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Philippa Motte, formatrice sur les thématiques de santé mentale au travail, était l'invitée de Mathilde Serrell, sur France Inter, lundi 9 juin. Elle publie "Et c’est moi qu’on enferme" (Stock).

Retrouvez « L'interview de 9h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20

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Transcription
00:00Et Mathilde Serrel, vous recevez ce matin une écrivaine et experte en santé mentale en entreprise.
00:05Bonjour Philippe Hamotte.
00:06Bonjour.
00:07Selon vos propres mots, vous êtes « bipolaire ta mère ».
00:11Ça signifie quoi pour vous ?
00:14Non, si on replace ça dans le contexte du livre, c'est un moment donné où j'ai un entretien avec le médecin
00:21et je suis hospitalisée sans consentement, je viens d'arriver et donc c'est la première fois que je le rencontre
00:26et il me dit « vous êtes bipolaire mademoiselle » et moi je suis très en résistance contre tout ce qui est en train de se passer,
00:32cette hospitalisation sans contrainte et donc je dis que dans ma tête je me dis « bipolaire ta mère ».
00:37C'est une forme de résistance et de contestation de la situation globale dans laquelle je suis.
00:46Bipolaire ta mère revient beaucoup dans ce livre publié chez Stock et c'est moi qu'on enferme.
00:50On reviendra aussi sur ce titre.
00:52Vous êtes experte en santé mentale en entreprise en effet depuis une quinzaine d'années
00:55mais là vous nous racontez cette crise en 2010, vous avez 31 ans, vous êtes mère de deux enfants
01:00et tout d'un coup vous allez abandonner sur un coup de tête mari et enfant pour arpenter Paris nuit et jour.
01:07Ça s'ouvre donc sur une grande scène maniaque, une crise maniaque dans le cadre des bipolaires,
01:13donc c'est une phase maniaque dans un McDo où vous parlez de sacré, un espagnol qui n'y pipe mot.
01:19Pourquoi c'était important pour vous de bien raconter ce que c'est que cette crise maniaque,
01:24d'essayer de vous souvenir précisément de ce qu'il y avait en vous avant que ce ne soit, comme vous le dites dans le livre, des cendres ?
01:31J'ai le sentiment que c'est très compliqué, c'est très impalpable ces expériences de manie, cette expérience de la folie
01:38et j'avais vraiment à cœur d'essayer d'emmener le lecteur presque avec moi dans cet état en le décrivant le plus précisément possible,
01:48en montrant dans ces moments-là ce que je pense, ce que je ressens, ce qui se passe dans mon esprit, ce qui se passe dans mon corps,
01:55les comportements que j'adopte, parce qu'au fond pour la plupart des gens, c'est un concept.
02:03Qu'est-ce que ça veut dire basculer en dehors du réel ? Comment ça se traduit ?
02:07Qu'est-ce qui se passe dans l'esprit des gens dans ces moments-là ?
02:10Vraiment j'avais à cœur d'essayer de faire toucher ça au lecteur.
02:13Et de lui faire toucher aussi une sorte d'acuité par rapport au monde.
02:18Mes yeux sont architectes et tailleurs de pierres, écrivez-vous.
02:21C'est comme si toute notre intériorité se déversait d'un coup.
02:23Il y a à chaque fois un risque réel de mort psychique qu'on n'ait pas fait pour soutenir une expérience pareille,
02:28avec vous racontée, mais en même temps c'est une expérience où le réel est augmenté, c'est ça Philippe Hamotte ?
02:33C'est-à-dire qu'il y a à la fois, c'est vrai, une forme d'acuité, d'hypersensibilité, de perception des choses qui est accrue.
02:41Et en ce sens c'est extrêmement jubilatoire.
02:44Il y a aussi des facultés créatives qui émergent, un rapport au sacré, souvent des expériences mystiques.
02:51C'est souvent décrit par les personnes qui vivent ce genre de crise.
02:55Et en parallèle de cette forme d'éveil, c'est comme si on était rattrapé par toutes ces failles,
03:01toutes les failles qu'on a à l'intérieur de nous-mêmes.
03:02Et on a tous à l'intérieur de nous beaucoup d'ombre, beaucoup d'obscurité, potentiellement de la colère,
03:09en ce qui me concerne de la paranoïa, peut-être des blessures que j'ignore.
03:13Et en fait, la phase maniaque, c'est comme si tout s'ouvrait d'un coup et tout se déversait.
03:18On n'est pas fait, effectivement, pour avoir accès à ça d'une manière aussi brutale, aussi directe.
03:24Ce n'est pas pour rien qu'il y a des gens qui passent des dizaines et des vingtaines d'années en psychanalyse
03:28pour toucher un certain nombre de choses.
03:31Là, c'est bam ! Ça se déverse à l'intérieur de nous.
03:34C'est un précipité de l'inconscient qui arrive de manière foudroyante dans le réel.
03:39C'est comme ça qu'après coup, je l'analyse. C'est comme si tout ce que je contiens,
03:44ce qu'il y a de plus lumineux et de potentiel en moi, mais aussi ce qu'il y a de plus sombre et de plus blessé,
03:51se déversait d'un coup. Et ma conscience, j'avais accès à ça et ça rend fou, en fait.
03:56J'aimerais qu'on entende Michel Foucault, bien sûr, qui a écrit une histoire de la folie
03:59et qui associe la folie à une forme de voyance dans le théâtre. On l'écoute.
04:03Il s'agit de lui placer dans la bouche des paroles plus vraies que la vérité des gens qui ne sont pas fous.
04:09Le fou est un voyant. C'est celui qui voit au-delà, qui voit mieux, qui dit mieux,
04:16qui avec une espèce de naïveté, qui n'est naïveté que pour les hommes,
04:21voit très profondément l'envers des choses, c'est-à-dire leur vérité.
04:25Alors cette vérité à l'envers, qui est plus vraie que la vérité à l'endroit,
04:28c'est ça la fonction dramatique du fou.
04:30Le philosophe Michel Foucault, qu'est-ce que vous pensez, Philippe Hamot,
04:34de cette vérité qui est en fait à l'envers et qu'on voit tout d'un coup à l'endroit ?
04:39C'est vrai que c'est très étonnant parce qu'au milieu de ce grand n'importe quoi
04:42et d'une expérience qui est très dangereuse aussi, il ne s'agit pas de la glorifier non plus.
04:49D'ailleurs, parenthèse, c'était dangereux pour vous de réécrire,
04:51c'est-à-dire de vous plonger à nouveau dans cette phase maniaque.
04:55Vous avez peur de réveiller, on en reparlera, ce personnage que vous donnez à votre moment maniaque, la guerrière.
05:01Oui, il fallait faire attention en écrivant la guerrière,
05:04elle est très captivante, donc il fallait faire attention effectivement en écrivant tout ça.
05:12Mais par rapport à ce que dit Foucault, c'est vrai que dans ces moments-là,
05:16on peut avoir des fulgurances, percevoir des choses, même renvoyer des choses aux autres extrêmement brutales,
05:23mais dans lesquelles il y a une forme de vérité.
05:25Et je parle aussi beaucoup dans le livre, je fais des portraits des gens que je croise,
05:30qui sont hospitalisés sous contrainte avec moi,
05:33qui sont dans l'esprit de la plupart des gens considérés comme des damnés de la terre.
05:37Et moi, je découvre aussi cette poésie, cette faculté à formuler des choses d'une manière unique
05:43qu'ont les personnes qui sont hospitalisées avec moi.
05:45Et donc cette acuité, cette poésie que décrit Michel Foucault,
05:51et ce côté presque voyant parfois,
05:54qui malheureusement part en cendre après, quand la crise s'arrête,
05:59et que c'est très à double tranchant.
06:02Et puis aussi on a des médicaments, c'est-à-dire qu'on a un traitement très lourd
06:06pour camisoler d'une certaine manière ces fulgurances,
06:09parce qu'elles ont aussi parfois des dangers pour les malades.
06:12On joue sur la crête.
06:13On est sur la crête, et puis voilà, je parle là, on parle du côté lumineux de l'expérience,
06:18mais le côté ténébreux, il est très aigu.
06:20Comme j'ai dit, il y a des symptômes de paranoïa terrible,
06:22donc c'est des moments...
06:23Vous en avez, vous d'ailleurs.
06:24Oui, où j'ai atteint des degrés de peur absolument inimaginables.
06:29On ne dort plus.
06:30Donc c'est extrêmement dangereux, et pour le corps, et pour le psychisme.
06:33Et quel que soit ce que ça nous fait toucher,
06:37c'est une manière de le toucher qui est extrêmement dangereuse,
06:40dans laquelle on risque quand même la mort psychique à chaque fois.
06:44Donc certes, il y a peut-être de grands enseignements à tirer de ça,
06:48et des expériences très singulières qu'on fait dans ces états-là,
06:51mais on le paye aussi très cher.
06:54Et moi, j'ai fini par comprendre que vraiment,
06:56ce n'est pas le bon chemin et qu'il ne faut pas y aller.
06:58On ne réveille pas la guerrière.
07:00Non.
07:00Vous racontez très très bien, c'est ça aussi, ce travail dans ce livre,
07:04c'est de retrouver des mots pour pouvoir saisir cette expérience si fugace,
07:08si fulgurante et si dangereuse.
07:10Mes sens sont aiguisés comme des couteaux de boucher
07:13avant qu'ils s'attaquent à une pièce de viande.
07:15Donc là, on imagine l'état dans lequel vous vous trouvez,
07:18et c'est aussi un moment pour vous de découvrir l'art.
07:22Il y a une faculté créatrice, en effet, qui va s'éveiller à travers la peinture, l'écriture.
07:27Vous dites, la folie me donne l'art, mais quand elle s'en va, elle me le reprend.
07:30Donc comment ça s'est passé pour l'art littéraire ?
07:33En fait, c'est ça.
07:35Tout d'un coup, je me mets à écrire, je me mets à dessiner.
07:38Alors, c'est brouillon, ça va dans tous les sens.
07:40Mais il y a vraiment cette énergie créative que je ne me connaissais pas
07:44dès la première crise à 20 ans,
07:46parce que dans le livre, je fais plusieurs flashbacks aussi
07:48pour dire qu'il y en a eu plusieurs.
07:50Et donc, j'ai encore chez moi des cahiers de dessin
07:53que j'ai fait dans ces moments-là.
07:55Mais on ne peut pas aboutir à quelque chose.
07:58Il peut y avoir quelques fulgurances,
08:00même dans le dessin, dans la poésie, dans l'écriture.
08:02Mais après, tout l'enjeu,
08:04c'est de ramener dans la réalité ces facultés-là.
08:08Mais dans une surface sécurisée.
08:10Et puis se reconstruire psychiquement.
08:13Et puis écrire, c'est du travail.
08:15Il faut beaucoup de rigueur, il faut beaucoup de discipline,
08:18il faut beaucoup de régularité.
08:19Et dans ces états-là, on n'en a pas du tout.
08:21On passe d'un truc à un autre, tout va très vite.
08:24Et puis après, on est très très mal.
08:27Dans les moments de dépression, la création,
08:29elle n'a pas lieu.
08:32Donc c'est quand même tout un grand défi
08:34de pouvoir à nouveau créer en dehors de ces états-là.
08:38Moi, je suis très heureuse d'être parvenue à le faire.
08:41Ce livre est une matérialisation de cette grande reconquête
08:47dans la réalité de ces facultés créatives
08:49qui me font penser d'ailleurs qu'il faudrait pouvoir demander aux gens,
08:54au lieu de réduire uniquement les choses à des symptômes pathologiques,
08:58peut-être ce qui s'est passé d'important pour eux dans ces phases-là.
09:02Et qu'est-ce qu'ils aimeraient peut-être reconquérir dans un état plus stabilisé.
09:06C'est le travail que vous faites avec ceux que vous accompagnez en entreprise
09:10qui ont un handicap psychique ou qui sont malades mentaux ?
09:12Alors moi, je travaille à la fois en entreprise.
09:16Donc en entreprise, je fais de la formation et de la sensibilisation
09:19sur les enjeux de santé mentale, emploi, handicap psychique, emploi
09:23pour voir comment est-ce qu'on peut insérer dans l'emploi des personnes concernées,
09:27maintenir dans l'emploi des personnes concernées.
09:29Et puis après, j'ai tout un travail aussi dans le secteur sanitaire et médico-social
09:33où je travaille avec des professionnels du soin et de l'accompagnement
09:36pour essayer de faire évoluer certaines pratiques d'accompagnement
09:39dans le soin en psychiatrie.
09:42Et là, je fais aussi ce qu'on appelle de la pérédance.
09:44C'est le fait d'avoir été soi-même concernée par ces troubles
09:47et d'intervenir auprès des personnes qui sont peut-être un peu moins avancées
09:51dans leur parcours de rétablissement.
09:53Et c'est sûr qu'en tant que pérédante et en tant que coach,
09:56je me suis formée au coaching pour pouvoir le faire,
09:59j'ai à cœur de parler de ça avec les personnes que j'accompagne.
10:02Et de retrouver cette étincelle sans qu'elles les mettent en danger d'une certaine manière.
10:06En tout cas, d'être très à l'écoute de ce qui s'est passé pour elles,
10:09même de ce qui peut sembler complètement irrationnel
10:12et de ne pas uniquement le réduire à des symptômes pathologiques
10:15et d'essayer de leur demander ce qui fait sens pour elles.
10:18Est-ce qu'il y a des choses importantes ?
10:20Est-ce qu'il y a des choses qu'ils arrivent à faire vivre après coup dans la réalité ?
10:24Et s'ils en ont envie, comment est-ce qu'on pourrait réfléchir ensemble
10:27à comment ça pourrait être possible ?
10:29Mais en tout cas, je ne dis pas que l'expérience est caduque
10:34et qu'elle n'a aucun intérêt.
10:35Au contraire, je lui accorde de la valeur.
10:37Et ça, c'est ce que vous auriez aimé qu'on fasse pour vous.
10:40C'est aussi un document très important sur ce qu'est l'internement en hôpital psychiatrique, ce livre.
10:46D'ailleurs, on peut le rappeler, vous saviez donc que vous étiez bipolaire
10:49suite à une première crise à 20 ans.
10:51À l'époque, on vous plaque au sol, on vous menotte
10:53et on vous jette dans cet internement de force.
10:58Ce qui est fou, c'est que même dix ans plus tard,
11:00lorsque vous faites cette nouvelle crise, que vous êtes mère de deux enfants,
11:03vous racontez qu'elle s'est peut-être déclenchée
11:04parce que vous étiez épuisée à tout donner au quotidien
11:08et que vous n'avez peut-être pas mesuré la baisse de vos forces.
11:12Toujours est-il que dix ans plus tard, c'est la même chose.
11:14On ne vous explique jamais vraiment ce qui va se passer,
11:16ni pourquoi vous êtes là.
11:17On vous demande de faire la queue, de prendre vos médicaments.
11:19Ça, c'est fou cette absence de communication dans l'enceinte de l'hôpital.
11:24Oui, il y avait, c'était il y a quinze ans
11:26et je pense qu'il y a quand même beaucoup de services de soins
11:29qui sont en train d'essayer de repenser leur manière de faire aujourd'hui,
11:32y compris sur les pratiques d'isolement et de contention.
11:34Enfin, il y a quand même un militantisme et une réflexion
11:37même de la part de certains soignants autour de ces questions-là.
11:40Qui regrettent même de se retrouver dans ces conditions et qu'ils font savoir.
11:43Voilà, pour qui c'est une souffrance aussi en fait
11:45et c'est une source d'anxiété terrible.
11:47Mais c'est vrai qu'à l'époque, il y avait cette absence de mots.
11:50Je pense que ce qui me frappe avec du recul,
11:53c'était qu'il y avait beaucoup de peur en fait de part et d'autre
11:56et de la part des patients et peut-être y compris de la part des soignants
12:01et une grande difficulté à se rencontrer
12:04à partir du moment où il y a des symptômes aigus, très atypiques,
12:08une difficulté à rentrer en relation avec l'autre.
12:10On est affolé par le fou, d'une certaine manière.
12:12Oui, par le fou, par celui qui a des pensées suicidaires.
12:15Tout ça est tellement sombre, atypique, inabordable quand on est soi-même dans un état d'irrationnel
12:22que la communication est...
12:24Que tout le monde a peur de tout le monde à tel point que lorsque vous êtes libérée,
12:27c'est une surprise mais il n'y a pas plus de mots.
12:30On vous fait une ordonnance et on vous dit d'aller consulter régulièrement un psychiatre en ville, c'est tout.
12:34Exactement et même mes proches aussi sont extrêmement surpris.
12:38Il y a eu la signature de l'hospitalisation sans consentement
12:40et puis tout d'un coup, tac, on vous la rend, trois mois après,
12:44sans plus, juste avec une ordonnance en guise d'échange, d'allais dire.
12:49En guise d'échange et d'explication.
12:52Alors lorsque vous avez vécu cet internement forcé,
12:55à ce moment-là, à 31 ans, vous en avez déjà vécu précédemment,
12:59vous avez réveillé en vous aussi une force adolescente.
13:04Vous avez fait preuve de micro-désinvolture dans l'enceinte
13:07de cet hôpital psychiatrique et de cet internement sous contrainte.
13:11Et vous avez un allié pour tenir le coup, c'est Bouba.
13:15Je viens pas mettre le nez dans mes affaires
13:18Mon rap prend de la protéine, soulève-là les haltères
13:20Je fais des dons d'urine pour que la France entière se désaltère
13:23L'Afrique c'est la terre, à leur santé je déplatère
13:26Portuaire et la rivasse, le paysage est mortuaire
13:29En banlieue, mesdames, messieurs, on fait dans la camée, le sportswear
13:32On me duplique, on marche chez Malik, me clique sur internet
13:35Ce sont ces ma manière de dire, d'aller niquer ta mère
13:38Des MC en millions de pixels, le soir sur XXL
13:41T'es assis négro, ça va du 4X au 6XL
13:44Tu voudrais nous chier dessus, devenir officiel
13:47Tes grosses merdes se coupent en deux essais, sans ton string ficelle
13:50Et bim, le duc de Boulogne, Bouba, vous le connaissiez par cœur,
13:54Vous le mettiez à fond dans les couloirs, Philippe Hamotte ?
13:56Je l'écoutais dans mes écouteurs
13:59Et c'était une petite manière que j'avais
14:02En le rappant pas trop fort
14:05Et en faisant des allers-retours dans le couloir
14:07De faire passer certains messages
14:09Que je ne pouvais pas faire passer autrement
14:11Ah oui, donc ce que dit Bouba
14:13Est-ce que vous vouliez faire passer au personnel de recadrement
14:15Dans le cadre d'un hôpital psychiatrique ?
14:17Disons que j'avais une petite révolte en moi
14:19Et que je n'avais aucun moyen de l'exprimer
14:21Et que dans ce cadre-là, ce morceau particulièrement était bien utile
14:26Mais pas le nez dans mes affaires, c'est la voix de la guerrière
14:29Pourrait-on dire, pour faire une rime
14:30Ce personnage, parlez-nous de ce personnage
14:32La guerrière, je me suis dit
14:34J'avais envie de raconter au lecteur
14:37L'état dans lequel j'étais
14:39Et je me suis dit
14:40En fait, c'est vrai que dans ces moments-là
14:42Il y a une espèce de grande guerrière mystique, ingérable
14:44Qui émerge et qui a pour arme lézard d'ailleurs
14:48Ce n'est pas une guerrière sanguinaire
14:50On délire comme on a dit
14:52Vous n'êtes pas une violente dont vous n'étiez personne
14:54Quand vous êtes en crise manière
14:55Non, on délire comme on est
14:56Et donc j'aime la musique
14:58J'aime la peinture
14:59J'aime les livres
15:00J'aime le rap
15:01Et donc tout ça m'accompagne
15:03Et me soutient
15:05Et me berce aussi
15:06Et me donne du courage dans les couloirs
15:08La guerrière
15:09Ça, c'est ce personnage
15:11Qui apparaît en crise manière
15:12Et vous allez apprendre aussi à mettre un peu à distance
15:14Dostoyevski
15:16Les carnets du sous-sol
15:17Qui vous accompagnent beaucoup
15:18Et puis, il y a cet effet incroyable
15:20C'est que vous rajeunissez lors des crises maniaques
15:22Et du coup, tout le monde vous appelle Mademoiselle
15:24Vous vous êtes même trouvé un nouveau nom
15:25Vous vous faites appeler Léa
15:26Dans l'enceinte de l'hôpital psychiatrique
15:27Racontez-nous ça, Philippe Hamotte
15:29J'ai vraiment fait cette expérience-là
15:31Je me souviens que je suis
15:32Quand je suis arrivée
15:34Dans le cadre de cette hospitalisation
15:36Le premier patient qui m'a demandé mon prénom
15:39M'a demandé comment tu t'appelles
15:40Et j'ai répondu spontanément
15:41Je m'appelle Léa
15:42Et j'ai découvert à quel point
15:44On pouvait changer d'identité facilement
15:47Et tous les patients qui étaient hospitalisés avec moi
15:49M'appelaient Léa
15:50Et c'était assez jubilatoire
15:54Comme expérience de changer d'identité
15:56Et c'était facile de le faire dans ce cadre
15:58Où tout ce qui pouvait être loufoque
16:00Un peu à côté était bienvenu
16:02Donc oui
16:03Vous aviez une double vie à travers Léa
16:06En tout cas ce personnage
16:07En fait j'explique aussi que mon prénom
16:09Je l'ai hérité d'une femme
16:12Sur qui j'ai écrit d'ailleurs
16:13Dans mon premier livre
16:14C'est votre grand-mère maternelle
16:16Philippa c'est peut-être pas très sympa
16:18On peut le dire de vous avoir filé ce prénom
16:19Parce qu'elle a une fin dramatique
16:20Votre grand-mère maternelle
16:21Oui alors en même temps
16:22J'aime beaucoup ce prénom
16:23Je pense qu'il m'a été donné
16:25Avec beaucoup d'amour
16:25D'amour
16:26Parce qu'ils sont là les parents
16:27Mais moi je l'ai souvent trouvé compliqué
16:30Et quand je suis en crise
16:32En plus comme je suis mystique
16:33Je peux passer du temps avec des fantômes
16:35Dont celui de ma grand-mère Philippa
16:37Donc tout un coup changer de prénom
16:38Ça me fait du bien
16:39Qui s'est suicidée
16:41On peut le dire
16:42Avec du bar
16:42On ne sait pas trop
16:43Un mélange de barbiturique
16:44On ne sait pas
16:45En tout cas elle n'allait pas
16:45Et d'alcool
16:46Elle n'allait pas bien du tout
16:47En tout cas vous aussi
16:49Vous allez devoir faire un chemin terrible
16:51Face à la dépression
16:52Que vous racontez
16:52Dans le dernier tiers du livre
16:55Pour donner un petit peu une idée
16:56De ce que c'est
16:57C'est comme si tout ce que vous faisiez le matin
16:58Accompagnait vos enfants à l'école
16:59Vous le faisiez avec un flingue sur la tombe
17:01C'est ça pour faire comprendre
17:02C'est ce que je décris
17:03Alors c'est difficile
17:04De décrire la dépression
17:06Et le degré de mal-être
17:07Dans lequel on est
17:08Et j'ai essayé effectivement
17:09A travers deux métaphores
17:12De rendre compte de ça
17:13Ça aussi vraiment
17:14L'écriture
17:15Elle nous permet de prendre le temps
17:16D'essayer de trouver les mots
17:17Mais c'est un état terrible
17:20Extrêmement douloureux
17:21Et d'autant plus douloureux
17:23Qu'on a le sentiment
17:24On ne sait pas
17:25Quand est-ce que ça va s'arrêter
17:26Et qu'on a sur le moment
17:27Très peu de pas de prise
17:29Sur ce qui se passe à l'intérieur de soi
17:30Alors vous avez écrit
17:32On n'a plus le temps de le lire
17:33Mais dans ce livre absolument
17:35Capital
17:36C'est moi qu'on enferme
17:37Et on comprend que le monde
17:38Aussi autour de vous
17:39Fait que vous vous demandez
17:40Qui devrait être enfermé
17:41Vous avez écrit un peu
17:42Ce qu'on devrait dire
17:43A chaque malade
17:44Donc j'invite chacun à le lire
17:46C'est page 212
17:47Vous saurez exactement
17:48Ce qu'il faut dire
17:49A un malade
17:50Donc à ce qu'il aimerait
17:51Entendre
17:51Les impromptus
17:52Philippe Hamotte
17:52Pour finir
17:53Celle de bain
17:54Ou bain-moussant
17:55Bain-moussant
17:57Dostoyevski
17:58Ou gogol
17:59Dostoyevski
18:00McDo
18:01Ou Burger King
18:01Burger King
18:04Ah pas facile
18:05Vous votez
18:06Oui
18:06Et Dieu dans tout ça
18:07Le sacré
18:09Le sacré
18:10Partout
18:10C'est important
18:11Et c'est moi qu'on enferme
18:13Et c'est moi qu'on enferme
18:14C'est publié chez Stock
18:15Bonne route à vous
18:16C'était magnifique
18:16Philippe Hamotte
18:17Merci beaucoup
18:18Et merci Mathilde Serrel
18:19J'ai un dernier impromptu
18:20Booba ou Damso ?
18:21Ah Booba
18:22Ah bon bah c'est Damso
18:23Qu'on va entendre dans un instant
18:24Juste avant de retrouver
18:26Charine Vanenacker
18:27J'ai un dernier impromptu

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