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  • 05/06/2025
La Fondation pour le logement, ex-Fondation Abbé-Pierre, a présenté ce mercredi son rapport 2024 sur l'état du mal-logement dans les Hauts-de-France. Isabelle Fourot, directrice régionale de la fondation, répond aux questions d'ici Nord.

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Transcription
00:00Bonjour Isabelle Fourreau. Dans ce rapport sur l'état du mal-logement que vous avez présenté hier,
00:05vous décrivez énormément de réalités, notamment celle du logement social.
00:08Vous écrivez notamment que pour le logement social, 2024 restera comme une année noire.
00:13Pourquoi année noire particulièrement pour le logement social ?
00:16On s'intéresse chaque année au nombre de nouveaux logements sociaux qui sont financés
00:21et il s'avère que 2024 est l'année la pire qu'on ait rencontrée depuis de très nombreuses années.
00:26C'est à peine plus de 7000 logements qui ont été agréés en 2024,
00:31là où on était plutôt au-dessus de 8000 les années précédentes.
00:34Et donc c'est une vraie inquiétude pour nous, ça veut dire qu'il y aura moins de logements mis en location dans les années à venir,
00:41alors que parallèlement, le nombre de demandeurs de logement social ne cesse de croître.
00:45Fin 2024, effectivement, selon vos chiffres, on comptait dans les Hauts-de-France plus de 230 000 ménages en attente d'un logement social.
00:5243% sont des locataires du parc privé, cela veut dire que ce sont des gens qui payent aujourd'hui un loyer.
00:58Qui pourrait payer moins cher s'ils avaient effectivement le logement social qu'ils demandent ?
01:02Oui, alors derrière les demandeurs de logements sociaux, il y a une très grande diversité de situations.
01:06Il y a celle que vous évoquez, des personnes dans le logement privé avec des taux d'effort qui sont extrêmement élevés,
01:12parfois des qualités de logement très médiocres également.
01:14Il y a aussi des personnes qui sont en suroccupation dans leur logement et qui doivent déménager pour avoir une pièce supplémentaire,
01:21deux pièces supplémentaires pour que ce soit des conditions de logement acceptables.
01:26Et puis aussi, il y a beaucoup de personnes sans domicile.
01:29Il y a 163 000 foyers qui n'ont pas de logement propre parmi les demandeurs de logement social.
01:35Soit ils sont hébergés de manière temporaire chez des tiers, soit dans des résidences là aussi temporaires ou alors sans abri.
01:42Comment explique-t-on cette tension particulièrement sur le logement social ?
01:46C'est parce qu'on ne construit pas suffisamment ou parce qu'il n'y a aussi pas suffisamment de roulements dans les locataires ?
01:51Parce qu'on sait qu'un logement social, c'est conditions de revenus.
01:53Donc ça veut dire que les revenus n'augmentent pas forcément, qui permettraient à des gens de quitter leurs logements sociaux.
01:57C'est tout ça ?
01:58Oui, c'est un peu la conjonction de ces deux facteurs.
02:00Effectivement, il y a une baisse très forte de la mobilité dans le parc social.
02:04Quand on dit ça, ça veut dire qu'il y a moins de locataires qui quittent leur logement pour aller dans le parc privé, pour accéder à la propriété.
02:09On a une chaîne du logement qui est complètement grippée, donc moins de libération de logements.
02:14Il y a une production de logements sociaux nouvelles trop faibles.
02:18Et puis il y a aussi tout un mouvement de rénovation urbaine qui conduit à démolir un certain nombre de logements sociaux
02:24qui sont reconstruits avec un certain décalage temporel.
02:28Et on est là justement dans ce creux où il faut reconstruire ce qui a été démoli et produire en plus.
02:34Donc on a vraiment une conjonction des trois facteurs qui expliquent cette tension sur le parc locatif social.
02:40Et puis il faut y ajouter l'augmentation de la précarité aussi, qui explique l'augmentation de la demande.
02:45Ici Nord, il est 8h10 et nous sommes avec Isabelle Fourreau, directrice régionale de la Fondation pour le logement.
02:50Isabelle Fourreau, autre réalité que recouvre ce mal logement, c'est l'habitat indigne et la précarité énergétique
02:56qu'on retrouve également dans ce rapport. Dans la région, un million de résidences principales ont des DPE,
03:01des diagnostics énergétiques classés de GAE. Ça fait 42% des résidences principales.
03:07En quoi avoir un DPE aujourd'hui fait qu'on est mal logé ?
03:10Parce qu'il y en a qui peuvent finalement payer, se permettre de payer les factures énergétiques.
03:14Le mal logement, c'est qu'on n'a plus les moyens de les payer.
03:16Oui, alors effectivement, on ne considère pas que tous les occupants d'un logement en étiquette, eux, sont mal logés.
03:22Mais il y a quand même deux enjeux majeurs derrière ces logements énergivores.
03:27C'est d'une part la lutte contre le réchauffement climatique, et c'est quand même un enjeu majeur.
03:31Et puis la deuxième, c'est la lutte contre la précarité énergétique.
03:34Quand on parle de précarité énergétique, ce sont soit des personnes qui n'ont pas la possibilité de payer leurs factures,
03:41soit de se chauffer suffisamment. Il y a un phénomène aussi d'autorestriction qui est extrêmement important.
03:45Donc, il est vraiment indispensable de pouvoir engager la rénovation de l'ensemble de ces logements,
03:52prioritairement F&G, mais projetons-nous dans l'avenir.
03:55Il s'agit aussi de travailler sur les étiquettes E.
03:58Et il faut noter sur le sujet qu'il y a plutôt quand même une dynamique d'amélioration des logements
04:03qui va croissante, avec un sujet, là sur MaPrimeRénov', que vous avez en tête.
04:09Et bien évidemment, puisque pour rénover ces logements, il y a des aides qui existent.
04:12MaPrimeRénov', vous l'avez dit, le ministre de l'Économie a annoncé hier
04:14que cette aide était suspendue provisoirement, en raison d'un encombrement, selon lui,
04:20d'un excès de fraude aussi, tout ça a été documenté.
04:22Il y a des entreprises qui peuvent frauder aussi cette aide de l'État.
04:26C'est une mauvaise nouvelle, forcément, le fait que ce soit suspendu, même provisoirement.
04:29C'est dramatique. C'est vraiment dramatique.
04:31En réalité, c'est l'une des seules politiques de lutte contre le mal de logement
04:34qui avait montré une certaine efficacité.
04:37Je vous le dis, avec un nombre de rénovations qui s'est vraiment accrue ces derniers temps.
04:42Et puis, c'est une politique qui demande de la stabilité.
04:43Si on est toujours dans le stop-and-go, on décourage à la fois les propriétaires et les artisans
04:48d'engager des travaux.
04:49On peut entendre qu'il y ait des fraudes.
04:50Est-ce que c'est la suspension, le meilleur moyen de les résoudre ?
04:54Donc, on est vraiment extrêmement déçus de cette mesure qui a été annoncée hier.
04:59Il y a un autre dispositif tout de même qui existe.
05:01Ce sont les aides de l'ANA, l'Agence Nationale de l'Habitat,
05:04qui ont augmenté l'an dernier.
05:06C'est plutôt positif.
05:07Quelle est la différence entre ces aides de l'ANA et les aides de la PrimaRénov' ?
05:11C'est la même chose.
05:12Oui, c'est strictement la même chose.
05:13Vous avez des moyens, vous, au niveau de la Fondation pour le Logement,
05:16d'aider ces personnes, ces habitants qui sont aujourd'hui en situation de mal logement ?
05:22Oui, c'est notre raison d'être, d'appuyer des projets, d'appuyer des personnes en situation de mal logement à sortir de leur situation.
05:29Et donc, on accompagne un certain nombre de propriétaires occupants très modestes qui vivent dans des logements insalubres
05:34pour pouvoir réaliser des travaux de rénovation globale.
05:38On a aussi des projets de production de logements très sociaux, loyers très modérés,
05:42pour pouvoir accueillir dans des très bonnes conditions les ménages modestes.
05:46Et puis, on a d'autres actions d'accompagnement social ou juridique des personnes en situation de précarité
05:52pour qu'elles puissent accéder, effectivement, à leurs droits.
05:55Combat que vous menez toute l'année au sein de la Fondation pour le Logement,
05:59avec également ces chiffres que vous révélez tous les ans.
06:02Le rapport sur l'état du mal logement, je renvoie sur votre site,
06:05site internet de la Fondation pour le Logement, pour retrouver tout ça et les contacts éventuellement
06:09pour les gens qui écoutent et qui auraient besoin d'être soutenus.
06:12En tout cas, merci beaucoup, Isabelle Fourreau, d'avoir accès à notre invitation ce matin,
06:16directrice régionale de la Fondation pour le Logement dans les Hauts-de-France.

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