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Guerre commerciale : "La Chine va certainement essayer d'utiliser cette situation pour augmenter son influence", estime le chef économiste de l'AFD
franceinfo
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04/06/2025
Thomas Melonio, chef économiste de l'Agence française de développement (AFD), revient sur l'impact de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, après une nouvelle surenchère sur les droits de douane américains.
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News
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00:00
L'invité éco, Camille Revelle.
00:04
Bonsoir à toutes et à tous, Donald Trump double la mise.
00:07
La surtaxe américaine sur les importations d'acier et d'aluminium passe de 25 à 50% aujourd'hui.
00:12
Bonsoir Thomas Melogneau.
00:13
Bonsoir.
00:14
Vous êtes chef économiste de l'agence française de développement, l'AFD.
00:18
Cette guerre commerciale dont on parle depuis des mois, depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche,
00:22
quel impact a-t-elle sur les pays les plus pauvres ?
00:25
Alors elle a un impact qui est assez sérieux, à la fois dans les pays émergents,
00:28
au premier chef, la Chine, qui est l'objet des principales mesures commerciales.
00:31
C'est vrai aussi du Mexique voisin immédiat des Etats-Unis, dont vous venez parler à l'instant.
00:35
Mais c'est vrai aussi peut-être de pays auxquels on pense moins souvent
00:37
et qui peuvent bénéficier d'accords commerciaux avec les Etats-Unis
00:40
et se retrouvent aujourd'hui avec des difficultés un peu plus grandes.
00:43
Donc par exemple en Afrique, ça peut être un pays comme Madagascar
00:46
qui exporte du textile vers les Etats-Unis
00:48
ou bien l'Afrique du Sud qui exporte des composants automobiles.
00:51
Donc il peut y avoir des conséquences sur des pays dont on ne parle pas forcément très souvent.
00:54
Et dont nous sommes là pour parler ce soir.
00:55
Il y a un accord commercial qui est en vigueur depuis l'an 2000
00:58
entre les Etats-Unis et une trentaine de pays d'Afrique.
01:01
L'AGOA, accord qui doit être renégocié cet automne en septembre 2025.
01:06
Quel avenir il a d'après-voilà ?
01:08
Je sais qu'on n'a pas de boule de cristal mais quel peut être son avenir aujourd'hui ?
01:11
Oui, c'est vrai que les droits de douane changent à peu près tous les jours.
01:13
Vous venez d'en parler.
01:14
Donc c'est difficile de faire des prévisions.
01:15
Deci dit, on peut penser que l'AGOA ne permettra plus aux pays africains
01:19
de faire des exportations sans droits de douane vers les Etats-Unis.
01:22
Donc c'est essentiellement dans le secteur textile pour des pays comme Madagascar, les autos, l'automobile
01:26
que les conséquences seront les plus sérieuses.
01:28
Ça c'est pour le continent africain.
01:30
Après il y a d'autres pays dans le reste du monde qui ont des enjeux commerciaux avec les Etats-Unis.
01:35
Et en particulier on peut penser à des pays d'Asie du Sud-Est comme le Vietnam qui est très exposé
01:38
parce qu'il importe de Chine pour réexporter vers les Etats-Unis.
01:41
Donc ce type de pays, le Vietnam est très exposé aux mesures commerciales américaines.
01:46
et dans les récentes prévisions par exemple de la Banque Asiatique de Développement,
01:49
c'est un des pays qui peut perdre le plus en raison des tensions commerciales actuelles.
01:54
Il y a une double peine pour certains de ces pays, à la fois avec des hausses de droits de douane
01:58
et les coupes qu'on voit dans les budgets de l'aide au développement ?
02:02
Alors c'est très clair.
02:03
Ce ne sont pas forcément les mêmes pays qui vont subir les conséquences des droits de douane d'un côté
02:06
ou des baisses de l'aide au développement.
02:08
Certains en effet peuvent être affectés par les deux.
02:10
Sur les droits de douane, ce sont plutôt des pays industriels qui exportent de manière significative vers les Etats-Unis.
02:16
Donc le Vietnam dont on a parlé, ça peut être le Bangladesh, ça peut être Taïwan qui exporte beaucoup de puces par exemple vers les Etats-Unis.
02:24
Ça c'est plutôt sur la partie commerciale.
02:26
Sur l'aide au développement, les grands pays qui ont perdu suite à la destruction du USAID, c'est d'abord l'Ukraine.
02:32
On en parle souvent parce qu'évidemment le gouvernement ukrainien est affaibli par la baisse du soutien militaire mais aussi du soutien civil.
02:38
Ça va être la Palestine à laquelle on pense souvent en raison du drame qui s'y déroule.
02:42
Et comme vous le savez, l'aide humanitaire est très limitée aujourd'hui.
02:45
Elle arrive peu et en plus les financements ont baissé.
02:48
C'est vrai aussi en Afrique, sur des pays comme la République démocratique du Congo, l'Ethiopie par exemple,
02:53
ou bien le Liberia qui bénéficiait de financements américains très importants.
02:56
Donc eux vont être affectés plutôt par la baisse des financements des développements.
02:59
Il y a autant de pays que de situations mais est-ce que par exemple une solution serait de se tourner vers un autre grand marché,
03:03
un grand rival des Etats-Unis ou de se tourner encore plus d'ailleurs vers un pays qu'est la Chine ?
03:08
Alors la Chine va certainement essayer d'utiliser cette situation pour augmenter son influence.
03:12
Très récemment par exemple, la Chine a annoncé qu'elle augmenterait sa contribution à l'Organisation mondiale de la santé.
03:17
C'est une organisation à laquelle les Etats-Unis ont retiré leurs contributions.
03:21
Les Etats-Unis ont décidé de supprimer 500 millions de dollars.
03:24
Mais les Chinois ne vont pas compenser la totalité de la baisse des Etats-Unis.
03:26
Ils vont mettre autour d'une centaine de millions de dollars par exemple à l'OMS.
03:29
Donc pour accroître leur influence, ceci dit, ça ne va pas compenser les baisses américaines
03:34
parce que les financements américains étaient tellement gros, à peu près 42 milliards de dollars,
03:37
c'était le budget de l'USN, que personne ne pourra s'y substituer.
03:41
Alors quels autres leviers ? De l'investissement privé, de l'épargne nationale ?
03:45
Il y a autant de leviers que de pays j'imagine ?
03:47
Alors il y a quelques contributions qui peuvent être augmentées.
03:51
Bill Gates par exemple a annoncé qu'il allait augmenter les financements de sa fondation
03:55
pour atteindre quelque chose de l'ordre de 9 milliards de dollars par an.
03:59
Mais quand vous passez de 6 à 9 milliards de dollars, c'est une augmentation très substantielle
04:02
et il faut s'en féliciter, mais ça ne va pas compenser plus de 40 milliards de baisse.
04:07
Donc ça c'est du côté plutôt des bonnes nouvelles avec certains acteurs privés importants,
04:10
philanthropes, qui peuvent compenser.
04:12
Après la réalité, c'est vrai que beaucoup de pays en développement vont devoir davantage se financer par eux-mêmes
04:17
Dans certains cas, il y a déjà par exemple des banques publiques ou des administrations
04:21
qui ont la capacité à lever l'impôt ou à mobiliser l'épargne.
04:24
Dans d'autres pays, il va falloir s'adapter assez rapidement
04:26
pour pouvoir financer davantage l'investissement par les ressources des pays eux-mêmes.
04:30
Je voudrais qu'on parle de la France, de votre propre porte-monnaie à vous à l'Agence française de développement.
04:35
Le gouvernement a baissé d'entière l'enveloppe de l'aide publique au développement
04:38
pour le budget de cette année, près de 2 milliards d'euros sur fonds de lutte contre le déficit.
04:44
Quel impact ça a eu pour vos missions ?
04:46
Alors d'abord, on ne peut pas complètement comparer la situation américaine avec la situation française.
04:50
Aux Etats-Unis, USAID a été qualifié d'organisation criminelle.
04:53
En France, en Europe, on ne constate pas du tout de remise en cause des institutions de développement
04:57
pour leur caractère moral ou immoral.
05:00
Donc ça, on n'a pas du tout cette situation.
05:02
En revanche, c'est vrai que le budget pour la politique de développement, de solidarité,
05:07
est très tendu cette année parce qu'on doit faire des économies pour le budget de l'État.
05:11
Je ne le conteste pas du tout, mais ça amène à des baisses de moyens,
05:14
notamment en dons pour les pays les plus pauvres.
05:16
Ça, c'est incontestable.
05:17
Et alors, qu'est-ce que ça change dans vos missions ?
05:19
Est-ce que vous les recentrez ?
05:21
Est-ce qu'il y a des projets que vous abandonnez ?
05:23
Quel impact ça a concrètement ?
05:24
Alors, je pense qu'il est très important pour les gens qui nous écoutent,
05:27
on va tenir tous les engagements existants.
05:29
C'est-à-dire qu'à la différence de ce qui a pu se tenir aux États-Unis,
05:32
tous les projets en cours vont être tenus et achevés tels qu'ils devaient l'être.
05:35
En revanche, un moindre budget, ça veut dire qu'on peut lancer moins de nouveaux projets.
05:39
Et donc, il y aura des situations parfois difficiles, parfois dramatiques,
05:43
mais sur lesquelles on ne pourra pas intervenir.
05:47
La France, dit l'Elysée, va recentrer ses efforts là où les besoins sont les plus importants et les plus urgents.
05:52
L'AFD, l'Agence française de développement, votre agence,
05:54
devra faire l'objet d'une nouvelle explicitation permettant de mieux refléter le mandat de l'opérateur.
05:59
Est-ce qu'il y a des enjeux d'efficacité, de transparence aussi, pour vous ?
06:02
Alors, bien sûr. Il y a un premier enjeu. Vous l'avez dit à l'instant,
06:04
quand on a moins de moyens, il faut les utiliser au mieux.
06:07
Au mieux, c'est-à-dire au plan des besoins.
06:09
Et on va concentrer l'essentiel des moyens dont on dispose aujourd'hui
06:12
vers les pays les moins avancés, c'est-à-dire les pays avec les plus faibles revenus,
06:16
les pays les plus vulnérables.
06:17
Et face à la difficulté budgétaire, on va encore plus concentrer les moyens là où il y a le plus de besoins.
06:21
Ça, c'est une première chose.
06:23
La deuxième chose, c'est qu'en effet, ce n'est pas du tout un tabou de dire que l'aide doit être la plus efficace possible.
06:27
Dans mes propres équipes, on réalise quasiment 70 évaluations par an pour mesurer l'efficacité des projets qui sont financés.
06:34
Et en effet, quand on a moins de budget, on va être encore plus strict dans la sélection des projets
06:38
qui peuvent être appuyés pour avoir la plus grande efficacité.
06:41
Donc, on est en train de faire ce travail.
06:43
C'est un travail en continu, en réalité, pour améliorer en permanence l'efficacité des financements.
06:49
On a aussi un fonds d'innovation qui a été créé il y a trois ans maintenant avec Esther Duflo,
06:53
qui vise à évaluer systématiquement la situation avant, la situation après, pour mesurer très précisément
06:58
les prix Nobel d'économie en 2019, pour mesurer très précisément l'efficacité des projets qu'on finance.
07:03
Et pour la transparence ?
07:05
Et pour la transparence, bien sûr, l'intérêt de s'associer à des chercheurs renommés ou parfois moins connus,
07:11
mais qui peuvent être très bons aussi, c'est de produire des données qui sont indépendantes.
07:14
Et ça, ça permet d'améliorer l'efficacité des projets.
07:16
Par exemple, il y a beaucoup d'enjeux d'éducation.
07:19
L'Afrique, par exemple, est un continent très jeune, mais la qualité de l'éducation n'est pas toujours là.
07:23
Et on peut réformer les méthodes d'enseignement en regroupant les enfants, par exemple, par table de niveau,
07:28
pour qu'ils apprennent avec un contenu qui est adapté à eux.
07:31
On a fait un autre test récemment en utilisant l'intelligence artificielle
07:34
pour produire des contenus dans les langues qui sont accessibles pour les enfants,
07:38
là encore, pour améliorer les apprentissages.
07:40
Donc c'est très important de bien évaluer et d'être innovant, d'utiliser une nouvelle technologie aussi,
07:44
pour avoir les meilleurs résultats possibles.
07:45
Merci beaucoup Thomas Melonio, chef économiste de l'AFD, l'Agence française de développement.
07:50
Vous étiez ce soir l'invité ECO de France Info.
07:51
Merci.
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