Après le veto américain au Conseil de sécurité, l'Assemblée générale de l'ONU s'apprête la semaine prochaine à voter une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza et appelant à des mesures renforcées pour faire respecter le droit international par Israël. Emmanuel Macron plaide pour une reconnaissance de l'État palestinien. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 13 juin 2025.
00:02Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka.
00:10Bonjour et bienvenue sur RTL, Joshua Zarka.
00:12Bonjour.
00:13Israël a donc frappé l'Iran cette nuit et a tué entre autres le chef des gardiens de la révolution, Osin Salami, ou encore le chef d'état-major iranien.
00:21Monsieur l'ambassadeur, Israël vient-elle de déclarer la guerre à l'Iran ?
00:26Non, ce n'est pas une guerre, c'est une opération de décapitation et une opération qui a pour but d'arrêter le programme nucléaire,
00:34surtout d'arrêter le programme nucléaire iranien, qui avançait d'une façon très dangereuse ces derniers temps.
00:39Une opération de décapitation, dites-vous, c'est-à-dire que vous voulez faire tomber toutes les têtes du régime ?
00:43Non, non, non, nous avons fait tomber la direction, disons le dirigeant de la défense iranienne, de l'armée iranienne,
00:53mais surtout c'est l'idée de faire tomber, d'arrêter le programme nucléaire qui avançait d'une façon très dangereuse.
01:01Vous savez, dans chaque programme nucléaire, il y a trois éléments.
01:04Le premier est un élément de missiles.
01:07Les Iraniens ont des missiles très développés qui peuvent arriver non seulement en Israël, mais sur une grande partie de l'Europe.
01:13Et ensuite, du matériel fissile, nous avons vu sur le rapport de l'AEA que les Iraniens avaient suffisamment de matériel fissile
01:24pour un arsenal de huit bombes nucléaires, et nous avons eu des renseignements ces derniers temps
01:30que les Iraniens développaient des capacités d'armement, donc se prendre ce matériel fissile et en faire une bombe.
01:36Et donc, nous étions obligés d'arrêter ce programme qui était un programme existentiel, dangereux.
01:43Monsieur l'ambassadeur, ces opérations sont-elles destinées à s'arrêter rapidement
01:47ou est-ce qu'on est entré dans une opération de longue durée, comme ça a été le cas il y a quelques mois au Liban, par exemple ?
01:53Non, ce n'est pas le cas.
01:55C'est ponctuel.
01:56C'est ponctuel, c'est pour détruire les capacités nucléaires iraniennes.
02:02Une grande partie d'entre elles le sont déjà détruites.
02:04Il y a eu cinq vagues d'attaques depuis 3h du matin jusqu'à présent.
02:09Une grande partie des capacités nucléaires iraniennes ont déjà été détruites.
02:13Cette opération peut durer encore quelques jours, mais ce n'est pas une opération de quelques mois ni de quelques semaines.
02:18Vous avez, j'imagine, vu et entendu la déclaration du guide suprême iranien
02:22qui menace Israël d'un sort amer et douloureux.
02:26Ne craignez-vous pas un engrenage que vous ne pourriez pas maîtriser ?
02:30Vous savez, les Iraniens, depuis très longtemps,
02:34ont fait de longues déclarations, de déclarations très claires au fait que nous devions disparaître.
02:40Le guide suprême lui-même parle d'Israël comme un cancer qui doit disparaître du Moyen-Orient.
02:46Et quand un régime comme l'Iran développe des capacités de nous détruire
02:52et ensuite dit d'une façon très claire qu'il a l'intention de le faire,
02:56nous sommes bien obligés de prendre des actions pour les en empêcher.
03:01Ce sont des actions que vous avez...
03:01N'oublions pas que l'Iran est derrière le 7 octobre.
03:06Alors si quelqu'un avait des doutes au sujet de ce que l'Iran était prêt à faire pour nous détruire,
03:11aujourd'hui nous n'en avons aucun.
03:13Un peuple comme le peuple juif qui a l'histoire que nous avons
03:17ne peut pas se permettre de laisser l'Iran développer des capacités de nous détruire.
03:22Mais on a l'impression qu'Israël avance de manière isolée.
03:25Dans la journée d'hier, Donald Trump, le président américain, avait dit
03:28rester engagé à régler de manière diplomatique la question du nucléaire iranien
03:32et avait exhorté Israël à ne pas mener de frappe contre l'Iran.
03:37Ce risque de l'isolement, vous le prenez ?
03:39Je ne pense pas vraiment qu'il y ait un risque d'isolement.
03:44Si je ne me trompe, les Américains ont déjà annoncé
03:47qu'ils allaient aider à la défense d'Israël suite à cette attaque.
03:52Et ensuite, je sais qu'il y avait des discussions très intenses
03:56à plus haut niveau entre nous et les Américains.
03:58Est-ce qu'il y a dans ces frappes israéliennes de ces dernières heures
04:00une volonté d'empêcher les discussions qui étaient prévues dimanche à Oman ?
04:04Non, pas du tout.
04:04Non ?
04:04Non, pas du tout.
04:06Vous savez, n'oublions pas...
04:07Il va quand même falloir continuer à parler ?
04:09Non, mais n'oublions pas que les présidents américains
04:11donnaient 60 jours à ces discussions.
04:13Nous sommes au 61e jour.
04:17Premièrement.
04:18Secondo, le président a dit...
04:19Vous savez qu'il y avait un rendez-vous qui était prévu dimanche à Oman ?
04:22Oui, je sais.
04:23Effectivement, nous savons.
04:24Et le président a dit d'une façon très claire,
04:26ce matin encore, après l'attaque,
04:28qu'une solution diplomatique pouvait être encore possible.
04:33Vous savez, dans toute attaque, opération militaire,
04:39il y a toujours la diplomatie qui doit suivre.
04:42Et là, la diplomatie devra suivre pour faire en sorte que cette opération s'arrête
04:46et que les Iraniens ne reprennent pas leur programme nucléaire,
04:49qui est un programme très dangereux, non seulement pour Israël,
04:51pour la région au Moyen-Orient, mais pour le monde en entier.
04:54Monsieur l'ambassadeur, est-ce que l'État français a été informé en amont de ces frappes ?
04:59Non.
05:00Non.
05:01Pourquoi ?
05:02Parce que l'État français, depuis, disons, certaines périodes,
05:09n'est pas aussi proche, disons, qu'il y était auparavant.
05:15L'État français n'est plus un allié d'Israël, n'est plus un allié éditor d'Israël ?
05:18Il est un allié.
05:19Il est un allié.
05:20Il est un allié, mais pas au point où être annoncé, disons,
05:24avoir eu un préalable d'une telle opération.
05:30Donc vous n'avez plus tout à fait confiance dans la France, c'est ce qu'on entend dans vos mots ?
05:33Non, ce n'est pas du tout ce que je dis.
05:36Je dis simplement, quand il y a une opération de ce genre,
05:38il y a un allié, qui est l'allié principal d'Israël,
05:42qui le sait à l'avance, et c'est les États-Unis.
05:45Tout ça dans un contexte où Paris et Emmanuel Macron s'interrogent
05:48sur une éventuelle reconnaissance de la Palestine la semaine prochaine.
05:51Cette reconnaissance, à votre connaissance, est-elle vraiment d'actualité aujourd'hui ?
05:57Nous n'espérons que non.
05:58Ça changerait quoi ?
05:59Je peux dire de façon très claire que nous n'espérons que nous n'espérons pas.
06:01J'en ai parlé longuement à différentes occasions.
06:06La reconnaissance de l'État palestinien aujourd'hui serait un désastre,
06:10non seulement pour les Palestiniens et les Israéliens,
06:12mais aussi pour la participation de la France en différents processus diplomatiques
06:17dans le futur au Moyen-Orient, et pour la stabilité du Moyen-Orient en général.
06:23Un processus diplomatique entre nous les Palestiniens
06:26doit être un processus diplomatique direct entre nous les Palestiniens.
06:30Et d'abord, ça ne peut pas se faire quand nous sommes encore en guerre avec le Hamas
06:34et quand nous avons encore 55 otages entre les mains du Hamas.
06:39Est-ce que cette reconnaissance, si elle se faisait la semaine prochaine,
06:42ce qui était un calendrier envisagé à l'époque par Emmanuel Macron,
06:45ferait basculer la France dans le camp des adversaires d'Israël ?
06:49Non, la France ne sera jamais dans les adversaires d'Israël.
06:52Même si elle reconnaît la Palestine ?
06:54Elle ne sera jamais dans les adversaires d'Israël.
06:56Elle ne sera pas un ami avec lequel nous avons la même confiance que nous avions auparavant.
07:02Autre sujet, Rima Hassan est de retour à Paris depuis hier soir.