Israël/Iran : « La population iranienne veut des relations apaisées avec Israël» estime Emmanuel Razavi

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00:00était inévitable. Bonjour Emmanuel Razavi. Bonjour, merci de me recevoir. Merci de venir dans ce studio.

00:06Alors, nouvelle nuit de frappe, on en parle depuis ce matin dans les journaux sur Europe 1.

00:11Nouvelle nuit de frappe entre les deux pays. Est-ce que vous pouvez nous dire si on parle de guerre ?

00:15Ah oui, bien sûr, c'est une guerre. Vous savez, de toute façon, entre Israël et l'Iran, il y avait une guerre de l'ombre

00:20déjà depuis des décennies, un coup de service secret, si vous voulez.

00:23Vous savez, tous les assassinats qu'il y a pu avoir de part et d'autre.

00:25Et aujourd'hui, on est dans une guerre qui est une guerre, je dirais, ouverte, très clairement.

00:31Je pense qu'elle ne s'arrêtera pas du jour au lendemain.

00:33J'ai pas mal d'informations qui arrivent, bien sûr, d'Iran, mais aussi des Etats-Unis,

00:37de conseillers spécialistes de l'Iran, qui me disent que Trump cherche encore, quand même, peut-être,

00:43une issue négociée, diplomatique. La réalité, c'est qu'on voit bien que les bombardements israéliens

00:48frappent des cibles qui vont bien au-delà du nucléaire.

00:53Donc, on peut imaginer qu'Israël, aujourd'hui, est en train, comment dire,

00:57de préparer les conditions d'une chute du régime, pourquoi pas, d'un changement de régime.

01:02Encore une fois, je ne fais pas de prévision, je regarde juste ce qui est en train de se passer.

01:05Avec une population iranienne qui, évidemment, potentiellement, ne soutient pas le régime,

01:10même si c'était très difficile pour eux d'en parler en tant qu'opposant.

01:13Il y a une brèche qui s'ouvre, néanmoins, vous pensez ?

01:16Oui, je crois qu'il y a une brèche qui est ouverte.

01:18Après, c'est assez intéressant ce que vous venez de dire.

01:21La population iranienne veut des relations apaisées avec Israël.

01:27Les peuples perses et juifs sont deux peuples, en fait, qui entretiennent des relations,

01:32je dirais, depuis 2600 ans.

01:35Il y a une affection particulière entre les Iraniens, en fait, et les Juifs, en général.

01:40Et donc, il y a une dichotomie, si vous voulez, entre les sentiments éprouvés par la population iranienne

01:43vis-à-vis d'Israël, évidemment, ce régime qui est un régime islamiste, de Molla.

01:47Les Iraniens parlent souvent, d'ailleurs, en parlant de la République islamique d'Iran,

01:50ils disent que c'est un régime d'occupation, en réalité, donc ça en dit long.

01:53Donc, c'est vrai qu'Israël, aujourd'hui, peut compter sur un capital, si vous voulez,

01:55sympathie à l'intérieur de l'Iran.

01:57Mais après, il faut quand même qu'il y ait les conditions.

02:00Je dirais, si le régime venait à chuter, il faut bien qu'il y ait une continuité de l'État

02:04qui soit assurée d'une façon ou d'une autre.

02:05Il faut bien que les oppositions iraniennes, qui sont quand même relativement nombreuses,

02:09arrivent à se mettre autour de la table et à travailler ensemble.

02:12Il y a des gens qui sont quand même, aujourd'hui, je pense, incontournables,

02:16je pense à Reza Palavie notamment, pour prendre peut-être la suite.

02:19Mais pour le moment, on ne sait pas encore réellement ce qui va se passer,

02:22comme je vous le disais, parce que ça dépend aussi de la Maison Blanche, de Donald Trump,

02:26qui a quand même des avis qui sont pour le moins changeants.

02:28Oui, et c'est vrai qu'on a vu hier ces images d'une partie de la population à Téhéran danser,

02:35être ravie d'avoir vu que le gardien de la Révolution, par ailleurs,

02:39par exemple, avait été Emmanuel Razavi, tué par les frappes israéliennes.

02:42Alors oui, les Israéliens ont tué des très très haut gradés,

02:45ce qu'on appelle des officiers généraux du corps des gardiens de la Révolution.

02:49Salami, Bagheri.

02:50Voilà, absolument, à commencer par leur chef, Ossain Salami,

02:54évidemment des chefs militaires comme Bagheri.

02:56Si vous voulez, en fait, il y a un mélange, moi en échangeant avec Téhéran,

03:00je constate qu'il y a un mélange d'espérance,

03:03c'est-à-dire que beaucoup d'Iraniens souhaitent qu'Israël allait jusqu'au bout

03:07pour renverser, en fait, le régime.

03:10Et puis, il y a évidemment la peur, c'est-à-dire la peur

03:12parce qu'ils ne savent pas du tout ce que la communauté internationale,

03:15à commencer par les États-Unis, veulent faire.

03:18Et c'est vrai que c'est assez flou pour le moment.

03:19C'est vrai que le monde est sur le qui-vive, là, pour l'instant.

03:21On entend des appels à la désescalade, d'un côté.

03:25On voit que Donald Trump, ce matin, encore, menace Téhéran de représailles.

03:29C'est vrai que là, on est un peu dans une situation extrêmement floue.

03:32C'est une situation qui est floue, vous avez raison,

03:35et c'est une situation qui ouvre à plusieurs scénarios.

03:39Parce qu'aujourd'hui, les options, je dirais purement militaires,

03:42de la République islamique d'Iran, sont quand même relativement faibles.

03:47Il y a vraiment une crainte aujourd'hui de voir, par exemple,

03:49le détroit d'Hormuz déstabilisé.

03:50Le détroit d'Hormuz, c'est un détroit, en fait, du Golfe Persique,

03:53par lequel transite, si vous voulez, quasiment 25 à 30% de la production de pétrole.

03:58Voilà, à l'échelle mondiale.

04:00Donc, ça pourrait impacter quand même les économies, je dirais, occidentales durement.

04:04En tout cas, pour quelques semaines au moins.

04:07Il y a évidemment la menace terroriste à laquelle on pense,

04:09parce qu'à chaque fois que l'Iran se retrouve affaibli,

04:12sur la scène internationale en général,

04:14elle a des cellules, en fait, terroristes.

04:16La France a connu ça, on a eu plusieurs attentats,

04:18commandités par les Iraniens, il y a des années.

04:21Donc, tout ça peut se reproduire.

04:23Donc, évidemment, il y a plein d'inconnus, plein d'inquiétudes.

04:26Et je ne vous cacherai pas que, encore une fois,

04:28les Iraniens qui sont à l'inquiétude du pays

04:30me disent exactement ce que je vous dis.

04:32C'est-à-dire qu'il y a plusieurs scénarios aujourd'hui.

04:34Ils espèrent que les Israéliens iront vraiment jusqu'au bout

04:37et qu'ils seront soutenus par les États-Unis.

04:38Alors, c'est vrai qu'on voit qu'effectivement,

04:41il y a eu la chute d'Assad,

04:43il y a l'affaiblissement du Hezbollah.

04:45Est-ce que ça montre tout ça,

04:46que les alliés de l'Iran, finalement, ne sont pas invincibles,

04:48ce qui pourrait, effectivement, inspirer l'opposition

04:51à intensifier des actions ?

04:53Et quels sont ses moyens ?

04:54Quels sont ses leviers ?

04:56Parce que, écoutez, depuis des mois,

04:59pour ne pas dire, en fait, des années,

05:01on entend certains experts de l'Iran

05:03nous expliquer qu'il faut composer, en fait,

05:06avec ce régime islamiste.

05:07Je le rappelle, vous avez parlé du régime de Bachar el-Assad,

05:09mais ce qui se passe dans les prisons iraniennes,

05:10ce n'est pas mieux que ce qui se passait

05:11dans les prisons de Bachar el-Assad.

05:13Ce sont les mêmes méthodes.

05:14Donc, si vous voulez, aujourd'hui,

05:16on sort enfin d'une espèce de fiction

05:18qui consistait à nous faire croire

05:19que la République islamique d'Iran,

05:21et j'insiste, moi, je parle bien de République islamique d'Iran

05:23et pas d'Iran,

05:24parce que ce régime est une parenthèse réellement

05:27dans l'histoire, en fait, de, comment dire,

05:28de l'Iran.

05:30Si vous voulez, aujourd'hui, en fait,

05:31on voit bien que c'est un régime

05:33qui a des faiblesses structurelles.

05:35Je vous rappelle quand même

05:36qu'Israël a réussi quand même

05:37à décapiter les états-majors de l'armée,

05:39de l'aviation,

05:40de, comment dire,

05:41des passe-d'arand,

05:42enfin, des gardiens de la révolution

05:43en 48 heures,

05:44quand vous voyez que Poutine

05:45n'a pas été foutu de faire

05:46le tiers de la moitié du quart de ça

05:47avec l'Ukraine.

05:49Donc, très clairement,

05:50ça vous montre bien

05:50à quel point le pays est faible.

05:52Il y a une chose qui est très importante.

05:54L'Iran, aujourd'hui,

05:55se trouve quasiment sans eau potable.

05:57Deux tiers du territoire

05:57n'a pas d'eau potable,

05:58sans électricité.

05:59Il y a de moins en moins d'électricité,

06:01énormément, en fait, de coupures.

06:02Et alors que c'est un pays

06:03qui est très riche en hydrocarbures,

06:06se retrouve aussi

06:07avec des problèmes, en fait,

06:08d'approvisionnement.

06:08Alors, pour faire voler des avions,

06:10ça va être compliqué.

06:10Et comment vous voyez

06:11les prochains jours,

06:12les prochaines heures,

06:14les prochains mois, peut-être ?

06:15Est-ce qu'on est parti

06:15sur un conflit

06:16qui va durer très longtemps ?

06:18Je ne sais pas vous répondre

06:19parce que c'est très compliqué.

06:21On a l'impression

06:21que les Israéliens font tout

06:22pour que ça aille très très vite.

06:24Et c'est vrai que

06:25quand on voit, comment dire,

06:26la trempe, pardonnez-moi,

06:28incompris les Iraniens

06:28en l'espace de 48 heures,

06:30on se dit que ça va aller

06:31très très vite.

06:31Mais encore une fois,

06:32c'est vraiment important

06:33que chacun l'entende

06:33parce qu'on ne parle pas,

06:35moi j'entends différents intervenants,

06:37on ne parle pas

06:37des oppositions iraniennes.

06:38Elles sont existantes,

06:39pourtant elles sont très actives.

06:40On ne parle pas, en fait,

06:41des Sénats...

06:42En plus, il y a une partie

06:45de la résistance

06:46qui est à l'intérieur du pays,

06:47il y en a une autre partie

06:48effectivement

06:48qui est au sein de la diaspora.

06:51Contrairement à une légende urbaine

06:52que j'ai entendue

06:52sur un plateau

06:54du service public,

06:55très clairement,

06:56la diaspora iranienne

06:56communique énormément

06:58avec l'intérieur de l'Iran,

06:59comme toute la diaspora

07:00qui communique avec,

07:01en général,

07:02leur pays d'origine.

07:03Donc si vous voulez,

07:04c'est vraiment aussi ça,

07:05c'est inconnu,

07:05c'est que vont décider

07:06parce que l'opposition iranienne,

07:08les oppositions,

07:09je parle des oppositions

07:09démocratiques et laïques,

07:10à commencer par ESA,

07:12pas la vie.

07:13Ces oppositions,

07:13elles ont besoin

07:14d'un soutien occidental,

07:15elles ne peuvent pas agir seules.

07:16Voilà, donc aujourd'hui,

07:17c'est quand même

07:17une vraie question.

07:18Il y a une deuxième question

07:19qui est évidemment

07:20la situation avec les Paz Daran,

07:22les gardiens de la Révolution.

07:23Eh bien, merci beaucoup

07:23de votre éclairage,

07:25Emmanuel Razavi,

07:26grand reporter franco-iranien.

07:28Je rappelle votre dernier ouvrage,

07:30La face cachée des Mollahs,

07:31le livre noir

07:31de la République islamique d'Iran.

07:34C'est aux éditions du CERF

07:35et c'est le moment

07:35de vous le présenter.

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