplomatique et responsable.

05:43Aujourd'hui, il joue évidemment son rôle de ministre de l'Intérieur

05:47et il attend comme nous les résultats du jugement en appel.

05:51Mais je le sais très mobilisé sur la cause.

05:54Je trouve que ce qu'il a fait est particulièrement responsable.

05:57Allez, merci beaucoup en tout cas, David Lissnard, d'avoir pris la parole.

06:01Depuis qu'Anneau, manifestement, il fait beau, comme toujours d'ailleurs,

06:04et chaud, comme dans toute la France aujourd'hui.

06:06Je pense que vous pouvez nous le confirmer.

06:07Il est 9h14.

06:09Ça fait plus de 200 jours, je le rappelle,

06:11que Boilem Sansal a été arrêté.

06:13Il est inculpé d'atteinte à la sûreté de l'État algérien

06:15pour des propos qu'il a tenus dans une interview à un média français.

06:20Rendez-vous compte quand même.

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