00:00Diment, 8h moins le quart, Anne-Pinxon-Ducel, Orange, à Montpellier, c'est l'un des plus gros employeurs, 1500 salariés.
00:06Et ce matin, le président national de la CFE-CGC, le syndicat majoritaire chez Orange, vient rendre visite aux équipes.
00:14Bonjour Sébastien Crozier.
00:15Bonjour.
00:16Orange, gros employeur, mais de moins en moins à Montpellier quand même ?
00:21Effectivement, une des raisons de la présence, c'est la défense de l'emploi dans cette grande métropole qui est Montpellier.
00:30La politique de la direction actuelle est de délocaliser, délocaliser à l'étranger, délocaliser de l'autre côté de la Méditerranée, délocaliser dans l'océan Indien.
00:40Nous le dénonçons et à ce titre-là, nous attendons à ce que l'emploi soit sur notre territoire national et à Montpellier en particulier, parce qu'il y a des compétences, des savoir-faire, des expertises.
00:52Lesquels justement ? 1500 emplois ? Quel genre de boulot on a quand on est chez Orange à Montpellier ?
00:57Alors, évidemment, c'est tout l'enjeu.
01:00À la fois, on peut avoir des métiers dits de proximité, c'est-à-dire de relations clients, répondre au téléphone, assister les clients.
01:08C'est bien sûr des métiers qui sont absolument essentiels dans un univers où beaucoup de choses se font à distance.
01:15Mais on pourrait aussi imaginer localiser des métiers à plus forte valeur ajoutée.
01:20Il y a un très fort écosystème universitaire et on pourrait imaginer que Montpellier devienne un des pôles pour l'intelligence artificielle.
01:28On a choisi par exemple d'ouvrir un centre de cybersécurité et de cyberdéfense à Toulouse.
01:35Il n'y a pas d'ambition pour Montpellier et naturellement, on le regrette vivement.
01:39Il n'y a pas assez de projets, quoi ? Il n'y a pas de volonté de développer encore Orange à Montpellier ?
01:47D'une façon générale, la politique aujourd'hui d'Orange depuis le départ de Sévan Rechard il y a trois ans
01:53est une politique qui n'a pas d'ambition pour le numérique dans notre pays.
01:58Et donc, à ce titre-là, puisque la ligne stratégique définie, c'est plus de réduction de coûts, plus de cash flow, plus de dividendes pour les actionnaires,
02:10nous n'investissons pas dans les technologies d'avenir et donc nous n'avons pas de projet d'ambition.
02:16Montpellier serait une ville parfaite pour développer des nouveaux services du numérique de demain.
02:21Il y a des ambitions ailleurs, à Rennes, à Toulouse par exemple ? Pourquoi Montpellier est oublié comme ça ?
02:27Alors, effectivement, il y a des ambitions dans d'autres villes de France, sur certains sujets spécifiques,
02:33mais c'est simplement la réduction du nombre de projets, le nombre d'ambitions.
02:37Orange, qui était un acteur du numérique majeur il y a 15 ans, qu'il était encore il y a quelques années,
02:45est en train de se réduire en termes d'ambition.
02:49Et donc, de fait, le nombre de villes dans lesquelles on peut lancer des grands projets se réduit.
02:54C'est quoi l'intérêt de réduire la voilure ? Parce que vous parlez de reverser aux actionnaires,
02:59mais pour reverser même plus aux actionnaires, il faut quand même continuer de se développer et continuer d'être un géant, non ?
03:04C'est l'absence de projet. Nous avons une direction générale qui a été choisie pour des raisons politiques
03:10et pas pour des questions de compétences.
03:14Et donc, à ce titre-là, nous n'avons pas de projet, surtout quand l'entreprise appartient d'abord à l'État,
03:21qui est le premier actionnaire, et en deuxième lieu, au personnel.
03:25C'est ce que nous réclamons, nous, en tant que deuxième actionnaire, c'est-à-dire un vrai projet industriel,
03:29des vrais investissements et l'arrêt du versement des dividendes à des fonds de pension américains.
03:33Les salariés d'Orange à Montpellier, ils vont comment ?
03:36Alors, évidemment, quand vous n'avez pas de stratégie générale et de perspective globale au niveau national,
03:45ça se répercute sur le moral et, on va dire, le sentiment que vous allez avoir des difficultés
03:56à pouvoir continuer à faire et à poursuivre votre carrière dans un bassin d'emploi qui se rétracte.
04:01Et donc, ça pèse à la fois sur le moral, sur le climat social, et évidemment, c'est tout à fait significatif.
04:08Je voyais les équipes, beaucoup de gens qui ont, en tous les cas, un sentiment de désengagement
04:14parce qu'une absence de perspective est liée au manque d'ambition dans le domaine du numérique.
04:20Il y a eu pourtant, en termes de locaux, 2022, l'installation dans ce nouveau campus,
04:24sur l'ancien site d'IBM, un bâtiment, la direction parlait d'un bâtiment écologiquement intéressant,
04:31qu'allait faciliter le travail des salariés, le rendre plus agréable, ça ne suffit pas ?
04:35Non, ce que les personnels cherchent en premier lieu, c'est le sens dans leur activité professionnelle.
04:43Ce n'est pas de savoir que le bâtiment écologique est écologique,
04:46qui va leur donner des perspectives d'avenir, des opportunités d'emploi.
04:51Remettons l'emploi dans notre pays, remettons des bassins d'emploi
04:54qui reviennent à 3000 emplois sur le bassin Montpellierin, comme il l'était autrefois.
05:00Et à ce moment-là, vous pouvez poursuivre une carrière.
05:03Aujourd'hui, les jeunes qui rentrent chez Orange savent qu'ils ne finiront pas chez Orange à la fin de leur carrière.
05:09Et vous pensez que les choses peuvent changer ?
05:10Les discussions avec les syndicats, avec vous notamment, peuvent faire évoluer les choses
05:14et redonner des projets à Montpellier ?
05:17Alors nous, on porte un projet global qui s'appelle Orange de Main
05:20et qui dit que l'emploi à la fois doit être relocalisé,
05:23qu'on doit rester, garder nos dividendes pour investir.
05:29Mais c'est surtout en fait les élus locaux, des collectivités locales,
05:32qui doivent se dire qu'un opérateur national,
05:36un ne peut pas délocaliser son activité à l'étranger au nom simplement d'une économie.
05:42Donc les élus doivent se mobiliser, c'est aussi un peu le sens de ma visite.
05:45Et puis, le deuxième aspect, c'est que les personnels doivent aussi faire prendre conscience
05:52qu'un opérateur national qui fibre quand même la quasi-totalité du pays, Orange, reste...
05:5990% à peu près ?
06:00Oui, reste l'opérateur principal de notre pays.
06:04C'est un opérateur qui est souverain, au-delà d'avoir des câbles sous-marins,
06:07en plus d'avoir des réseaux internationaux, des services aux entreprises, de la cybersécurité.
06:12Donc on a un opérateur majeur pour notre pays.
06:16C'est aussi par la mobilisation des personnels qu'il y a une possibilité de faire prendre conscience
06:21que l'emploi était dans notre pays.
06:23On parle de souveraineté, on parle de cybersécurité.
06:26Trouvez-vous normal que vos données télécom soient traitées de l'autre côté de la planète ?
06:31Relocaliser donc à Montpellier.
06:33C'est l'un de vos projets.
06:33Merci beaucoup Sébastien Crozier, président national de la CFE-CGC chez Orange.
