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15 millions supplémentaires pour les Restos du cœur : un "colmatage" qui est "nécessaire", pour la Fondation Abbé Pierre
franceinfo
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04/09/2023
Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre, était lundi 4 septembre l’invité du 8h30 franceinfo.
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Cette alerte lancée par le président des Restos du Coeur, Patrice Douré, en direct dans le JTTF1 hier.
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L'an dernier, les Restos du Coeur ont distribué 142 millions de repas.
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Et là, nous en sommes à plus de 170 millions de repas distribués par les Restos du Coeur.
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Très clairement, aujourd'hui, ce n'est plus tenable.
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À ce rythme-là, si l'on n'y fait rien,
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même les Restos du Coeur pourraient mettre la clé sous la porte d'ici trois ans.
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C'est ce qu'il dit hier à 13h.
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Et à 20h, la ministre des Solidarités, Aurore Berger, annonce une enveloppe d'aide de 15 millions d'euros.
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Est-ce que vous saluez l'efficacité du gouvernement ?
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Écoutez, c'est bien qu'il y ait une réaction.
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L'alerte des Restos, elle recoupe l'alerte de beaucoup d'associations.
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Face à l'augmentation des prix alimentaires qui pénalisent des ménages,
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des personnes qui vont devoir aller solliciter de l'alimentaire parce que ça ne passe plus.
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Mais pour les associations qui distribuent, il y a aussi des coûts augmentés dans l'achat.
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Parce qu'une partie est achetée, pas tout ce qui est distribué par les distributions alimentaires.
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Mais aussi parce qu'il y a l'augmentation de l'électricité,
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parce qu'il y a l'augmentation de l'énergie et ça pèse aussi sur les associations.
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Alors oui, c'est bien que la nouvelle ministre des Solidarités, Aurore Berger, réagisse en disant
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"on vous a entendu".
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En fait, ça fait un moment que les Restos tirent la sonnette d'alarme.
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On sait que la distribution des banques alimentaires a été multipliée par trois en dix ans.
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Donc on n'est pas face à un problème à un moment donné, dans une rentrée 2023.
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C'est un glissement.
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Il se passe quelque chose face à la fragilité de ceux qui étaient déjà pauvres,
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qui s'en foncent un peu plus, et face à d'autres qui ont peur de basculer
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ou qui ont commencé à basculer face à ces coûts élevés de bien de première nécessité.
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– C'est du colmatage, on n'a pas assez anticipé.
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– Oui, bien sûr que c'est du colmatage.
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Il est nécessaire, comme toutes les situations d'urgence, les personnes à la rue,
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il faut trouver des solutions immédiates.
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Il y a des personnes qui ne peuvent pas s'alimenter, il faut leur donner à manger,
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il faut leur tendre la main, il faut les protéger.
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Mais à un moment, il faut regarder, qu'est-ce qu'on fait ?
01:49
On passe de crise en crise, la crise sanitaire, l'augmentation,
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l'inflation sur les prix, les biens de première nécessité,
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et puis on met des pansements, comme ça on voit très bien,
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et les restos l'ont redit ce matin, il faut des mesures d'urgence,
02:01
mais il faut aussi des mesures structurelles qui puissent aider durablement
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les ménages les plus pauvres et les plus modestes dans notre pays.
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– Est-ce que vous faites partie de ceux qui disent que l'État s'appuie trop
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sur les associations pour des missions qui lui incombent en fait ?
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Nourrir les Français.
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– Alors, ça dépend de quoi on parle, parce que si vous voulez,
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si les ménages les plus modestes, si les ménages les plus pauvres
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avaient un bouclier social, et moi j'appelle ce matin à un bouclier social,
02:24
sur les APL, sur le RSA qu'on doit faire augmenter,
02:27
sur la multiplication du chèque énergie par 3,
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si on avait ces mesures structurantes qui sont des décisions du gouvernement,
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il y aurait moins de personnes qu'il faudrait aider via les associations.
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Donc ça ne s'oppose pas, tout est lié.
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Par contre, laisser se dégrader la situation de centaines de milliers de ménages
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au fil des années, sur le plan du logement, sur le plan du pouvoir d'achat,
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sur le plan des minima sociaux, et puis ensuite se dire
02:50
"non mais les associations vont se débrouiller", ça, ce ne serait pas acceptable.
02:53
– Vous avez parlé de glissement tout à l'heure,
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vous voyez dans tout ce dont on parle depuis hier,
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un signe que la population française s'appauvrit.
03:01
– Alors, si on prend le taux de pauvreté, pas particulièrement,
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mais vous savez que c'est un indicateur monétaire parce qu'on dit
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il y en a tant qui sont en dessous de ce taux, tant qui sont au-dessus.
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Mais en fait, cet indicateur de la pauvreté qui nous amène à peu près
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entre 9 et 10 millions de ménages selon comment on calcule,
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il ne tient pas compte des dépenses.
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Ce que nous, nous voyons à la Fondation Abbé Pierre,
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c'est que quand on regarde les budgets des ménages que l'on aide,
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ou que les restos aident, c'est qu'en réalité, les dépenses des besoins
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des biens de première nécessité ont tellement augmenté pour se chauffer,
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pour se déplacer, pour s'alimenter, que au fond, avec des petites ressources,
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eh bien votre reste à vivre a diminué considérablement depuis la crise Covid.
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Donc, il y a deux phénomènes majeurs. Les plus pauvres s'enfoncent
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parce que eux, il faut bien continuer à manger, il faut bien continuer à se chauffer,
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même si beaucoup se privent déjà. Et l'autre phénomène,
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c'est qu'à côté des plus pauvres qui s'enfoncent, c'est que ceux qui étaient
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sur le fil, eh bien, se retrouvent dans des situations de privation,
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d'inquiétude énorme, qui vraiment suscitent beaucoup, beaucoup de peur
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au sein des familles, et je pense notamment aux femmes seules avec enfants,
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je pense aux jeunes, je pense aux étudiants, qui particulièrement
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sont confrontés à ces difficultés.
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– Les Restos du Coeur tirent la sonnette d'alarme,
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comme plusieurs autres associations, vous l'avez dit,
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la Croix-Rouge, le Secours Populaire, l'Armée du Salut,
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comment ça se passe de votre côté ?
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Est-ce que vous aussi, vous êtes débordés par les demandes d'aide ?
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– Alors c'est un petit peu différent parce que toutes n'agissent pas
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de la même manière. Par exemple, si on prend l'exemple des restos,
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il y a des dons, des restos, mais il y a aussi des aides publiques,
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des aides européennes, il y a des dons de nourriture.
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Nous, ce ne sont que des dons, c'est-à-dire qu'il n'y a pas
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de financement public, c'est 3% de l'usage de la fondation.
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Donc ce sont des donateurs qui soutiennent l'action de la fondation ABPIER.
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De ce point de vue-là, moi, et je tiens vraiment à les remercier,
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la solidarité est au rendez-vous, c'est-à-dire que ça n'augmente pas fortement,
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mais ça ne baisse pas malgré ces difficultés.
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Et vous savez que beaucoup de petites gens donnent,
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c'est-à-dire que c'est 200 000, 300 000 donateurs par an,
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et beaucoup de gens qui ont des petites ressources,
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qui nous disent "là je peux faire un peu moins,
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ça ne sera pas 7 ou 10 euros par mois, ça sera 5 euros, 7 euros".
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C'est une force, c'est une indépendance.
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En revanche, ce que l'on voit, c'est que nous, ce que nous avons à faire,
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c'est d'aider les mal logés, là ils sont plus nombreux,
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ils souffrent plus, et les associations que l'on soutient,
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qui aident les mal logés, puisqu'on finance à peu près 800 projets
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par an, portés par 400, 500 associations,
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elles sont en difficulté.
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Parce qu'il y a plus de demandes, de besoins, de gens qui souffrent,
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en difficulté, qui ont besoin d'être aidés,
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et parce qu'elles ont des dépenses aussi.
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- Et la réalité, c'est qu'on n'arrive pas à aider tout le monde.
05:24
- Bien sûr. Bien sûr qu'on n'arrive pas à aider tout le monde.
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- Et les publics ont changé aussi.
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- Tout le monde ne vit pas convenablement dans ce pays,
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notamment les plus pauvres,
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et je veux vraiment qu'on ait en tête ces deux dimensions.
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Quand vous, vous voyez votre caddie augmenter,
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comme vous en parlez sur vos ondes tous les jours,
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imaginez quand vous aviez déjà très peu,
05:42
un RSA à 600 euros quand vous êtes seul,
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ou quand vous avez 1400 euros parce que vous êtes au SMIC,
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et que vous avez deux enfants,
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vous voyez bien ce que ça fait.
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Donc vous avez ceux qui sont déjà pauvres qui s'enfoncent,
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et les autres qui ont peur de bâtir.
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- Vous avez vu des nouveaux publics venir taper à votre porte ?
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- Alors ce qu'on a vu, notamment depuis la crise Covid,
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la crise sanitaire, effectivement,
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ce sont des personnes par exemple,
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qui n'arrivaient plus à payer leur loyer,
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donc qui se retrouvaient menacées d'expulsion à court ou moyen terme.
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Et là, ce sont des petits entrepreneurs,
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des auto-entrepreneurs, des artisans, des commerçants.
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Alors il y a eu le bouclier qui a été mis en place
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pendant la crise Covid,
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mais vous voyez bien que ça a fait que pour certains différer,
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parce qu'il faut rembourser le prêt garanti par l'État,
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parce que ceci, parce que cela.
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Et là, on a vu tout un pan de ce public-là se fragiliser.
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Et ce n'était pas un habitué de l'aide publique,
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des associations, des aides, si vous voulez,
06:36
et qui nous ont dit "Bah nous, ça ne passe pas".
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Et je le dis sur vos ondes, il ne faut pas avoir honte.
06:40
Enfin je veux dire, on a des protections sociales,
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on contribue aussi.
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- Ils arrivent en ayant honte.
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- Il faut se faire aider.
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- Oui, parce que ce sont des gens qui découvrent la pauvreté.
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- Moi, je vais vous dire ce qui me fait le plus de douleur aujourd'hui,
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quand je parle de ce que nous discutons ce matin,
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c'est que j'entends beaucoup de familles que nous croisons qui ont honte.
06:54
Honte des conditions de vie qu'ils offrent à leurs enfants.
06:57
Honte de devoir demander l'aide sociale.
06:59
Honte. Il ne faut pas avoir honte.
07:01
Ça nous dépasse ce qui est en train de se passer.
07:03
Une crise sanitaire, ça nous dépasse ce qui est en train de se passer.
07:06
Enfin, avec l'inflation, ça ne nous dépasse pas, mais...
07:09
Il faut se faire aider à un moment,
07:10
ça évite de basculer dans quelque chose de plus difficile.
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