Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 10/06/2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Dans les Incontournables, un album de piano, pas n'importe lequel.
00:03Souvenez-vous, l'année dernière, le procès des viols de Mazan
00:05fut l'une des affaires les plus médiatisées au retentissement mondial,
00:08faisant de Gisèle Pellicot une icône féministe partout autour de la planète.
00:12L'un de ses fils, Florian Pellicot, qui a des attaches en Dordogne,
00:15discret jusque-là, a décidé de sortir de l'ombre aujourd'hui.
00:19Et c'est la musique qu'il a choisie pour exprimer ce qu'il a ressenti tout au long de ce procès.
00:23Et Tadam, c'est le nom de cet album de piano à travers lequel il raconte ses émotions
00:27lors des différentes étapes du procès, de l'ouverture,
00:31en passant par l'effondrement face aux preuves.
00:38Jusqu'à l'épreuve de la vérité.
00:44Dix titres au piano pour libérer ses émotions.
00:47Bonjour Florian Pellicot.
00:48Bonjour Benoît, bonjour à tous.
00:49Vous sortez cet album six mois après la fin du premier procès.
00:52Comment vous allez aujourd'hui ? Vous êtes dans quel état d'esprit avec la sortie de cet album ?
00:56Je dirais que je suis en pleine reconstruction.
00:59C'est d'ailleurs assez étrange, parce que c'est vrai qu'il y a comme une part de moi
01:04où j'ai l'impression que tout ça ne s'est pas vraiment arrivé.
01:08Donc il y a une certaine forme de dissociation qui s'est faite.
01:11Et en même temps, je pense que la musique m'a beaucoup aidé aussi là-dessus.
01:14C'est un peu mon refuge en fait.
01:16C'est un côté thérapeutique, ça me permet d'extérioriser aussi pas mal d'émotions.
01:21Vous avez été très discret pendant l'affaire, vous ne souhaitiez pas vous exprimer publiquement.
01:26Pourquoi sortir cet album aujourd'hui ?
01:28Alors effectivement, je n'ai pas souhaité m'exprimer publiquement pendant le procès
01:31parce que j'avais besoin de me protéger, j'avais besoin de me recentrer aussi,
01:36peut-être de préserver aussi mon équilibre par rapport à ça.
01:40Et ce qui était important pour moi, c'était par rapport à la musique justement,
01:43de pouvoir extérioriser tout ça par le piano, de transcrire différentes émotions.
01:49Et puis de témoigner peut-être aussi de transformer l'épreuve en quelque chose de plus sensible, de partageable.
01:58Vous l'avez fait quand cet album ? Pendant le procès ? Après avec le recul ? Comment ça s'est fabriqué ?
02:03Ça s'est fait dans les deux temps en fait.
02:04Il y a eu une première partie pendant le procès, dans l'émotion brute du moment,
02:08et puis une autre partie un peu plus après, avec un peu plus de recul.
02:12Et puis c'est ce qui donne d'ailleurs à l'album ces différentes couches d'émotions qu'on peut peut-être ressentir aussi.
02:18Comme la tension immédiate, l'urgence, la douleur, la vérité, la sincérité, l'espoir.
02:25Pour moi les deux temps cohabitent assez bien dans la musique.
02:28Comment vous avez fait justement pour retranscrire ces émotions au piano ?
02:32Ça fonctionne comment ?
02:33Le piano c'est un peu mon langage, c'est-à-dire que quand je ressens une émotion c'est assez instinctif.
02:38C'est-à-dire que je mets au piano, je mets mes mains sur le clavier, et puis les notes ont tendance à sortir d'elles-mêmes.
02:44C'est presque un peu mystique, genre je ne cherche pas à faire joli ou à plaire.
02:49Ce qui est important pour moi c'est de retranscrire la musique comme elle vient.
02:52Ça a été une grosse réflexion de sortir cet album. Est-ce que vous avez au début pensé le garder pour vous ?
02:58Ça n'a pas été une longue réflexion, parce que pour moi la musique c'est fait pour être partagé.
03:04Et dans ce cadre-là c'est important pour moi justement de...
03:08Voilà, c'est le contraire du silence.
03:09Donc même si l'histoire elle est intime, même si elle est personnelle,
03:12j'ai senti que ce que j'avais vécu ça pouvait peut-être parler à d'autres gens,
03:16peut-être modestement aussi les aider là-dedans.
03:18Donc j'ai senti que je pouvais retranscrire les choses avec beaucoup de sincérité,
03:21et si ça peut toucher les gens, c'est tant mieux.
03:24Et est-ce que votre entourage l'a écouté, votre maman Gisèle Pellicot notamment ?
03:27Oui, je l'ai offert à ma maman pour la fête des mères.
03:30Elle l'a beaucoup appréciée.
03:32C'est vrai que c'était un moment, on a pleuré ensemble.
03:34C'était très doux, très fort, c'était un moment assez magique.
03:38On s'est retrouvés dans cette émotion commune,
03:41et c'est vrai que le timing était plutôt parfait,
03:43parce que pour la fête des mères,
03:44quel meilleur cadeau qu'on peut faire pour sa mère d'offrir un album.
03:47Donc j'étais très fier de ça.
03:49Alors il y a cet album que vous sortez,
03:50vous avez aussi partagé sur vos réseaux sociaux le clip J'accuse de la chanteuse Suzanne.
03:55Pourquoi c'est important que la culture s'empare de ce sujet aujourd'hui ?
03:59Parce que pour moi le silence, il est plus acceptable.
04:02C'est-à-dire que ces sujets-là, pour moi, ils doivent sortir de l'ombre.
04:05Quand des artistes engagés comme Suzanne parlent, chantent, dénoncent,
04:09d'ailleurs elle l'a fait avec beaucoup de talent,
04:11ça permet aussi de libérer la parole,
04:13ça permet de sensibiliser aussi autrement.
04:15Et je pense que la culture, au sens large,
04:19ça a ce pouvoir aussi incroyable de toucher le cœur des gens.
04:22Donc pour moi, au sens large,
04:24que ce soit l'art, la musique, la culture,
04:27c'est des alliés assez puissants dans la lutte, tout simplement.
04:30Il y a quelques jours, vous étiez à Caen pour recevoir un prix,
04:33le prix Liberté, adressé à votre maman Gisèle Pellicot.
04:37Vous avez sorti cet album il y a quelques jours.
04:39Vous avez besoin aujourd'hui de, personnellement,
04:41vous prendre part au combat ?
04:44Je ne sais pas si c'est un besoin de prendre part au combat,
04:46au sens militant du terme,
04:48parce que je ne me sens pas forcément militant
04:50ou porteur d'une cause quelconque,
04:51parce que d'abord je ne me sens pas forcément légitime pour le faire.
04:54En tout cas, ce qui est important aujourd'hui pour moi,
04:55c'est que je me bats pour la justice,
04:57pour la paix,
05:00pour la paix pour moi, pour ma maman,
05:02pour toutes ces femmes et ces hommes qui ont été victimes de violences.
05:06De toute façon, je ne supporte plus l'injustice aujourd'hui.
05:09Il n'y a plus d'écart de route qui est possible.
05:11Donc c'est important pour moi,
05:12si je dois mener un combat,
05:15que je le fasse à travers la musique.
05:16La musique, l'émotion, la vérité.
05:18Et vous avez eu un mot sur scène d'ailleurs pour les générations futures.
05:21Oui, tout à fait.
05:22C'est important parce que finalement,
05:23ce combat-là, il est pour la jeunesse.
05:25Et je pense qu'aujourd'hui,
05:27justement, ce prix de liberté-là,
05:28qui a été remis par 10 000 jeunes à travers le monde,
05:30ça permet de voir aussi que les jeunes sont sensibilisés sur la question.
05:33Et c'est là où c'est le plus important, je pense.
05:35Merci Florian Pellicot d'avoir accepté de venir nous parler de cet album Etat d'âme.
05:40Vous êtes donc l'un des fils de Gisèle Pellicot
05:42et vous racontez à travers votre piano
05:44toutes les émotions par lesquelles vous êtes passés
05:46lors de ce procès des viols de Mazan.
05:47L'album qui est disponible sur toutes les plateformes.
05:50Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?
05:51C'est quoi les projets qui arrivent ?
05:52De la scène, du contact avec le public
05:55et puis de transmettre davantage d'émotions aux personnes.
05:57On nous tenait au courant ?
05:58Avec plaisir.
05:59A bientôt.
05:59A cette invitation.

Recommandations