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00:00Europe 1 Soir Weekend, 19h, 21h, Pascal de la Tour du Pain.
00:05Il est 20h14 sur Europe 1, merci d'être avec nous.
00:08Franck Tapirou est dans ce studio, bonsoir Franck Tapirou.
00:10Bonsoir.
00:11Merci d'être là, évidemment on va parler avec vous de cette explosion de l'antisémitisme en France,
00:17antisémitisme décomplexé, avec cette illustration, pardon, de cette agression,
00:22non mais c'est quand même incroyable, deux fois en sept jours,
00:26d'un rabbin qui est avec nous en direct.
00:29Bonsoir M. le rabbin, Elie Lemel, merci d'être avec nous en direct.
00:33Bonsoir M. le rabbin.
00:34Bonsoir.
00:35Vous avez été agressé deux fois en sept jours, pas dans la même ville,
00:40et pas avec les mêmes agresseurs.
00:42On est évidemment outré, désespéré de cette situation.
00:47D'abord j'ai envie de vous dire, M. le rabbin, comment allez-vous ce soir ?
00:52Grâce à Dieu, écoutez, je vais bien.
00:53Je vais bien avec un beau beau cocard sur la tête,
00:58et voilà, mais bon, il faut gérer maintenant, il faut avancer, tout simplement.
01:02Un cocard sur la tête.
01:03Donc la semaine dernière, c'était trois individus, je crois, avinés,
01:06qui s'en sont pris à vous, à Deauville, dans le Calvados.
01:09Couvre point dans le ventre, je crois.
01:10Couvre point dans le ventre, me dit, tapirot, que s'est-il passé, M. le rabbin ?
01:13Écoutez, c'est très simple, la semaine dernière, je suis à Deauville,
01:16parce que, tout simplement, j'ai donné des cours,
01:18et puis je suis dans la rue, trois personnes me barrent le chemin,
01:22pensant que j'allais fuir sans doute comme un lapin,
01:24donc j'ai continué à avancer, l'un d'eux se pousse un petit peu, j'avance,
01:27et puis à ce moment-là, je reçois un bon, bon coup dans l'estomac.
01:31Voilà.
01:33Gratuitement, bien sûr.
01:34Gratuitement, évidemment, je me retourne vers la personne.
01:37L'équipe, c'est ce que j'explique aux auditeurs d'Europe 1,
01:40vous savez, c'est ce, comment on dit, ce, pas ce chapeau, ce...
01:43Ce couvre-chef.
01:43Ce couvre-chef, voilà, couvre-chef, merci beaucoup,
01:46que portent les personnes de la communauté juive,
01:50les hommes, en l'occurrence.
01:52Et là, aujourd'hui, vous êtes agressé par, semble-t-il, un palestinien
01:57qui, sans papier, qui n'avait rien à faire en France,
01:59que s'est-il passé là aussi, M. le rabbin ?
02:01Alors là, écoutez, c'est très curieux, je suis à Neuilly,
02:03j'avais rendu avec une personne, et tout simplement,
02:06on s'est posé dans un bar pour prendre un café,
02:08parce que personne ne devait parler avec moi,
02:11et puis, à un moment, j'ai l'impression qu'il y a une cheminée
02:13qui me tombe sur la tête, c'est-à-dire, puisqu'il m'attaquait par derrière,
02:16et évidemment, je ne pouvais même pas m'imaginer une chose pareille,
02:19cette cheminée me tombe sur la tête, et puis j'entends
02:21arrêtez-le, arrêtez-le, et là, j'ai compris qu'on venait de m'agresser à nouveau,
02:26le coup était extrêmement violent, et je remercie le ciel
02:28de n'avoir peut-être été plus atteint, bon, bien sûr, on a fait tous les examens,
02:32je remercie et je félicite les citoyens courageux
02:35qui ont couru derrière cette personne, et vraiment, c'est à souligner, c'est beau,
02:39ils m'ont fait penser aussi, vous savez, à ces citoyens français courageux
02:43qui, pendant la dernière guerre, ont sauvé mes parents et mes grands-parents
02:46en les cachant au péril de leur vie, et donc, voilà,
02:48j'ai retrouvé un petit peu cet élan de solidarité extraordinaire,
02:52et voilà, donc après, ils ont attrapé cette personne,
02:54et puis, alors, je pense qu'il m'a vu assis à cette terrasse
02:56avec ma kippa et ma barbe, et je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa tête,
03:00en tout cas, il a voulu frapper très violemment, clairement.
03:02Élie Lemel, c'est très fort ce que vous racontez, monsieur le rabbin,
03:06vous dites que ça vous rappelle, effectivement, des souvenirs ô combien douloureux,
03:11pardon, j'ai une question toute bête, mais je pense que les auditeurs se la posent,
03:14est-ce que vous avez peur ?
03:16Non, non, mais évidemment, là, il y a quelque chose qui est en train de se passer,
03:22vous savez, aujourd'hui, j'ai l'impression que les mots M-O-T-S
03:25sont en train de générer beaucoup de mots M-A-U-X,
03:29et que même si on n'est pas du tout d'accord avec les gens,
03:31on est censé quand même les respecter, et je pense que là,
03:34il y a vraiment un problème qui est en train de se poser,
03:36de fond, je pense qu'il y a un problème de fond au niveau sociétal,
03:39évidemment, on a une réflexion en profondeur à voir,
03:42mais évidemment, il faut qu'il y ait une vraie vigilance,
03:43parce que je pense qu'il y a des limites qui sont en train d'être franchies,
03:48et c'est un vrai délit au faciès qui s'est passé,
03:50et il n'y a pas de délit au faciès nulle part,
03:52quel que soit le faciès,
03:53mais c'est peut-être ce qui est en train de se dérouler,
03:56et à mon sens, en tout cas, il y a une réflexion en profondeur à avoir
03:59sur ce que veut dire véritablement le vivre ensemble.
04:02Vous avez raison, M. le Rappin, j'ai une question peut-être idiote,
04:06mais est-ce que vous allez continuer à apporter votre kippa dans la rue ?
04:09Évidemment, évidemment, là, je suis parti à la synagogue,
04:12où le Shabbat va bientôt rentrer,
04:13oui, je pense que, parce que d'abord,
04:16ce n'est pas une revendication identitaire, la kippa.
04:19Je peux me promener aussi avec une casquette ou autre chose,
04:22donc ce n'est pas une revendication identitaire,
04:25ce n'est pas pour proclamer qui je suis,
04:26voilà, en plus, moi, avec ma barbe,
04:28c'est vrai que je suis aisément reconnaissable,
04:31donc non, il n'y aurait rien de pire que de commencer à se cacher,
04:34mais clairement, vigilance, il doit y avoir,
04:37et c'est bouleversant.
04:38C'est bouleversant qu'on réalise qu'on en est là maintenant,
04:40dans la vision de la tradition juive, évidemment,
04:43je crois que c'est Victor Frankel qui disait,
04:47on ne doit pas être les enfants de son passé,
04:50mais les parents de son futur,
04:51et on ne repousse pas, comme disait Mémet,
04:53l'obscurité à court bâton,
04:55il faut rajouter de la lumière,
04:56et je pense que c'est un devoir impérieux maintenant,
04:58de rajouter partout de la lumière.
05:00et je pense que c'est un devoir impérieux maintenant,
05:02et je pense que c'est un devoir impérieux maintenant,