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00:00Coup de bluff ou alors coup de maître ? Il était reçu à Matignon hier, Bruno Retailleau, sur la question de la proportionnelle.
00:06Et le ministre de l'Intérieur est opposé à cette réforme et n'exclut pas de quitter le gouvernement.
00:11Nous pensons que le scrutin proportionnel aboutirait à une assemblée ingouvernable.
00:16Nous avons dit notre franche et totale opposition à cette réforme du scrutin proportionnel.
00:22Je pense qu'il y a mieux à faire pour nos concitoyens.
00:25Et à titre d'ailleurs du ministre de l'Intérieur, j'ai confirmé au Premier ministre que jamais je ne porterai ce type de réforme.
00:33Écoute, toutes les options sont ouvertes.
00:36Nous lui avons dit notre position très très ferme, absolue pour ce mode de scrutin,
00:42qui n'est pas seulement un mode de scrutin qui pourrait déséquilibrer les institutions de la Ve République,
00:47qui a besoin d'une majorité pour bien fonctionner, une majorité pour prendre des décisions, qui s'imposent aujourd'hui.
00:52Voilà, Paul Melun, une réaction. Bruno Retailleau, il prépare sa sortie, là, à votre avis ?
00:57Oui, et puis si vous voulez, LR est quand même le parti héritier du RPR, héritier du gaullisme.
01:02Le gaullisme a enfanté la Ve République avec des principes.
01:05Donc si à un moment donné, Bruno Retailleau, qui est le patron des LR, va contre les principes historiques de son parti,
01:11en acceptant une assemblée qui, à mon avis, serait ingouvernable, effectivement, avec la proportionnelle,
01:15il se compromettrait avec l'identité profonde de son parti.
01:19Donc, ce n'est pas du tout l'ADN de la Ve République que de mettre en place cette proportionnelle...
01:24Mais c'est aussi un détonateur pour lui, finalement, pour sortir, parce qu'à un moment donné, il va bien falloir qu'il parte pour se concentrer sur la présidentielle.
01:30Pour aller sur le terrain de politique politicienne sur ça, je ne pense pas que Bruno Retailleau fasse ça par calcul de politique politicienne en disant...
01:37Ah, on ne sait pas. On ne sait pas quelque chose derrière.
01:38Je pense qu'il est fait par conviction. Sincèrement.
01:39Non, mais ça, c'est sûr, oui, mais est-ce que ce n'est pas le bon... ça tombe bien, j'ai envie de dire.
01:44De toute façon, il finira, un jour ou l'autre, par sortir du gouvernement, parce qu'il a un dessin présidentiel, Bruno Retailleau.
01:49Il choisira le thème sur lequel il partira. Ça, c'est vu par le passé. Emmanuel Macron a quitté son poste au ministère de l'Économie.
01:54On se souvient d'Arnaud Montebourg, le frondeur pour se présenter à la présidentielle, qui a quitté le gouvernement Hollande.
01:58C'est un classique du genre. Mais là, je crois que sur le sujet de la proportionnelle, qui est un sujet très important,
02:03et je pense qu'il faut sensibiliser nos concitoyens à ce sujet-là, Bruno Retailleau...
02:07Je ne suis pas sûre qu'aujourd'hui, les Français, ce soit un sujet très important pour eux.
02:10Si vous leur dites, la proportionnelle, qu'en pensez-vous ?
02:12Oui, je suis d'accord.
02:12Je ne suis pas sûre que ça réagisse beaucoup.
02:14Parce que si demain, vous mettez en place la proportionnelle, ce sont les chefs de parti qui vont faire la politique,
02:19qui décideront qui place où. Il n'y aura plus de pouvoir pour les territoires, comme on dit.
02:22Il n'y aura plus de pouvoir pour les régions.
02:24Les élus locaux auront un pouvoir démonétisé.
02:26Et c'est des gens comme Olivier Faure, dans leur bureau au Parti Socialiste,
02:29qui vont désigner qui va aller et qui va concourir là et là.
02:32Donc, c'est donner plus de pouvoir à Paris, moins au territoire.
02:34Et ensuite, c'est faire une assemblée ingouvernable, pas du tout dans l'esprit gaulliste.
02:38Donc oui, pardonnez-moi, je pense que c'est un gros sujet.
02:40Bruno Retailleau, qui donne des gardes d'indépendance aussi, en prenant cette posture.
02:44Et qui prépare sa sortie.
02:45Alors, dire que l'Assemblée sera ingouvernable, pardon, elle est déjà ingouvernable.
02:49Et ingouvernée, on va dire d'ailleurs.
02:51Donc, je ne pense pas que l'argument soit pertinent.
02:54Alors, au-delà de son avis sur la proportionnelle, il a le droit d'être contre.
02:59On sait que c'est un peu ce qui était dans la corbeille de la mariée pour François Abeyrou.
03:03Oui, c'est quelque chose auquel il tient.
03:05Quelque chose auquel Marine Le Pen tient.
03:07Et donc, ça n'est peut-être pas un chantage exprimé.
03:11Oui, parce que François Abeyrou reçoit en ce moment tous les partis.
03:14Un dit, un dit, un dit, ou voilà, bref.
03:16D'ailleurs, on peut se demander aussi pourquoi le Rassemblement national tient tant à la proportionnelle,
03:21alors qu'il devient majoritaire.
03:22Et que donc, ça peut peut-être entraver sa capacité à gouverner si un jour il accède au pouvoir.
03:28Maintenant, il se dit peut-être que c'est un remède aussi au cordon sanitaire.
03:31On voit un peu la stratégie.
03:31Mais alors, pardon, si Bruno Retailleau s'en va sur la proportionnelle.
03:36Mais moi, je comprends qu'il s'en aille à cause de Boalem Sansal, sur l'Algérie.
03:40Je comprends qu'il s'en aille à cause des émeutes.
03:42Parce que pour un ministre de l'Intérieur, c'est insupportable ce qu'il s'est passé ce week-end.
03:45Mais s'en aller à cause de la proportionnelle.
03:47Comment est-ce que vous interprétez sa phrase, alors ?
03:50Ah ben, je ne sais pas, mais pardon.
03:54Comme s'il disait, voilà, je m'en mets comme un prince sur une chillure de mouche sur une fenêtre à Matignon.
04:02Non, mais c'est le timing qui peut poser question.
04:05Parce que là, on sort dans le week-end noir.
04:06Oui, mais il a peut-être besoin de partir.
04:08Mais j'ai envie de dire, là, il avait une bonne occasion.
04:10Parce qu'honnêtement, dire, écoutez, moi, j'ai honte pour ce pays.
04:14J'ai honte de ce qui s'est passé.
04:16Et en réalité, ce n'est pas gouvernable en l'État.
04:19Je pourrais faire quelque chose si j'avais les coups des franches.
04:22Mais là, je suis pied et poing lié.
04:23Donc, je vais être obligé de partir et de me retirer.
04:26Là, ça aurait été compréhensible.
04:27Mais sur la proportionnelle, vous l'avez dit vous-même.
04:29Les Français s'en fichent comme de leur première paire de chaussettes.
04:32On ne va pas se mentir.
04:34Pardon, il va falloir qu'ils trouvent autre chose.
04:36Le prochain train, il faudra qu'ils saisissent le prochain train, mais pas celui-là.
04:39Il le fait aussi.
04:40Pour le coup, là où il y a peut-être du calcul politique,
04:42et à la fois, il a le droit,
04:44c'est qu'en mettant sa démission en balance,
04:46vu qu'il est indispensable au gouvernement,
04:48il fait en sorte que ce projet de proportionnel
04:50qui desservirait profondément aussi les intérêts de son parti,
04:53n'aboutisse pas.
04:54Parce que je veux dire, François Bayrou ne peut pas faire avancer ce projet sans les LR.
04:58Les LR sont indispensables au gouvernement.
05:00Donc, si vous voulez, il a quand même une force de dissuasion.
05:02C'est comme la dissuasion nucléaire, Bruno Retailleau.
05:04Il a une force de dissuasion pour ce gouvernement
05:06qui est très importante.
05:08Alors, là où je rejoins Gabriel sur un point,
05:09c'est qu'au niveau du symbole pour les Français,
05:12rapport à ce qu'on disait tout à l'heure
05:13sur les émeutes qu'on a connues après le match du PSG,
05:16Et la puissance finalement de l'État et du ministère de la Justice et de l'Intérieur.
05:19Là où les Français attendent Bruno Retailleau,
05:21c'est plutôt sur ces sujets, sur les sujets régaliens,
05:23où d'ailleurs, je trouve qu'il a pour le moment un assez bon bilan.
05:26Mais en tout cas, c'est là qu'on l'attend,
05:27ce n'est pas effectivement sur des trucs comme la proportionnelle.
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