00:00Europe 1, Pascal Prouévo, dans Heure à 13h sur Europe 1, Pascal.
00:04Effectivement, je salue Johanna Ostroska, bonjour, et Nicolas Gutz, vous êtes les avocats de la famille d'Elias et nous sommes avec vous
00:14parce que vous avez choisi de prendre la parole sur Europe 1 après la publication la semaine dernière de la lettre bouleversante de la mère d'Elias.
00:22L'adolescent avait été sauvagement tué à Paris le 24 janvier dernier à la sortie de son entraînement de football,
00:28tué pour un téléphone portable, il allait avoir 15 ans, sa mère a pris la parole dans une lettre publiée par nos confrères du Figaro la semaine dernière,
00:364 mois après le drame, et c'est vrai que ces mots sont bouleversants.
00:39Comme chaque vendredi, après son entraînement de foot, Elias marche avec ses amis pour aller chercher un Vélib.
00:45Comme chaque vendredi, Elias doit me téléphoner.
00:49Comme chaque vendredi, nous allons discuter de sa journée et décider si Elias dîne avec nous à la maison,
00:54s'il va manger un burger avec ses potes ou s'il va rejoindre sa petite amie.
01:00Le vendredi 24 janvier 2025, un peu avant 20h, ce n'est pas Elias qui m'a appelé, mais son meilleur ami,
01:07pour me dire qu'Elias était à terre et qu'il avait été poignardé avec une machette.
01:12Je suis arrivé en courant en moins de 10 minutes.
01:15Tout le monde était là, les pompiers, les membres du SAMU, les policiers.
01:20J'ai pu m'allonger contre mon enfant, l'embrasser, lui parler, le rassurer,
01:26lui dire que son papa arrivait, Elias respirait difficilement.
01:32Évidemment, quand on lit cette lettre, cette lettre, elle est tellement poignante.
01:36Il y a une volonté de cette mère de prendre la parole.
01:43Pourquoi Joanna Ostrovska ?
01:46Tout d'abord, M. Proche, je voudrais vous remercier de nous recevoir,
01:51vous remercier de donner la parole à travers nous
01:54et de pouvoir porter la parole de la victime.
01:57Et je voudrais vous remercier, vous, et remercier vos confrères du Figaro
02:02qui ont relayé l'intégralité de cette lettre,
02:07et j'insiste aussi sur l'intégralité,
02:09et qui ont relayé l'intégralité de cette lettre dès le jour de la fête des mères,
02:13puisqu'il était important qu'il n'y ait pas d'instrumentalisation politique.
02:17Donc, ça a été aussi un choix pour la maman,
02:20outre la douleur et la souffrance de passer cette fête des mères sans son fils,
02:25mais aussi d'exprimer cela ce jour-là.
02:29J'en oublie votre question, M. Proche.
02:33Pourquoi la volonté de la mère de prendre la parole ?
02:37Parce que la suite de la lettre, c'est Miki s'est moqué d'Elias,
02:40ces deux adolescents de 16 et 17 ans qui, en toute impunité, depuis 2021,
02:43réitèrent des vols avec violence, leurs parents et l'instabilité des cellules familiales,
02:47point d'interrogation.
02:48Cette mère qui n'a pas jugé bon de sécuriser les abords du stade
02:51qu'elle savait mal fréquenter.
02:53Ce qui interroge sa souffrance, personne ne peut l'imaginer,
02:57la souffrance des parents d'Elias.
02:58Ce qui m'intéresse, c'est pourquoi a-t-elle voulu prendre la parole ?
03:03La mère d'Elias veut prendre la parole parce que, certes,
03:07il y a cette souffrance insurmontable en tant que parent,
03:10il y a cette solidarité qui est extrêmement présente au sein de la famille,
03:13mais il y a une volonté de comprendre.
03:16C'est-à-dire qu'on a actuellement une information judiciaire en cours,
03:19on a une instruction en cours qui fait son travail,
03:21juge d'instruction qui est très présent et qui recherche la vérité judiciaire
03:27à travers ce dossier, à travers les interrogatoires qu'il mène,
03:31à travers les expertises, les actes d'enquête, les commissions rogatoires.
03:35Mais il y a une volonté aussi de s'interroger très clairement
03:38sur les maillons de la chaîne,
03:42sur les mineurs qui sont suivis depuis le début,
03:44et finalement, il y a des failles.
03:48Il y a des failles dans ce système, dans cette chaîne, dans ces maillons.
03:52Et on cherche à les comprendre.
03:53Pourquoi ? Parce qu'on le sait,
03:56ces deux mineurs n'avaient pas le droit d'être en contact.
03:59Ces deux mineurs avaient une interdiction formelle par le juge
04:02d'être en contact.
04:05Or, finalement, ils ont bafoué toutes les règles
04:08et tout le monde, ils ont fait fi de tout le monde,
04:10de l'autorité de tous, pour continuer de se rencontrer.
04:13Et nous, on cherche à savoir qui.
04:16Certes, peut-être que se poseront ensuite des questions de responsabilité,
04:20mais il y a vraiment ce besoin de comprendre
04:23qui s'est moqué d'Elias.
04:26Voilà. Elias, ce n'est pas juste un drame parmi d'autres.
04:28Qu'est-ce qui s'est passé dans la société aujourd'hui ?
04:31Qui a failli ?
04:33Il est 12h22 et nous sommes avec les avocats de la famille d'Elias.
04:38Vous venez d'entendre Johanna Ostrovska,
04:40Nicolas de Gouttsk, est également présent.
04:44Ces deux mineurs, aujourd'hui, ils sont où ?
04:47Ils sont détenus dans deux maisons,
04:49dans deux établissements pénitentiaires différents.
04:53Et est-ce qu'ils le seront le temps de l'instruction ?
04:56Nous l'espérons, évidemment.
04:59Donc voilà, ils sont en détention.
05:01Petite remarque, juste.
05:04Vous êtes détenus dans un établissement pénitentiaire,
05:06mais vous pouvez soit avoir des établissements pénitentiaires pour mineurs
05:08et dédiés à cela, soit vous êtes dans des quartiers mineurs
05:11au sein d'établissements pénitentiaires majeurs,
05:13et auquel cas vous êtes en lien direct, finalement,
05:15avec une forme de criminalité.
05:16C'est beaucoup plus criminogène d'être dans ce type d'établissement.
05:19Les deux sont en détention, actuellement.
05:20Est-ce que la responsabilité des deux est aujourd'hui avérée ?
05:26Est-ce qu'on sait qui a tué ?
05:29Qui est complice ?
05:30Est-ce que l'enquête a avancé ?
05:32Alors, je vais répondre de façon malheureusement assez superficielle,
05:35mais je répondrai à vos questions.
05:37Assez superficielle, parce que la première fois que vous avez gentiment accepté
05:40de nous interviewer, j'ai mis en avant le fait qu'il y avait une violation
05:43du secret de l'instruction, donc je peux difficilement dénoncer ça
05:46et puis aujourd'hui, vous révéler des éléments qui seraient de cette nature.
05:52Mais ce que je peux vous répondre assez précisément,
05:53c'est que leur positionnement, qui a d'ailleurs été rallié dans la presse,
05:57est un positionnement de reconnaissance des faits
06:00et la détermination des responsabilités, elle existe.
06:03La gravité de l'infraction, on l'a tous mesuré.
06:07Mais oui, on a certaines réponses, parce qu'il y a certains positionnements
06:11qui de toute façon seraient absurds de ne pas tenir.
06:13Maintenant, ce qu'on attend, c'est une réponse ferme.
06:14C'est-à-dire que celui qui a tué, il est établi ?
06:18Il est établi.
06:20On peut rappeler ce qu'il risque, parce qu'il est mineur ?
06:23C'est tout le débat.
06:26Vous voulez...
06:27Là, on est obligé d'aborder la question de l'excuse de minorité ou pas.
06:31C'est-à-dire que les peines que vous encourrez sont divisées par deux
06:35quand on retient une excuse de minorité.
06:37Elles ne le sont pas quand vous l'excluez.
06:39Donc c'est difficile pour moi de répondre à vos questions,
06:41parce qu'entre la peine encourue et la peine prononcée,
06:44il y a un delta qui est majeur.
06:46Et nous, ce qu'on espère, je vais y répondre de cette façon-là,
06:48c'est que la peine prononcée soit en cohésion avec la gravité de l'infraction
06:52et qu'elle se rapproche davantage du maximum légal encouru.
06:57Nicolas Gutz, qui est l'avocat de la famille d'Elias
07:00et qui est avec Johanna Ostrovka
07:02et qui répond effectivement à nos interrogations sur l'antenne d'Europe 1,
07:07je lis cette lettre qui est déchirante de la mère d'Elias
07:10qui avait pris la parole.
07:11Je m'occupe de la sépulture de mon fils et de notre famille.
07:14Je veille sur mon fils.
07:16Je tente de survivre à l'absence de mon fils Elias,
07:18à ses cocous maman, à ses bisous maman,
07:21à cette carte et à ce petit cadeau
07:23que je n'aurai pas pour la fête des mères.
07:25On s'interroge sur la vie de cette mère aujourd'hui.
07:28Est-ce qu'elle travaille ?
07:29Est-ce qu'il y a d'autres enfants dans la famille ?
07:31Est-ce qu'il y a une possibilité que la vie puisse continuer ?
07:35La douleur est insurmontable.
07:38La famille tente de survivre face à ça,
07:41mais il faut l'imaginer.
07:45Fermons les yeux un instant et imaginons
07:48ce que c'est qu'un parent qui est au travail
07:51et qui est contacté par l'ami de son enfant
07:56parce que son enfant est à côté
08:01en train d'agoniser sur un trottoir
08:03parce qu'il a pris un coup de machette.
08:05Il est mort d'ailleurs dans ses bras,
08:07c'est ce qu'on comprend à travers cette lettre ?
08:09Il est mort à l'hôpital le lendemain matin.
08:11On va marquer une pause
08:13et je vous remercie vraiment d'être avec nous
08:16et puis on continuera évidemment cette conversation
08:21tout de suite après le rappel des titres
08:23avec Émilie Dez.
08:25A tout de suite.
08:26Avec Pascal Praud sur Europe 1.
08:2711h-13h
08:28Pascal Praud sur Europe 1.
08:31Nous sommes avec les avocats de la famille d'Elias.
08:33Ils ont choisi donc de prendre la parole sur Europe 1.
08:35Je vous rappelle que l'adolescent avait été tué sauvagement
08:37à Paris le 24 janvier dernier
08:38à la sortie de son entraînement de football.
08:41Je pense que personne n'a oublié ce drame.
08:42Nous sommes donc avec Johanna Ostrovka
08:45et Nicolas Gutz,
08:47les avocats de la famille d'Elias.
08:48Je le répète,
08:49il y a aussi une volonté
08:51de prendre la parole chez vous
08:53et chez la mère d'Elias
08:55parce qu'un sentiment de désinformation existe.
09:00Nicolas Gutz.
09:01Oui, je pense que ça fait un certain nombre d'années
09:05que le problème est latent.
09:07et on a l'impression à travers les médias
09:09et certaines utilisations de vocables
09:11minimisant la responsabilité de chacun.
09:13Si vous voulez, on a l'impression
09:14qu'il faut cacher certaines choses
09:16alors que nous, nous considérons d'abord
09:18que c'est beaucoup plus respectueux
09:19de la parole des victimes
09:20que d'exprimer avec exactitude
09:22les éléments factuels fondamentaux d'un dossier.
09:25Et puis plus généralement, en fait,
09:27pourquoi c'est pas en mésinformant
09:30et c'est pas en fuyant une réalité
09:31que vous allez efficacement affronter, en fait ?
09:34Et c'est pas tenir un discours ultra-sécuritaire
09:36que d'exprimer cela.
09:38Moi, ce que je recherche avant tout,
09:40c'est la justesse dans l'expression
09:41et l'objectivité
09:43pour qu'on ait de vraies solutions à adopter.
09:46Voilà.
09:46Donc oui, il y a un problème de mésinformations.
09:48Dans l'espace médiatique,
09:50toutes les victimes ne se valent pas.
09:51Je vois que la victime d'un crime raciste,
09:54crime abominable,
09:55qui a eu lieu dans le sud de la France,
09:57je voyais hier son avocat
09:58sur toutes les chaînes de télévision,
10:01en tout cas sur quelques chaînes de télévision.
10:03Est-ce que vous-même,
10:04vous avez le sentiment
10:05que certains médias
10:07ne vous interrogent pas
10:09ou ne vous donnent pas
10:10la possibilité d'intervenir ?
10:13Non, il y a quand même beaucoup de...
10:18Disons qu'ils ne me donnent pas
10:19la possibilité d'intervenir
10:19de la même façon,
10:21avec la même justesse,
10:22avec le même équilibre
10:23et la même bienveillance,
10:25par exemple,
10:25que vous l'avez eue
10:26au début de nos premières interventions
10:29qui ont été réalisées chez vous.
10:30Donc non, je n'ai pas l'impression qu'il y ait...
10:32Je dirais que plus généralement...
10:34Je vais vous dire autrement.
10:35Je suis étonné de ça.
10:35Je suis étonné parce que
10:36comment peut-on ne pas accueillir
10:39la parole d'un avocat
10:41qui défend la mère...
10:44Comment dire ?
10:47Oui, qui défend la mère
10:48d'un garçon de 17 ans
10:50qui a été tué.
10:51Comment ne pas l'accueillir
10:52avec une forme de bienveillance
10:54et de compassion ?
10:55Alors, je vais vous dire quelque chose
10:56parce que vous en oubliez parfois
10:58votre sensibilité.
11:00Vous, évidemment, certainement pas,
11:01mais à travers un enjeu.
11:04Voilà.
11:05Et on oublie parfois cela.
11:07Moi, ce que je constate, en fait,
11:08c'est que de façon générale,
11:09ça dépasse les médias.
11:10La place de la victime, en réalité,
11:12on ne travaille pas assez dessus.
11:14Ça dépend de quelle victime.
11:16Ça dépend de quelle victime.
11:18Pardonnez-moi, je trouve qu'aujourd'hui,
11:19au contraire, on est parfois
11:20dans une société où la victime
11:22est au centre
11:23et elle a certaines victimes.
11:25Moi, j'ai le sentiment
11:26que toutes les victimes
11:27ne sont pas très différentes.
11:27Parce qu'on sert d'autres intérêts.
11:28Monsieur, je pense que...
11:30Je me permets d'intervenir.
11:31Je vous en prie,
11:32Johanna Ostrovka.
11:33Oui, Johanna.
11:34Johanna, j'ai dit Johanna.
11:36Oui, je dis Johanna, pardonnez-moi.
11:38Je vous en prie, monsieur.
11:39Je crois qu'il est important
11:41de rechercher l'enjeu derrière, en fait.
11:45Diffuser, communiquer, informer,
11:48tout dépend de ce qu'on veut montrer derrière.