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  • 03/06/2025

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00:00Je disais au début de l'émission qu'il y a d'un côté ces condamnations extrêmement faibles pour les casseurs,
00:05et puis d'autre côté il y a ce procès pour meurtre.
00:07On a appris que le policier qui est impliqué dans l'affaire de la mort de Naël en juin 2023,
00:14Florian M, va être jugé pour meurtre.
00:17C'est une qualification extrêmement grave, il encourt 30 années de prison.
00:22On va faire le point sur cette affaire avec Mathieu Devez, et je vous passe la parole, Réda Bellage.
00:28Deux ans après la mort de Naël lors d'un refus d'obtempérer à Nanterre,
00:33deux juges d'instruction ordonnent que le policier auteur du tir soit jugé aux assises pour meurtre.
00:39Rien ne démontre que le policier Florian M était autorisé dans la circonstance à faire usage de son arme
00:44en méconnaissance des principes de proportionnalité et d'absolue nécessité.
00:48Les magistrats suivent donc les réquisitions du parquet,
00:51qui avait demandé début mars le renvoi du policier mis en examen devant la cour d'assises.
00:55Son avocat, maître Laurent Franck-Liénard, dénonce une décision absurde.
01:00Les juges d'instruction nous disent qu'il y avait d'autres moyens d'arrêter la voiture,
01:04sans nous dire lesquels, puisque en réalité, il n'y avait pas d'autres moyens d'arrêter cette voiture.
01:09Et 50 mètres derrière, il y avait des gens qui passaient sur un passage piéton
01:11et qui auraient été renversés immanquablement.
01:14Et donc le rôle du policier et son travail, c'était d'appliquer un tir à ce moment-là.
01:18Le point de départ d'une semaine d'émeute à travers le pays.
01:22L'avocat de la mère de Naël, maître Franck Berton, se dit satisfait de cette décision de justice.
01:27Selon lui, il ne fait aucun doute que la qualification de meurtre devait être retenue.
01:31Une décision qui, d'après Eric Henry du syndicat de police Alliance,
01:35pourrait avoir de lourdes conséquences pour le reste de la profession.
01:38Est-ce que mes collègues ne vont pas finir par détourner le regard sur certaines infractions,
01:44les infractions qui les mettent en danger,
01:47au risque, s'ils interviennent, de se retrouver devant un tribunal,
01:52devant une cour d'assises, alors qu'on fait son métier pour protéger ?
01:56Le tribunal précise dans un communiqué que le procès pourrait se tenir devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine,
02:01au deuxième ou au troisième trimestre 2026.
02:05Voilà, Eureda Bellage.
02:06Alors, personne n'est au-dessus de la loi et ce policier sera jugé,
02:10la justice passera.
02:12Mais est-ce que c'est un signal qui est envoyé à toute la police,
02:15qui est de dire, mais n'intervenez pas en réalité,
02:17parce que vous risquez gros, vous risquez vous de vous retrouver en prison ?
02:20Je le dis depuis le début de cette affaire,
02:23déjà, j'apporte mon soutien plein et on ne lâchera pas Florian,
02:27on s'occupe de lui, on ne le lâchera pas.
02:29Que les gens soient clairs, que les gens qui détestent la police,
02:31les filles, la députée de Nanterre qui a encore dit à l'anniversaire du drame
02:41de lutter contre les violences policières, enfin on mélange tout,
02:45on ne lâchera pas Florian,
02:47parce que ça aurait pu arriver à n'importe quel d'entre nous en service.
02:51Tous les policiers ont au moins une fois sorti leur arme
02:55quand ils se sont trouvés face à une difficulté
02:59ou face à un individu qui s'estimait dangereux pour lui-même, pour autrui.
03:03Ça nous arrivait à tous.
03:04Moi, j'ai pris une vie sur un refus d'obtempérer.
03:06Je n'en suis pas fier, je vis avec tous les jours,
03:08mais c'était mon travail.
03:10Et il m'a fallu un vrai travail avec un psychologue
03:12pour arriver à rentrer ça.
03:14Mais les gens aujourd'hui, je ne vais pas faire de généralité,
03:17certaines personnes, ça, ils n'en ont rien à faire.
03:19Ils pensent que nous, on est des robots,
03:21qu'on est en capacité de calculer au centimètre près,
03:24à la seconde près, auquel moment il va nous foncer dessus,
03:26ce qu'on peut esquiver, ce qu'on peut faire esquiver.
03:28Et c'est ça qui va être le vrai sujet.
03:30Et moi, je ne vais pas vous...
03:31Voilà, on va attendre le temps du jugement,
03:34mais bien sûr que ça me touche.
03:35Ça me touche.
03:36Pour moi, un meurtrier, c'est quelqu'un qui se lève le matin
03:39et qui va commettre, qui va se lever le matin,
03:41qui va dire, tiens, aujourd'hui, je vais monter au braquage,
03:43tiens, aujourd'hui, je vais monter au cambriolage,
03:45je prends une arme au cas où je tombe sur les propriétaires.
03:48Non, là, c'est un policier qui est père de famille,
03:51qui a une médaille de sécurité intérieure,
03:53qui est quasiment la plus haute distinction
03:55et la plus difficile à avoir.
03:57C'est un collègue qui a deux médailles de hack, courage et dévouement,
03:59qui est brigadier de police, donc qui a passé ses examens,
04:01qui a un gamin, qui a zéro blâme, zéro avertissement,
04:04qui a un dossier complètement vierge.
04:06Et sa vie, elle a basculé.
04:07Et sa vie, elle a basculé parce qu'il a essayé de faire son travail
04:10et il avait un millième de seconde pour prendre une décision
04:13et il se retrouve jugé pour meurtre.
04:15Pour moi, c'est terrible.
04:16Je vais respecter la justice, on va continuer à la soutenir
04:19et on va respecter sa demande parce que je pense qu'il ne faut pas donner...
04:23Il faut que ça se passe bien jusqu'au jugement, en fait.
04:26Parce que, voilà, tout à l'heure, vous avez parlé de camps.
04:29Il y a des camps aujourd'hui en France.
04:31Il ne faut pas donner à un certain camp, d'accord,
04:35l'opportunité de s'en prendre encore une fois à la police.
04:38Bien sûr. Éric Revelle ?
04:39Vous avez très bien résumé les choses.
04:41Je rajouterai quand même parce que les policiers ne l'oublieront pas
04:44et moi, je ne l'ai pas oublié.
04:45Le 28 juin 2023, le chef de l'État prend la parole sur l'affaire Naël
04:49et dit, piétinant au pied la présomption d'innocence,
04:53il dit « cet acte est inqualifiable et inexcusable ».
04:57Il ne l'a pas fait pour Depardieu ?
04:58Voilà. Non, mais ce que je veux dire, c'est que quand vous dites ça
05:01sans savoir ce qui s'est passé, en fait, vous essayez de récupérer l'émotion
05:04de la nation.
05:07Mais surtout, vous mettez une pression médiatique qui s'exerce sans doute
05:10sur le pouvoir judiciaire aujourd'hui.
05:12Donc, ayant confiance dans la justice, mais je pense que du côté de la police
05:15et de la gendarmerie, personne n'oubliera les qualificatifs
05:18sur employer le chef de l'État dans cette affaire dramatique
05:21qui a coûté la vie à ce garçon de 17 ans.
05:23Personne ne les oubliera.
05:24Inqualifiable et inexcusable.
05:26Vous comprenez pourquoi, quand j'ai été invité sur ce plateau,
05:29on me demandait « est-ce qu'on voulait faire comme les Anglais ? »
05:32Aller au contact.
05:34Jamais de la vie, en fait.
05:36Jamais de la vie.
05:37Vous imaginez déjà là, juste en respectant comme on peut le règlement,
05:42là, si vous allez au contact, le gamin, il a 16 ans, il n'a pas de casque.
05:45La France va brûler.
05:46On va encore nous dire qu'on est inexcusable, inexplicable.
05:49On va aller en détention provisoire.
05:51Il va devoir une cour d'assises.
05:52Il aurait pu aussi aller devant un tribunal correctionnel pour remercier d'un volontaire.
05:54Moi, c'est la qualification pénale qui me choque.
05:56Meurtre, ça veut dire que volontairement, vous avez la volonté de tuer.
06:00Il aurait pu aussi être poursuivi, homicide involontaire.
06:02Parce qu'elle décidait le procureur et les juifs.
06:03Un accident ?
06:04Ben oui, mais c'est ça qui devrait nous alerter, en fait.
06:06C'est la qualification pénale.
06:07Bien sûr, bien sûr.
06:08C'est la phrase, quand même, dans l'ordonnance de mise en accusation.
06:12Les policiers ne pouvaient pas se sentir en danger.
06:14Mais je me dis, alors, je ne suis pas spécialiste, mais on regarde la situation,
06:18on regarde, tout le monde a vu les images, tout le monde a vu la vidéo.
06:20Personne ne peut se dire que les policiers ne pouvaient pas se sentir en danger,
06:23dans la mesure où, en plus, Naël avait fait plusieurs refus d'obtempérer
06:27avant d'arriver à cet endroit-là.
06:29Donc, je me dis, mais dans quel monde on vit ?
06:31Par ailleurs, je rebondis sur ce que vous dites à l'instant, Reda Bellage,
06:34et je vois l'espèce d'injonction contradictoire,
06:37mais le grand écart entre, d'un côté, la justice qui entrave le travail des policiers,
06:42et de l'autre, la population, la société qui demande plus de protection.
06:45Et je comprends, entre les lignes, dans ce que vous dites,
06:48en gros, les policiers, ils essaient de se battre, il y a toujours cette combativité,
06:52mais vous dites, nous, en gros, ne comptez pas sur nous
06:55pour aller faire des courses-poursuites, des chasses,
06:58parce qu'en réalité, on ne veut pas se mettre dans des situations impossibles.
07:02Donc, toutes ces décisions participent à annihiler complètement l'action de la police.
07:06Cette décision, au final, elle va donner quoi aussi aux délinquants ?
07:11Parce que quand vous voyez les images de Drancy, il y a trois semaines,
07:13où un collègue fait un tir de sommation, le gars, il va au contact,
07:16malgré le tir de sommation.
07:17Mais vous ne leur faites plus peur.
07:18Exactement.
07:18C'est ça aussi, le revers de la médaille.
07:20Vous disiez tout à l'heure qu'on n'a pas peur d'eux.
07:22Le problème, c'est qu'eux non plus n'ont pas du tout peur de vous.
07:25Nous, on n'a pas peur d'eux, mais nous, on a peur du système.
07:28Avec ce qui s'est passé avec Florian, on n'a peur de protéger.
07:30Mais eux, ils n'ont pas peur du système.
07:31Donc, ils ont un ascendant sur vous et ils le savent très bien.
07:33Allez.
07:33Allez.

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