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00:00Alors Charlotte, on est là, c'est avec nous sur Europe 1 comme tous les jeudis. Bonjour Charlotte.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Alors le drame de nos gens justement, les pistes qui sont suivies pour trouver des solutions parce que nous sommes effarés face à ce qui s'est passé.
00:12On parle d'autorité, on parle de morale, on parle d'éducation, mais nous sentons tous Charlotte que finalement tout ça peut être inadapté.
00:18Que dire finalement face au mystère du mal que l'on a vu à l'oeuvre à nos gens ?
00:23Et c'est vrai que cette histoire nous sidère finalement. Nous pensions y reconnaître ce que nous avons déjà malheureusement vu et rien n'est plus évident après l'exposé du procureur.
00:32Notre intelligence qui cherche naturellement à comprendre tourne à vide.
00:36La seule accroche peut-être réside dans la description d'un adolescent fasciné par la mort.
00:41Pourquoi ? Est-ce un problème d'éducation, d'autorité au moment de réguler les vidéos visionnées, de morale élémentaire dans l'apprentissage du bien et du mal ?
00:48Ces questions sont légitimes évidemment, mais portées par une classe dirigeante qui offre parfois un exemple bien désastreux en la matière.
00:55On parle d'autorité, de morale ou d'éducation en effet, mais quiconque incarne la première est lâché à la première occasion,
01:02tandis que la morale est relativisée dès lors qu'elle touche l'un des siens.
01:05Quant à l'éducation, voilà bien longtemps qu'elle est délaissée au profit d'une obsession de rééducation à toutes les lubies idéologiques du moment.
01:12Quel exemple donne exactement notre incapacité à reconnaître une erreur, à considérer son adversaire autrement que comme un ennemi à abattre ?
01:20Notre inaptitude à l'argumentation pour lui préférer la diabolisation réciproque ?
01:24Notre incapacité surtout à revendiquer une morale autrement que par une obsession de transparence qui vise les personnes,
01:31en même temps que nous poursuivons une justice qui, elle, relativise les actes ?
01:35Nous sommes perdus, nous ne savons plus ce que nous voulons défendre, faire décider, reconnaître ou cacher,
01:40et chacun y va de sa déclaration intempestive, sans prendre le temps de la réflexion.
01:44On voit que les politiques essaient tant bien que mal de trouver des réponses, de proposer des solutions, est-ce que ça n'est pas normal ?
01:51Si, mais il serait important de prendre la réalité en compte de temps en temps,
01:55parce qu'une fois qu'on apprend que le tueur, cette fois-ci, n'allait pas vraiment sur les réseaux sociaux,
01:59et qu'il avait attrapé un couteau dans la cuisine de ses parents, toute la communication tombe à l'eau.
02:03Nous ne sommes pas réalistes au moment de commenter ce qui s'impose à nous.
02:07Quand une décision judiciaire, administrative ou politique non respectée a permis que le pire soit commis par une libération,
02:14une expulsion ratée, une injonction non suivie, un suivi non assuré,
02:18nous enjoignons la population de se taire, d'éviter les questions et d'avoir la décence de ne pas le faire remarquer.
02:24Ce sont pourtant ces affaires-là qui appellent une réflexion politique simple.
02:28Comment être crédible et efficace quand nous prenons une décision ?
02:32Cette seule question que nous avons pris l'habitude d'appeler récupération devrait s'imposer dans ces affaires-là.
02:37Nous revendiquons alors l'irresponsabilité.
02:41Comment ensuite parler sérieusement d'éducation, de morale ou d'autorité ?
02:44Et à l'inverse, nous nous perdons en proposition quand nous pourrions nous reconnaître stupéfaits par le mal qui frappe.
02:50C'est une autre marque d'orgueil finalement.
02:52Nous ne supportons pas de ne pas comprendre ou de reconnaître que nous avons besoin de temps pour le faire.
02:58Mais quel exemple là encore pour une jeunesse qui inquiète par son intolérance à la frustration ?
03:03En sommes-nous, nous adultes, seulement capables ?
03:05Mais est-ce qu'il faudrait que nous acceptions de n'avoir aucune réponse, Charlotte, de ne pas comprendre ce qui s'est passé ?
03:10Le mal peut être un mystère quand il est l'illustration aussi implacable de l'absence de ce bien que nous recherchons tous, tant bien que mal.
03:17Mais soyons honnêtes, l'autorité n'a pas fait défaut dans cette école.
03:20Nous ignorons toute l'éducation de cet enfant qui ne semblait pas poser de si sérieux problèmes qu'il aurait fallu s'inquiéter.
03:27Il était en revanche fasciné par le mal, nous a dit le procureur.
03:31Voilà une piste qui pourrait nous intéresser.
03:33Mais elle demande du temps, elle demande aussi d'accepter une très profonde remise en cause.
03:37Nous voulons parler de santé mentale très bien, mais osons aborder aussi les causes et pas seulement le traitement d'un mal qui serait fatal.
03:45Y a-t-il, dans notre relativisme, dans nos choix, dans nos actes, dans notre incapacité à distinguer le bien et le mal,
03:52pour leur préférer une vague tolérance à géométrie variable, les ferments d'une si profonde dépression qu'elle finit par attraper aussi nos enfants ?
04:00Quel modèle d'identification offre-t-on ? Quels exemples vertueux ? Quelles figures d'autorité légitimes ?
04:06Peut-être que cette question ne résoudrait rien dans le cas de ce jeune tueur-là, mais peut-être aussi qu'elle en sauverait beaucoup d'autres.
04:12Signature Europe 1, Charlotte Dornelas. Merci beaucoup Charlotte.