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  • il y a 3 jours

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00:0013h, 14h, Europe 1 13h.
00:03Et à 13h46 sur Europe 1, Europe 1 13h, dernière partie.
00:06Vous écoutez Céline Giraud et aujourd'hui avec vous Céline, l'écrivain Nathan Devers
00:09et Ophélie Roque, professeure de français et chroniqueuse.
00:11Et on va revenir sur l'intervention de Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur,
00:14président des Républicains, qui était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin sur Europe 1 et CNews.
00:20Et au cours de cette interview, il a dévoilé les premiers visuels de campagne et d'adhésion
00:25et les slogans de ce parti qu'il préside.
00:27Le slogan, c'est la France des honnêtes gens. Écoutez-le.
00:31C'est un message important et qui prend toute son importance aujourd'hui.
00:35Nous sommes le 18 juin avec l'appel du général de Gaulle et nous sommes ses héritiers.
00:40Il avait dit un jour, il faut faire la politique de la majorité nationale.
00:44Beaucoup d'hommes et de femmes politiques françaises, français, ont fait la politique des minorités.
00:49Voilà, moi je veux m'adresser à la majorité.
00:50Cette majorité pour moi, c'est précisément la France des honnêtes gens.
00:54C'est ces honnêtes gens qui travaillent dur.
00:56Qu'en ont marre de voir que d'autres abusent du système, qui vivent au crochet de la société.
01:00Je veux que nous puissions créer un plafonnement, une allocation sociale unique
01:04pour qu'il y ait une différence entre le revenu du travail et le revenu de l'assistance.
01:09Ils en ont marre de voir des familles qui touchent des allocations familiales
01:11et qui laissent des gamins de 11 ans, de 12 ans traîner dans les rues après minuit et le soir.
01:16Et pour nos auditeurs, je précise que ces affiches mettent en avant des visuels
01:21qui représentent des pompiers, des policiers ou encore des soignants, des agriculteurs, des cuisiniers.
01:27Il dit, je veux parler à des gens qui travaillent dur, qui en ont marre que d'autres profitent du système.
01:30C'est la France des honnêtes gens. Qu'est-ce que ça vous inspire, Ophélie Roque ?
01:33Le message est méritoire. Ça, c'est incontestable.
01:37En revanche, moi, je trouve que le slogan sent un peu sa naphtaline quand même.
01:41On a l'impression que c'est un titre d'une pièce de Molière.
01:44On a l'impression que c'est un peu le bourgeois gentilhomme.
01:46Ceci dit, en effet...
01:48Quand vous dites la naphtaline, vous trouvez ça démodé ?
01:49Je trouve que ce n'est pas très dynamique.
01:52Le slogan, moi, en tout cas, je pense que pour une partie de la jeune génération,
02:00les trentenaires, alors ce n'est pas forcément son cœur de cible, peut-être,
02:03mais quand même, je trouve qu'on peut tenir le même message.
02:07On peut vouloir rassembler, fédérer, mais je trouve que ça manque un peu de punch quand même.
02:12Après, ceci dit, voilà, mon avis importe finalement assez peu là-dessus.
02:17Non, non, non, vous êtes là pour donner votre avis.
02:19Mais c'est vrai que moi, je ne trouve pas que ça va déchaîner des vagues d'enthousiasme.
02:23Vous ne pensez pas être dans un contexte d'ultra-violence, d'ensauvagement,
02:26où il y a un sentiment d'insécurité qui est puissant ?
02:30Si les gens qui écoutent ça arrivent à le reprendre à leur compte ?
02:36C'est-à-dire, est-ce qu'on va avoir des gens qui vont...
02:38Alors, sans doute, une partie va s'identifier à ce message-là.
02:41C'est rassurant pour les gens qui travaillent.
02:43Oui, c'est rassurant, mais est-ce que c'est ça qu'on demande à un slogan de campagne ?
02:49Juste d'être rassurant.
02:49Parce que là, en effet, il y a une volonté de dire « je pense à vous ».
02:52Et ça, je pense que c'est méritoire.
02:54Mais quand même, ça manque de punch.
02:57Honnêtement, je ne suis pas sûre qu'il resterait dans les annales, celui-là.
03:00Nathan Devers, derrière le slogan, qu'est-ce que vous y voyez ?
03:02Moi, je trouve le slogan plutôt intelligent, qui correspond à une réalité.
03:05Je reviens dans une seconde, mais il y a quelque chose qui me fait tiquer.
03:09C'est la comparaison entre ce slogan et l'appel du 18 juin.
03:12Parce que c'est littéralement le contraire, l'appel du 18 juin.
03:15Quand Bruno Retailleau dit « la majorité nationale », « les Français »,
03:17non, l'appel du 18 juin, c'est une intuition géniale, métaphysique du général de Gaulle,
03:23selon laquelle l'amour éperdu qu'il avait pour la France
03:26était différent de l'amour ou de l'affection qu'il pouvait avoir pour les Français,
03:31qui n'était pas d'ailleurs que de l'amour et de l'affection,
03:32il y avait aussi parfois un peu de mépris,
03:34et que l'idée de la France était supérieure à sa réalité physique.
03:37C'est ça l'appel du 18 juin.
03:38C'est quelqu'un qui dit même au moment où les Français, leur État,
03:42est en train de se compromettre,
03:43eh bien, je déplace la France en dehors de la France.
03:45On parlera du 18 juin dans quelques instants.
03:46En revenant à Bruno Retailleau, quelle ambition a-t-il en dévoilant ce slogan ?
03:51Sur les honnêtes gens, je pense qu'il s'appuie sur quelque chose
03:54qui est quand même une réalité sociologique,
03:56c'est qu'il y a une partie importante aujourd'hui du peuple français
04:00qui estime qu'entre ce que les individus font pour la France
04:05et ce que la France leur amène,
04:06c'est-à-dire en matière d'insécurité,
04:09mais aussi, il faut en parler, je pense que ça va ensemble,
04:11des gens qui payent énormément d'impôts,
04:13et qui, quand ils sont confrontés au retour sur investissement,
04:17c'est-à-dire au service public, par la sécurité, etc.,
04:19par les transports, par l'éducation,
04:21voient une France qui se détériore.
04:22Avec la responsabilisation des parents, ça aussi, c'est important.
04:25Exactement.
04:25Et ça, les Français l'entendent, ça.
04:27Et là, je crois qu'il y a quelque chose
04:28où ils s'adressent de façon assez astucieuse,
04:31de façon assez intelligente,
04:33à une partie du peuple de droite
04:34qui saura très bien entendre ce message.
04:37Ça me fait penser un peu, vous savez,
04:38ces derniers temps, le Figaro a inventé ce concept du Nicolas.
04:40Nicolas, c'est l'idéal type du Français
04:44qui paye énormément d'impôts,
04:46qui a l'impression que la France se dégrade,
04:49que sa situation personnelle se dégrade,
04:51qu'il y a de l'insécurité,
04:52qu'il a peur pour ses enfants.
04:53Eh bien, je crois que ça, Bruno Retailleau,
04:55c'est assez astucieux par rapport à l'électorat
04:58qui peut être le sien.
04:59Ophélie Roch.
05:00Oui, j'essaye d'être convaincue.
05:02Dans ma tête, là, je suis en train de faire tourner la phrase.
05:04Mais il lance une amie, en fait, avec un objectif...
05:04Oui, bien sûr, ça, il lance une amie
05:07qui, en effet, de toute façon,
05:08en 2027, est encore bien loin.
05:10Il pose les jalons de quelque chose.
05:12Il pose les jalons, ça, c'est sûr que je pense qu'il a envie d'aller.
05:14Là, je pense que si les gens avaient encore le moindre doute,
05:17ils sont quand même relativement dissipés.
05:20Mais, voilà, après, moi, j'arrive pas à être convaincue.
05:25Je pourrais pas vous dire pourquoi.
05:26Je trouve que c'est un manque de punch, mais ceci dit...
05:28Quand il demande à responsabiliser les parents
05:29en faisant référence, justement, à l'article du Code pénal qui sanctionne.
05:34Moi, ce qui me gêne peut-être un petit peu dans ce slogan,
05:36c'est la France des honnêtes gens, c'est qu'après, vous pouvez toujours
05:38demander aux parents défaillants
05:40de responsabiliser leur enfant. De toute façon,
05:42ça ne dresse pas à eux avec ce slogan.

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