00:01Et comme l'a si bien dit mon frère, je suis là aujourd'hui au Burkina dans le cadre d'un pèlerinage.
00:10Ce pèlerinage, je le fais parce que je me dis que si le premier précurseur du reggae, notamment Robert Nesta Marley, était en vie,
00:23il serait déjà venu faire son pèlerinage au Burkina Faso avec vous, vu la noblesse et la grandeur du combat que vous menez au Burkina Faso.
00:34Je viens au Burkina pour demander aux ancêtres aussi de veiller sur les dirigeants de l'AES et les peuples de l'AES.
00:42Et plus particulièrement sur le président, son excellence, le capitaine Ibrahim Traoré.
00:47Parce qu'il est, lui particulièrement, singulièrement, une cible privilégiée de l'impérialisme à cause de la maîtrise dont il fait montre en matière de communication.
01:07Vous le savez, une communication d'ailleurs qui a poussé depuis l'abolition de l'esclavage et de la colonisation,
01:18qui a poussé des afro-descendants à descendre partout dans les rues, point levé, pour soutenir un idéal africain,
01:26pour soutenir une vision africaine et pour soutenir un dirigeant africain.
01:30C'est quand même historique.
01:31Deuxièmement, M. Burkina, pour remettre à main propre le clip de la chanson Ibekouma aux différentes autorités du pays.
01:44Et profiter aussi pour demander au président du Faso, son excellence, le capitaine Ibrahim Traoré,
01:52c'est de bien vouloir m'octroyer la nationalité burkinabé afin de faciliter ma mobilité dans cette lutte
02:10où les valets locaux, inlassablement et quotidiennement, essayent de me confiner.
02:15Parce que même tout à l'heure, si on a pris du retard, c'est parce que j'ai été bloqué par la police.
02:23Parce qu'on ne peut pas mener une lutte en étant confiné.
02:29Parce que la voix, c'est vrai qu'elle va très loin, mais la mobilité aussi du corps, elle est importante.
02:37Donc, troisièmement, je viens au Burkina Faso pour réaliser un clip.
02:43Le clip de la chanson que j'ai dédiée à l'AES.
02:48Et j'ai décidé de le réaliser ici avec la participation de toute la jeunesse burkinabé.
02:52Donc, si je suis là, c'est pour fondamentalement les trois raisons.
03:00Et je pense que Madès, qui est mon guide, je pense que vous êtes tous satisfaits.
03:09Voilà les raisons qui m'amènent au Burkina Faso.
03:11Merci.
03:12Alors, bienvenue, vous êtes arrivé.
03:14Vous avez évoqué toutes les raisons pour venir au Burkina Faso.
03:17Il y a une des raisons, votre dernier singer, Ibe Kouma, est une réplique au musicien Fadaldé.
03:27Pourquoi vous avez décidé de faire cette réplique ?
03:30Je n'ai pas répliqué qu'à Fadaldé, je n'ai pas répondu qu'à Fadaldé dans cette chanson.
03:35J'ai répondu à tous les artistes.
03:38La patrie ou le monde ?
03:39A tous les artistes, je dis bien, qui à un moment donné de leur carrière,
03:45ont chanté l'hymne de la liberté, ont chanté l'hymne de la révolte,
03:53ont chanté l'hymne de la résistance, et ont chanté l'hymne de l'éveil de conscience.
03:59Alors, je ne peux pas comprendre qu'on soit une autre version de nous-mêmes.
04:03Qu'on réclame une Afrique unie, rien qu'en écoutant la chanson de Tiken Dianfakoli
04:09qui dit que quand nous serons unis, ça va faire mal,
04:11je me pose la question quand il dit que quand on sera unis comme les Etats-Unis,
04:16s'il sait le prix que les Etats-Unis ont payé pour être unis.
04:22Je me pose la question si les grands frères savent
04:25qu'en 1900, le 10 décembre 1948,
04:29lorsque la Convention internationale des droits de l'homme a été adoptée,
04:33c'était suite à la Deuxième Guerre mondiale
04:35qui a coûté 50 millions de morts à l'humanité.
04:38Il n'y a pas de paix sans sacrifice,
04:40il n'y a pas de monde sans sacrifice.
04:43Donc, je souhaiterais que les grands frères comprennent
04:46que la jeunesse africaine qui a compté sur eux,
04:51la jeunesse de ce continent qui a compté sur eux,
04:54qui les a mis sur une orbite internationale
04:57en les soutenant dans leur musique, dans leur combat,
05:00cette jeunesse les appelle aujourd'hui.
05:01Cette jeunesse les appelle à ne pas les abandonner,
05:05à ne pas l'abandonner dans cette lutte,
05:07dans cette dynamique de l'AES.
05:09C'est pourquoi j'ai répliqué.
05:10Il y a aussi,
05:12le fait que vous avez des difficultés
05:14avec le pouvoir à Konakry,
05:17vous demandez d'ailleurs une nationale de ce qu'il n'y a.
05:20Aujourd'hui, la situation à Konakry,
05:22comment vous la percevez ?
05:24La situation est très, très difficile,
05:26elle est critique.
05:28La situation, en tant que panafricain,
05:30j'ai décidé de prendre mes distances.
05:34Parce qu'à un moment donné,
05:35dans une lutte, il faut faire son choix.
05:37Moi, je suis le fruit et le fils,
05:39le descendant de Sekoutouré.
05:41Mon pays a été un pays pionnier
05:44dans la lutte pour le panafricanisme en Afrique.
05:48Dans la lutte pour la mise en place
05:49du premier organisme
05:52qu'on appelle l'organisation de l'unité africaine.
05:55Notamment avec le président Sekoutouré,
05:57avec le président Kwame Kourma,
05:58et ainsi de suite.
05:59Et Aïlé Sélassier.
06:00Donc, je ne peux pas comprendre
06:01qu'aujourd'hui, dans mon pays,
06:05qu'à côté de nous,
06:06qu'il y a une dynamique qui se met en place,
06:09qu'on appelle l'AES,
06:10une dynamique qui appelle à la souveraineté africaine,
06:13à la dignité de l'homme noir,
06:15de l'homme africain,
06:16et que mon pays se désolidarise.
06:18Moi, Elie Kamano,
06:19je me désolidarise de ça.
06:20Mon combat est plus âgé que ce régime qui est là.
06:26Mon combat, il y a 20 ans que je me bats pour les valeurs en Afrique.
06:30Tout le monde le sait.
06:31Il y a plusieurs régimes qui sont succédés dans mon pays
06:33que j'ai combattus,
06:34parce que c'est des régimes qui n'étaient pas en adéquation
06:36avec les attentes panafricanistes de Elie Kamano
06:38et les attentes nationalistes de Elie Kamano.
06:41Elie Kamano,
06:43au regard des persécutions,
06:45vous faites l'objet dans votre pays,
06:49vous demandez la nationalité d'ailleurs,
06:50et ça a dit que désormais,
06:52après avoir l'obtenu,
06:53vous résiderez ici,
06:56au Burkina Faso.
06:57Naturellement que c'est dans mon projet de résider au Burkina Faso.
06:59Ça, ce n'est pas parce qu'il y a
07:02cette vendetta
07:04en Guinée,
07:07ou bien il y a ce régime
07:08dictatorial et totalitaire.
07:10Ce n'est pas à cause de ça,
07:12mais le choix de vivre au Burkina Faso
07:13m'anime il y a très longtemps.
07:16Je commence à venir dans ce pays depuis 2009.
07:19Je suis un fruit, si vous voulez,
07:23aussi de Thomas Sankara idéologiquement.
07:25Donc, ceux qui me connaissent le savent.
07:27On a fait beaucoup de choses ensemble.
07:29Je demande la nationalité burkinabé
07:30parce que mon combat est en droite ligne,
07:33en adéquation avec les burkinabés.
07:36Parce que ma musique
07:37est une musique qui est écoutée,
07:40acceptée,
07:41une musique idolâtrée,
07:42une musique répétée
07:43ici au Burkina Faso.
07:47Moi, je pense que c'est en droite ligne
07:50avec mon combat et ma lutte.
07:51J'ai déjà lancé mon message.
08:04Parce que, vous savez,
08:07qui dit révolution,
08:09dit rupture avec les pratiques anachroniques.
08:12Qui dit révolution, dit réaménagement.
08:14Dit restructuration, dit refonte.
08:16Et on ne peut pas parler de restructuration
08:18sans pour autant apporter du sang neuf.
08:22Et sans pour autant inoculer dans l'ADN du peuple
08:25le syndrome du patriotisme à travers la communication.
08:29Et vous le savez,
08:31comme moi aujourd'hui,
08:31que l'esprit de nos peuples,
08:34en tout cas,
08:35une grande partie de nos peuples,
08:37se trouve aujourd'hui dans les mains de l'oppresseur.