Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 19/06/2025
L’historien Georges Bensoussan, auteur du livre «Les origines du conflit israélo-arabe», était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Georges Bensoussan.
00:01Bonjour Sonia Mabrouk.
00:02Bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:04Vous êtes historien, auteur notamment du livre
00:06« Les origines du conflit israélo-arabe » aux éditions Que sais-je.
00:10De violentes explosions ont retentit ce matin à Tel Aviv et Jérusalem.
00:14Un hôpital a été touché dans le sud du pays.
00:17On va en parler.
00:18On va parler également des hésitations américaines.
00:20Mais tout d'abord, Georges Bensoussan, revenons justement au début des frappes.
00:24Il y a quelques jours, pourquoi tout s'est subitement accéléré ?
00:27Quel a été le déclencheur alors que ce conflit est préparé,
00:31en tous les cas pensé depuis longtemps par l'État hébreu ?
00:33Absolument, oui.
00:34Probablement depuis une vingtaine d'années.
00:37Même si les plans les plus immédiats, c'est peut-être moins d'un an.
00:40Je pense qu'il y a eu deux facteurs qui ont dû jouer.
00:42Le premier facteur, c'est l'alerte de l'AIEA.
00:45Pas des États-Unis, pas du Mossad, pas des Israéliens.
00:47A savoir que l'Iran était vraiment cette fois au seuil de la bombe.
00:50Ils sont dans les dernières phases de la préparation.
00:53Et cette fois, c'est très sérieux.
00:55Ils ont enrichi l'uranium bien au-delà de 60%.
00:57Alors que pour les activités civiles, 4,5% suffisent.
01:00Et au-delà de 25%, on n'est plus dans le civil, on est dans le militaire.
01:03Ça, c'est le premier point que l'AIEA le dise,
01:06qui a toujours été très prudent.
01:07Pas partiale, mais toujours été très prudente.
01:09C'est un premier point.
01:10Le deuxième point qui a sans doute inquiété les Israéliens,
01:13c'est qu'ils ont craint que Donald Trump, dans sa diplomatie erratique,
01:16signe un accord avec les Iraniens,
01:18qui se retournerait demain contre les Israéliens.
01:20A savoir, débrouillez-vous finalement avec le danger existentiel.
01:23Ce qui s'est passé avec les outils, c'est-à-dire que les États-Unis ont signé un accord avec les outils,
01:27qui signifie, du côté des outils, nous n'attaquons pas les navires américains,
01:32sous-entendu, feu vert pour attaquer tous les autres navires,
01:34et en particulier les navires israéliens qui remontent le long de la mer Rouge.
01:37Bon, ils ont eu peur de cet abandon-là.
01:39Donc, ces deux craintes conjuguées,
01:41la première crainte est une crainte quasiment existentielle,
01:44font qu'ils se sont dit,
01:45c'est maintenant le moment que jamais.
01:47On va parler de l'allié américain,
01:48mais pourquoi parle-t-on peu, Georges Bensouzan,
01:50de l'environnement régional, des réactions des pays arabes ?
01:53Je pense à l'Égypte, je pense à la Syrie,
01:55au monde sunnite qui craint aujourd'hui
01:57la nucléarisation, justement,
02:00de l'Iran sunnite.
02:01Bien sûr, mais depuis toujours.
02:03Parce que ce qu'on perd de vue
02:05quand on veut comprendre ce conflit,
02:07c'est l'antagonisme sunnise-chiïsme
02:09qui est un antagonisme irréductible,
02:11extrêmement violent.
02:13Par exemple, dans les différents conflits
02:15qui ont émaillé l'histoire du Proche-Orient
02:17ces dernières années,
02:18on a vu d'épouvantables exactions
02:20des chiites contre les sunnites
02:21ou des sunnites contre les chiites.
02:23C'est-à-dire d'une barbarie inégalée.
02:25On perd de vue cela.
02:26Et donc, la peur d'un chiisme iranien,
02:29qui, encore une fois, n'est pas le monde arabe,
02:31le monde musulman-chiite,
02:32c'est-à-dire très minoritaire dans le monde arabo-musulman,
02:3510% à peine de l'islam,
02:36la peur d'un Iran nucléarisé
02:39accable le monde sunnite tout entier.
02:44Donc, de l'Arabie à l'Égypte,
02:45en passant par d'autres pays,
02:46comme la Syrie, par exemple.
02:50Même si la Syrie, aujourd'hui, est en phase de transition,
02:52oui, c'est quelque chose qui les anime profondément.
02:54D'une certaine façon, le monde arabe sunnite,
02:56et j'oublie les Émirats arabes unis et d'autres,
02:59sont d'une certaine façon satisfaits, actuellement,
03:01de ce qu'est en train de faire Israël,
03:03à sa devoir débarrasser, peut-être,
03:04ce n'est même pas certain,
03:06la région de la menace nucléaire iranienne.
03:08Côté européen, une déclaration
03:10qui continue de faire beaucoup réagir,
03:11Georges Bensoussan, c'est celle du chancelier allemand,
03:14qui a dit qu'Israël fait le sale boulot.
03:16Est-ce qu'Israël fait le sale boulot
03:18au nom de l'Occident,
03:20ou tout simplement pour survivre ?
03:22Vous avez raison de poser la question dans ces termes.
03:24Israël fait le sale boulot,
03:25moi, je mettrais sale boulot entre guillemets,
03:27parce que c'est le travail qu'il faut faire.
03:29Il le fait d'abord et avant tout pour survivre,
03:30parce que ce à quoi Israël s'attaque ici,
03:32c'est une menace d'anéantissement existentiel.
03:35Alors on pourrait penser
03:35qu'Israël est atteint d'une paranoïa aiguë,
03:39que la menace existentielle n'existe pas.
03:41Non, depuis 45 ans,
03:42l'État iranien, le chiisme iranien,
03:45promet d'éradiquer la tumeur cancéreuse israélienne.
03:48Et en règle générale, en histoire,
03:49et a fortiori,
03:51quand on est un peuple victime de génocide,
03:52comme l'ont été les Arméniens ou les Juifs,
03:55précisément,
03:56on prend toujours au sérieux
03:57celui qui vous menace d'extermination,
03:59celui qui vous condamne à mort,
04:01celui-là, il faut toujours le croire sur parole.
04:02Donc, ils se battent d'abord pour eux-mêmes.
04:04C'est indéniable.
04:05Mais ce que la franchise,
04:07l'honnêteté,
04:08le courage du chancelier maire,
04:09c'est de dire qu'effectivement,
04:11les Israéliens sont en train de débarrasser
04:12l'Occident tout entier
04:14d'une menace nucléaire,
04:16parce qu'il ne faut pas oublier
04:16que dans les manifestations à Téhéran,
04:18ce n'est pas seulement mort à Israël qu'on entend,
04:20c'est mort à l'Amérique,
04:21mort à l'Amérique en permanence depuis 40 ans,
04:23et donc forcément mort à l'Occident,
04:25à tout ce que représente l'Occident,
04:26c'est-à-dire quoi ?
04:28L'héritage des Lumières.
04:29Nous sommes tous des héritiers des Lumières.
04:31C'est ça que met en danger
04:32le fondamentalisme iranien.
04:34Alors, mort à l'Amérique,
04:35justement, du côté américain,
04:37Donald Trump, George Ben Soussin,
04:38hésite à intervenir directement.
04:40On a toujours pensé
04:41que les États-Unis étaient un allié,
04:43comment dire,
04:44parfaitement fiable d'Israël,
04:45qui avait une alliance,
04:48une solidité granitique dans son soutien.
04:50Ce n'est pas le cas ?
04:51Non, ce n'est pas le cas.
04:52Tout simplement, d'abord,
04:53parce qu'il n'existe pas d'alliance granitique
04:54en règle générale en histoire.
04:56D'autre part, c'est oublié
04:57que les États-Unis n'étaient pas favorables
04:59à la création de l'État d'Israël en 1948.
05:02Ça, tout le monde l'a oublié.
05:03On est persuadé que les États-Unis
05:04ont été favorables d'emblée.
05:06Non, c'est les puissances
05:07qui ont été favorables d'emblée.
05:10C'est peut-être la France, par exemple,
05:11même si elle a tardé à reconnaître
05:12l'État d'Israël de facto et de juré.
05:15Mais voilà des pays
05:16qui ont été plutôt favorables.
05:18Mais les États-Unis ont freiné
05:19des quatre fers avec le général Marshall,
05:21qui dirigeait à l'époque
05:22les affaires étrangères,
05:24contre le président Truman,
05:25contre l'avis du président Truman.
05:26Il a freiné des quatre fers
05:27pour la création de l'État d'Israël.
05:29Et quand il a vu qu'il n'était pas écouté,
05:31il a démissionné de son poste
05:32de secrétaire d'État.
05:34Et donc, les Américains, d'ailleurs,
05:35dès que le conflit a commencé en 1948,
05:37au prochain, les Américains
05:38ont mis un embargo sur les armes.
05:40Ce qui est très peu suivi, ça.
05:41La puissance qui a le plus aidé
05:43la création d'Israël,
05:44militairement parlant,
05:45c'est l'Union soviétique.
05:46C'est par le feu vert de Staline
05:48à la Tchécoslovaquie
05:49pour livrer des armes
05:50à ce qu'allait devenir Tzahal,
05:52au mois de mai 1948,
05:53que l'armée israélienne
05:55a pu l'emporter.
05:56Ce qui explique peut-être
05:57les hésitations au-delà
05:58du comportement erratique
05:59de Donald Trump en ce moment.
06:01Il y a aussi les exacts diplomatiques
06:02Georges Bensoussan d'Emmanuel Macron.
06:04Ils sont souvent dénoncés
06:05au sujet d'Israël.
06:06Le président français,
06:07alors, qui met en cause
06:08désormais Israël
06:09pour des frappes
06:10qui ne concerneraient plus
06:11uniquement le programme nucléaire,
06:12est-ce que c'est un reproche
06:13qui est justifié selon vous ?
06:15Le président français
06:16a une politique
06:17qui ressemble beaucoup
06:17à une politique erratique
06:18et de plus en plus.
06:19Il dit un jour ceci,
06:20deux jours après cela, etc.
06:22Il navigue au plus près.
06:23En réalité,
06:24on a l'impression
06:25qu'aussi qu'il navigue beaucoup
06:26en fonction de la politique intérieure,
06:28en fonction d'impératifs intérieurs.
06:30Et c'est vrai,
06:30depuis le début de ce conflit
06:31du 7 octobre 2023...
06:33Donc la crainte
06:33de...
06:35de...
06:35de...
06:36La crainte...
06:36de...
06:37de réaction...
06:37Oui, la crainte de réaction
06:39négative...
06:39dans la scène intérieure.
06:40La crainte de réaction négative
06:41de toute la part
06:42d'une population
06:43sur laquelle
06:43Jean-Luc Mélenchon
06:44a estimé devoir aujourd'hui
06:46miser pour espérer
06:48être au second tour
06:48à l'élection présidentielle.
06:50Macron, d'une certaine façon,
06:51s'inscrit un peu
06:52dans cette logique.
06:53On ne peut pas oublier que...
06:54La population des banlieues
06:55pour résumer
06:56et parfois essentialiser
06:57s'il n'est pas bon,
06:58mais les Français musulmans...
06:59Voilà.
06:59Le 12 novembre 2023,
07:02il n'a pas participé
07:02à la marche contre l'antisémitisme
07:03alors que c'était son rôle.
07:05Ou alors,
07:06même s'il ne participait pas,
07:07il aurait pu manifester
07:08un geste symbolique.
07:08Je rappelle que pour une affaire
07:10bien moins grave
07:11que ce qui se passait en 2023,
07:13le président Mitterrand
07:14était descendu dans la rue
07:15pour l'affaire de Carpentras
07:16en 1990.
07:17Donc, le président Mitterrand
07:18agit d'abord au coup par coup
07:20dans une politique
07:21qui est difficile à suivre
07:22en fonction aussi
07:23d'une politique
07:24d'impératif intérieur.
07:26Mais dans l'une
07:27de ses dernières déclarations,
07:29précisément,
07:29Georges Bensoussan,
07:30Emmanuel Macron
07:31a à la fois évoqué
07:31un cessez-le-feu
07:32dans le conflit avec l'Iran
07:33et dans la même phrase
07:34un cessez-le-feu à Gaza.
07:37Il a transposé deux logiques.
07:38Iran et Gaza,
07:39est-ce qu'elles sont transposables ?
07:41Pas du tout.
07:41Ce sont deux conflits
07:42totalement différents.
07:44Autant le conflit à Gaza
07:45suscite en Israël
07:46une fracture terrible
07:47dans la société,
07:48vous avez une grande partie
07:49de la société
07:49qui est contre
07:50la continuation de ce conflit
07:52et en particulier
07:53par le fait
07:53que les otages
07:54ne sont pas libérés
07:55et qu'ils ne seront pas
07:55libérés par la force.
07:56Ils sont libérés
07:57au terme d'une négociation
07:58parce que tous les autres
07:59otages ont été libérés
08:00au terme de négociation.
08:01L'ancien Premier ministre
08:02Ehud Barak l'a dit
08:03dans le Financial Times
08:04début juin,
08:05cette guerre n'est plus justifiée,
08:06c'est une guerre menée
08:07pour des motifs personnels
08:08dit Ehud Barak.
08:09Il est ancien chef d'état-major
08:11et ancien Premier ministre.
08:12Bon, est-ce qu'on peut considérer
08:13que ce n'est pas une voie autorisée ?
08:14D'autres également,
08:16d'autres non également
08:16de la haute hiérarchie israélienne
08:18sont exactement
08:19sur la même longueur d'onde
08:20et la société israélienne
08:21est divisée là-dessus.
08:22Bon, certains pensent
08:23qu'il faut continuer,
08:24d'autres qu'il faut arrêter.
08:24Mais sur l'affaire iranienne,
08:26il y a un consensus général
08:28de la société israélienne
08:29parce que là,
08:30on est en présence
08:30d'une menace existentielle
08:32à court terme, bien sûr.
08:33Et donc, mettre sur le même plan
08:35les deux conflits
08:36n'a absolument aucun sens.
08:38Le cessez-le-feu aujourd'hui
08:40en pleine guerre contre l'Iran
08:41n'aurait aucun sens.
08:42Une campagne
08:43qui s'arrêterait aujourd'hui
08:45aurait des effets pervers
08:47infiniment plus graves
08:48que la situation antérieure
08:49d'avant le 13 juin 2025.
08:52Ce qui a mis hors de lui
08:52Donald Trump
08:53puisqu'il n'a pas apprécié
08:54le mot, ni accepté
08:55le mot utilisé par Emmanuel Macron
08:57de cessez-le-feu
08:58lors de son départ précipité du G7.
09:00Vous-même, Georges Bensoussan,
09:01vous avez de la famille sur place.
09:03Vous étiez en Israël.
09:04Vous connaissez évidemment
09:05très bien le pays.
09:06Vous avez parlé d'un conflit
09:08qui est une guerre,
09:09d'une intervention illégitime
09:11à Gaza.
09:12On peut le dire à ce micro.
09:13Cela a suscité
09:14beaucoup de réactions.
09:15Illégitime, non.
09:16C'est-à-dire qu'elle a été légitime
09:17jusqu'au cessez-le-feu
09:20de début 2025.
09:22La reprise du conflit
09:23le 18 mars
09:23ne se justifie plus tout à fait.
09:26Mais il y a débat là-dessus.
09:27Certains pensent
09:28qu'il faut aller jusqu'au bout
09:29dans la guerre à Gaza.
09:31Non, une guerre,
09:32à un moment donné,
09:33il faut savoir l'arrêter
09:34pour envisager
09:35une option politique.
09:36Quelle est l'option politique
09:37demain
09:38du régime à Gaza ?
09:39L'important,
09:40c'est que le Hamas
09:41soit désarmé,
09:42le Hamas ne soit plus capable
09:43d'exercer le pouvoir
09:44et qu'une autre autorité
09:45émerge,
09:46palestinienne,
09:47avec le soutien de l'Égypte,
09:48de l'Arabie,
09:49des États-Unis,
09:49des Israéliens,
09:50bien sûr, etc.
09:51C'est ça.
09:52Une guerre menée
09:53sans objectif politique,
09:54ça n'a pas de sens.
09:55Alors, ça vaut aussi
09:55pour l'Iran.
09:56Beaucoup interrogent l'après.
09:58D'ailleurs,
09:58Emmanuel Macron dit
09:59qu'on ne fait pas tomber
10:01un régime,
10:01en tout cas,
10:02si on fait tomber
10:02un régime par la force
10:03et par les bombes,
10:04cela entraîne le chaos.
10:05Il pense certainement
10:06à l'Irak qui a produit,
10:08à l'intervention
10:08qui a produit Daesh.
10:10Qu'en pensez-vous,
10:10Georges Bensoussan ?
10:11Est-ce qu'aujourd'hui,
10:12l'après,
10:12si le régime des Molas tombe,
10:14ce qui n'est pas encore assuré,
10:15est-ce qu'on a pensé
10:16à l'après ?
10:17Et qui doit le penser ?
10:18Oui, bien sûr,
10:19l'après,
10:20effectivement,
10:20si le régime tombe,
10:22il y aura forcément,
10:23parce que je rappelle
10:24que l'Iran est un pays
10:25très éduqué,
10:26très développé,
10:27avec, je le rappelle,
10:28beaucoup plus d'étudiantes
10:29que d'étudiants.
10:31C'est un pays
10:32dont le développement
10:33intellectuel,
10:34culturel,
10:35académique
10:35est de niveau occidental,
10:36carrément.
10:37Il y aura donc demain
10:38une classe politique
10:38capable de prendre le pouvoir
10:40des mains d'un régime
10:41détesté,
10:42sur le fond.
10:42Mais quand le président Macron
10:44dit qu'on ne détruit pas
10:45un régime par la force,
10:46et qu'en a été-t-il
10:47de l'Allemagne nazie ?
10:48Et qu'en a été-t-il
10:49du Japon impérial,
10:51en 1945 ?
10:52Sinon,
10:52deux États
10:52qui ont été obligés
10:54de capituler
10:54dans leur forme totalitaire
10:56à la suite
10:57d'une offensive militaire.
10:59Donc tout ça
10:59ne tient pas forcément
11:01la route.
11:02Ce type de raisonnement
11:03n'est pas tout à fait probant.
11:04Est-ce qu'on comprend
11:05depuis l'extérieur,
11:06véritablement,
11:07vous en avez parlé tout à l'heure,
11:08l'angoisse de l'effacement
11:09en Israël ?
11:11Elle est omniprésente,
11:12cette angoisse,
11:12existent-elle ?
11:13Est-ce qu'on la comprend
11:14véritablement ?
11:15Je ne suis pas sûr
11:15qu'elle soit comprise.
11:16D'abord parce que
11:17c'est quelque chose
11:19de peu partageable.
11:20c'est une angoisse
11:22qui les habite profondément
11:23parce que c'est un peuple
11:24aussi issu du génocide
11:26et la mémoire du génocide
11:27est omniprésente en Israël,
11:28beaucoup plus aujourd'hui
11:29qu'il y a 50 ans par exemple.
11:31Tout dans la vie quotidienne
11:33israélienne rappelle quand même
11:34ce qui s'est passé
11:35il y a à peine 80 ans
11:36et à savoir
11:37non pas seulement
11:38l'extermination
11:39mais l'indifférence du monde.
11:40Ça c'est très important.
11:42Et donc la réédition...
11:43Est-ce qu'on ressent
11:43beaucoup d'Israël ?
11:44Bien sûr.
11:45Indifférence à la solitude ?
11:46À la solitude,
11:47c'est-à-dire la menace
11:47de l'anéantissement
11:48qui est une menace réelle
11:49d'un pays qui vous menace
11:51de vous exterminer
11:52pratiquement tous les matins
11:53depuis 40 ans,
11:54vous devez forcément
11:54le prendre au sérieux.
11:56Et que l'indifférence
11:57que cela suscite finalement
11:58dans des opinions
11:58qui s'habituent peu à peu
12:00à ces menaces de mort,
12:02ça, ça suscite
12:02un sentiment de solitude terrible.
12:04Vous savez,
12:04c'est la fameuse phrase de Peggy
12:05« Il y a pire qu'une âme perverse,
12:07c'est une âme habituée ».
12:09Eh bien, ce qu'on peut craindre
12:09aujourd'hui,
12:10c'est que l'Occident
12:11s'habitue finalement
12:12à ce que les menaces de mort
12:14s'accumulent sur un État
12:15qui est le seul État
12:16dans ce cas
12:17menacé de disparition
12:18de la planète.
12:19Donc oui,
12:19ça, c'est extrêmement présent
12:21dans la conscience nationale
12:22des Israéliens.
12:23Et c'est en quoi ce conflit,
12:24il est très largement approuvé
12:26par l'immense majorité
12:27des Israéliens.
12:28Et des Français,
12:28dans un sondage réalisé
12:30en tous les cas
12:30à la question posée
12:31sur le nucléaire iranien,
12:33il n'y a pas de doute,
12:34c'est un très large consensus,
12:35quelles que soient
12:36les opinions politiques
12:37pour que justement
12:39ce programme nucléaire iranien
12:40soit mis à bas.
12:42On le voit ici.
12:4287% des interviewés,
12:44je le dis aux auditeurs
12:45d'Europe 1,
12:46répondent oui à la question
12:47faut-il empêcher l'Iran
12:48de se doter de l'arme nucléaire ?
12:50Vous avez parlé
12:51il y a quelques instants,
12:51Georges Bensoussan,
12:52du génocide,
12:53du mot génocide,
12:54mot qui est retourné
12:55aujourd'hui à l'endroit
12:57d'Israël,
12:58la France insoumise,
13:00par exemple,
13:01en particulier
13:01la députée Alma Dufour.
13:03Il y a le retournement
13:04du mot génocide,
13:05il y a ce qui est dit
13:06sur l'Iran.
13:06Là encore,
13:07retournement,
13:08l'Iran est agressé
13:09et Israël est l'agresseur.
13:11De quoi cette déclaration
13:11est-elle le nom ?
13:13Je crois que c'est extraordinaire
13:14parce que LFI
13:15et ces gens-là
13:16sont vraiment des spécialistes
13:17de l'inversion de réalité
13:18dans le génocide à Gaza.
13:20Alors que si vous prenez
13:21la charte du Hamas
13:22et les déclarations
13:23d'un grand nombre
13:23de dirigeants du Hamas
13:24avant le 7 octobre
13:25et après le 7 octobre,
13:27ce sont des déclarations
13:27génocidaires.
13:28Ils disent clairement
13:29cet État n'a pas le droit
13:30d'exister,
13:31nous allons l'effacer,
13:32je l'ai là sous les yeux.
13:33Ismaël a niais
13:34quelques jours
13:34après le 7 octobre.
13:35Il y aura d'autres
13:367 octobre
13:36jusqu'à ce qu'Israël
13:37disparaisse.
13:38Et Ghazi Hamad
13:39qui est membre
13:40du bureau politique
13:40du Hamas
13:41le 24 octobre 2023,
13:43nous devons éliminer
13:44ce pays,
13:44il faut y mettre fin.
13:45L'existence d'Israël
13:46est-il logique ?
13:47Donc ça,
13:49ce sont des déclarations
13:50génocidaires.
13:50Et on a une Alma Dufour
13:52et des gens de LFI
13:53qui inversent
13:54complètement la réalité.
13:55Chez Alma Dufour,
13:56c'est extraordinaire
13:57quand même ce syllogisme,
13:58ce sophisme
13:58qui consiste à dire
13:59Israël est l'agresseur.
14:01Reprenons la Seconde Guerre mondiale.
14:03Le 3 septembre 1939,
14:05l'Allemagne déclare
14:05la guerre à la France.
14:06Mais qui est l'agresseur
14:07en la matière ?
14:08Sinon, l'Allemagne
14:09qui a déclenché
14:10la guerre contre la Pologne
14:11et donc par le jeu
14:11des alliances,
14:12la France se devait
14:13forcément de réagir.
14:14C'est-à-dire
14:15cette façon
14:15d'isoler une séquence
14:17simplement sans en voir
14:18toutes les origines,
14:19c'est un syllogisme total,
14:20c'est un sophisme total
14:22qui est tout à fait
14:23dans la droite ligne
14:25de ce populisme,
14:26de cette démagogie.
14:28Populisme,
14:28démagogie,
14:29ce racolage électoral
14:32finalement de LFI
14:34qui hausse tout,
14:36si vous voulez,
14:37qui ne recule plus
14:38devant aucune outrance.
14:39Et qui infuse
14:39en certains esprits.
14:40Et qui infuse, oui.
14:41Je pense par exemple
14:42quand Rima Hassan est revenu,
14:44Jean-Luc Mélenchon
14:44l'a comparé à Hugo
14:45revenant de Guerneset.
14:47Comment vous avez réagi
14:47à ça ?
14:48Ça, c'est une pitrerie,
14:51si vous voulez,
14:51mais aux yeux
14:52d'un certain nombre
14:53d'incultes
14:53qui font la base de LFI,
14:55des délogues au boyard,
14:56des analphabètes au toto,
14:57devant ces analphabètes
14:59forcément,
15:00ça impressionne.
15:01Mélenchon passe
15:01pour un grand intellectuel.
15:03Mais comparer
15:03une Rima Hassan
15:04qui est une élue française
15:06et qui n'a qu'un seul programme,
15:08la défense de la Palestine,
15:09qui n'est pas une cause française,
15:11bon,
15:12comparer une Rima Hassan...
15:13Mais c'est ce que disait
15:16le roi du Maroc,
15:17Hassan II,
15:18jadis,
15:19il disait
15:19Israël est un véritable
15:21aphrodisiaque
15:21pour le monde arabe.
15:22Il avait dit ça.
15:23Donc comparer
15:24une Rima Hassan
15:25à Hugo,
15:25ça signifie
15:26que les mots
15:26n'ont plus aucun sens
15:27sur le fond
15:28et qu'on peut parler
15:29de génocide
15:29alors qu'en disant
15:30une inversion totale
15:31de réalité,
15:32vous avez affaire
15:33à des organisations
15:33franchement génocidaires,
15:35je viens de vous le montrer
15:35par certaines citations,
15:37alors que c'est l'État d'Israël
15:38qui est accusé de génocide,
15:39alors que n'importe quel
15:41adolescent,
15:42n'importe quel simple
15:43étudiant en histoire
15:44serait ce qu'est un génocide.
15:45800 000 morts au Rwanda
15:47en trois mois,
15:4815 000 morts
15:49de rythme
15:49d'exécution capitale
15:51à Treblinka
15:52à l'été 1942,
15:53ça c'est un génocide.
15:54Il y a eu 30 000
15:55victimes civiles à Gaza,
15:57c'est 30 000 de trop,
15:58c'est une évidence.
15:59Mais vu la densité
16:00de population,
16:01tous les experts militaires
16:02reconnaissent
16:03que les Israéliens
16:03ont quand même réussi
16:04un ratio
16:05de perte civile
16:06très bas sur le fond.
16:07Et vous comprenez aussi
16:08qu'une telle déclaration
16:09de réussir
16:10un ratio très bas
16:11peut aussi choquer ?
16:12Mais bien sûr,
16:13ça peut choquer
16:13parce que 30 000 civils,
16:14c'est 30 000 civils de trop.
16:16Il y a évidemment
16:16des femmes et des enfants
16:17là-dedans.
16:18Mais dans une situation
16:20comme celle de Gaza
16:20où tout est
16:22inextricablement lié,
16:24où effectivement,
16:25on peut le voir
16:25dans les images d'archives,
16:27les tunnels
16:27souterrains partent
16:28des chambres d'enfants,
16:29des mosquées,
16:30des hôpitaux,
16:31des salles d'opération,
16:32etc.
16:32Et donc forcément,
16:34il y a des pertes civiles
16:35parce que le Hamas
16:36se sert des civils
16:37comme d'un bouclier
16:38pour protéger son arsenal.
16:40Et tous ces 50 millions
16:41de dollars arrivés
16:41chaque mois du Qatar
16:42ont servi à quoi ?
16:43À améliorer le quotidien
16:45des Palestiniens ?
16:46Non,
16:46à construire
16:471 000 kilomètres
16:48de tunnels
16:48et une infrastructure
16:49considérable.
16:50Donc effectivement,
16:51des pertes civiles
16:52sont inévitables.
16:52Mais elles sont très limitées
16:54par rapport à ce qu'aurait
16:55été une guerre menée
16:56par d'autres
16:56dans un tel contexte urbain.
16:58On voit bien aussi
16:59que c'est une bataille
17:00dans les esprits
17:00à mener également.
17:02Merci Georges Bensoussan.
17:03Merci à vous.
17:04C'est votre grande interview.
17:05Je vous dis à bientôt.

Recommandations