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  • il y a 6 jours

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00:00Nathan Devers et Gabrielle Cluzet sont toujours avec moi.
00:03Je voudrais, si vous le permettez, qu'on appelle Isabelle,
00:06qui était avec nous vendredi, en direct, dans cette émission,
00:09et qui s'apprêtait donc à subir les premières frappes iraniennes.
00:15Isabelle, bonsoir, vous vous êtes à Nathanien.
00:17Merci d'être en direct avec nous.
00:19Je ne voulais pas finir cette série d'émissions,
00:22puisque le week-end s'achève, sans prendre de vos nouvelles.
00:25Vous et votre famille, Isabelle.
00:27Comment ça va ce soir ?
00:28Bonsoir, Pascal.
00:30Écoutez, ça va.
00:31On vient d'avoir une alerte missile.
00:35Donc, on a une première sirène pour nous prévenir,
00:38et ensuite, une autre sirène pour nous dire de rentrer dans les abris,
00:44dans les chambres sécurisées.
00:46Donc, on est resté un bon moment dans les chambres sécurisées.
00:50J'ai vu des photos des missiles qui passaient au-dessus de chez nous.
00:55C'est un peu compliqué.
00:56Et je suis avec mes petits-enfants, qui ont 3 ans et 6 ans,
01:01avec ma fille, mon jambes, puisque je n'ai pas de chambre sécurisée chez moi.
01:05Donc, je suis partie habiter chez eux.
01:08Les enfants, ils sont un peu perturbés aussi.
01:11On est tous un peu perturbés, puisqu'on a le sommeil perturbé.
01:13Donc, on profite de la journée.
01:16Isabelle, c'est ça.
01:17Il faut expliquer ça, effectivement, aux auditeurs d'Europe 1.
01:19Ce sont des alertes qui sonnent très fort sur votre téléphone.
01:22Tout à l'heure, on était avec Judith, qui, elle, était à Batia,
01:25mais son téléphone s'est mis à hurler en plein direct.
01:28Elle a dû aller se réfugier.
01:30C'est ça, vous êtes réveillée par des alertes permanentes.
01:32C'est ça, Isabelle ?
01:33C'est permanent, c'est permanent.
01:35C'est permanent, et ensuite, on est obligé d'attendre le missile qui arrive, si vous voulez,
01:42et ensuite, attendre encore un bon moment avant de pouvoir sortir.
01:47Comment ça va, le moral ?
01:48C'est toute la nuit, comme ça.
01:49Ben, écoutez, on est fatigué.
01:51Vous êtes fatigué.
01:52On est fatigué, on est fatigué.
01:54Est-ce que vous avez peur, Isabelle ?
01:57Non, je n'ai pas peur, parce que quoi qu'il arrive,
02:00on a le dôme de fer, qui arrête pas mal de missiles.
02:06On suit à la lettre la sécurité civile.
02:09Donc, on est vraiment, on se laisse complètement mener par eux
02:14comment il faut réagir, qu'est-ce qu'il faut faire et tout.
02:18Donc, dans la chambre sécurisée, on a de l'eau, on a de quoi manger,
02:22enfin, de grignoter plutôt.
02:23Et bon, on prend notre mal en patience en disant que, bon,
02:27ben, ça va s'estomper.
02:30Oui, ça va passer.
02:32Moi, j'admire la résilience des Israéliens.
02:35Non, mais c'est quand même incroyable.
02:36Je vous le dis, Isabelle, parce qu'évidemment,
02:39nous, vu d'ici, on ne peut pas comprendre ce que vous vivez.
02:42Moi, j'avais des questions vraiment tout à fait pratiques, mais...
02:45Personne ne peut comprendre quand on ne le vit pas,
02:49quand on n'est pas...
02:49Non, non, mais ça, c'est une évidence, Isabelle.
02:51Gabriel Cluzel, il y a une question à vous poser, Isabelle.
02:52Oui, non, je me demandais simplement
02:54à quel moment vous saviez que vous pouviez remonter chez vous.
02:57Il y a un autre signal qu'il donne, c'est ça ?
03:00Et est-ce que...
03:01Comment vous vous approvisionnez aussi, je voulais savoir ?
03:04Alors, les magasins de tout ce qui est supermarché,
03:08tout ce qui est essentiel, c'est ouvert.
03:09Donc, on peut faire nos courses tranquillement.
03:14On se promène la journée.
03:16Cet après-midi, j'ai emmené les petits-enfants au parc.
03:19On a eu une alerte, on a repris la voiture, on est rentrés,
03:22on a attendu l'alerte, si vous voulez,
03:27et on est rentrés dans la chambre sécurisée
03:28en attendant de pouvoir sortir par la suite.
03:32C'est incroyable.
03:32Non, mais c'est vrai, on emmène les enfants au parc,
03:34puis on retourne dans les abris.
03:35Non, mais c'est ça, le quotidien d'un pays en guerre.
03:38Vous vous rendez compte, c'est ça, parce qu'Israël est en guerre.
03:40Israël est en guerre, et là, vraiment, ce sont des choses sérieuses.
03:43Mais ça nous paraît tellement dingue.
03:46Nous, je pense qu'on serait dans les abris, on ne s'en tirait pas.
03:48Oui, c'est ça.
03:49C'est vrai que vous êtes quand même armés mentalement
03:54pour tenir.
03:56Enfin, c'est l'impression que vous donnez.
03:58Alors, on est résilients.
04:00On est résilients.
04:01On garde notre joie d'yves, quand même.
04:03On n'est pas abattus.
04:05C'est vrai qu'on a tous un peu des moments d'angoisse.
04:08C'est un peu difficile pour les enfants,
04:09parce que malheureusement, il n'y a plus d'école.
04:12Donc, c'est la fin de l'année.
04:14Il n'y a plus de fêtes d'école.
04:15Il n'y a plus, il n'y a pas tout ça.
04:16Donc, c'est très difficile.
04:18C'est très triste pour les enfants.
04:20Et puis, c'est compliqué aussi pour les parents,
04:22parce que, évidemment,
04:24tout ce qui n'est pas essentiel,
04:26tout ce qui est magasins, centres commerciaux,
04:29où tout ça s'est fermé.
04:31Voilà.
04:31Il n'y a que les pharmacies.
04:35C'est ça, la pharmacie et l'alimentaire.
04:37Tout le monde va bien autour de vous, Isabelle.
04:38Sinon, on a parlé de la famille,
04:39mais vos voisins...
04:41Oui, oui.
04:42Tout le monde va bien.
04:44Je vous dis,
04:45tous les jours,
04:46quand on se rencontre,
04:47on se voit,
04:48tout va bien.
04:50On ne pleure pas.
04:52On est triste de ce qui se passe.
04:54On est encore plus triste
04:55de voir les dégâts qu'il y a eu hier.
04:57C'est compliqué.
04:59C'est compliqué de voir ça.
05:01C'est compliqué de voir
05:02des familles
05:04qui ont été exposées.
05:09Et quand on voit le petit bébé
05:10qui a été sauvé,
05:11ça nous remet du baume au cœur.
05:13Il y a plein de choses comme ça.
05:15C'est la résilience réélienne.
05:17On est comme ça.
05:18Bravo à vous.
05:19Merci en tout cas pour vos témoignages, Isabelle.
05:22Bon courage.
05:22Avec plaisir.
05:23Pour la nuit.
05:24En espérant avoir une nuit.
05:26on sait très bien
05:27que la nuit,
05:28c'est compliqué.
05:29C'est être minuit,
05:32à 3h du matin,
05:335h du matin.
05:35La nuit est compliquée.
05:36Mais bon,
05:37ce n'est pas grave.
05:38On est dans la chambre sécurisée
05:40et on attend.
05:41Ça va aller, Isabelle.
05:43Voilà.
05:43Oui, oui, tout va bien.
05:45Tout va bien, tout va bien.
05:46Merci beaucoup.
05:47Bravo pour votre résilience.
05:48Merci beaucoup.
05:49Merci à vous, Pascal.
05:50Merci beaucoup.
05:50d'avoir témoigné sur Europe 1 en direct.
05:54C'est vrai que ça nous paraît incroyable,
05:58mais je crois que tous les Israéliens vivent comme ça.
06:01Je voudrais juste,
06:01attendez,
06:02Nathan,
06:02juste avant de vous laisser la parole,
06:04je le redirai à chaque fois
06:05que nous entendrons des témoins en Israël,
06:07que cette pensée,
06:08pour les auditeurs d'Europe 1
06:09qui nous rejoignent,
06:10que les civils israéliens peuvent nous parler
06:13parce qu'on arrive à les joindre,
06:14qu'ils sont protégés dans des abris,
06:15que les téléphones portables fonctionnent.
06:17J'adorerais pour avoir joindre des civils iraniens
06:20qui vivent l'enfer en ce moment,
06:22des civils qui ne sont pour rien
06:23et qui subissent le régime des Moulins.
06:25Malheureusement,
06:25ce n'est pas possible.
06:27Voilà.
06:27On a tout essayé.
06:28Ce n'est pas possible de trouver de témoins civils.
06:31C'est-à-dire que l'Iran n'est pas un pays ouvert.
06:34C'est une dictature.
06:35Redisons-le.
06:36Très difficile de joindre les civils iraniens.
06:38Voilà.
06:38Les choses sont établies,
06:39Charles Nathan.
06:39Oui.
06:40Sur la résilience israélienne
06:42dont Isabelle était un exemple parmi d'autres,
06:45c'est vrai qu'il y a en Israël,
06:47mais je crois comme dans toutes les démocraties,
06:50et alors vous disiez en France,
06:51on ne réagirait peut-être pas comme ça.
06:53Si, en fait,
06:54si on se souvient de la manière dont au Royaume-Uni
06:56et en France,
06:57une très grande partie du peuple a vécu la Seconde Guerre mondiale,
07:00il y avait aussi ça,
07:01c'est-à-dire une sanctification de la vie,
07:03en tout cas chez les démocrates.
07:05Ce serait bien aussi qu'il y ait une sanctification de la vie en France.
07:08Oui, bien sûr.
07:09C'est une valeur.
07:09Mais là, en tout cas,
07:11en Israël,
07:12au drame que nous avons commenté récemment.
07:15Bien sûr.
07:15Alors, selon mes informations,
07:17qui restent à confirmer,
07:18mais c'est le choix de frapper des civils
07:21par ces missiles iraniens
07:23émanait du guide suprême lui-même,
07:25qui a pris la décision hier de dire
07:27on va taper pas tellement des zones militaires,
07:29pas les aéroports, etc.
07:31C'est épouvantable.
07:31Mais des maisons, des immeubles,
07:33ça aurait été vraiment une décision qui émanait de lui.
07:36Et alors, pour nos auditeurs,
07:37s'ils veulent comprendre la résilience israélienne,
07:40moi j'aimerais leur recommander d'aller demain.
07:41Il y a une exposition
07:42qui va être organisée à partir de 19h à Paris,
07:46au Salon Hoch,
07:47qui est organisée par quelqu'un qui s'appelle Olivier Pitel,
07:51mais qui rassemble des victimes du 7 octobre,
07:55des Israéliens ou des pro-Israéliens,
07:57mais surtout des victimes du 7 octobre,
07:59qui ont exprimé leur souffrance
08:00en la sublimant par l'art.
08:03Et donc, c'est une exposition d'œuvres d'art
08:04qui sont inspirées par la souffrance qu'ils ont vécue.
08:07Je cite cet exemple qui est intéressant
08:09que tous les auditeurs peuvent voir en y allant demain,
08:11mais parce qu'il est significatif.
08:13Il s'est joué à partir de ce traumatisme
08:15quelque chose qui a été non pas un culte morbide
08:18d'une sorte de pornographie de la mort.
08:21Il n'y a pas eu du tout ça dans la société israélienne.
08:23D'ailleurs, les images du 7 octobre
08:24n'ont pas été tellement montrées.
08:25Le fameux film de l'armée israélienne
08:27a été confidentiel.
08:28Il a été montré à quelques journalistes dans le monde entier,
08:30mais il n'a pas été exhibé sur les réseaux sociaux.
08:33Il y a une sorte de rapport de pudeur vis-à-vis de la mort
08:35qui est avant tout un refus du nihilisme.
08:38Et je crois que les islamistes,
08:40ils ont un point commun, tous,
08:41même s'il y a plusieurs variantes dans l'islamisme,
08:43c'est cette phrase de Mohamed Merah
08:44qu'il avait dite au RAID.
08:46« Moi, la mort, je l'aime comme vous aimez la vie. »
08:48Il avait dit ça aux négociateurs du RAID
08:50avant de mourir.
08:51C'est une phrase très claçante.
08:52Et sans doute la seule phrase vraie
08:54que Mohamed Merah a dite dans sa vie.
08:56Cette phrase-là me glace le son.
08:58Mais si vous voulez, c'est assez fondamental
09:01de faire cette phrase à marquer les esprits.
09:04Mais en réalité, ça explique beaucoup de choses.
09:06C'est-à-dire que c'est d'une certaine façon
09:09à la fois l'honneur et le talon d'Achide d'Israël,
09:13par exemple.
09:13C'est-à-dire que pour récupérer parfois un cadavre,
09:18enfin un corps,
09:19il libère des otages.
09:20Oui, bien sûr.
09:22Des prisonniers.
09:23Il libère des prisonniers,
09:24pas des otages, des prisonniers.
09:25Il y a rien de plus.
09:26Oui, pardon.
09:26C'est vrai que le mot n'est pas...
09:27Non, non, c'est pas pareil.
09:28C'est plutôt un échange d'otages.
09:29Vous avez raison.
09:30Mais ce que je veux dire,
09:31c'est que par exemple,
09:32Sinoir, on s'en souvient de Sinoir,
09:35il avait été libéré,
09:37parmi d'autres,
09:38contre un otage israélien.
09:40C'est bien ça.
09:41Voilà.
09:41Et donc, c'est vrai qu'accorder
09:44beaucoup d'importance à la vie,
09:46ça vous rend finalement vulnérable.
09:48Alors que quand vous n'accordez
09:49aucune importance à la vie
09:51et que vous voyez même dans la mort
09:54un aboutissement à atteindre,
09:56et bien évidemment,
09:57et quand vous ne craignez pas
09:59pour votre propre population,
10:00parce qu'il y a un pacte,
10:02me semble-t-il,
10:03entre le gouvernement israélien
10:04et ses ressortissants,
10:06et bien quand vous n'accordez pas,
10:08vous, d'importance à la vie
10:10de vos ressortissants,
10:10et bien évidemment,
10:12vous avez une forme de supériorité.
10:14Sur ce plan-là.
10:15Oui, oui.
10:16C'est terrible.
10:16Merci beaucoup en tout cas,
10:18Bon, merci infiniment,
10:19Gabriel Tuzel, Nathan Debert.
10:21Merci.

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