'Il est où l'effet positif ?" : Les photos de la nature, aident-t-elles à protéger la planète

Nice Matin

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Explorateur des profondeurs, il donne à voir les mystères du monde sous-marin. Le photographe Laurent Ballesta poursuit cette quête depuis plus de 20 ans. Sans son travail, ces espaces inexplorés nous seraient inconnus.
Nous l'avons rencontré à l'approche de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan se tient du 9 au 13 juin à Nice. Nous en avons profité pour discuter de photos et de sensibilisation. Pour lui c'est clair, les images de la nature n'ont plus aucun impact pour sensibiliser et protéger la planète. Au contraire elles auraient un effet plus dévastateur.
Vidéo : Franck Fernandes
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00:00On ouvre Instagram, il y a de belles images de la nature.

00:03Il est où l'effet positif quand des images ont juste fait de la publicité ?

00:08Est-ce que ça crée encore du respect ? Non.

00:10Par contre, je suis convaincu que ça crée de la convoitise.

00:15Alors, Laurent Balesta, je suis plongeur sous-marin depuis tout petit.

00:22Moi, ça fait quelques années que je ne crois plus vraiment à cette idée

00:27que montrer la beauté de la nature va suffire à la faire respecter.

00:33On ouvre Instagram, il y a de belles images de la nature qui montrent sa beauté partout.

00:40Et quel effet ça crée aujourd'hui ? Est-ce que ça crée encore du respect ? Non.

00:45Moi, je ne crois pas. Par contre, je suis convaincu que ça crée de la convoitise.

00:49Ça, c'est génial. C'est où ? On peut y aller, tu crois ?

00:52Après, il y a un billet d'avion pas cher, il y a un tour opérateur.

00:54En plus, il y a le spa, le cocktail, la literie est de bonne qualité.

01:00C'est bon, on y va.

01:02Il est où le respect ? Il est où l'effet positif quand des images ont juste fait de la publicité ?

01:08Aujourd'hui, 99% des photographes sous-marins, pour rester dans ma catégorie,

01:14leur travail de photo, c'est la promotion touristique.

01:18Je ne dis pas qu'ils font du mal, mais de là à dire qu'ils font du bien,

01:21ce serait un peu démagogue.

01:22Et pourtant, j'aime faire des images, il a bien fallu que je trouve une excuse.

01:26Je suis sincèrement convaincu qu'il y a peut-être une autre approche.

01:31Et cette approche, au lieu de montrer la beauté du monde, c'est de montrer ses mystères.

01:38C'est de montrer ce qu'on ne connaît pas.

01:43Mais évidemment, c'est plus compliqué de dire, je vais photographier quelque chose qui ne l'a jamais été.

01:46Mais d'abord, c'est plus excitant, je trouve.

01:49Et là, je me dis que ça peut faire quelque chose, parce que ça permet de mesurer l'étendue de son ignorance.

01:56Et ça, ça a un effet.

02:00Ça a un effet un peu de...

02:03Oui, je crois que chaque fois qu'on mesure, qu'on a les moyens de mesurer à quel point le monde qui nous entoure nous dépasse,

02:11nous est étranger,

02:13et bien, paradoxalement, on mesure à quel point il nous est indispensable.

02:17Cette nature qui nous dépasse, que l'on ne comprend pas bien,

02:23qui nous fait un peu peur, qui peut nous dévaster en une seconde,

02:27et réussir à le mettre en image, cette dimension-là, mystérieuse, plus grande que nous,

02:33ça, peut-être que ça peut engendrer un peu de respect.

02:37Bon, c'est un grand discours, c'est très présomptueux,

02:40mais en tout cas, moi, c'est ce qui m'anime.

02:41Il y a une phrase dans une chanson d'Alain Souchon,

02:46qui, je trouve, résume très bien,

02:48c'est-à-dire, il dit,

02:49« Ce n'est pas tant ce monde que j'aime tant, c'est le mystère qui est dedans. »

02:54Ben voilà, c'est ça.

02:56Moi, en tout cas, c'est ce qui m'anime.

02:57Non, je ne crois pas être fan du monde qui nous entoure,

03:01surtout ces dernières années.

03:04Mais son mystère, ah oui, il continue de me fasciner.

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