- 11/06/2025
Derrière les poignées de main parfois viriles, les accolades et les démonstrations d’amitié, il y a aussi des désaccords forts : sur le climat, sur le nucléaire iranien, sur le commerce. Malgré tout, la proximité entre les deux Présidents reste réelle. Sur le dossier ukrainien, les deux hommes s’appellent parfois plusieurs fois par semaine.
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00:00Des poignées de main, au cours de leur mandat, Emmanuel Macron et Donald Trump en ont échangé des dizaines.
00:17Souvent musclées, comme celle de leur retrouvaille à l'Elysée en décembre dernier.
00:24Des échanges virils et toujours scrutés à travers les caméras du monde entier.
00:36Avec cette question, quelle relation s'est nouée au fil des années entre les deux présidents ?
00:43D'abord, les deux hommes en sont les deux antipodes.
00:47Deux hommes élus en même temps.
00:49Trump comme Macron sont deux outsiders.
00:51Ils n'auraient jamais dû arriver au pouvoir.
00:55Qui ont cassé les codes et ont su instaurer entre eux un rapport direct.
01:01Vous avez un grand président.
01:02Je suis toujours très heureux que le président Trump soit en France.
01:06Ils se parlent dans certains moments, plusieurs fois par jour, directement sur leur téléphone portable.
01:11Je pense qu'ils respectent Macron, mais ils ne l'aiment pas.
01:14Alors que tout les oppose politiquement.
01:16Non, non, vous avez assez parlé.
01:20Il faut respecter ceux qui, depuis le début, se battent.
01:24Il y a toujours une envie de montrer qu'on est dans une relation où on assume nos désaccords.
01:31Parfois, on se chamaille un peu, mais pas beaucoup.
01:33On s'entend très bien.
01:34Entre opérations séductions, rencontres et désaccords,
01:40Emmanuel Macron a-t-il une influence sur Donald Trump, sur les grands dossiers internationaux ?
01:47Ça a quand même une valeur forte de pouvoir se parler entre le président français et le président américain.
01:52Et peut-être semer quelques graines pour la suite.
01:557 décembre 2024.
02:12Donald Trump n'est pas encore investi.
02:16Mais il bénéficie déjà des privilèges que lui confère sa réélection
02:21à la tête de la première puissance mondiale.
02:25Le président des Etats-Unis a voulu être placé au premier rang,
02:30à la droite d'Emmanuel Macron,
02:33pour assister à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
02:41Comment ne pas lui répondre favorablement ?
02:44D'autant qu'en échange, le président français vient d'obtenir une concession.
02:50Donald Trump a accepté de rencontrer Volodymyr Zelensky à l'Elysée.
02:55C'est un rendez-vous assez court, mais il y a une chose qui en sort,
03:01c'est la photo à trois, avec Trump, Macron et ZNZ.
03:04C'est un signal d'Emmanuel Macron de dire,
03:07attention sur le dossier ukrainien, je suis un interlocuteur qui compte,
03:12il va falloir qu'on soit au cœur des négociations, nous français et nous européens.
03:15Un coup diplomatique au moment où Donald Trump a clairement fait savoir
03:20que l'Europe et l'Ukraine n'étaient plus ses priorités.
03:26Ce n'est pas notre guerre, d'autres l'ont déclenché.
03:29Et qui d'autre que le président français pour tenter d'empêcher le divorce entre les États-Unis et l'Europe ?
03:37Quand Trump est réélu, Macron est l'un des leaders en Europe les plus anciens, les plus expérimentés,
03:45parce que Merkel n'est plus là, parce que les dirigeants britanniques se sont succédés.
03:50Donc Macron veut dire, je serai l'interlocuteur de Trump
03:54et s'il y en a un qui peut lui parler ou au moins peut le convaincre sur certaines choses,
03:59c'est moi, parce que je connais sa psychologie, parce que je l'ai pratiqué au fond.
04:07Lors d'une réunion à Kiev, c'est même le téléphone d'Emmanuel Macron,
04:11posé en haut-parleur sur la table,
04:14qui permet aux dirigeants européens de parler en direct à Donald Trump.
04:17En pleine guerre ukrainienne, les deux hommes s'appellent plusieurs fois par semaine,
04:24parfois à l'insu de leur conseiller.
04:29Il est arrivé que Donald Trump appelle Emmanuel Macron alors qu'il est en visite à Madagascar
04:33et il est 3h du matin.
04:35Normalement, des coups de téléphone comme ça entre chefs d'État,
04:39ça se prépare longtemps à l'avance, avec les conseillers, sur des téléphones fixes.
04:44C'est plus du tout le cas aujourd'hui.
04:45Mais la diplomatie, elle a changé, c'est une diplomatie qui est beaucoup plus spontanée
04:49et finalement, ça correspond très bien au tempérament à la fois de Donald Trump et d'Emmanuel Macron.
04:55C'est d'ici que vous l'appelez ?
04:56Oui, c'est de là que je parle avec votre mari.
05:01Cette relation spéciale, il a fallu la construire.
05:05Tout a commencé 8 ans plus tôt, par une offensive de charme.
05:1314 juillet 2017, à peine quelques mois après leur élection,
05:20Emmanuel Macron et Donald Trump se retrouvent à Paris.
05:22Le président américain est l'invité de marque du défilé sur les Champs-Elysées.
05:30Ce qui nous unit, la présence aujourd'hui à mes côtés du président des États-Unis,
05:38M. Donald Trump, et de son épouse,
05:42est le signe d'une amitié qui traverse les temps.
05:45Salut militaire, au passage des Samiz.
05:54Ces soldats de 1917,
05:57symboles du soutien des États-Unis à la France dans la guerre,
06:00100 ans plus tôt.
06:03Pendant la parade,
06:05drapeaux américains et français sont déployés côte à côte.
06:10Donald Trump est conquis.
06:15Vous devriez regarder les photos de la tribune
06:17où se trouvaient Macron et Trump.
06:20C'est évident que Trump s'amuse comme un fou.
06:24Et puis, il en est sorti avec
06:26« Je veux le même défilé ».
06:28« Je veux un défilé ».
06:30Pourquoi est-ce que nous, les Américains, ne faisons pas un défilé ?
06:34Il lui a fallu attendre son second mandat
06:36pour qu'il organise un défilé militaire inspiré par le 14 juillet.
06:40Pourtant, le président américain avait d'abord refusé l'invitation.
06:49Pour le convaincre,
06:50Emmanuel Macron a dû décrocher son téléphone.
06:55Emmanuel Macron dit au fait
06:57« Donald, tu ne viens pas à Paris, c'est dommage ».
07:01Et Donald Trump répond
07:03« Oh, je ne viens pas parce que je ne veux pas te créer des problèmes ».
07:07Alors, pourquoi des problèmes ?
07:09Parce que Donald Trump s'était rendu à Londres
07:12où il y avait eu des manifestations monstres.
07:14Et il dit « Je ne veux pas qu'il y ait des manifestations monstres à Paris ».
07:18Et Emmanuel Macron dit « Mais il n'en est pas question,
07:20c'est une invitation sérieuse,
07:22c'est le centenaire de votre intervention,
07:25viens, viens ».
07:26Et à la surprise générale,
07:28Donald Trump dit « Ah, ben d'accord ».
07:29Donald Trump, il adore ce genre de visite officielle
07:37où on lui en met plein les yeux.
07:39Et là, clairement,
07:40Emmanuel Macron a très bien compris
07:42les ressorts de Donald Trump,
07:45la flatterie, le grand show permanent.
07:47Et il va lui en mettre plein les yeux
07:48pendant cette visite à Paris.
07:52Tour privée aux Invalides,
07:54où Emmanuel Macron joue les guides
07:57jusqu'au tombeau de Napoléon.
08:03La veille du défilé,
08:06les deux couples présidentiels
08:07dînent dans un restaurant étoilé.
08:11Au deuxième étage du plus emblématique
08:14des monuments parisiens,
08:16la tour Eiffel.
08:17C'est vraiment une opération séduction
08:22envers le couple présidentiel américain.
08:26Brigitte Macron est là aussi
08:27pour que Mélania Trump
08:29passe un très bon moment.
08:31Et tout ça, en fait,
08:32passe par cette opération séduction
08:34qui est vraiment une mise en scène
08:36des relations franco-américaines.
08:39Pour moi, cette visite,
08:40avec cette partie plus privée,
08:43va vraiment contribuer
08:44à établir la relation de travail
08:47entre les deux présidents
08:48et donc, d'une certaine manière,
08:50annonce la suite.
08:52C'est-à-dire une facilité de contact,
08:55la possibilité de se parler souvent.
08:59Vous avez un grand président.
09:03Vous avez quelqu'un
09:03qui va diriger ce pays correctement.
09:06Je suis prêt à parier
09:07qu'ici, c'est une des plus belles villes du monde
09:09et je reviendrai.
09:15La relation est au beau fixe
09:16et Trump ne jure plus
09:18que par Emmanuel Macron
09:19dont il dit
09:19« Il est jeune,
09:21il est intelligent,
09:21il est formidable ».
09:22Le 14 juillet,
09:23ça marque vraiment
09:24le début de cette relation.
09:25On est en pleine lune de mien.
09:30Très vite,
09:31Emmanuel Macron et Donald Trump
09:33vont s'afficher complices.
09:34« Il fait un travail remarquable
09:39en France ».
09:41Tapent sur l'épaule,
09:44accolades
09:45et poignées de mains
09:48où chacun tente
09:49de s'affirmer face à l'autre
09:51comme lors de leur première rencontre.
09:58Elle a lieu à Bruxelles
09:59en mai 2017
10:00en marge
10:02d'un sommet
10:02de l'OTAN.
10:05« Entre Macron
10:06et Trump,
10:06c'est toujours
10:07un mélange
10:07de flatteries
10:09et de rapports
10:10de forces viriles. »
10:12Le chef
10:13de l'État français
10:13est accueilli
10:14par son homologue
10:15à l'ambassade américaine.
10:17Des sujets brûlants
10:18attendent
10:18les deux présidents.
10:20Le climat,
10:21la Syrie,
10:21la défense européenne.
10:23Mais c'est sur la forme
10:24de cette première confrontation
10:26que se concentrent
10:27tous les regards.
10:29« Ce sont quand même
10:30deux personnalités
10:31qui ont été élues
10:32sans qu'on les voit
10:32tellement venir
10:33lors de ces élections.
10:35Donc il y a de la curiosité
10:36de l'un pour l'autre
10:38dans les deux sens
10:38et aussi de la curiosité
10:40naturellement autour d'eux
10:41pour la relation
10:42qu'ils vont établir.
10:43« C'est un grand honneur
10:45pour moi
10:46d'être avec le nouveau
10:46président de la France
10:47qui a mené
10:48une campagne phénoménale
10:50et a eu
10:50une incroyable victoire.
10:52On en parle
10:52dans le monde entier.
10:53et l'occasion
10:57de ce sommet
10:58de l'OTAN
10:58et pour nous aussi
10:59c'est quelqu'un
11:00de notre première rencontre
11:01donc je suis très heureux
11:02de pouvoir ensemble
11:04changer beaucoup de choses.
11:06Il y a
11:06dans ces premiers échanges
11:09un peu d'admiration
11:10l'un pour l'autre.
11:11D'ailleurs,
11:12Trump dit à Macron
11:13« Ah mais il est génial
11:14ce jeune homme,
11:15etc. »
11:16Et puis on sent
11:16qu'Emmanuel Macron
11:17est quand même
11:17assez impressionné
11:18par le personnage
11:19qu'est Donald Trump.
11:23Donald Trump
11:27est réputé
11:28pour ses poignées
11:28de main déstabilisantes.
11:32Ses proches conseillers
11:33comme les dirigeants étrangers
11:35en ont déjà fait les frais.
11:40Après 19 secondes
11:41d'interaction musclée,
11:43le premier ministre japonais
11:49Shinzo Abe
11:49n'a pas caché
11:52son soulagement.
11:53J'avais signalé à Paris
12:02que Donald Trump
12:03était le spécialiste
12:05des poignées de main
12:06sauvages,
12:07brutales
12:07pour faire
12:09d'une certaine manière
12:10pour faire plier l'autre.
12:12C'était
12:12un alpha-mal
12:14de 15 ans
12:14qui voulait faire mal
12:16à son interlocuteur.
12:18Le président
12:18était donc préparé
12:19et savait
12:20qu'il devait
12:21répondre
12:22de la même manière
12:24et qu'il ne devait
12:25en tout cas
12:25pas laisser
12:26donner l'impression
12:27qu'il s'aidait
12:28devant l'autre.
12:31Emmanuel Macron
12:32agrippe la main
12:32du président américain.
12:35Il la retient
12:36fermement
12:36quelques secondes
12:37de plus.
12:40Macron
12:40voulait montrer
12:41qu'il avait
12:42de la poigne.
12:43Nous nous demandions
12:44toujours
12:44lorsqu'ils se rencontraient
12:45s'ils allaient se livrer
12:46à un nouveau concours
12:48de poignées de main
12:48ou non.
12:49Parfois,
12:50ils l'ont fait.
12:51Parfois,
12:51non.
12:52Quand les deux hommes
12:54se retrouvent
12:55un an plus tard,
12:57Emmanuel Macron
12:58va jusqu'à laisser
12:59la trace
12:59de son pouce
13:00sur la main
13:01de Donald Trump.
13:04C'est la diplomatie
13:05de la poigne de fer.
13:06Et là,
13:06Emmanuel Macron
13:07veut clairement
13:07envoyer un message
13:08de fermeté
13:09à Donald Trump
13:10en disant
13:11je ne céderai
13:12sur rien
13:13et j'aurai
13:14une parole forte.
13:15En fait,
13:15c'est ça le message.
13:16les deux chefs
13:21d'État
13:22se montrent
13:22très tactiles
13:23devant les caméras.
13:29Un geste
13:30en particulier
13:31retient
13:32l'attention
13:32des télévisions
13:33américaines.
13:35En avril 2018,
13:37lors de leur
13:37premier mandat,
13:39Emmanuel Macron
13:40est convié
13:40pour sa première
13:41visite d'État
13:42à Washington.
13:42Il sera
13:45un grand président
13:45pour la France.
13:48À la surprise générale,
13:50Donald Trump
13:51et lui
13:51se prennent
13:52par la main
13:52pour aller
13:53dans le bureau
13:54ovale.
13:56Aux États-Unis,
13:57on parle de la bromance
13:58Trump-Macron
14:00tellement,
14:01en effet,
14:01ils n'arrêtent pas
14:02de se serrer la main,
14:04de se taper
14:04dans le dos.
14:05On sent que,
14:06finalement,
14:07au-delà du fond,
14:09la forme
14:10prend une importance
14:11considérable
14:12dans leurs relations.
14:13Trump,
14:13il est américain.
14:14Alors,
14:15vous savez,
14:15les américains,
14:16ils font le hugging,
14:18ils vous prennent
14:18dans les bras.
14:19Du côté français,
14:20je dirais que
14:21c'est Emmanuel Macron
14:21qui est particulièrement
14:23tactile.
14:24Et donc,
14:24vous avez deux tactiles
14:25qui se rencontrent.
14:26Mais je ne pense pas
14:27que ce soit lié
14:27à leur relation bilatérale,
14:31c'est plutôt lié
14:32aux personnalités
14:32de chacun.
14:35Deux personnalités
14:36qui semblent
14:37s'entendre à merveille.
14:38nous avons une relation
14:42excellente
14:42et je tiens
14:43à vous en remercier.
14:45Tout au long
14:46de leur mandat,
14:47Emmanuel Macron
14:48et Donald Trump
14:48ne tarissent pas
14:49d'éloges
14:50l'un sur l'autre.
14:51La relation que nous avons
14:52est formidable
14:53et je l'apprécie beaucoup.
14:55Merci,
14:55monsieur le président.
14:57C'est très heureux
14:58d'accueillir
14:59le président Trump
15:01à nouveau.
15:02En public,
15:03le mot est lâché.
15:04Nous sommes devenus
15:06de très bons amis
15:07ces dernières années.
15:08Monsieur le président,
15:11cher ami,
15:12c'est un honneur
15:13de vous appeler
15:13mon ami.
15:15Peut-on pourtant
15:16parler d'une véritable amitié ?
15:19Comme on dit
15:24sur Facebook,
15:25c'est compliqué.
15:26Macron sait
15:27comment le flatter,
15:28il l'a fait
15:28et c'est un moyen
15:30assez efficace
15:31pour avoir
15:31l'oreille de Trump.
15:32Mais je pense
15:33qu'au fond,
15:33Trump n'aime pas
15:34traiter avec Macron.
15:36Est-ce qu'ils sont amis ?
15:38Je pense qu'il est
15:38très difficile
15:39d'être l'ami
15:40de Donald Trump.
15:41Mais je pense
15:42qu'il avait
15:43un préjugé
15:43plutôt favorable
15:44vis-à-vis
15:45d'Emmanuel Macron.
15:46Un jour,
15:47il dit à Emmanuel Macron
15:48« What do you think
15:50of Angela et Theresa ? »
15:52Qu'est-ce que tu penses
15:52d'Angela et Theresa ?
15:53Theresa May,
15:54la première ministre britannique.
15:56Évidemment,
15:56ce n'est pas le type
15:57de femme
15:57qui passionne
15:58Donald Trump.
16:00Et « they are losers ».
16:01Ce sont des perdants.
16:02Le président de la République
16:03ne répond rien
16:04et il continue
16:05en disant
16:06« And you know,
16:07I love you Emmanuel
16:07because you're a winner. »
16:10« Je t'aime Emmanuel
16:11parce que tu es un gagnant. »
16:12Vous voyez,
16:13il y a un côté
16:14un peu,
16:15comment dire,
16:15un peu ridicule
16:16de l'alpha mal
16:17qui sent l'autre
16:18et qui se dit
16:19« Voilà,
16:20il est dans la même classe
16:21que moi. »
16:23dans la même catégorie
16:25sans pour autant
16:27défendre
16:27les mêmes idées.
16:30Un an avant
16:31le premier voyage
16:32d'Emmanuel Macron
16:32à Washington,
16:34Donald Trump
16:34retire son pays
16:35du traité de Paris
16:36sur le climat.
16:38« Les États-Unis
16:41vont se retirer
16:42de l'accord de Paris
16:45sur le climat. »
16:47Un camouflet
16:50pour la France.
16:52La réaction
16:53est immédiate.
16:54Le chef de l'État
16:55appelle à défendre
16:56l'accord de Paris
16:57en détournant
16:58le slogan de campagne
16:59de Donald Trump.
17:01« Nous avons tous
17:03la même responsabilité. »
17:06« Make our planet
17:08great again. »
17:10« Il va sur son terrain
17:11lexical,
17:13mais pour le contredire
17:14sur le fond.
17:15Emmanuel Macron,
17:16lance la campagne
17:18de la résistance
17:19et de la préservation
17:20de l'accord de Paris. »
17:23Un premier désaccord
17:24sur le fond
17:24qui n'entame en rien
17:26la bromance
17:26affichée entre les deux
17:27dirigeants.
17:29En témoignent ces images
17:31des deux couples
17:32présidentiels
17:32en pleine séance
17:33de jardinage
17:34à la Maison-Blanche.
17:37Le chêne planté
17:38en symbole
17:39de l'amitié
17:39franco-américaine
17:40est venu spécialement
17:42du nord de la France.
17:45« C'est un peu cocasse.
17:46On voit les deux couples
17:47chacun avec une pelle
17:48en or creuser
17:49la pelouse
17:51de la Maison-Blanche.
17:52Sauf que cet arbre
17:53va tomber malade
17:55et qui sera
17:55un jour
17:56en catimini
17:57enlevé
17:58de la pelouse
17:59de la Maison-Blanche. »
18:01Aux États-Unis
18:02comme en France,
18:03la presse s'amuse
18:04de la mort symbolique
18:05de cette amitié.
18:08Car dès le départ,
18:09les désaccords politiques
18:10entre les deux hommes
18:11sont nombreux.
18:12derrière la flatterie
18:14se cachent peut-être
18:15de moins bonnes intentions.
18:18« Je pense
18:20qu'il ne lui fait pas confiance.
18:21Il n'aime pas être
18:22à côté d'un dirigeant étranger
18:23qui lui fait de l'ombre. »
18:29« Nous avons une relation
18:30très spéciale.
18:31En fait,
18:32je vais enlever
18:32cette petite pellicule-là.
18:35Voilà.
18:35Nous devons le rendre parfait.
18:37Il est parfait. »
18:40Cette séquence,
18:41elle est assez surréaliste
18:42et c'est vrai
18:43qu'elle a été
18:43beaucoup commentée
18:44après,
18:45notamment dans les médias
18:46américains
18:46qui voient une forme
18:48d'humiliation
18:48à un moment
18:49pour Emmanuel Macron.
18:51C'est soit de l'humour,
18:52c'est possible.
18:53Trump est quelqu'un
18:54qui n'a pas de filtre.
18:55Soit c'est une manière
18:56d'asseoir un peu
18:57quand même son autorité
18:58sur ce jeune président français
19:00qui débarque
19:01et on lui fait remarquer
19:02qu'il est un peu
19:03bizarrement attiffé.
19:04Ça nous fait penser
19:05quelques années plus tard
19:05au moment où Zelensky
19:06arrive à la Maison-Blanche
19:08en sweatshirt.
19:09militaire
19:10et où il n'est pas
19:11en costume
19:12et Trump lui fait remarquer
19:13ce qui est assez
19:15désobligeant,
19:17on va dire.
19:17Trump est très sensible
19:19à la flatterie
19:19mais il peut se montrer
19:21critique
19:21quand cela sert son intérêt.
19:28Les tensions
19:29vont même éclater
19:29au grand jour
19:30quelques mois plus tard
19:31lors d'un nouveau déplacement
19:33du président américain
19:35à Paris.
19:38Dans mes souvenirs,
19:41l'invitation
19:41semblait indiquer
19:42qu'il s'agissait
19:43d'une célébration
19:44de l'anniversaire
19:45de la fin
19:45de la Première Guerre mondiale.
19:47Les alliés victorieux
19:48viendraient
19:49et se souviendraient
19:50de la tragédie
19:50de la Première Guerre mondiale.
19:52Mais Macron a transformé
19:54cet événement
19:54en une attaque
19:55contre les États-Unis.
19:56Donald Trump vient
20:01de retirer son pays
20:02d'un traité
20:02sur le désarmement nucléaire.
20:05Le président français
20:06plaide alors
20:06pour la création
20:07d'une armée européenne
20:08capable de protéger
20:10l'Europe de la Chine,
20:11de la Russie
20:12et même
20:13des États-Unis d'Amérique.
20:18En gros,
20:19qu'est-ce qu'il vient de dire ?
20:20Il faut qu'on prenne
20:20notre indépendance
20:21des États-Unis.
20:22Notre sécurité repose
20:23sur Washington
20:24depuis trop longtemps.
20:25Nous devons être autonomes.
20:26Et là,
20:28Donald Trump
20:28prend ça pour une claque.
20:29Il prend ça pour une gifle.
20:31Et la veille
20:32de son arrivée à Paris,
20:33il est à bord
20:34d'Air Force One
20:34et il critique
20:35Emmanuel Macron
20:36dans un premier tweet.
20:42C'est très insultant.
20:44Mais peut-être
20:44que l'Europe
20:45devrait d'abord
20:46payer sa part à l'OTAN
20:47que les États-Unis
20:48subventionnent largement.
20:53C'est dans une ambiance tendue
20:55que Donald Trump
20:56arrive à l'Élysée.
20:59Poignée de main
21:00avec Emmanuel Macron.
21:04Certaines caméras
21:05n'ont pas pu saisir l'image.
21:07Vous pouvez me décaler.
21:10Tant pis,
21:11il n'y aura pas
21:11de deuxième chance
21:12malgré les tentatives
21:16du président français.
21:17pour apaiser son invité,
21:22le chef de l'État
21:22préfère clarifier
21:23sa position
21:24en anglais.
21:29Je suis de l'avis
21:30du président Trump.
21:31Nous avons besoin
21:32d'un meilleur partage
21:33du fardeau
21:33au sein de l'OTAN.
21:34Je pense que nous avons besoin
21:36de plus de capacités européennes,
21:38de plus de défense européenne
21:40pour assumer
21:41cette partie du fardeau.
21:44Je ne pense pas
21:46qu'il soit d'accord.
21:47Je pense que ce que Macron veut,
21:49c'est une armée européenne.
21:50Et ce que Trump veut,
21:52c'est que les autres pays d'Europe
21:53qui sont chacun
21:54membres de l'OTAN
21:55séparément
21:56dépensent plus
21:57pour leur défense nationale.
21:59C'est différent
22:00d'un pilier européen
22:01dans l'OTAN.
22:03Cette vision
22:04de la France
22:05comme nation générale
22:06Le discours
22:06d'Emmanuel Macron
22:07sous l'arc de triomphe
22:09face à de nombreux
22:10dirigeants étrangers
22:11ne va rien arranger.
22:17Le patriotisme
22:19est l'exact contraire
22:21du nationalisme.
22:24Le nationalisme
22:25en est la trahison.
22:27en disant
22:29« Nos intérêts d'abord
22:30et qu'importe les autres,
22:31on gomme
22:32ce qu'une nation
22:33a de plus précieux,
22:35ses valeurs morales. »
22:38Il a parlé
22:39de la différence
22:40entre le nationalisme
22:41et le patriotisme.
22:42Il a parlé
22:43de l'Union européenne
22:44par opposition
22:45à l'OTAN
22:45et lors de la cérémonie,
22:47il a été le seul
22:48à prendre la parole.
22:49Trump n'a pas eu
22:50la possibilité
22:51de lui répondre.
22:54Notre Donald Trump
22:56repart d'une humeur massacrante
22:58prend l'avion
22:59pour Washington.
23:00Et là,
23:01manque de chance,
23:02une émission
23:02de Fox News
23:03dit
23:04« Mais vous savez,
23:05tout le discours
23:05de Emmanuel Macron
23:06qui était un discours
23:07sur le libéralisme,
23:09la démocratie,
23:10était un discours
23:10anti-Trump. »
23:12Alors là,
23:13explosion,
23:14et donc Donald Trump
23:15envoie une salve
23:16de tweets
23:17anti-Macron.
23:18j'appelle
23:20la Maison-Blanche
23:21et la Maison-Blanche
23:21me dit
23:21« Par pitié,
23:23surtout,
23:23ne réagissez pas
23:24parce que si vous réagissez
23:25à ces tweets,
23:26il va monter en gamme
23:28et il ne s'arrêtera pas. »
23:30Et Paris n'a pas réagi.
23:35Emmanuel Macron
23:36et Donald Trump
23:36ont une vision différente
23:38de l'Alliance transatlantique.
23:40Mais le président français
23:44a retenu une leçon.
23:45Il n'y a rien à gagner
23:47à froisser publiquement
23:48Donald Trump.
23:52Pour garder l'homme
23:53le plus puissant du monde
23:54dans son camp,
23:55il faut tenter
23:56une autre méthode.
23:59Aujourd'hui encore,
24:00Emmanuel Macron
24:01se sert de ce qu'il a appris.
24:02Mai 2025.
24:11L'aviation de Vladimir Poutine
24:13continue de frapper l'Ukraine.
24:18Les négociations de paix piétinent.
24:21Donald Trump s'impatiente.
24:26Il tue beaucoup de gens.
24:27Je ne sais pas
24:28ce qui lui prend.
24:29Il tue beaucoup de gens.
24:30Je ne suis pas content.
24:32En voyage en Asie,
24:37Emmanuel Macron
24:38continue de plaider
24:39la cause de l'Ukraine.
24:42La paix ne peut se faire
24:43que si les Etats-Unis
24:44contraignent Vladimir Poutine
24:46à faire des concessions.
24:50Le chef de l'État
24:51tente une nouvelle fois
24:52de convaincre Donald Trump
24:54de prendre des sanctions fortes
24:56contre le président russe.
24:58Je pense que le président Trump
24:59réalise que lorsque
25:01le président Poutine
25:02au téléphone lui a dit
25:03qu'il était prêt à la paix
25:04ou lorsque le président Poutine
25:05a dit à ses émissaires
25:07qu'il était prêt à la paix,
25:08il leur a menti.
25:09Il y a toujours aussi
25:10une volonté de Macron
25:11d'essayer de,
25:13au fond,
25:13prouver à Trump
25:14qu'il ne faut pas
25:17se faire avoir par Poutine
25:18et que Poutine
25:19n'est pas forcément fiable.
25:20et donc Macron essaie presque
25:22aussi de jouer
25:23sur la carte psychologique
25:24avec Trump
25:25en disant
25:26« Attention, là,
25:27c'est presque l'honneur
25:28des Etats-Unis,
25:29donc entre les lignes,
25:30votre honneur
25:30qui est en jeu. »
25:32Nous avons vu ces dernières heures
25:33une fois encore
25:34s'exprimer la colère
25:36de Donald Trump
25:37et une forme d'impatience.
25:39Je souhaite simplement maintenant
25:40qu'elle se traduise en actes.
25:45Depuis la réélection
25:46du président américain,
25:48les Etats-Unis
25:48se sont rapprochés
25:49de la Russie.
25:52Donald Trump a eu
25:53plusieurs fois
25:54Vladimir Poutine
25:55au téléphone
25:55et va jusqu'à adopter
25:57la rhétorique du Kremlin.
26:01C'est ce que demande
26:02Vladimir Poutine,
26:03c'est d'avoir une négociation
26:04directement
26:05avec Donald Trump
26:07sans les Européens,
26:09sans les Ukrainiens.
26:10C'est très difficile alors
26:11pour l'Europe
26:11de revenir à la table,
26:13de se réinviter à la table
26:14et ça va vraiment
26:15être toute la mission
26:16d'Emmanuel Macron
26:18d'essayer de faire comprendre
26:20à Donald Trump
26:21qu'il a intérêt
26:22à remettre les Européens
26:25dans la partie.
26:28Pour éviter
26:29que les deux puissances
26:30ne s'entendent
26:30sur le dos des Européens,
26:32le président français
26:33est le premier dirigeant
26:34du vieux continent
26:35à se rendre
26:36à la Maison-Blanche
26:37après la réélection
26:38de Donald Trump.
26:40Le 25 février,
26:42dans le bureau ovale,
26:44Emmanuel Macron
26:45plaide pour que
26:46les Etats-Unis
26:46s'engagent à garantir
26:47la sécurité de l'Ukraine
26:49en cas de cesser le feu
26:51avec la Russie.
26:52Pendant cette rencontre
26:53qui se passe plutôt bien,
26:54il y a à nouveau
26:54ce jeu un peu
26:56entre les deux hommes
26:57et je te tape sur le genou
26:58et je t'appelle Donald,
26:59Emmanuel,
27:00enfin le président français
27:01sans doute
27:01se dit à ce moment-là
27:03voilà,
27:04mes arguments
27:04vont me porter.
27:09Lui c'est un malin,
27:10ça je peux vous le dire.
27:12Mais la rencontre
27:14tourne au dialogue dessous.
27:16Pour le président français,
27:18la paix ne doit pas signifier
27:19la capitulation
27:20de l'Ukraine.
27:20pour Donald Trump,
27:23elle doit surtout
27:23se faire rapidement,
27:25sans coûter un centime
27:26de plus
27:26aux contribuables américains.
27:30Pour enfoncer le clou,
27:32le président des Etats-Unis
27:33n'hésite pas à relayer
27:34de fausses informations
27:35sur l'aide européenne.
27:36L'Europe prête de l'argent
27:40à l'Ukraine
27:40et ils récupèrent leur argent.
27:43Pour être francs,
27:44nous avons payé.
27:45Nous avons payé 60%
27:47de l'effort total
27:47et cela s'est fait
27:48par le biais,
27:49comme les Etats-Unis,
27:50de prêts,
27:50de garanties,
27:51de subventions.
27:52Nous donnons bien de l'argent.
27:55Même en y mettant
27:56les formes,
27:58Emmanuel Macron
27:58n'obtient pas
27:59de concessions
28:00de Donald Trump.
28:02Il y a vraiment
28:03une différence d'attitude
28:04totale entre d'un côté
28:06Macron,
28:07qui montre son optimisme,
28:09qui remercie Trump,
28:10qui donne l'impression
28:11en tout cas
28:12qu'il a obtenu des choses
28:13et Trump
28:15qui est très vague.
28:16Mais Macron
28:17veut revenir de là
28:18avec l'idée
28:20que quand même
28:21il a obtenu des choses
28:22de la part de Trump.
28:23Et ce qu'on nous dit
28:24d'ailleurs,
28:25c'est assez marrant
28:25dans ces équipes
28:26à ce moment-là,
28:26on leur demande
28:27est-ce que vraiment
28:27vous avez eu des garanties
28:29des Américains
28:29sur les garanties
28:30de sécurité ?
28:32Et ils nous disent
28:32en tout cas
28:33ils ne s'y sont pas opposés.
28:35Donc déjà
28:35le fait de ne pas avoir
28:36un nom,
28:37c'est vu comme une avancée
28:38à l'Élysée
28:39où on se dit
28:40que tout ce qu'on peut
28:41grappiller du côté
28:42de Trump,
28:42il faut aller le grappiller.
28:46C'est la douche froide
28:47trois jours plus tard.
28:51Volodymyr Zelensky,
28:52reçu à son tour
28:53dans le bureau ovale,
28:54est humilié
28:55devant les caméras
28:56du monde entier.
28:57Vous jouez avec la vie
29:00de millions de personnes.
29:01Vous jouez avec
29:02la Troisième Guerre mondiale.
29:08Il faut attendre
29:09un bouleversement
29:10dans le monde catholique
29:11pour les réunir à nouveau.
29:1426 avril 2025.
29:17Quelques instants
29:18avant les funérailles
29:18du pape François,
29:21Volodymyr Zelensky
29:22et Donald Trump
29:22se retrouvent
29:23dans la basilique Saint-Pierre.
29:24Emmanuel Macron
29:28est présent
29:29mais ne participe
29:30pas à l'entretien.
29:34On s'est beaucoup
29:35interrogés
29:35en regardant
29:36les images.
29:37Est-ce qu'à ce moment-là,
29:38Donald Trump
29:39veut plutôt
29:41qu'Emmanuel Macron
29:41se retire
29:43et veut avoir
29:44un face-à-face
29:45direct avec
29:45Volodymyr Zelensky
29:47ou est-ce que
29:48de toute manière,
29:49c'est plutôt la France
29:50qui pousse
29:50à ce que les deux hommes
29:51se rencontrent
29:52en face-à-face ?
29:54C'est très compliqué
29:55de le savoir
29:55mais ce qui est certain,
29:57c'est que la France
29:58a joué un rôle
29:59très important
30:00pour que cette rencontre
30:01puisse se tenir
30:02en marge
30:02des funérailles
30:03du pape.
30:05L'échange
30:06débouche
30:06sur une proposition.
30:09L'Ukraine
30:09se dit prête
30:10à accepter
30:10un cessez-le-feu
30:11total
30:12et inconditionnel.
30:15Volodymyr Zelensky
30:16et Emmanuel Macron
30:17reprennent une idée
30:17lancée
30:18quelques semaines
30:19plus tôt
30:19par Donald Trump
30:20lui-même
30:20tout en sachant
30:23que Vladimir Poutine
30:24ne l'acceptera pas.
30:26Les Européens
30:27espéraient
30:28acculer
30:28Donald Trump
30:29en disant
30:30à Donald Trump
30:30voyez bien
30:31le cessez-le-feu
30:32génial
30:33dont vous avez parlé
30:34c'est Poutine
30:34qui l'a refusé
30:35donc on doit
30:36imposer des sanctions.
30:38Et ça c'était
30:38l'espoir
30:39qui nourrissait
30:39mais il sous-estimait
30:41la capacité
30:42de Donald Trump
30:42de se contredire
30:44et donc
30:44Poutine a refusé
30:45le cessez-le-feu
30:46et comme vous le voyez
30:47Donald Trump
30:48n'a rien décidé.
30:50Le président américain
30:53émet des doutes
30:53sur les intentions
30:54de Vladimir Poutine
30:55mais n'applique
30:57aucune sanction
30:57supplémentaire
30:58sur la Russie.
31:01Les appels
31:01d'Emmanuel Macron
31:02à plus de fermeté
31:03restent sans réponse.
31:08Je pense que
31:09depuis le début
31:09de son second mandat
31:11Trump accorde
31:12beaucoup moins
31:12d'attention à Macron.
31:14Dans le contexte
31:15de l'Ukraine
31:16Trump se dit
31:16qu'il est le seul
31:17à pouvoir résoudre
31:18ce conflit.
31:20Comme il l'a dit
31:20je réunirai
31:21Zelensky et Poutine
31:23dans la même pièce
31:24et nous réglerons ça
31:25en 24 heures.
31:27Cela ne s'est pas produit
31:28et il en attribue
31:28largement la responsabilité
31:30à Zelensky.
31:31C'est pourquoi
31:32il ne pense pas
31:32avoir besoin
31:33de quelqu'un d'autre
31:34dans la pièce.
31:35Il veut juste parler
31:36directement avec Poutine.
31:39Au final
31:39Trump est assez illisible
31:41dans sa diplomatie.
31:42Ce n'est pas parce
31:43qu'il vous tape
31:43sur l'épaule
31:44ou qu'il vous tape
31:44sur le genou
31:45qu'il va forcément
31:46vous donner raison.
31:47Et ça,
31:47Macron l'a appris
31:48un peu à ses dépens
31:49lors du premier mandat.
31:54Car le président
31:55des Etats-Unis
31:55a bien l'intention
31:56d'appliquer son programme.
31:59Politiquement,
32:00Emmanuel Macron
32:01et lui sont aux antipodes.
32:05Lorsqu'il est élu
32:06en 2016,
32:07Donald Trump
32:07impose sa ligne
32:08l'Amérique d'abord.
32:10la tâche
32:13la tâche
32:13la plus urgente
32:14pour nous tous
32:15sera de reconstruire
32:17notre nation.
32:23Quand le président
32:24des Etats-Unis
32:25parle de protectionnisme,
32:28le chef de l'État
32:28monte à la tribune
32:29du Congrès américain
32:31pour défendre
32:32un autre modèle.
32:33nous avons besoin
32:39d'un commerce
32:39libre et équitable.
32:49Donald Trump,
32:50lui, déplore
32:50l'existence
32:51de cette Union européenne
32:52qui l'empêche
32:53de faire des affaires.
32:54Le commerce
32:56avec la France
32:56est compliqué
32:57parce qu'il y a
32:58l'Union européenne.
33:00Je préférerais
33:00traiter seulement
33:01avec la France.
33:02L'Union est très dure
33:03avec nous.
33:05Il déteste
33:06l'Union européenne.
33:08Et donc,
33:08chaque fois,
33:09au début de son mandat,
33:10chaque fois qu'il rencontrait
33:11un chef d'État européen,
33:13y compris Emmanuel Macron,
33:14il disait
33:14« Mais tu sais,
33:15si tu sors
33:16de l'Union européenne,
33:17je t'offre
33:17un accord commercial
33:18du feu de Dieu. »
33:20Et chaque fois,
33:21il disait ça
33:22à tous les dirigeants
33:23qui, chaque fois,
33:24devait dire
33:24« Mais non,
33:25c'est l'Union européenne. »
33:28Alors qu'il n'est plus
33:28à la Maison-Blanche,
33:30ces désaccords
33:31avec Emmanuel Macron
33:32deviennent
33:33un argument de campagne.
33:38Macron,
33:38qui est mon ami,
33:39est avec la Chine
33:40en train de lui
33:41lécher le cul.
33:45Quand il était président,
33:46je ne commentais pas
33:46ses phrases.
33:48Je ne vais pas le faire
33:48maintenant qu'il n'est
33:49plus président.
33:52En meeting,
33:54le candidat Trump
33:55aime raconter
33:55de quelle manière
33:56il a fait plier
33:57ce président français
33:58qui voulait taxer
34:00les géants américains
34:01du numérique.
34:04Je lui ai dit
34:05« Vous feriez mieux
34:06de l'annuler.
34:07Parce que si vous ne l'annulez pas,
34:09vous allez payer
34:09100% de droits de douane
34:11sur tous les vins
34:11et champagnes
34:12que vous expédiez
34:13aux États-Unis
34:14et dès ce soir. »
34:15Non, non, non !
34:16Vous ne pouvez pas
34:17faire ça, Donald !
34:18J'ai dit que
34:20j'allais le faire.
34:21En fait,
34:22je suis en train
34:22de le signer
34:23et le décréer
34:24en ce moment même.
34:25Non, non, non, non, non !
34:26Ok, Donald,
34:27regardez,
34:27je ne vais pas
34:27vous faire payer.
34:28Et c'était la fin
34:29de l'histoire.
34:30C'était si facile.
34:30Et on voit
34:33que dans la campagne
34:34pour sa réélection,
34:35Donald Trump
34:36se sert
34:36de cet épisode
34:37et de cette histoire
34:38quand il se moque,
34:39quand il imite
34:40Emmanuel Macron
34:41parce que c'est une façon
34:42de dire
34:43à ses électeurs
34:44« Je me montrerai
34:45encore plus inflexible
34:47sur ces questions
34:47commerciales
34:48lors de mon deuxième mandat. »
34:52De retour au pouvoir,
34:54Donald Trump
34:54tient parole.
34:57J'aimerais voir
34:57le graphique
34:58si vous l'avez.
34:59Le 2 avril 2025,
35:02dans la roseraie
35:02de la Maison-Blanche,
35:04le président des États-Unis
35:05proclame le jour
35:06de la libération.
35:08Par décret,
35:09il instaure
35:10des droits de douane
35:10exorbitants
35:11contre 175 pays étrangers.
35:15Vous vous dites
35:16que les Européens
35:17sont très gentils,
35:18mais ce sont des arnaqueurs
35:19et c'est triste à voir.
35:20C'est tellement pathétique.
35:24C'est un échec
35:25pour Emmanuel Macron
35:26qui,
35:27quelques semaines plus tôt,
35:28est allé
35:28à la Maison-Blanche
35:29pour essayer
35:30de convaincre
35:31Donald Trump.
35:32Il a essayé
35:32de lui dire
35:33qu'il ne fallait pas
35:34se lancer
35:35dans un bras de fer commercial
35:36au moment où,
35:37au contraire,
35:38il faut pour chaque pays
35:39augmenter
35:40les dépenses
35:40de défense.
35:43Prends soin de toi,
35:44je te rappelle.
35:45Merci Donald,
35:46merci,
35:47formidable.
35:49En sortant
35:50quand même
35:50de la Maison-Blanche,
35:51Emmanuel Macron
35:51confie aux journalistes
35:53américains,
35:53j'espère l'avoir
35:54convaincu.
35:55ce qu'on voit,
35:57c'est que ce voyage
35:58n'a pas fait bouger
35:59les lignes
35:59parce qu'il est vain
36:00d'essayer
36:00de convaincre
36:01Donald Trump
36:02dans ce domaine.
36:07Donald Trump
36:08veut aussi détricoter
36:09l'héritage
36:09des présidents démocrates
36:11qui l'ont précédé.
36:13Un accord est dans son viseur
36:15dès le premier mandat.
36:17Le traité
36:18sur le nucléaire iranien
36:19conclut pendant
36:20la présidence
36:21de Barack Obama.
36:23Il devait permettre
36:23de limiter
36:24les ambitions
36:25de Téhéran.
36:28C'est un mauvais accord.
36:30Avec un mauvais dispositif,
36:32il s'effondre.
36:34Il n'aurait jamais
36:34dû être conclu.
36:39Donald Trump
36:40veut déchirer l'accord.
36:42Emmanuel Macron
36:43va tout tenter
36:44pour le faire changer d'avis.
36:49L'occasion se présente
36:50lorsque le chef
36:51de l'État
36:51effectue son tout
36:52premier voyage
36:53à Washington.
36:58Emmanuel Macron
36:59arrive aux États-Unis
37:01pour une visite
37:01officielle de trois jours.
37:03C'est la première
37:03organisée par Trump
37:05depuis qu'il est
37:06à la Maison Blanche.
37:06C'est pour le chef
37:07d'État français.
37:08Donc évidemment,
37:09c'est très important.
37:09La visite est préparée
37:10aux petits oignons
37:11avec un programme
37:12fabuleux,
37:14dîner d'État
37:15à la Maison Blanche,
37:16réception
37:17dans la banlieue
37:18de Washington
37:18au Mont Vernon
37:19qui était la demeure
37:20du premier président américain
37:21de George Washington.
37:22Au cours du séjour,
37:26Emmanuel Macron
37:27et Donald Trump
37:28ont un tête-à-tête
37:29à la Maison Blanche.
37:32Ils ont eu
37:34une vraie conversation
37:35seules dans le bureau
37:36ovale,
37:37à l'exception
37:37des interprètes.
37:39Et en gros,
37:39Macron a reconnu
37:40qu'il y avait des défauts
37:41dans l'accord nucléaire.
37:42Mais il a dit
37:43que la façon
37:44de les corriger,
37:45c'était de laisser
37:45l'accord nucléaire
37:46en place,
37:47de le compléter
37:48en faisant un accord
37:49beaucoup plus important.
37:51Trump a répondu
37:52qu'il était prêt
37:53à envisager
37:54la négociation
37:54d'un accord
37:55plus important,
37:56mais qu'il allait
37:57d'abord se retirer
37:58du traité nucléaire
37:59existant.
38:00Et Macron a essayé
38:01de lui expliquer
38:02pourquoi il ne devait
38:03pas le faire.
38:03À la sortie,
38:07j'ai un premier échange
38:09avec le président
38:10de la République
38:10qui me dit
38:10ça y est,
38:11ça y est,
38:12je l'ai convaincu.
38:13Et là,
38:13je suis très gêné
38:14parce que moi,
38:15je connais Donald Trump,
38:16je sais très bien
38:17comment il fonctionne,
38:19comment il ne dit
38:20jamais non,
38:21mais qu'en réalité,
38:23qu'il a déjà pris
38:24sa décision
38:25et qu'en réalité,
38:28il n'a pas voulu
38:28dire non
38:29à Emmanuel Macron,
38:30mais c'est en fait,
38:32c'est un non.
38:33Moins de 15 jours
38:35après la visite
38:36d'Emmanuel Macron,
38:37Donald Trump
38:38annonce officiellement
38:39sa décision.
38:42Aujourd'hui,
38:43nous envoyons
38:43un message essentiel.
38:45Les États-Unis
38:46ne font plus
38:48de menaces en l'air.
38:49Quand je fais des promesses,
38:51je les tiens.
39:00Emmanuel Macron
39:01revient à la charge
39:02l'année suivante
39:03cette fois pour tenter
39:05de renouer un dialogue
39:06entre les États-Unis
39:07et l'Iran.
39:10Le président français
39:11prend une nouvelle initiative
39:12à l'occasion du G7
39:14qu'il organise
39:15à Biarritz.
39:17Il fait venir
39:17en toute discrétion
39:19le ministre
39:19des Affaires étrangères
39:20iranien
39:21et il met tout en œuvre
39:23pour que Donald Trump
39:24accepte de le rencontrer
39:26contre l'avis
39:27de ses conseillers.
39:28J'étais fermement opposé
39:30à cette rencontre
39:31parce qu'elle aurait donné
39:32une légitimité
39:33aux camps iraniens.
39:35Les Iraniens n'avaient
39:36rien de nouveau à dire
39:37et cela aurait été utilisé
39:39contre Trump
39:40s'ils l'acceptaient.
39:43Pour avancer
39:43ses arguments,
39:45Emmanuel Macron propose
39:46un nouvel entretien
39:47à Donald Trump.
39:48Quand Trump est arrivé,
39:51Macron et lui
39:52sont allés s'asseoir
39:53à une table
39:54et le reste d'entre nous
39:55a déjeuné
39:56et les a regardés
39:58pendant une heure
39:58en se demandant bien
40:00de quoi ils parlaient.
40:02Je crois que ce G7
40:03arrive à un moment
40:04de grands enjeux.
40:06Nous avons beaucoup
40:06de sujets internationaux
40:07à discuter,
40:09particulièrement sur l'Iran.
40:11On travaille
40:11et tout le monde
40:12à beaucoup d'échanges.
40:14Ce n'était pas inhabituel
40:15dans la relation de Trump
40:16avec Macron.
40:18Je ne pense pas
40:18qu'il aimait fondamentalement
40:20Macron,
40:20mais de temps en temps,
40:21Macron était capable
40:22de le charmer
40:23et Trump a dit
40:25c'est le meilleur déjeuner
40:26que je n'ai jamais eu.
40:28Moi, je n'ai jamais
40:29vraiment compris pourquoi.
40:30Mais en tout état de cause,
40:32il s'agissait d'un effort
40:33de Macron
40:34pour amener Trump
40:34à faire quelque chose
40:36qui allait dans le sens
40:37des intérêts français
40:38mais qui ne correspondait
40:39pas à l'agenda américain.
40:41La rencontre
40:42entre Donald Trump
40:43et le ministre iranien
40:44n'aura finalement pas lieu.
40:45une victoire
40:47pour les équipes
40:48du président
40:49des Etats-Unis
40:49et un nouvel échec
40:51pour Emmanuel Macron.
40:55Je me suis réveillé
40:56le lendemain matin
40:57et j'ai appris
40:58que Trump avait décidé
40:59de ne pas rencontrer
41:00les Iraniens.
41:01C'était au moins
41:02une victoire.
41:03Mais j'avais croisé
41:04mon homologue français
41:05la veille
41:05et je lui avais dit
41:06en des termes très clairs
41:08que ce qu'avait fait Macron
41:09était inacceptable.
41:10En janvier 2024
41:17alors que Donald Trump
41:19est à nouveau
41:20aux portes du pouvoir
41:21Emmanuel Macron
41:23dresse un bilan.
41:24Monsieur le Premier ministre
41:25mesdames et messieurs
41:26les ministres
41:27nous avons eu
41:28des échecs
41:29le climat
41:31certaines taxation
41:33mais plus largement
41:35je pense qu'il ne faut pas
41:36s'intéresser aux personnes
41:37il faut avoir la lucidité
41:38de voir que
41:39les Etats-Unis d'Amérique
41:40sont un grand allié
41:41mais c'est une démocratie
41:43qui traverse aussi une crise
41:44dont la priorité première
41:47est elle-même.
41:49C'est en regard
41:50d'une totale lucidité.
41:53Un jour
41:53dans ces rencontres
41:54on a en face de nous
41:55un Donald Trump
41:56totalement délirant
41:57c'est-à-dire
41:58qu'il dit n'importe quoi
42:00il aligne
42:01les contre-vérités
42:02toute la délégation américaine
42:04regarde le bout
42:05de ses chaussures
42:06d'ailleurs
42:06et à la sortie
42:07donc je dis
42:07au président de la République
42:08et je lui dis
42:09mais qu'est-ce que vous
42:10en avez tiré ?
42:11Et il m'a dit
42:11mais Gérard
42:12il n'y a rien à en tirer
42:13mais c'est l'homme
42:14le plus puissant au monde.
42:17Il n'y a pas de naïveté
42:19du côté français
42:20sur la capacité
42:21du président français
42:22à faire changer d'avis
42:24Donald Trump.
42:26Cette question
42:27qu'on m'a posée
42:27X fois
42:28à quoi ça sert
42:29de rencontrer
42:30le président américain
42:31il fallait le faire
42:32parce que c'est
42:33les Etats-Unis
42:34parce qu'on a
42:35des points communs
42:36très forts
42:37comme l'engagement
42:37contre le terrorisme
42:38et parce que
42:39même là
42:40où on n'est pas d'accord
42:41il faut faire son point
42:43il faut maintenir
42:45fermement
42:47ses positions.
42:48Sous-titrage Société Radio-Canada
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