Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaires Criminelles de McSkysz.
Avec Gilbert Thiel, ancien juge d’instruction et Jacques Dallest, ancien procureur
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2025-14##
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TVTranscription
00:00Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
00:03Bonjour à tous, bienvenue pour votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire,
00:07une émission en partenariat avec la revue trimestrielle Affaires Criminelles,
00:11dont nous accueillons le rédacteur en chef Victor Lefebvre.
00:13Bonjour Stéphane Simon.
00:15Jade Serrano également est avec nous, journaliste d'investigation, bonjour.
00:18Tout à l'heure nous allons retrouver Gilbert Thiel, ancien juge d'instruction,
00:22qui a été le juge d'instruction de l'affaire Simone Weber dont nous parlons aujourd'hui.
00:27Mais nous recevons également à nos côtés l'ancien procureur de la République, Jacques Dallest.
00:32Bonjour Jacques.
00:33Bonjour Stéphane.
00:33Vous êtes l'auteur de Sur les chemins du crime, paru chez Mareuil Édition,
00:37où vous nous contez aussi nombre d'affaires de femmes tueuses.
00:40C'est aujourd'hui notre dossier.
00:42Nous allons parler des femmes tueuses.
00:44C'est le dossier spécial également de notre partenaire Affaires Criminelles, la revue.
00:48Victor Lefebvre, pourquoi avoir choisi ce sujet très intéressant mais aussi très particulier ?
00:53Oui, c'est vrai que c'est un peu contre-intuitif parce que les femmes,
00:55pour vous donner un chiffre, 96% des chiffres sont commis par des hommes,
01:00donc seulement 4% par des femmes.
01:01Mais on essaie de s'intéresser aux femmes parce qu'on essaie de voir aussi
01:04en quoi la criminalité féminine peut être différente de celle des hommes.
01:09Alors, vous avez déjà entendu certainement parler de l'affaire Simone Weber,
01:13celle que l'on appelait la diabolique de Nancy,
01:15ou bien de Marie-Elisabeth Conce, bout de boule.
01:18Mais connaissez-vous ces profils criminels assez exceptionnels ?
01:21C'est le thème d'aujourd'hui, les femmes tueuses.
01:23Pourquoi ces femmes sont-elles aussi intrigantes ?
01:26Nous allons en parler, mais commençons par parler de l'affaire Simone Weber,
01:30si vous le voulez bien, avant de retrouver dans un instant le juge
01:33qui lui a fait face 75 fois, le juge Gilbert Thiel.
01:38Mais Victor Lefebvre, d'abord, vous nous rappelez les faits.
01:40C'est le genre d'endroit dont on ne parle que lorsqu'un drame s'y déroule.
01:47Maxéville, une petite banlieue tranquille, située en périphérie de Nancy, en Meurthe-et-Moselle.
01:52C'est ici que vit depuis 20 ans Bernard Hétier.
01:55Ce contre-maître travaille comme conducteur d'engin dans une usine chimique non loin de là.
02:00C'est un homme plein de charme, mince, grand, avec des traits fins.
02:02Ce 22 juin 1985, à 5h du matin, alors qu'il rentre chez lui après une nuit de travail,
02:10Bernard Hétier s'arrête net quand il reconnaît le véhicule qui stationne devant sa maison.
02:15C'est la voiture que conduit Simone Weber, son ancienne compagne,
02:19avec qui il a rompu un an et demi plus tôt.
02:22Depuis leur séparation, même s'il lui rend toujours des services,
02:24il se plaint d'être suivi, harcelé, espionné et même drogué par cette amoureuse déçue.
02:30Lors d'une énième confrontation avec elle,
02:32Bernard Hétier décide de rebrousser chemin et de se réfugier chez une amie,
02:36chez qui il dort jusqu'au milieu de la matinée.
02:39De retour chez lui, Simone l'attend toujours.
02:41Elle veut absolument qu'il vienne chez elle, à Nancy, pour déboucher son évier.
02:46Les deux anciens amants se disputent dans la rue.
02:48Les voisins entendent des éclats de voix.
02:50Un peu plus tard, ils voient Simone Weber et Bernard Hétier partir ensemble,
02:54chacun dans leur voiture, dans la même direction.
02:56C'est la dernière fois que l'on verra Bernard Hétier vivant.
03:00C'est le juge Gilbert Hill qui hérite de cette intrigante affaire.
03:05Barbe brune et éternelle cigarette aux lèvres,
03:07ce jeune magistrat de 37 ans jouit déjà d'une solide réputation.
03:11Pugnasse, déterminé et méthodique, il décide de ne pas se précipiter,
03:15alors que la coupable est déjà toute désignée.
03:18Au lieu d'interpeller directement Simone Weber,
03:20il mène discrètement sa petite enquête.
03:22Il l'a fait suivre, la met sur écoute et interroge les voisins,
03:25notamment un couple d'octogénaires.
03:27Et justement, ce 22 juin les a particulièrement marqués.
03:31Dans l'après-midi, il voit par l'œilleton de leur porte Simone Weber
03:34rentrer dans son appartement avec un homme âgé d'une cinquantaine d'années.
03:37Un homme qu'ils n'ont jamais vu ressortir.
03:39Vers 22h, ils entendent un bruit lourd,
03:42puis un bruit de moteur, comme un aspirateur,
03:45mais qui ne bouge pas, disent-ils.
03:46Dans la nuit, il voit Simone descendre des sacs poubelles
03:50à plusieurs reprises et partir vers le centre-ville
03:52après les avoir chargés dans sa voiture.
03:58C'est sur la voiture de Bernard Etier que reposent tous les espoirs des policiers.
04:03Toute la fin de l'été, il cherche la Renault 9.
04:05Le juge épluche les écoutes téléphoniques de Simone Weber et de sa sœur Madeleine,
04:10dont elle est très proche.
04:11Lors de l'une de ses écoutes, elle donne les numéros du loto,
04:14qui sont en fait le numéro d'une cabine téléphonique
04:17située en bas de chez Madeleine, à Cannes.
04:20Se pensant tranquille, les deux sœurs parlent d'une certaine.
04:24Bernadette, à qui il faut trouver une nouvelle école à la rentrée.
04:28La Bernadette, c'est bien sûr la voiture de Bernard Etier.
04:31Et la nouvelle école, c'est un nouveau garage.
04:33Le 10 novembre 1985, la voiture de Bernard est retrouvée
04:37dans un box cannois loué par Madeleine Weber avec de fausses plaques.
04:42Chez elle, on retrouve les clés et la carte grise du véhicule.
04:44Elle a déjà eu le temps de faire disparaître le chéquier,
04:47ainsi que les papiers d'identité de Bernard Etier sur ordre de sa sœur.
04:52Simone et Madeleine sont aussitôt arrêtées et inculpées.
04:55Simone Weber est placée en détention.
04:57Nous sommes cinq mois après la disparition de Bernard Etier.
05:01C'est le début de l'affaire Weber.
05:06Après son arrestation, les policiers fouillent chez Simone Weber.
05:10Ils découvrent deux carabines 22 longs rifles,
05:12équipées de silencieux, dont une avec une cartouche percutée.
05:15C'est le signe qu'un coup a été tiré.
05:18Ils trouvent aussi le kit du parfait faussaire.
05:20Des timbres officielles de mairie, des ordonnances vierges,
05:24des brouillons d'actes civils falsifiés et même des bâtons de dynamite.
05:28Plus incriminant encore, ils mettent la main sur une meuleuse pour la découpe du béton.
05:33Un engin loué la veille de la disparition de Bernard Etier,
05:35le 21 juillet en 1985, est déclaré faussement volé une semaine plus tard par Simone Weber.
05:41Selon les experts, cette meuleuse aurait été démontée et nettoyée avec soin.
05:46Pourtant, on y trouve encore des particules constituées de substances humaines.
05:53Les trouvailles miraculeuses se poursuivent pour les policiers.
05:55Le 15 septembre 1985, près de trois mois après la disparition de Bernard Etier,
05:59un pêcheur remonte une valise renfermant un tronc humain dans un bras mort de la marne à Poincy.
06:04Le corps a été découpé par un objet mécanique.
06:07A cette époque, les recherches ADN n'existent pas encore.
06:10Un expert en médecine légale compare tout de même une radio du bassin de Bernard Etier à celle du tronc humain.
06:16La correspondance est sans appel.
06:17Plus de 99% des ressemblances.
06:20A première vue, Simone Weber est une petite femme coquette de 55 ans,
06:28chemisier blanc, boutonné jusqu'en haut, chêne en or et gilet immaculé posé sur les épaules.
06:32Une seule chose vient mettre en désordre cette présentation.
06:36Un regard d'un bleu perçant, digne d'un oiseau de proie qui fout droit ceux qui osent le croiser.
06:42Le 17 janvier 1991, le procès de Simone Weber débute devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle dans un froid glacial.
06:49Les journalistes sont fascinés par cette femme que certains se mettent à appeler presque affectueusement Simone ou Momone.
06:57Pourtant, l'image qu'elle renvoie lors de son procès n'est pas à son avantage.
07:01Elle récuse elle-même ses jurés, elle éclate de rire, attrape ses avocats par le col pour leur parler,
07:05tape sur leur tête avec une pile de dossiers.
07:08Le président de la cour d'assises décide habilement de lui laisser la parole.
07:12Elle en profite pour injurier tous les témoins et même la partie civile.
07:16Simone Weber est inculpée pour 13 chefs d'accusation dont assassinat, empoisonnement, vol, faux en écriture,
07:23destruction de preuves, usage de fausses plaques minéralogiques et détention d'explosifs.
07:28L'avocat général requiert contre elle la réclusion à perpétuité.
07:32Après 11 heures de délibéré, Simone Weber est condamnée à 20 ans de réclusion criminelle
07:35pour le meurtre sans préméditation de Bernard Etier.
07:40Simone Weber n'est pas présente dans la salle au moment du verdict.
07:42Victime d'un malaise, c'est sur son lit d'hôpital que l'huissier lui apprend la nouvelle.
07:47Il s'étonne d'ailleurs de la réaction de Simone Weber qui lui demande comment la salle a réagi
07:51à l'annonce du verdict avant de lui proposer un bonbon en bonne mamie.
07:56En 1999, après 14 années de réclusion, Simone Weber est libérée.
08:01Elle rejoint sa sœur à Cannes où elle vivra jusqu'à sa mort en avril 2024 à l'âge de 93 ans.
08:06Interrogée juste après sa libération par la journaliste Anne-Sophie Martin, elle raconte son quotidien.
08:13Chez moi, je lis et relis les livres sur la justice et puis je ne rate jamais mes feuilletons préférés.
08:17Les feux de l'amour après le déjeuner.
08:19Merci à l'équipe d'affaires criminelles d'avoir préparé ce dossier.
08:27Gilbert Thiel, nous sommes contents de vous retrouver.
08:30Bonjour, vous m'entendez ?
08:32Je vous entends parfaitement.
08:34Alors, l'affaire Simone Weber, c'est un souvenir particulièrement marquant dans votre vie de magistrat.
08:40Je crois que vous l'avez auditionné pas moins de 75 fois.
08:44Est-ce que vous diriez que vous la connaissiez parfaitement ?
08:47D'abord, ne minimisez pas mes mérites.
08:49C'est 77 fois que je l'ai entendu vous confronter.
08:53Vous savez, comme c'était assez long, 3 à 4 heures à chaque quête d'instruction,
08:59donc c'était parfois un petit peu difficile et assez pénible, j'imagine, pour elle,
09:04mais pour moi aussi, parfois.
09:07Alors, effectivement, compte tenu de la longueur de la procédure, ça reste un souvenir très, très marquant.
09:15Et puis, ça a été quand même une rude bataille procédurale, si l'on veut bien considérer,
09:22qu'elle a pris successivement, elle a fait appel à 25 avocats différents.
09:27des ténors du barreau de l'époque, maître Henri-René Garraud et puis maître Vergès,
09:35qui, pour les uns comme pour les autres, sont souvent venus à son secours pour des raisons publicitaires.
09:43Et comme il y avait toujours au moins 5 avocats dans mon cabinet,
09:46eh bien, c'était quelque part un mauvais calcul, puisque ceux qui étaient dans l'affaire
09:51essayaient d'empêcher les autres candidats d'y rentrer,
09:54ceux qui voulaient y rentrer,
09:56essayaient de faire débarquer ceux qui étaient déjà installés comme avocat de Mme Weber.
10:02Alors, dans un instant, vous allez nous raconter cette femme ordinaire,
10:06d'un point de vue, je dirais, d'apparence,
10:09et puis extraordinaire, évidemment, femme tueuse.
10:13Nous allons parler avec vous également et avec Jacques Dallest des femmes tueuses.
10:17C'est tout de suite sur Sud Radio, on retrouve nos invités.
10:21Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
10:25De retour dans l'affaire dans l'affaire,
10:27une émission en partenariat avec la revue Affaires criminelles,
10:30avec le rédacteur en chef avec nous, Victor Robert.
10:34Rebonjour.
10:35Notre Jade Serrano, également, est là, journaliste d'investigation.
10:39Nous parlons des femmes tueuses, qu'ont-elles de si spéciales ?
10:42Et en particulier, aujourd'hui, nous parlons avec Jacques Dallest,
10:46ex-procureur et auteur de ce livre sur les chemins du crime,
10:50et Gilbert Thiel, le juge d'instruction qui a été confronté à Simone Weber.
10:56Nous parlons de la diabolique de Nancy, mais aussi des femmes tueuses.
11:00Alors Gilbert Thiel, je rappelle que vous étiez donc juge d'instruction,
11:02vous avez fait 77 auditions de Simone Weber.
11:05Comment se comportait-elle avec vous ?
11:16Nous connaissons tous la photo, le visage de cette femme qui avait l'air très mamie gâteau.
11:26Comment était-elle en vérité ?
11:27Oui, enfin, c'était une mamie gâteau dont il fallait se méfier un petit peu.
11:32Alors elle avait un comportement, parfois elle était affable,
11:38parfois elle était souriante,
11:40mais elle pouvait rapidement transformer son regard en des yeux,
11:46puisque c'était la chanson de l'époque, en des yeux revolvers,
11:49celle qui avait le regard qui tue.
11:51Et donc, manifestement, elle avait tiré la première,
11:57et on a eu comme une relation de vieux couple,
12:03à savoir que parfois on se disputait, je dirais, pour des conneries,
12:07et puis parfois l'ambiance était un peu plus calme.
12:10Mais elle a essayé de se défendre comme elle l'a pu,
12:14avec son bataillon d'avocats.
12:19On est bien obligé de constater qu'en fin de course,
12:22elle n'a pas réussi à convaincre complètement
12:25le jury de la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle
12:29de l'innocence qu'elle proclamait,
12:31qu'elle a proclamé pendant les cinq ans d'instruction,
12:34qu'elle a proclamé encore à l'audience,
12:36et qu'elle a proclamé après avoir été libérée,
12:38après 1999.
12:41Donc elle est morte en contestant toujours les faits qui lui avaient été reprochés.
12:45Alors on dirait, est-ce qu'on pourrait dire que c'est une grande manipulatrice,
12:48elle est très sympathique, elle finit par avoir de la sympathie pour vous,
12:52elle vous donne des surnoms comme « mon poussin » ou « le shérif »,
12:55c'est quand même dire qu'une certaine forme de complicité
12:59qu'elle souhaite établir avec vous peut s'instiller.
13:03– Elle ne m'appelait pas directement dans mon cabinet « mon poussin »
13:07car j'ai quand même un peu le sens des convenances judiciaires.
13:13Et donc, c'est quand elle écrivait à sa sœur Madeleine,
13:16elle disait, elle écrivait parfois « j'ai vu le poussin ce matin,
13:20il avait l'air revêt avec son affaire des fausses factures,
13:23c'était l'affaire des fausses factures de Nancy à l'époque,
13:27il va bientôt mourir le poussin ».
13:29– Le seul qualificatif qu'elle m'a donné un jour en direct,
13:35elle m'a appelé Paul Touvier,
13:37donc ça lui a valu une expulsion immédiate de mon cabinet
13:45pour que chacun reprenne son calme
13:47et puis qu'on puisse reprendre le fil des interrogatoires
13:51dans des conditions un peu plus dignes.
13:54– Alors, j'avais envie de vous demander la question suivante,
13:57est-ce que dans la vie de tous les jours,
13:58c'est une femme qui, si elle vous avait invité pour l'apéritif,
14:02le thé ou le café, est-ce que vous lui auriez fait confiance ?
14:06– Pas forcément, et puis surtout, je vous ferai quand même remarquer
14:10que Simone Weber étant né en 1930 et moi en 1948,
14:15on n'était pas tout à fait de la même génération,
14:18donc je n'aurais probablement pas accepté
14:21pour des raisons qui ne vous échappent pas.
14:23– Mais c'était quelqu'un qui était quand même,
14:26je dirais, d'une conversation assez agréable,
14:30quelqu'un qui avait une certaine sociabilité,
14:32ce n'est pas une femme qui fait peur,
14:36parce que voyez-vous, souvent, quand on parle des hommes tueurs,
14:39on se souvient de Trébert, on se souvient de Francis Aulme,
14:45ce sont des gens qui font presque peur, naturellement.
14:48Elle, pas du tout, elle inspire une certaine forme de sympathie.
14:51– Oui, mais bon, on peut dire qu'effectivement,
14:57elle avait de la conversation, c'était une grande simulatrice,
15:02une dissimulatrice à la fois, d'ailleurs lorsqu'elle a réussi à épouser,
15:08à l'insu de son plein gré, son second mari,
15:11une personne qui avait une trentaine d'années de plus qu'elle,
15:18eh bien, elle s'était présentée comme étant professeure de philosophie,
15:22qu'elle n'était pas comme veuve, qu'elle n'était pas comme une femme sans enfant,
15:27qu'elle n'était pas.
15:28Donc, elle avait les armes, je ne vais pas dire de son sexe,
15:33mais enfin, elle avait en tout cas les armes de la simulation,
15:40et simplement, où elle pouvait faire peur,
15:44c'était chez ceux qui la connaissaient un tout petit peu.
15:47Et Bernard Hétier, le disparu,
15:49qui avait eu une liaison d'à peu près une année,
15:52qui avait commencé à la fin de l'année 81,
15:55et la rupture était intervenue un an plus tard,
15:58à la fin de l'année 1982,
16:00il faut quand même se rendre compte que quand il a disparu,
16:03cela faisait déjà près de trois ans,
16:06que la rupture entre deux avait été consommée.
16:09ce qui n'avait pas empêché Simone Weber de suivre Bernard Hétier,
16:13de le faire suivre, de faire un double de ses clés de voiture,
16:16de relever son compteur kilométrique,
16:18d'aller lui voler son courrier.
16:20Donc, Bernard Hétier a d'ailleurs dit à son ancienne maîtresse,
16:26le 22 juin au matin, chez qui il s'est réfugié,
16:29il lui a dit,
16:32tu sais, tu n'as pas l'air de me croire,
16:34mais elle m'attend avec le fusil.
16:37Et il a avoué, ce qui n'était quand même pas sans doute très facile de sa part,
16:42il a avoué à son ex que cette femme lui faisait peur.
16:46Alors, c'est jamais gratifiant pour des gens de ma génération,
16:50et celle de Bernard Hétier, d'avouer qu'il a peur d'une femme.
16:53Mais il y en a qui peuvent effectivement faire peur,
16:56même si les apparences sont affables et pas très inquiétantes.
17:03Alors, Jacques Dallès, qui est avec nous également,
17:05vous restez en ligne avec nous, Gilbert Thiel, Jacques Dallès.
17:08Oui, moi j'allurais le procureur général de ma part.
17:10Oui, bien sûr.
17:10Vous avez dit, le procureur général, ça va le mettre en colère.
17:14Jacques Dallès.
17:15C'est une contradiction qu'il ne mérite pas.
17:16Alors, Jacques Dallès a écrit sur les chemins du crime des affaires aussi,
17:20qui mêlent des femmes tueuses.
17:22Vous racontez notamment une affaire d'une si gentille petite dame,
17:26qui s'appelle Henriette Burdin,
17:28et qui va assassiner avec une incroyable sauvagerie son compagnon.
17:33Vous dites que souvent, il y a un moteur dans cette criminalité féminine,
17:37qui est l'humiliation, cette espèce de bombe à retardement,
17:40enfouie au plus profond de soi,
17:42et que souvent, c'est un drame de la conjugalité.
17:45Et quand cette conjugalité devient un cauchemar,
17:47ça se transforme en crime.
17:49J'allais vous demander, Jacques Dallès,
17:50qu'est-ce qui fait la différence entre les femmes tueuses et les hommes tueurs ?
17:55Alors, j'aime dire que les femmes tuent peu, mais tuent bien.
18:00Les femmes tuent, elles font tuer également,
18:02elles peuvent être dans un déchaînement de violence qui surprend.
18:07Et évidemment, souvent, leurs victimes sont dans leur proximité.
18:11C'est souvent des crimes de famille, crimes conjugales, crimes sur enfants,
18:14mais pas seulement.
18:15On a vu des femmes tueuses en série,
18:17des femmes complices de tuants en série,
18:19je pense à Monique Olivier.
18:20Donc, le ressort est souvent un ressort familial,
18:23mais ça peut être tout autre chose.
18:25On voit moins de femmes qui tuent pour de l'argent,
18:27quoique, ou pour des motifs idéologiques.
18:30Et Gilbert Hill sait bien que des femmes terroristes ont tué, évidemment.
18:35Donc, elles ne sont pas épargnées par tous les sentiments
18:37qui parcourent l'être humain,
18:39mais elles ont quand même une maîtrise d'elles-mêmes,
18:41de leur agressivité quand même plus forte
18:43que celle des hommes qui explosent.
18:45Mais néanmoins, elles peuvent être victimes,
18:47enfin, elles peuvent être sujets à des sentiments très, très particuliers.
18:50Et ça peut...
18:51Ce n'est pas forcément prémédité,
18:54mais ça peut partir dans un déchaînement
18:55qui les surprend elles-mêmes.
18:57Et quand on les met en cause,
18:59on les met en examen,
19:00elles sont même surpris de leurs gestes.
19:02Et finalement, pour beaucoup,
19:03en tout cas celles que j'ai rencontrées,
19:05elles sont presque soulagées
19:06d'être débarrassées d'un poids.
19:09Parce que souvent, le mari tue sa femme
19:10pour ne pas qu'elle le quitte,
19:12et la femme tue le mari ou le conjoint
19:13pour qu'elle le laisse tranquille.
19:15Il y a un peu ce rapport ambigu
19:16qui fait qu'on a des situations très surprenantes
19:19avec des femmes qui sont au-dessus de tout soupçon
19:21et qui peuvent basculer dans la criminalité,
19:24dans le crime.
19:24Alors, la différence entre l'affaire Simone Weber,
19:27où on voit que c'est vraiment une manipulatrice,
19:29quelqu'un qui est capable de préparer longtemps à l'avance,
19:31de commander une meuleuse à béton
19:33pour faire disparaître le corps, etc.
19:35Vous racontez des tas de situations de femmes
19:38qui, elles, vont tuer un jour leurs compagnons
19:42parce qu'elles n'en peuvent plus.
19:44Et c'est le jour de trop.
19:45Et ça bascule dans une violence assez peu prémettitée, finalement.
19:50Donc, on n'a pas nécessairement affaire
19:53à des femmes tueuses de sang-froid.
19:56Oui, elles sont plus rares,
19:59même si certaines arrivent.
20:01On vous jugera, je crois, à la fin de l'année,
20:04la femme qui est accusée du meurtre de la petite Lola.
20:07Drôle d'affaire.
20:08Et donc, on a des situations de cette nature.
20:10Mais elles sont dans ce rapport d'immédiateté
20:12avec, quelquefois même, une aptitude à aller très loin.
20:17On connaît des femmes qui ont dépossé
20:19le corps de leur victime, coupé en morceaux.
20:20Des femmes, rien ne permettait de dire
20:24qu'elles commettraient un acte pareil.
20:26Donc, ce qui, d'ailleurs, permet de dire
20:28que tout être humain peut, un jour,
20:29être pris d'une pulsion meurtrière
20:31dans un certain contexte.
20:33Et ça, c'est la grande surprise.
20:34Et les jurés ont du mal, quelquefois...
20:37Pour eux, ça les interpelle d'avoir à juger
20:39une femme accusée de meurtre
20:41ou de complicité de meurtre.
20:43On vous retrouve dans un instant,
20:44ainsi que Gilbert Thiel.
20:46On parle des femmes criminelles,
20:47aujourd'hui, dans l'affaire dans l'affaire.
20:48A tout de suite sur Sud Radio.
20:50L'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
20:54Retour dans l'affaire dans l'affaire,
20:56sur Sud Radio, une émission en partenariat
20:58avec notre revue Affaires criminelles,
21:01dont la rédaction en chef est ici,
21:03présente dans nos studios.
21:05Voilà, Victor Lefebvre est avec nous,
21:07ainsi que Jade Serrano,
21:09journaliste d'investigation.
21:10Nous parlons aujourd'hui des femmes criminelles.
21:12Nous avons parlé de l'affaire Simone Weber
21:14avec le magistrat Gilbert Thiel.
21:17D'ailleurs, dans votre livre
21:19« Femmes criminelles » paru chez Mareuil Édition,
21:22vous racontez d'autres affaires
21:24mêlant des femmes tueuses,
21:25Gilbert Thiel.
21:26Et j'avais envie de vous poser la même question
21:29qu'au procureur d'Allest.
21:31Qu'ont-elles de si différentes des hommes,
21:35ces femmes criminelles ?
21:36Celles que vous avez pu rencontrer
21:38dans votre carrière de magistrat ?
21:39J'en ai rencontré bien sûr quelques-unes
21:42et mon livre n'est pas consacré
21:44qu'aux affaires que j'ai instruites.
21:46Moi, ce qui m'a le plus frappé,
21:49lorsque la chambre féminine
21:50se met à franchir les bornes de la légalité
21:54dans le domaine des crimes de sang,
21:57c'est leur résilience.
21:59Elles sont beaucoup moins facilement
22:01déstabilisables pendant les gardes à vue
22:05et pendant les interrogatoires.
22:06Il n'y a pas eu que le cas de Simone Weber
22:08parce que j'ai eu un certain nombre d'affaires
22:10où les femmes ont reconnu leur implication
22:15dans le crime de sang
22:18mais se sont révélées très très peu desertes
22:21ou complètement hostiles
22:23à la simple possibilité d'évoquer les raisons
22:27pour lesquelles elles étaient passées à l'acte.
22:30Et puis une chose,
22:31je viens d'entendre le procureur général
22:33qui disait que les femmes tueuses de sang
22:36en froid, il y en a certainement moins statistiquement.
22:39Mais je ferai remarquer que dans le domaine du terrorisme,
22:42par exemple,
22:43et ça ne date pas de Daesh ou de Al-Qaïda
22:45où petit à petit les femmes ont su se faire leur place
22:48dans ces organisations criminelles,
22:51mais à l'époque des années 70 et des années 80,
22:55dans la route armée fractionne la bande abadère,
22:58lorsqu'on s'aperçoit que la plupart des commandos
23:01étaient composés majoritairement
23:03ou parfois exclusivement de femmes.
23:06Mais moi, je me souviens de cette époque-là,
23:09je disais, quand j'allais en Allemagne
23:11pour des affaires transfrontalières,
23:15eh bien dans les commissariats allemands,
23:18il y avait une photo avec un homme et une femme
23:20et le texte disait,
23:22si vous êtes en face de deux terroristes
23:24et qu'il y a une femme parmi elles,
23:26tuez d'abord la femme, sinon vous êtes mort.
23:28Ça, c'est pour le sang-froid dans la maîtrise des armes à feu.
23:31J'appellerais aussi que le geôlier
23:34du président du conseil italien Aldo Moro,
23:37qui avait été enlevé avant d'être assassiné
23:40par les brigades rouges italiennes,
23:42eh bien c'était une geôlière.
23:44Et j'évoque à travers mon ouvrage
23:48cette montée en puissance dans le crime,
23:50là c'est le crime idéologique,
23:52mais comme l'a fait remarquer Jacques Dallès,
23:54qu'il y a un certain nombre de femmes,
23:56et pas uniquement Simone Weber,
23:58qui vont découper en X morceaux
24:02leur compagne ou leur compagnon
24:05selon les choix sexuels des unes et des autres,
24:10et avec un sang-froid qui est assez extraordinaire.
24:13Alors dans votre livre, justement,
24:15dans vos recherches,
24:16vous êtes intéressé aux femmes nazies,
24:18vous êtes intéressé aux femmes de l'époque victorienne,
24:20puis vous êtes aussi intéressé aux femmes djihadistes,
24:22et vous dites que finalement,
24:25elles sont particulièrement violentes.
24:27Vous partagez ce sentiment, Jacques Dallès ?
24:33Oui, oui, tout à fait.
24:34C'est vrai que l'idéologie,
24:36ça rend insensible d'une certaine manière.
24:39On l'a vu avec Action Directe aussi.
24:41Nathalie Minigon,
24:42qui n'était pas la dernière à avoir tué.
24:44Donc ça, ça surprend.
24:46On est dans un autre schéma
24:47que les jurés ordinaires ne connaissent pas,
24:49puisque ce sont des affaires de terrorisme,
24:51un peu hors normes,
24:53des gens très déterminés,
24:55qu'on a du mal à appréhender,
24:57qui ont pris plein de formes de fanatisme.
25:01Et effectivement, leur dureté,
25:03et comme le disait Gilbert,
25:05leur résilience leur permet d'arriver assez froidement,
25:07jusqu'à l'acte,
25:08et même après l'acte,
25:09et moi je l'ai constaté dans le domaine du crime ordinaire,
25:12que lors des reconstitutions,
25:14elles se prêtaient volontiers aux reconstitutions.
25:16Elles n'étaient pas forcément effondrées
25:18à l'idée de refaire le geste de leur crime.
25:21Donc une forme de solidité mentale,
25:23peut-être supérieure.
25:24Peut-être détermination, quelque part.
25:26Et finalement,
25:28ça peut d'ailleurs bien se terminer devant une cour d'assises,
25:30parce qu'elles vont reconnaître les faits,
25:32elles ne vont pas forcément s'effondrer en sanglots,
25:34et comme elles n'ont pas forcément d'antécédent judiciaire,
25:37les verdicts, les peines,
25:39peuvent être inférieures à celles des hommes.
25:40Alors ça, c'est intéressant.
25:41On va y revenir tout à l'heure.
25:43Je vous demanderais si, effectivement,
25:44on observe que la justice est un peu plus clémente,
25:47et je vous demanderais également,
25:48est-ce qu'il y a plus de réinsertions chez ces femmes
25:54une fois qu'elles ont été condamnées et purger leur peine ?
25:56Mais je voudrais que Jade Serrano nous raconte
25:58une intrigante affaire,
26:00celle de Mme Conce-Bout-de-Boule,
26:01celle que l'on a appelée la Dame d'Orléans
26:03ou la Dame de Fer.
26:04C'est un grand fait divers aussi,
26:06avec une femme tueuse qui commandite un meurtre.
26:09Exactement, qui commandit deux meurtres, en fait, Stéphane.
26:12Elle s'appelle Marie-Élisabeth Conce.
26:14Elle est née en 1924 à Orléans
26:16et elle est, étonnamment, avocate de profession.
26:20Elle a une fille d'Harry,
26:21qui va rencontrer, lors d'un match,
26:24Jacques Perrault, éminent avocat et amie de Laurent Fabius.
26:28Ensemble, ils vont rapidement se marier
26:30et avoir un enfant, Adéliens.
26:32Bon, les années passent, le couple bat de l'aile
26:34et du coup, Jacques Perrault décide de divorcer
26:37avec, au milieu, la garde de leur enfant.
26:40Ils se bataillent, les deux,
26:41d'Harry et Jacques,
26:42pour obtenir la garde d'Adrien en garde alternée.
26:45Et puis, Jacques Perrault va avoir des soupçons
26:48concernant sa belle-mère, Marie-Élisabeth Conce,
26:50et il va se rendre auprès du Conseil de l'Ordre des Avocats
26:53et découvrir que celle-ci est radiée du barreau de Paris
26:56depuis des années pour des questions de conflits d'intérêts,
27:01et de corruption.
27:04Donc, il décide de prendre attache avec Marie-Hélène Conce
27:07et d'essayer de gérer une pression auprès d'elle
27:10en disant, soit tu m'aides et j'ai Adrien chaque semaine,
27:14soit je te dénonce auprès de ta propre famille.
27:17Sauf qu'il va penser être malin,
27:19mais il va surtout révéler la noirceur de Marie-Élisabeth Conce
27:22qui va, dès lors, embaucher quelqu'un
27:25et le faire abattre devant son appartement.
27:28De plein, sans froid et avec un calcul de préméditation.
27:31Simone Véner, Véner, Véner et Véber.
27:35Trois balles de 22 longs rifles.
27:37C'est un peu à la mode.
27:39Et donc, elle va écoper ensuite de 15 ans de réclusion criminelle.
27:42Surtout que les deux femmes se ressemblaient,
27:44la ressemblée entre Conce Bout-Bout et Simone Véber.
27:46Vous racontez ces deux affaires dans Affaires criminelles de ce numéro 3
27:50qui est actuellement en kiosque et en librairie.
27:54Sur Internet, les photos, elles se trompent.
27:56Les deux affaires, c'est à quelques mois d'intervalle seulement.
27:59C'est très troublant.
28:00C'est vrai que c'est ce que je disais tout à l'heure.
28:01Quand on se souvient du physique, encore une fois,
28:04de Francis Holm ou de Jean-Pierre Trébert,
28:07ça n'a rien à voir.
28:08Ces femmes, elles inspirent.
28:10Elles sont parfaitement normales, Jacques Dalleste.
28:12Vous qui en avez croisé quelques-unes
28:14qui avaient, après des drames de conjugalité,
28:17plus ou moins divers,
28:19vous avez raconté plusieurs de ces affaires
28:21sur les chemins du crime.
28:23Ces femmes, vous les croisez en situation,
28:25elles sont parfaitement ordinaires.
28:27Mais vous allez me dire, de toute façon,
28:28les criminels sont toujours ordinaires, n'est-ce pas Jacques ?
28:31Oui, je dis souvent que le crime, c'est un acte extraordinaire
28:34mais commis souvent par des gens ordinaires.
28:36Et dans ces situations-là, on a ça.
28:38À la grande surprise des jurés
28:40qui voient une femme qui pourrait être leur voisine
28:42et qui est accusée d'avoir tué toute sa famille
28:44ou d'avoir tué son conjoint de façon terrible.
28:47On a ces disproportions
28:48entre la présumée gentillesse des femmes naturelles,
28:53leur côté pacifique,
28:55et puis la violence de l'acte.
28:57Et certaines, on a du mal à les remettre en situation.
29:00C'est pour ça que quand elles ne sont que complices d'un crime,
29:03quand elles sont jugées avec celui qui a tué,
29:05elles s'en tirent mieux
29:06parce que souvent elles jouent un peu plus les soumises
29:08et on sait que dans certains cas,
29:10c'est elle qui a été l'instigatrice de crimes.
29:13Et finalement, ce côté un peu, comment dire, surprenant,
29:16leur profite au moment du verdict.
29:18Et moi, j'ai constaté dans les affaires que je relate
29:20que la femme était moins sanctionnée
29:23à quelques années près,
29:24quelquefois que l'homme,
29:25rarement plus que l'homme.
29:26Comme si elle avait une forme d'excuse
29:28ou qu'elle aurait été elle-même manipulée,
29:31soumise, alors que ce n'est pas toujours
29:33et même pas souvent le cas.
29:34Alors, dans un instant,
29:35je vous propose de rester en ligne,
29:37Gilbert Thiel et puis Jacques Dallès,
29:39de rester avec nous
29:39parce qu'on va parler des modus operandi
29:42de ces femmes tueuses.
29:44On parle souvent d'empoisonnement,
29:46mais il n'y a pas que cela.
29:47Les armes blanches aussi.
29:49Et puis, qui sont ces femmes meurtrières ?
29:51Est-ce qu'elles utilisent des armes à feu ?
29:53L'asphyxie, l'étouffement, la noyade ?
29:55On parle de tout ça,
29:57on fait l'autopsie de tout ça
29:58avec vous sur Sud Radio.
30:00A tout de suite.
30:01Sud Radio, l'affaire dans l'affaire,
30:04Stéphane Simon.
30:05Retour dans l'affaire dans l'affaire,
30:07une émission en partenariat
30:07avec la revue trimestrielle
30:09Affaires criminelles
30:10en compagnie de Victor Lefebvre,
30:12toujours,
30:13Jade Serrano,
30:14journaliste d'investigation
30:15et aujourd'hui,
30:16dossier spécial sur les femmes tueuses,
30:19perverses, manipulatrices, mythomanes.
30:22Avez-vous titré Victor Lefebvre ?
30:25Quatre affaires racontées.
30:27Et quatre affaires racontées
30:28parmi 17 cold cases
30:30et affaires à découvrir
30:32dans ce dernier numéro
30:33d'affaires criminelles absolument passionnant.
30:35Alors Jacques Dallest,
30:35vous êtes invité de notre émission
30:38ainsi que Gilbert Thiel.
30:39Vous avez en commun
30:40d'avoir été tous les deux
30:41de grands magistrats.
30:43Je voudrais qu'on parle ensemble
30:45des chiffres
30:45parce qu'ils sont absolument intéressants
30:47en ce qui concerne
30:48les femmes tueuses.
30:50D'abord, vous avez raison,
30:51Victor Lefebvre,
30:5196% des crimes
30:53sont commis par des hommes.
30:54Le chiffre est vraiment
30:55sans appel.
30:56Il y a vraiment
30:57une très grande différence
30:58et le crime est plutôt masculin
31:01que féminin.
31:02Alors ensuite,
31:03en ce qui concerne
31:04les femmes tueuses,
31:06elles utilisent souvent
31:07l'empoisonnement.
31:08Une méthode discrète.
31:1120 à 30%
31:12des femmes meurtrières
31:14utilisent l'empoisonnement.
31:16Alors Jacques Dallest,
31:18peut-être d'abord,
31:18puis ensuite Gilbert Thiel,
31:19comment elles opèrent
31:21souvent ces femmes ?
31:22Alors c'était
31:23l'arme fatale
31:24utilisée dans les temps anciens.
31:26Les fameux empoisonnements,
31:27la marquise de Brunvilliers,
31:28Madame de Montespan,
31:29etc.
31:30Aujourd'hui,
31:31c'est moins le cas.
31:32On peut penser d'ailleurs
31:33que certains crimes
31:34restent impunis
31:35parce que finalement
31:36la victime a été tuée
31:36par empoisonnement
31:37mais personne n'a détecté
31:38l'empoisonnement.
31:39C'est quelque chose
31:40d'insidieux,
31:41c'est quelque chose
31:41qui se fait au jour le jour,
31:43qui touche généralement
31:43le conjoint.
31:45Et si le médecin traitant
31:46arrive et constate le décès
31:48sans se poser trop de questions
31:49sur les causes de la mort
31:50parce que la victime
31:51était assez âgée,
31:52on peut passer à côté
31:53d'un crime prémédité
31:55qui est celui de l'empoisonnement.
31:56Et donc c'est le meurtre
31:57par petite dose.
31:59Mais dans la réalité
32:00criminologique d'aujourd'hui,
32:01on en rencontre assez peu,
32:03finalement,
32:04ce genre de choses.
32:05Ce qui ne veut pas dire
32:06qu'il n'y a pas des homicides
32:06par empoisonnement,
32:07des empoisonnements,
32:09c'est quelque chose
32:09qui a un peu disparu.
32:10Et aujourd'hui,
32:10on a quand même
32:11des moyens toxicologiques
32:12pour analyser très clairement
32:14le sang de la victime
32:16et déterminer
32:16s'il y a eu
32:17usage de produits
32:19dangereux,
32:20de produits laitaux.
32:21Alors, Gilbert Thiel,
32:24je vous donne
32:24un autre chiffre.
32:26Les armes à feu
32:27sont utilisées
32:28dans à peine 10%
32:29des homicides féminins.
32:31On voit que les femmes
32:32ont plutôt tendance
32:34à recourir
32:35à des armes blanches,
32:36souvent des couteaux de cuisine,
32:38des choses finalement
32:39de l'ordinaire du foyer.
32:43Vous confirmez aussi
32:44vos expériences de magistrats.
32:46Il y a assez peu
32:47d'armes à feu utilisées
32:49dans les meurtres
32:49qui mettent aux prises
32:51des femmes.
32:53Je n'ai pas d'idée précise
32:54sur les chiffres.
32:57Mais je reviens
32:58sur ce que disait Jacques Beste.
33:00La première,
33:01c'est pour les poisons.
33:02D'abord,
33:03pendant tout le 19e siècle
33:04et encore au début
33:05du 20e siècle,
33:07les empoisonnements,
33:08c'était des empoisonnements
33:09à l'arsenic,
33:10c'est-à-dire à la morroa.
33:11Eh bien,
33:12il se trouve que
33:12les symptômes
33:14de ceux
33:14qui avaient été empoisonnés
33:17à l'arsenic
33:18étaient les mêmes
33:18que ceux
33:19qui étaient victimes
33:20du choléra.
33:21Donc,
33:22la plupart du temps,
33:23il y a un chiffre noir
33:24absolument considérable
33:25sur tout le 19e siècle
33:28et encore le début
33:29du 20e siècle.
33:30Et comme le disait
33:31Jacques Galeste,
33:32la plupart du temps,
33:34le médecin
33:35ne faisait pas
33:37la relation
33:39avec l'administration
33:40de produits toxiques
33:41et on a fait
33:43la première expertise
33:44de toxicologie
33:45médico-légale
33:46en 1840,
33:47c'était dans l'affaire
33:48de Marie Lafarge.
33:50Donc,
33:50sur le passé,
33:51déjà,
33:51on ne peut pas avoir
33:52une vision statistique
33:55qu'un temps soit
33:56peu performante.
33:57Maintenant,
33:58ce n'est plus
33:59l'arsenic
34:00et la morroa
34:01qui a servi
34:02à envoyer
34:03à Patrice
34:03des quantités énormes.
34:05Par exemple,
34:05chez LNG Gadeau,
34:06la bonne de curé
34:07à la fin du 19e siècle,
34:10les historiens pensent
34:11qu'elle a débuté
34:12une centaine
34:13de paroissiens
34:14divers et variés.
34:16Maintenant,
34:17ce sont plutôt
34:18les intoxications
34:19médicamenteuses
34:20et comme ça se passe
34:21souvent dans la sphère
34:23familiale,
34:24c'est assez difficile.
34:26Alors,
34:26ce qu'on utilise
34:27assez fréquemment
34:28pour se débarrasser
34:29d'un vieux mari,
34:30c'est la digitaline,
34:32c'est un produit,
34:33c'est un médicament
34:34qui est extrêmement toxique
34:35chez les personnes âgées.
34:37Donc,
34:38chez les jeunes femmes
34:39qui ont épousé
34:39de vieux monsieur,
34:41ça peut être
34:41un excellent moyen
34:42de se débarrasser
34:43d'un conjoint
34:44devenu encombrant
34:46et d'hérité
34:47avec une célérité
34:48qui n'était pas
34:49initialement prévue.
34:51Donc,
34:52les arme-feux,
34:53ça arrive parfois,
34:54c'est un peu
34:54comme pour la mécanisation
34:56dans la disparition
35:01du corps,
35:01que ce soit
35:02Simone Weber
35:03ou que ce soit
35:04d'autres personnes
35:05qui ont découpé
35:06en X morceaux
35:07leur conjoint
35:09ou leur amant,
35:10je ne vois pas
35:11pourquoi
35:11les femmes
35:13ne s'adapteraient pas
35:14aux nécessités
35:16du progrès.
35:17Donc,
35:17maintenant,
35:18on n'utilise plus
35:19des couteaux
35:21de cuisine,
35:22de sa dotation personnelle,
35:24on utilise
35:25des disqueuses
35:26à béton
35:26ou on utilise
35:28d'autres moyens
35:29à la technologie
35:31plus affirmée.
35:31Alors,
35:32Jacques Balaise,
35:32vous vouliez réagir,
35:33je crois.
35:33pensons aussi
35:34aux infirmières
35:36diaboliques.
35:37Dans l'histoire mondiale,
35:39dans l'histoire de France,
35:40on a eu un certain
35:41nombre de femmes
35:41qui ont tué
35:42leurs patients,
35:43souvent dans des hôpitaux,
35:44dans des EHPAD,
35:46en leur administrant
35:47des produits toxiques
35:47de façon assez
35:49invisible
35:50et avec une espèce
35:51de sentiment
35:52de toute puissance
35:54capable de donner
35:55la mort
35:56à des gens
35:56en situation
35:57de faiblesse.
35:57c'est aussi
35:58une problématique
35:58un peu spécifique.
36:00L'infirmière diabolique,
36:01on en a jugé une
36:02à Chambéry
36:03et ça interroge
36:05toujours
36:05sur ce passage
36:07à l'acte.
36:08Je pense que c'est
36:09le sentiment
36:09de toute puissance
36:10qui doit les animer.
36:11Alors,
36:11il y a une famille
36:12très représentée
36:14de crimes
36:14chez les femmes
36:16tueuses,
36:16on en parle
36:17très peu,
36:18ce sont les cas
36:19d'infanticides
36:20et là,
36:20pour le coup,
36:21on aurait tendance
36:21à penser que ce sont
36:22plutôt les hommes
36:23qui s'énervent
36:24des enfants
36:25et qui finissent
36:26parfois avoir
36:27la main
36:28beaucoup trop lourde.
36:30Pas du tout.
36:30Les infanticides
36:31de nourrissons,
36:32c'est beaucoup plus
36:33les femmes.
36:3370 à 80%
36:35sont commis
36:35par des femmes.
36:37C'est souvent
36:38lié à des dénis
36:39de grossesse,
36:40à de l'isolement
36:40social,
36:41à de la détresse
36:41psychologique,
36:42à tout un tas
36:42de facteurs-causes.
36:46C'est vrai
36:47que dans les profils
36:48de femmes tueuses,
36:49il y a énormément
36:49finalement de femmes
36:51qui font
36:52des infanticides,
36:53Jacques.
36:54Ça aussi,
36:55moins aujourd'hui
36:56qu'à une époque
36:56parce qu'il y a
36:57des pratiques
36:58qui n'existaient pas
37:00à une certaine époque
37:01et puis il y avait
37:02évidemment beaucoup
37:03moins de tolérance
37:03vis-à-vis de ce genre
37:04de choses.
37:04J'en ai rencontré,
37:05je pense que Gilbert
37:06aussi dans sa carrière,
37:08on se souvient d'une femme
37:08qui avait accouché
37:10de son enfant.
37:11Ce n'était pas
37:11un déni de grossesse,
37:12c'était un accouchement.
37:13Elle avait jeté,
37:14elle a jeté l'enfant
37:15aux vies d'ordures
37:16à peine nées,
37:17aux vies d'ordures
37:17de la collectif,
37:18de l'immeuble,
37:19des actes extrêmes.
37:20On arrive très vite
37:21à identifier la mère.
37:23Aujourd'hui,
37:23avec l'ADN,
37:24si on dépose un enfant,
37:27on peut retrouver
37:27facilement la mère,
37:29mais on a cette problématique
37:30et on va juger,
37:31je crois,
37:31à la fin de l'année,
37:32la martyr de la 10,
37:34petite gamine,
37:35et les deux parents
37:36sont impliqués.
37:37C'est une affaire incroyable.
37:38On a mis 30 ans
37:39à la résoudre.
37:41Ce qui prouve
37:41qu'évidemment,
37:42l'enfant peut être
37:43la cible.
37:44Une querelle,
37:45une colère,
37:46des enfants torturés
37:47par la mère,
37:49prêts à des choses
37:50extrêmes
37:50qui va jusqu'à la mort.
37:52Alors,
37:53vous racontez,
37:53il y a une chose
37:55absolument passionnante
37:56dans votre livre
37:57sur les chemins du crime,
37:58vous racontez
37:58l'affaire de Joël Dufault,
38:0022 ans,
38:01qui a rencontré
38:02très tôt son mari
38:03avec qui elle a eu
38:04un enfant
38:04et qui,
38:06avec le temps,
38:07a fini par ne plus
38:08le supporter.
38:09Il devient violent,
38:10il devient de plus en plus
38:11pervers,
38:11il exige des choses
38:13de sa part
38:14tout à fait équivoques
38:16et des fantaisies sexuelles
38:18qu'elle n'aime pas.
38:20C'est vrai
38:21qu'il y a aussi,
38:23souvent,
38:23chez la motivation
38:24de ces femmes tueuses,
38:26ce sont des sexualités
38:28qui se passent mal.
38:30Oui,
38:30c'est la difficulté,
38:31l'impossibilité
38:32de cohabiter
38:33avec son conjoint
38:34pour différentes raisons,
38:35qui est tyrannique,
38:36qui est violent,
38:37qui est alcoolique,
38:37parce que malheureusement,
38:38l'alcool est aussi
38:39une cause
38:40de différents
38:41qui disputent.
38:42c'est insupportable
38:45et au bout d'un moment,
38:47ça peut exploser.
38:48Certaines souffrent
38:49en silence,
38:50certaines même meurent
38:51sous les coups
38:52de leur conjoint,
38:52malheureusement,
38:53on le voit régulièrement,
38:54et d'autres,
38:55à un moment,
38:55réagissent et tuent,
38:57pas forcément
38:57de façon préméditée,
38:59mais elles en ont marre.
38:59Elles en ont marre,
39:00oui.
39:00Et ça explose.
39:01Oui.
39:01Alors Gilbert Hill,
39:02justement,
39:03vous avez eu
39:03des meurtres comme ça,
39:05motivés par des refus
39:08de domination sexuelle
39:09dans votre carrière
39:11de magistrat ?
39:13Oui,
39:13mais c'était
39:15des affirmations.
39:17Vous comprenez bien
39:18que dans ce domaine-là,
39:19le domaine
39:20de l'administration
39:22de la preuve
39:22est particulièrement difficile.
39:25Donc,
39:25la tentation légitime
39:27chez celui
39:28qui doit répondre
39:29d'un crime de sang
39:30est de trouver
39:31et d'expliquer
39:34le pourquoi
39:35du passage à l'acte.
39:37Et de ce côté-là,
39:38on est quand même
39:39en général
39:39relativement démuni
39:41pour en apprécier
39:43la sincérité
39:44et tout ce qu'on peut faire,
39:47c'est d'en apprécier
39:47éventuellement
39:48la crédibilité.
39:52Donc,
39:52ce qui m'a le plus frappé
39:54chez les femmes,
39:55et je raconte notamment
39:56dans mon livre
39:58le cas
39:59d'une nommée
40:00Laurence Bailly
40:00qui a mis le feu
40:02à la chambre
40:03de ses deux enfants
40:04qui étaient âgés
40:07de 3 ans
40:08et de 18 mois,
40:09les deux enfants
40:10ont péri
40:11dans l'incendie.
40:13Je ne sais toujours pas
40:14aujourd'hui,
40:15et c'est une affaire
40:16qui date
40:16de l'année 1985,
40:19une période
40:20du milieu
40:21des années 80
40:22où il y a eu
40:23successivement
40:24l'affaire Gégory,
40:25l'affaire Cibou-de-Vert,
40:26l'affaire Ponce-Boule-Boule,
40:27tout ça,
40:28c'est fin 84,
40:29fin 85,
40:30c'est une année.
40:30Il y avait eu
40:32cette affaire
40:32qui a moins
40:34défrayé la chronique
40:35d'une jeune femme
40:36de dombales sur meurtre
40:38qui a mis le feu
40:40à la chambre
40:41de ses enfants.
40:43– Allez,
40:44alors pardon,
40:45je crois qu'on vous a perdu.
40:46Je voudrais rappeler
40:47le titre de votre livre
40:49« Femmes criminelles
40:50Gilbert Thiel ».
40:51Merci d'avoir été
40:52avec nous.
40:53Je voudrais remercier
40:53aussi Jacques Dallest.
40:56Je rappelle le titre
40:57de votre dernier livre
40:57« Sur les chemins du crime »
40:59paru aux éditions Marie.
41:00Vous avez d'ailleurs
41:01le même éditeur.
41:02Dites-moi,
41:02c'est étonnant
41:03pour deux magistrats,
41:04vous êtes publiés
41:05aux mêmes éditions.
41:08Victor Lefebvre,
41:09vous nous montrez
41:10Affaires criminelles
41:11numéro 3
41:11qui est en kiosque.
41:12Les femmes tueuses,
41:13dossier spécial
41:14sur ces femmes.
41:15– Et un entretien
41:15avec le médecin légiste
41:16Philippe Boxo.
41:17– Absolument,
41:18très intéressant.
41:19Vous pouvez retrouver
41:19notre émission
41:20sur la chaîne YouTube
41:21de Sud Radio.
41:21On se retrouve
41:22la semaine prochaine,
41:23midi,
41:24pour une nouvelle
41:24Affaire dans l'affaire.
41:26A tout de suite
41:26sur Sud Radio
41:27avec Alain Marty
41:27qui vous amène
41:28sur les routes
41:28des vins de France.