Il a osé rêver grand. Denis Van Weynbergh est le premier Belge à avoir bouclé le mythique Vendée Globe, le tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Ancien patron de PME devenu marin professionnel, il nous raconte son aventure hors norme dans Le Dictaphone de So Soir. Un échange qui donne envie de larguer les amarres.
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00:00Dans le dictaphone de ce soir, nous tendons le micro à celles et ceux qui ont su écouter ce déclic et suivent leur inspiration.
00:08Nous avons tendu le micro à ces personnalités que l'on a découvert parfois en quelques clics et qui nous inspirent, qui nous donnent envie à notre tour d'oser.
00:16Deux fois par mois, ouvrez grand vos oreilles et laissez-vous guider par celles et ceux qui ont eu le courage de se réinventer.
00:22Nous sommes Ingrid Van Lagendonck et Anissa Isaz.
00:24Bienvenue dans le dictaphone de ce soir.
00:30Bonjour Denis, bienvenue sur le dictaphone de ce soir.
00:38Tu es notre premier marin de haut niveau, donc on est ravis de te recevoir.
00:43Bonjour à tous.
00:44On a demandé à ChadGPT de te présenter.
00:47Je vais lire la description qu'il fait de toi.
00:49Il a été plutôt impressionné, je dois dire.
00:51Denis Van Wenberg est un navigateur belge, passionné de mer et de défis extrêmes.
00:56Entrepreneur dans une autre vie, il s'est lancé dans la course au large, participant à des épreuves mythiques comme la Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre.
01:06En 2020, il réalise un rêve de gosse, participer au Vendée Globe, un tour du monde à la voile, en solitaire, sans escale et sans assistance.
01:14Il est le premier belge à avoir terminé le Vendée Globe en 2024.
01:17Une aventure hors-nomme qui en dit long sur sa ténacité, sa résilience et sa soif d'absolu.
01:23Qu'est-ce que tu en dis ?
01:25Je dis qu'il y a quand même une erreur dans ChadGPT parce que c'est 2024, le Vendée Globe et pas 2020, tu parles de 2020.
01:31Oui, mais c'est ça, on avait un doute.
01:33Comme ça, on peut garder l'esprit critique par rapport à...
01:36Comme quoi ?
01:37Il faut toujours de l'humain derrière la machine.
01:39Comment tu en es arrivé là ?
01:41Donc, on va souvent commencer par le commencement.
01:45Tu viens, quel type de formation tu as fait ?
01:47Est-ce que tu te prédestinais à devenir marin professionnel ?
01:50Tu n'es pas né dans le milieu de la marine comme plein d'autres marins du Vendée Globe.
01:54Donc, raconte-nous un peu ça.
01:55Non, moi, je n'étais pas du tout prédestiné à faire marin professionnel
01:58puisque j'ai eu une formation universitaire ici en français.
02:00J'ai fait sciences politiques.
02:02Et puis, j'ai travaillé à l'étranger pour mettre ça sans frontières.
02:05Puis, j'ai travaillé dans une boîte d'événements.
02:06Et puis, j'ai ma boîte à moi de transport.
02:09Après, c'est vrai que la voile était toujours en fil rouge derrière mes activités
02:12parce que je naviguais en famille.
02:15Mais voilà, je n'étais pas...
02:17Ce n'était pas un rêve de gosse de devenir skipper professionnel.
02:20C'est venu petit à petit.
02:22J'ai participé à différentes courses.
02:24Ça a commencé en 2001, en fait, avec la Mini Transat.
02:27On appelle ça la Mini Transat parce que c'est un petit bateau,
02:29mais ce n'est pas une petite course.
02:30En fait, on traverse l'Atlantique avec des bateaux de 6,50 mètres.
02:33Donc, ça, ça a été le début.
02:35Et puis, c'est comme ça que petit à petit,
02:36on rentre dans ce milieu de la course au large
02:38et qu'on prend l'envie de m'en faire chaque fois un peu plus.
02:41Et puis, ça a été crescendo avec, voilà,
02:44in fine, le Vendée Globe
02:45et le fait de participer au Vendée Globe en 2024
02:48et de terminer le Vendée Globe en 2025, du coup.
02:50Donc, voilà, ça, c'était, je dirais, le point d'orgue de ma carrière de marin.
02:54Et pour ces projets-là, pour un Vendée Globe, il faut devenir professionnel
02:59parce que c'est des projets à 100%.
03:01C'est d'abord un projet d'entreprise et puis après un projet sur l'eau.
03:05Donc, on est obligé d'être tout le temps, tout le temps occupé par rapport au projet,
03:09trouver des partenaires et puis s'entraîner, naviguer, préparer le bateau.
03:12Donc, c'est vraiment des projets qui vous prennent à 100%.
03:15Oui, on est obligé de s'impliquer entièrement dans un projet comme ça.
03:18On ne peut pas le prendre à la légère.
03:20C'est quoi, le déclic ?
03:21Qu'est-ce qui, un jour, a fait que tu t'es dit,
03:23OK, là, je me lance à fond dans l'aventure ?
03:25Je pense qu'il n'y a pas un déclic.
03:27Je pense que c'est plein de déclics.
03:28C'est des trucs qui sont en gestation, qui prennent du temps.
03:31Alors, je pense que, sans doute, j'aurais été marin professionnel plus tôt
03:34si, justement, après 2001, après la mini-transat,
03:38j'ai failli aller habiter à La Rochelle.
03:40Et puis, ça, ce n'est pas fait pour des questions d'organisation et de logistique, je dirais.
03:43Là, j'aurais été baigné dans un milieu maritime beaucoup plus vite.
03:48Donc, je pense que le déclic serait venu plus rapidement.
03:51Après, quand on est en Belgique, on est quand même éloigné de tout ça.
03:53Et puis, quand on arrive à...
03:54Déjà, quand on fait une route du Rhum, on est en Adjagwa,
03:56on prend pour des extraterrestres.
03:59Alors, quand on arrive avec un projet comme le Vendée Globe,
04:02tout le monde vous dit, ouais, ouais, c'est bien.
04:04Et puis, finalement, quand on vous a passé la porte,
04:06tout le monde rigole bien en se disant, ben, celui-là, il est tout à fait fou.
04:08Et puis, souvent, quand on vous dit, voilà, moi, je suis marin professionnel,
04:11on vous dit, ben, c'est bien, mais c'est quoi ton vrai métier, quoi ?
04:14Un peu comme un écrivain, un peu comme un musicien, un peu comme un acteur.
04:17Ou comme un artiste, ouais.
04:19Voilà, donc, c'est...
04:19Et ça, c'est aussi typiquement belge.
04:21On sait bien qu'en Belgique, on est un peu timide sur des gros projets.
04:26On a parfois un peu de pudeur à parler de ce genre de choses.
04:29Donc, c'était aussi un vrai challenge, déjà, d'oser entreprendre ce projet
04:33et d'oser l'annoncer et de l'assumer.
04:34Et sans doute que, dans la première version, en 2020,
04:39je n'assumais pas assez ce rôle-là de leader par rapport à ce projet.
04:43Donc, je le disais un peu sur la pointe des pieds.
04:45Donc, forcément, si on doit convaincre des gens sur la pointe des pieds,
04:48ça ne marche pas.
04:49Et c'est vrai que j'ai bien vu le changement, après, à partir de 2021,
04:53quand j'ai vraiment assumé le fait d'être marin professionnel
04:55et de dire, voilà, je vais faire le Vendée Globe
04:57et je vais être le premier belge à terminer le Vendée Globe.
04:59Donc, forcément, ça change le mindset et ça change aussi son comportement,
05:02déjà son body language, quand on va voir les gens.
05:04Et donc, c'était vraiment important de rentrer dans cette phase-là.
05:08Oui, parce que c'est ça, en fait, le nerf de la guerre
05:10et dans la voile particulièrement, et t'en as peu parlé.
05:13C'est vrai que le financement est fondamental
05:16et c'est très difficile à trouver en Belgique.
05:18C'est des budgets énormes dans les Globes, je pense.
05:20Oui, alors, c'est énorme et pas énorme en même temps.
05:23C'est énorme pour la Belgique,
05:25mais nous, on était sur des petits budgets comparé à des équipes qui sont en face de nous.
05:30Donc, on est sur des rapports de 1 à 10
05:31par rapport à une équipe qui a gagné le Vendée Globe
05:34ou des gens qui avaient l'ambition de gagner le Vendée Globe.
05:38Et c'est vrai que pour la Belgique, on n'a pas de culture maritime.
05:41Et donc, c'était compliqué de convaincre des partenaires potentiels.
05:45Après, quand j'allais voir les gens,
05:47je venais toujours avec l'exemple de la Suisse qui n'a pas de mer
05:49et pourtant, ils ont gagné la Coupe de l'Amérique
05:51et ils ont des grands skippers.
05:51Donc, là, on voit bien que ce n'est pas qu'une question de culture maritime,
05:55c'est aussi une question d'envie et d'ambition parfois
05:58de pouvoir soutenir des projets un peu différents
06:01en termes de communication, un peu hors normes.
06:04Et c'est vrai que ça fait peur à des investisseurs
06:07et des sponsors potentiels au départ, en tout cas.
06:10Et ton équipe ?
06:11Alors, ça, c'est vrai que tu en as déjà parlé,
06:14mais je trouve ça quand même le plus impressionnant dans ton projet.
06:16C'est toute cette équipe de bénévoles qui t'a accompagnée.
06:18Donc, ça a rendu les choses probablement parfois plus difficiles.
06:23Et en même temps, c'est ce qui leur donne un vrai sens.
06:26Voilà.
06:26Alors, c'est les deux volets de la pièce, on va dire.
06:28C'est qu'effectivement, ça a donné une vraie profondeur au projet
06:31et un vrai ADN.
06:33On est les seuls à avoir fonctionné comme ça
06:34et je pense qu'il n'y aura plus d'autres projets comme ça
06:36en classe Imoca pour un Vendée Globe
06:38qui pourra fonctionner avec cette structure-là
06:40parce qu'on arrive dans des degrés d'exigence
06:42qui sont quand même très, très, très élevés.
06:44Donc, l'ensemble de l'équipe était bénévole.
06:46On était les seuls à fonctionner comme ça.
06:48Mais ils avaient une vraie démarche professionnelle.
06:50Ce n'est pas des bénévoles qui viennent juste quand il fait beau
06:52passer le tuyau d'arrosage
06:54et puis se montrer sur le bateau.
06:56Voilà.
06:56Ils ont pris des congés.
06:57Ils ont pris des congés sans sol parfois.
06:59Ils venaient travailler le week-end.
07:00Ils venaient travailler le soir.
07:00Ils venaient travailler entre l'heures du midi.
07:02Donc, pendant trois ans,
07:03ça a été un vrai sincère dose pour eux.
07:06Mais derrière ça,
07:07il fallait vraiment, vraiment aller dans les détails.
07:09Il fallait vraiment de la compétence professionnelle.
07:11Donc, ils avaient toujours ce souci de,
07:12je dirais, de l'artisan,
07:13de pouvoir travailler avec les bonnes matières,
07:15faire les bons gestes
07:16et faire le bon développement qu'il fallait par rapport au projet.
07:21Après, c'est vrai que c'est plus compliqué.
07:24C'est riche aussi,
07:25mais c'est plus compliqué de gérer une équipe comme ça
07:26parce que forcément,
07:27on travaille en dehors des horaires,
07:29on travaille le week-end.
07:30Donc, moi, j'ai rarement eu des week-ends complets
07:32pendant toute la préparation.
07:35Alors, c'est vrai qu'à la fin,
07:36j'arrivais à me détacher de ça
07:37et pouvoir déléguer.
07:38Mais c'était aussi un vrai challenge pour moi
07:42au niveau management
07:43de pouvoir déléguer, déléguer, déléguer
07:45puisque c'est des gens qui ne sont pas voileux.
07:48Donc, il fallait travailler tout ça.
07:49Donc, c'était intéressant aussi en termes de management.
07:52Et puis, il fallait fédérer une équipe
07:53autour des différents thèmes et différentes valeurs.
07:56Donc, comme on n'a pas de relation d'autorité,
07:58on n'a pas de relation salariale non plus, financière,
08:01forcément, il faut les garder motivés.
08:03Tout est négocié.
08:05Tout est négocié.
08:05Et puis, moi, c'est ce que je disais.
08:07Moi, à Terre, j'étais au service de l'équipe.
08:09En mer, c'était différent.
08:10Mais à Terre, c'était un mois.
08:12À leur fin, c'était le boulot
08:13puisqu'ils arrivaient après, eux, leur boulot.
08:16Ils devaient bosser sur le bateau,
08:17parfois jusqu'à 10, 11 heures du soir,
08:19parfois même jusqu'à 2, 3 heures du mat.
08:21Le week-end, le samedi, le dimanche.
08:23Donc, c'était quand même contraignant pour eux.
08:24Donc, ça veut dire qu'ils ont mis aussi
08:25leur vie sociale et leur vie privée
08:27totalement de côté
08:28pour pouvoir se consacrer à 100%
08:31au travail sur le boulot, sur le bateau.
08:33Est-ce que c'est uniquement un défi sportif
08:36ou c'est plutôt un défi personnel,
08:37un défi humain que tu t'es mis en choisie ?
08:40C'est les deux.
08:42Je dirais même que c'est les trois
08:43parce que c'est d'abord un défi entrepreneurial.
08:46Après, c'est un défi sportif
08:47et puis c'est un défi personnel aussi
08:49parce que c'est vrai qu'on s'attaque
08:51à la course qui est la plus dure au monde
08:53et sans doute même à l'épreuve sportive
08:55qui est la plus dure au monde
08:55parce qu'il n'y a pas une épreuve sportive
08:57qui dure H24 pendant...
08:59Le vainqueur, il avait 64 jours,
09:01moi 117, mais on est en course
09:03pendant 100 jours.
09:05Même quand on fait un ultra-trail,
09:07même quand on fait un Ironman,
09:08ce n'est pas aussi long de soit
09:10deux jours après,
09:11on est à l'hôtel et on prend sa douche.
09:13Là, on est H24
09:14et dans des milieux quand même
09:15qui sont très hostiles
09:16où il n'y a personne qui passe,
09:18très isolé.
09:19Donc, il y a tout ça.
09:20Donc, c'était les trois volets
09:21le défi personnel,
09:23le défi sportif
09:23et puis le défi d'entreprise,
09:25l'entrepreneuriat.
09:25C'est rigolo que tu mettes
09:27le défi entrepreneurial
09:28avant le défi sportif.
09:30En fait, c'est parce que
09:31sans ça, on n'est pas au départ.
09:33On n'imagine pas tout ça
09:34quand on suit la course de l'extérieur.
09:35C'est d'abord un projet d'entreprise.
09:36Il faut d'abord que le projet
09:37soit pérenne à terre
09:39et après, on peut le construire
09:40pour qu'il soit pérenne en mer.
09:42Mais s'il n'est pas pérenne à terre,
09:44c'est-à-dire si on n'a pas
09:44les financements,
09:45si on n'a pas une viabilité financière
09:47derrière ça avec des partenaires,
09:49on ne peut rien faire
09:50parce que tout coûte très cher.
09:51Pour s'inscrire à une course,
09:52c'est entre 15 et 20 000 euros déjà.
09:53Donc, si on n'a pas ça
09:54et quand on a payé ça,
09:56on n'a pas encore mangé,
09:57on n'a pas encore navigué,
09:59on n'a pas encore remplacé
09:59certaines pièces,
10:00on n'a pas de nouvelles voiles,
10:01on n'a pas travaillé sur le bateau.
10:03Donc, c'est vraiment d'abord
10:04un défi d'entreprise.
10:08Tu parlais de la longueur
10:10de la compétition,
10:11117 jours en mer.
10:14On se prépare psychologiquement à ça,
10:15on est prêt à ça ?
10:16Non, on n'est pas prêt à ça.
10:18Et même,
10:19on a fait beaucoup de transats,
10:21beaucoup de qualifications avant,
10:22on n'est jamais prêt complètement
10:23pour aller faire un tour du monde
10:24et même les gens
10:26qui avaient déjà fait
10:26un autre Vendée Globe,
10:27on sent bien qu'ils te disent
10:28voilà, tu pars
10:29et puis tu verras bien quoi.
10:30parce que de toute façon,
10:31il faudra improviser,
10:32de toute façon,
10:32il faudra s'adapter,
10:34il faudra être flexible
10:35par rapport à plein de solutions,
10:36par rapport à la météo.
10:36De toute façon,
10:37la météo,
10:37on ne peut jamais se préparer
10:38puisque ça change tout le temps.
10:41Donc, ça, c'est quand même
10:42un facteur important
10:43sur un tour du monde.
10:45Donc, on n'est jamais...
10:47On peut faire
10:47tous les entraînements
10:49qu'on veut.
10:49On est confronté
10:50à des choses
10:50qui ne viennent pas
10:52dans les tablettes
10:52des entraînements
10:53et qui ne viennent pas
10:53dans les tablettes
10:54de la préparation.
10:55Donc, quand on est confronté
10:56seul à soi-même
10:57en pleine mer,
10:58qu'est-ce qui a été
10:59le plus dur,
11:00le plus marquant
11:00dans ton expérience ?
11:02Je dirais
11:03c'est qu'il n'y a pas
11:04de milieu en fait.
11:05Soit on est très content,
11:06soit on est très déprimé
11:07entre guillemets,
11:08ce n'est pas le bon terme,
11:09mais soit on est très impacté
11:10par ce qui se passe.
11:11Il n'y a pas de juste milieu en fait.
11:12On passe les gens
11:13qui pleurent,
11:13qui rient tout le temps.
11:14Je dirais que même
11:15dans les coins,
11:15on est plus isolé.
11:16Ce n'est pas là
11:17qu'on pète plus les plombs.
11:18On est plus dans des coins
11:18où on sent qu'il y a
11:21des choses qui sont proches,
11:21qu'on peut y arriver.
11:24Plus on arrive près de l'arrivée,
11:25plus il y a de la pression
11:26parce qu'on n'a pas envie
11:26d'abandonner,
11:27de casser quelque chose.
11:29C'est tout ça
11:30qu'il faut gérer
11:30pendant le Vendée Globe.
11:33Je dirais qu'être au départ,
11:35c'était déjà aussi compliqué
11:36que le Vendée Globe,
11:37même quelque part
11:38plus difficile
11:39parce que ça a été très long.
11:41Ces trois ans de préparation
11:42et il y a eu
11:42beaucoup de moments de doute
11:45quand on n'avait pas
11:46de financement,
11:47quand il y avait
11:48des problèmes dans l'équipe,
11:49quand on n'arrivait pas
11:50à préparer le bateau
11:51parce qu'on n'avait pas d'argent
11:52donc on n'avait pas
11:52à changer certaines pièces
11:53qu'il fallait.
11:54Il y a eu beaucoup
11:55de moments de remise en question
11:57et se dire
11:57est-ce que ça vaut la peine,
11:58est-ce qu'on continue ?
12:00Chaque fois,
12:01il y a des petites choses
12:02qui font que tu gardes
12:03la motivation,
12:04tu gardes la foi
12:05dans ton projet
12:07et ça permet d'avancer
12:08au jour le jour
12:08et c'est vraiment
12:09une bagarre tous les jours
12:11au quotidien
12:11pour faire avancer le projet
12:12et puis se qualifier
12:14et puis être au départ
12:15et être à la vie.
12:16Il y a deux Vendée Globe
12:18et Vendée Globe à terre
12:19et puis Vendée Globe en mer.
12:21Il n'y a pas
12:21uniquement celui
12:22qu'on suit nous
12:23en temps réel.
12:23Non, non, non.
12:24C'est vraiment
12:24la face visible
12:26de l'iceberg.
12:27Nous, on prépare
12:29et on travaille
12:2980% du temps
12:30pour naviguer
12:3120% du temps.
12:32Qu'est-ce qui était
12:32le plus dur physiquement
12:33parce que tu restes
12:34assez statique
12:35finalement dans ton bateau ?
12:36Oui, oui.
12:37Alors, c'est intéressant
12:38parce que c'est la première fois
12:38qu'on a fait des études médicales
12:40sur les skippers.
12:4015 skippers avant
12:41et 15 skippers après.
12:43On déglobe
12:44les mêmes évidemment.
12:45Donc forcément,
12:45on a perdu du poids.
12:46Donc moi,
12:47j'étais presque parti
12:48à mon poids de forme
12:49et j'ai perdu 4 kilos.
12:51Donc ce n'est pas énorme
12:51quand même.
12:53Et puis,
12:53ce qui était intéressant,
12:54c'est qu'on a tous perdu
12:55tour de cuisse 6 cm
12:57et en moyenne
12:584 cm de tour de mollet.
13:00Et alors,
13:01ça,
13:02on aurait pu s'en douter
13:03d'une manière empirique
13:04mais ce qui est intéressant,
13:05c'est qu'on a remarqué
13:06qu'on avait tous
13:06rapetissi en paille.
13:08On a tous perdu
13:091 à 2 cm
13:10de la tête d'Ignette.
13:14On a tous rapetissi
13:14entre 1 et 2 cm.
13:16Et en fait,
13:16c'est tout à fait comparable
13:17aux astronautes
13:18parce que comme on est
13:20en bête de sommeil,
13:21comme on est toujours fléchi,
13:23voilà,
13:23et comme on est toujours
13:24un peu en position de squat,
13:26c'est tout ça qui fait que...
13:28Mais dis-moi
13:28que tu les as récupérés.
13:30Mais je dors comme ça
13:31à les rapports du...
13:32Et tirer, tu sais.
13:34Je me prends une barre
13:35pour dormir.
13:36mais non,
13:37donc voilà,
13:38donc ça,
13:39c'était intéressant.
13:39C'est la première fois
13:40qu'on l'a constaté
13:41ces problèmes de taille.
13:42On s'est rencontrés
13:43déjà sur ce soir
13:44il y a quelques années
13:45où tu avais fait
13:46la couverture du magazine.
13:47Où on avait parlé,
13:48c'était en le cas
13:49de la fête des pères,
13:50on avait parlé des papas
13:50qui étaient un peu différents.
13:52Tu nous avais dit
13:52qu'il y avait moyen
13:53de récupérer le temps
13:54qui n'était pas là,
13:55qu'il fallait juste
13:55le faire autrement.
13:56Est-ce qu'aujourd'hui,
13:57tu as eu la confirmation
13:58de tout ça
13:58avec ce Vendée Globe ?
13:59Est-ce que ça a changé
14:00quelque chose
14:01dans ta relation
14:01avec les enfants ?
14:02Est-ce qu'ils ont...
14:04Alors,
14:04ils t'ont énormément soutenu,
14:05mais...
14:06Ils ont fait partie
14:08des piliers du projet,
14:09forcément.
14:11Après,
14:12c'est vrai que c'est des moments
14:13où on est beaucoup,
14:13beaucoup moins présents.
14:15Sur les premières parties,
14:17en fait,
14:17j'étais une semaine sur deux,
14:18j'étais ici.
14:19Donc, forcément,
14:20comme on était dit,
14:21on garde l'alterné
14:22avec leurs mamans,
14:23ça s'est organisé plutôt bien.
14:24C'était plutôt bien organisé.
14:26Après, c'est vrai
14:26que sur une année Vendée Globe,
14:27on n'est quand même pas là beaucoup.
14:28Moi, j'étais, je pense,
14:29huit mois ou...
14:30huit mois absent,
14:31voire neuf mois absent.
14:33Donc, voilà.
14:34Donc, on a dû s'organiser autrement.
14:35L'avantage, maintenant,
14:36c'est qu'on peut avoir
14:37beaucoup de communication
14:38même quand on est en mer.
14:39On peut faire des visios,
14:41on peut, voilà,
14:41faire beaucoup d'appels.
14:42Donc, après,
14:42ça ne remplace pas
14:43les contacts qu'on peut avoir
14:45et le fait de manger ensemble
14:47un soir,
14:47en prendre un petit déj
14:48ou faire un brunch
14:49au dimanche matin
14:50pour échanger sur des trucs.
14:52Donc, voilà.
14:53Donc, tout ça,
14:53c'était un peu organisé
14:54aussi quand même
14:55à l'avance.
14:56Après,
14:57on est surtout plus âgés
14:58donc ils ont plus de maturité.
14:59Donc, c'est plus simple.
15:00C'est sûr que si on a des enfants
15:01qui sont plus jeunes,
15:03c'est un vrai dossier.
15:08Maintenant, forcément,
15:09ça a vraiment, vraiment
15:10maturé et approfondi
15:11la relation que j'avais
15:12avec mes enfants
15:13parce que, du coup,
15:14on a une relation,
15:15je pense qu'on peut être
15:16les seuls
15:16à avoir cette relation-là.
15:17Voilà, ils savaient très bien
15:18qu'il y avait des moments
15:18de stress,
15:19ils ne devaient pas m'appeler.
15:20Voilà, ils ont compris
15:21plein de choses aussi.
15:22Donc, je pense à développer
15:23aussi chez eux
15:24des visions à moyen
15:25ou non au terme
15:26sur des projets.
15:27C'est important
15:28quand tu es dans des études.
15:29Donc, ils ont aussi compris
15:30qu'il n'y avait pas
15:31que la motivation
15:31mais qu'il fallait
15:32de la discipline.
15:34Voilà, c'est des choses
15:34comme ça
15:34et qu'il ne fallait pas
15:35lâcher les morceaux
15:36parce qu'on avait
15:37un premier projet
15:37qui n'avait pas fonctionné.
15:39Donc, voilà.
15:40Bon, après, c'est sûr
15:40qu'ils ont été aussi impactés
15:42d'une manière quotidienne
15:44par le fait
15:44que je n'étais pas là
15:45et puis parce qu'on a dû
15:46faire des sacrifices financiers
15:47à un certain moment
15:48puisque au début,
15:49on n'avait pas de partenaire.
15:50Donc, forcément,
15:51le confort de vie
15:52de la famille,
15:53elle en souffre aussi.
15:54Et est-ce que pendant la course,
15:56on pense à la famille ?
15:58Enfin, tu disais
15:58que tu étais quand même
15:59encore en lien avec
16:00mais où est-ce que justement
16:01on reste focus
16:02sur l'objectif
16:03et ça déconcentre ?
16:04Alors, non,
16:05on pense à la famille
16:05mais surtout,
16:06on leur dit
16:06ne faites pas de bêtises
16:07parce que moi,
16:08je ne sais pas rentrer vite
16:09donc ce n'est pas le moment
16:11de vous foutre un genou en l'air
16:12ou de vous faire
16:12un trauma crânien au ski
16:13ou de vous faire
16:14un accident de bagnole
16:15ou vous êtes à l'hôpital
16:15donc faites gaffe.
16:16Tu as tenu un journal de bord
16:21en ligne.
16:22Déjà, pourquoi ?
16:23Je me demandais.
16:23Est-ce que ça faisait partie
16:24aussi du projet
16:25de tenir ce journal de bord ?
16:27Non, en fait,
16:27c'est venu comme ça.
16:29On a eu des demandes
16:29de deux médias
16:30pour faire une petite capsule
16:33toutes les semaines
16:33donc un média en France
16:34et un média en Belgique.
16:36Donc, on a joué le jeu
16:38parce qu'on trouvait ça intéressant
16:39pas tellement
16:40pour être exposé médiatiquement
16:42mais pour pouvoir transmettre
16:43des choses
16:43qui sont un peu
16:44des insights
16:45quand on navigue
16:46parce que souvent
16:47on a l'image
16:47du gars qui navigue
16:48et c'est le beau coucher
16:49de soleil
16:50et tout va bien
16:50et tout.
16:51On voulait transmettre
16:52aussi différentes choses
16:53et puis après
16:54au niveau de la com
16:56je n'avais pas défini
16:58des scénarios
16:58voilà, moi ce que je voulais
17:00c'était transmettre
17:02ma bellitude
17:03un peu l'autodérision
17:05essayer de faire de l'humour
17:06des choses comme ça
17:07donc voilà
17:08et le fait
17:09qu'on avait quelques
17:10objets symboliques
17:12et iconiques
17:13de la Belgique avec nous
17:13comme Malek & Peace
17:14comme un maillot et d'hymerx
17:15comme ma peine
17:16de l'élif
17:17C'est ce qui t'a fait sortir
17:18du loup
17:19parce que
17:19les gens qui ont observé
17:21qui ont suivi
17:22le Nord des Globes
17:22tu as un Charlie Dalin
17:25qui parlait presque
17:26tous les jours
17:26mais c'était très technique
17:27très froid
17:28vraiment assez distant
17:30vis-à-vis des gens
17:31et puis tu avais évidemment
17:32Violette qui a crevé l'écran
17:34parce qu'elle était
17:34hyper fraîche
17:35hyper spontanée
17:36et je pense que tu fais partie
17:38des personnalités aussi
17:38qui se sont distinguées
17:39parce que tu transmettais
17:41tes émotions
17:42parce que
17:42c'était voulu
17:44ou c'était pas possible
17:45pour toi de faire autrement
17:46parce que t'es comme ça ?
17:47Je suis comme ça
17:48et puis voilà
17:48on a fait comme on sait faire
17:50comme on dit ici à Bruxelles
17:52on a fait avec les petits moyens
17:53qu'on a
17:54et puis ça faisait partie
17:55c'était naturel
17:56et ça faisait partie
17:57d'un mode de communication
17:59qui n'avait pas été
17:59comme je dis préparé
18:00ou réfléchi
18:00mais pourquoi faire autrement
18:02et puis de toute façon
18:03on sait qu'il y a deux types
18:05sur ces courses-là
18:06il y a deux types de communication
18:07les gars qui veulent gagner
18:08forcément
18:09c'est une communication
18:10de sportifs de haut niveau
18:11donc ils ne vont jamais dire
18:12que ça ne va pas
18:12ils ne vont jamais dire
18:13qu'ils ont un problème à bord
18:14parce qu'ils sont espionnés
18:15par les autres équipes
18:16et que les autres équipes
18:17vont donner les infos
18:18à celui qui est derrière
18:19ou qui est deux ou trois places derrière
18:21pour essayer de le rattraper
18:22pour essayer de lui mettre
18:22de la pression
18:23donc il y a un vrai aspect
18:24Ah oui quand même ?
18:25Oui vraiment
18:25toutes les équipes s'observent
18:28en tout cas dans les dix premiers
18:29pour savoir qu'il y a un problème
18:31ou pas
18:31d'ailleurs
18:32tu prends l'exemple de Charlie Delain
18:33le premier
18:34il a eu un problème de voile
18:35à un moment
18:36il n'en a jamais parlé
18:36c'est à l'arrivée qu'on a su
18:38alors nous quand on est sur l'eau
18:39quand il dit
18:40ouais j'ai passé huit heures dehors
18:41parce que j'ai dû faire quelque chose
18:42j'avais froid en rentrant
18:43on a bien compris
18:44qu'il y a quelque chose
18:44et puis quand on voit sa vitesse
18:46à certains angles de vent
18:47qui va moins vite
18:47que le deuxième
18:48on se dit
18:49ok il y a un truc
18:50et puis après il reprend la vitesse
18:51et donc on sait bien
18:52qu'il y a quelque chose
18:53mais c'est vrai que ça
18:54c'est parce que nous
18:54on connait les dessous des cartes
18:56et après il y a d'autres gens
18:58qui font part de leurs problèmes
19:00parce qu'ils sont plus
19:00dans un projet
19:01je dirais aventure
19:03et que c'est moins important
19:06on utilise l'adversaire
19:07qui est derrière ou devant
19:08donc voilà
19:09on a fait comme on le sentait
19:12visiblement ça a plu
19:14oui c'est ton authenticité aussi
19:15je pense qui a séduit le public
19:17et est-ce que les encouragements
19:18ça te drivait au quotidien
19:20ça te portait durant la course
19:22alors je faisais pas trop gaffe à ça
19:23et puis c'est vrai que
19:25tu reçois souvent
19:26plein de trucs
19:27bon courage
19:28ça doit être dur
19:29qu'à la fin honnêtement
19:30c'est voilà
19:31t'en ressens
19:31mais ça te touche pas
19:32parce que
19:32ok bon courage
19:34mais bon courage quoi
19:35par contre
19:36il y en a 2-3
19:37qui t'envoient des messages
19:38super ciblés
19:39qui font référence
19:40à des situations
19:41que t'as connues dans le sport
19:42avec eux
19:42et ça c'est vrai que ça
19:43du coup tu peux faire
19:45une métaphore
19:46t'as une image
19:46et du coup ça c'est vraiment
19:47motivant
19:47ça c'est vraiment
19:48c'est des vrais coaching
19:50entre guillemets
19:50mental
19:51même si on n'a pas le droit
19:52d'avoir un coach mental
19:53qui t'appelle
19:53donc ça c'est plus ça
19:56qui te touche
19:57au moment là
19:58parce que bon courage
19:59ok t'es dans la mer
20:00tout le monde va te dire
20:00bon courage
20:01mais c'est pas ça
20:02qui te remonte quoi
20:04ça c'est vrai que c'était impressionnant
20:06c'est que même
20:07au fin fond du bout du monde
20:09tu recevais tes whatsapp
20:10ouais
20:11et ça c'est un truc
20:11c'est une vraie révolution
20:13maintenant
20:13on a
20:14heureusement
20:15malheureusement
20:16une antenne starling
20:16sur le bateau
20:17et donc on a une communication
20:19H24
20:20comme si on était
20:21à terre
20:22tu t'es jamais senti seul
20:23ouais tu te sens seul
20:25parce que forcément
20:26tu peux échanger des whatsapp
20:27mais c'est quand même toi
20:28qui gère le problème
20:29oui oui
20:30tu te sens seul évidemment
20:31et que de toute façon
20:32tous les contacts virtuels
20:33ça remplace jamais
20:34les contacts que tu peux avoir
20:35en vrai
20:36comme on a autour d'une table
20:37à discuter
20:37toujours en écran
20:38entre
20:39deux écrans même
20:40entre les gens
20:41donc forcément
20:42ça biaise le rapport
20:43voilà
20:44on a moins de sensibilité
20:45par rapport
20:46à ce qui se passe
20:47et par rapport
20:48à tout l'engouement
20:48je dirais
20:49sur les réseaux
20:50c'est ça qui est intéressant aussi
20:51et ça qui me rend très heureux
20:53quelque part
20:54c'est qu'il y a plein de gens
20:54qui ne connaissent rien à la voile
20:55qui ont suivi le Vendée Globe
20:57grâce à ça
20:57et ça je dirais
20:58c'est aussi une belle victoire
20:59parce que
21:00voilà
21:00ça a popularisé la voile
21:01ça a vulgarisé la voile
21:03et du coup
21:03maintenant on sait
21:04que ça existe
21:05on sait qu'il y a
21:05un beige 4ème de la Vendée Globe
21:07Est-ce que quand tu reviens
21:11cette espèce de bain de fou
21:13c'est pas un peu traumatisant ?
21:15C'est pas traumatisant
21:15non non non
21:16c'est bien
21:17C'est bien
21:18C'est pas mal ouais
21:19Pour l'ego c'est bien
21:22On va pas crécher dessus
21:24maintenant on est pas préparé
21:25à ça du tout
21:25on fait pas le Vendée Globe
21:26on fait pas ce genre de truc
21:27pour avoir une vie de rockstar
21:29après
21:29se rappeler dans tous les médias
21:31et faire plein de matinale
21:32donc voilà
21:32c'est la cerise sur le gâteau
21:34c'est aussi une reconnaissance
21:35du fait que
21:36tout le monde s'intéresse
21:37à votre projet
21:38mais on est pas préparé à ça
21:40alors c'est vrai que
21:41c'est un peu
21:42c'est pas traumatisant
21:43c'est impressionnant
21:43moi sur les premières 24 heures
21:46j'ai des flashs
21:47mais c'est que
21:48quand je revois les images
21:48maintenant
21:49soit des images
21:50des soirées
21:51de la soirée
21:52soit des images
21:52de mon arrivée
21:53du podium
21:54et tout ça
21:54que je dis
21:55ah oui
21:55il y avait ça
21:56il y avait ça
21:56il y avait ça
21:57j'ai encore fini
21:57des images hier
21:58je me suis dit
21:58bah oui
21:59il y avait ça
21:59et ça derrière
22:00on a vraiment
22:01on voit le premier rang
22:02mais je pense
22:03comme un acteur
22:04au théâtre
22:04il voit le premier rang
22:05mais il voit pas le fond
22:06dans la salle
22:07il y a des gens
22:07qui étaient là
22:08qui sont des amis proches
22:09je m'en suis rendu compte
22:10que le vendredi
22:11ou le jeudi
22:12quand je suis rentré
22:12à Bruxelles
22:12je me rappelle même pas
22:14et pourtant
22:15ils font un mètre 90
22:16ou deux mètres
22:17donc ils passent pas
22:17inaperçus
22:18il n'y a pas un petit
22:19contre-coup
22:20un petit post-partum
22:21oui
22:22après
22:22alors pas
22:23les 15 jours après
22:24parce qu'on est
22:25voilà
22:26mais c'est sûr
22:26que le mois qui veut
22:27là je suis parti
22:28c'est la première fois
22:28que je suis parti en vacances
22:29je suis rentré il y a deux jours
22:31donc je n'avais pas pris de vacances
22:32depuis juillet 2024
22:33donc c'est vrai
22:34que ça a fait vraiment du bien
22:35parce que ça m'a donné
22:35de la coupure
22:36et puis je dis
22:36ok maintenant
22:37on passe dans la phase
22:37après Vendée Globe
22:39développer les nouveaux projets
22:40voir ce qu'on va faire
22:42voilà
22:42faire les listes
22:44des boulots à faire
22:44donc c'était compliqué
22:46avant à faire
22:46parce que aussi
22:47j'ai du mal à rester
22:48déjà un ordinateur
22:49pendant 3 heures
22:50alors après
22:50Vendée Globe
22:51c'est encore plus compliqué
22:51donc moi j'avais
22:53un vrai déficit d'attention
22:54et de concentration
22:55c'est pas encore revenu
22:56tout de ce fait
22:57mais voilà
22:57il faut travailler
22:58il faut se mettre
22:58là-dedans
22:59voilà
23:00refaire des tableaux Excel
23:01voilà
23:01des trucs comme ça
23:02et c'est quoi
23:03l'après Vendée Globe ?
23:05alors pour le moment
23:06c'est pas défini encore
23:07pourquoi pas
23:07accompagner une autre équipe
23:09pourquoi pas créer une équipe
23:10avec des vrais projets sportifs derrière
23:13justement
23:13tu étais entrepreneur
23:15avant d'être skipper pro
23:16c'est quoi le parallèle
23:17entre tout ça ?
23:19c'est le parallèle
23:21c'est un parallèle financier
23:22c'est de la gestion
23:23c'est de la comptabilité
23:24c'est de la finance
23:25et c'est vrai que
23:26quand on est patron de PME
23:28dans des petites boîtes
23:28on fait tout
23:29on gère les finances
23:30on gère les RH
23:31on gère le commercial
23:32on gère aussi la com
23:33un projet voile
23:35c'est un projet Vendée Globe
23:37ou même tous les autres projets voiles
23:38quand on a des courses
23:39un peu ambitieuses
23:40c'est la même chose
23:41le problème c'est que
23:42comme on a cette double casquette
23:44finalement c'est que
23:45qu'à la fin
23:46qu'on s'entraîne
23:46et qu'on navigue
23:47donc ça a une vraie influence
23:48sur la performance
23:49mais comme à un certain moment
23:52on le sait
23:53on met les curseurs
23:54d'une manière différente
23:55on n'a jamais vendu le fait
23:56qu'on allait gagner
23:56ou faire un top 3 au Vendée Globe
23:57on a toujours vendu le fait
23:58qu'on allait être le premier belge
23:59à terminer
24:00et donc on se prépare différemment
24:02on travaille son bateau différemment
24:04on s'entraîne différemment aussi
24:05donc voilà
24:06c'est important
24:07de poser les bases directement
24:08et que les bases
24:09soient en éducation
24:10avec le budget
24:13le talent
24:13les compétences
24:14que tu peux avoir dans l'équipe
24:15c'est pas la même chose
24:16de dire ok on termine
24:17et nous de toute façon
24:19on n'avait ni les compétences
24:21ni le talent
24:21ni le budget
24:22ni le bateau
24:23pour envisager un jour
24:25de gagner
24:25c'est ça aussi qui est important
24:28c'est de définir les choses
24:29bien à l'avance
24:30un jour peut-être
24:31pas moi
24:32ça c'est sûr
24:32mais oui oui
24:33il y a des skippers beige talentueux
24:35qui pourraient un jour
24:35gagner le Vendée Globe
24:36il faut juste
24:37qu'ils se mettent
24:38dans la philosophie
24:40de ça
24:41et du sport de haut niveau
24:43donc tu te classes pas
24:44dans les gens le cam
24:45qui en ont fait 6
24:45et qui
24:46non
24:47ça fait autre chose
24:50non c'est bien
24:51non mais
24:52mais
24:53puis voilà
24:53j'en ai quand même
24:54ou ceux qui en ont fait
24:55déjà 4 ou 5
24:56ils ont commencé
24:57quand ils avaient
24:57même pas 30 ans
24:59donc
24:59ok limite d'âge aussi
25:00pour ce genre de
25:01petites bêtises
25:02voilà là ça fait
25:032 mois et demi
25:04que je suis arrivé
25:04je n'ai toujours pas marché
25:05normalement
25:06je suis cassé de partout
25:06il faut de la rééducation
25:08oui oui tout à fait
25:09c'est vrai
25:09je suis à la kiné
25:11je vais à la salle de sport
25:12ah oui j'ai un programme
25:13comme avant
25:14la préparation
25:15mais là c'est pour récupérer
25:16pour l'après quoi
25:16non mais c'est vraiment
25:17avec ma kiné
25:19là en salle de l'homme
25:19c'est comme quelqu'un
25:20qui a eu un accident de voiture
25:21assez grave
25:22et qui doit tout
25:23tout retravailler quoi
25:24musculairement
25:26enfin tout
25:26les ardos
25:27enfin tout
25:28la posture
25:29ah ouais
25:30j'imagine
25:31j'imagine quand on arrive
25:32à terre
25:33ça doit être
25:33très particulier
25:34au début c'est bizarre
25:35donc ça faisait partie
25:37des tests médicaux
25:38donc on
25:39normalement
25:40on s'est marché
25:40les yeux fermés
25:41les pas
25:42pas de défilé
25:43là
25:43un pied devant l'autre
25:45ça on a testé avant
25:47et en fait quand on revient
25:48on sait pas faire
25:48on sait pas faire du pas
25:49comme ça
25:49on tombe
25:50ok
25:50ça a bougé
25:53ça a bougé pendant
25:53ouais ouais
25:54et puis comme la vision
25:55doit réguler
25:56ce qui se passe
25:57dans le cerveau
25:58comme on a plus de vision
25:59le cerveau il bouge
26:00et ça met combien de temps
26:02avant de revenir ?
26:02ouais ça va assez vite
26:03c'est un petit mois
26:04ah quand même
26:05tu as eu le mal de terre ?
26:07j'ai pas eu le mal de terre
26:08j'étais maladroit
26:09donc je me cognais un peu partout
26:11et j'avais du mal
26:12vraiment à marcher
26:13parce que ça bougeait pas
26:13et donc forcément
26:14j'avais mes pieds
26:15je levais pas les pieds
26:16donc comme il y a plein de trucs
26:18des marches
26:18donc voilà
26:20j'ai pas eu le mal de terre
26:21on arrive à la dernière partie
26:28du podcast
26:28ok
26:29donc il s'agit de poser
26:30des questions
26:31vraiment du tac au tac
26:33donc il faut pas trop réfléchir
26:34il faut répondre
26:35de manière spontanée
26:35il faut pas être ici
26:37le plat que tu rêvais
26:40de manger
26:40en plein milieu de l'océan
26:41tu peux pas le dire
26:43un bon fast-food
26:45faut pas citer de marque
26:47avec la sauce qui coule
26:49et tout
26:50plein de ketchup
26:50plein de marion
26:51on voit bien
26:51on voit bien
26:52on voit l'image
26:53et on prend d'un deuxième
26:54et d'un troisième
26:54tu l'as fait
26:57en rentrant ouais
26:58d'office
26:59est-ce que tu avais un rituel
27:02ou est-ce que tu as un rituel
27:03avant de prendre le large
27:04ouais alors ouais
27:05j'avais un rituel
27:05c'est que je faisais le tour du bateau
27:07et je parlais à différents
27:08points névragiques du bateau
27:09est-ce qu'il y a une manœuvre
27:10que tu redoutes encore
27:13ouais
27:15enfin les manœuvres
27:16quand on fait un virement de bord
27:18on empannage
27:18on change de côté
27:20c'est toujours engagé
27:21et alors une dernière chose
27:22que tu aimerais confier
27:24au dictaphone de ce soir
27:26quelque chose qu'on ne connait pas de toi
27:28non juste que voilà
27:29quand on a des projets
27:29il faut pas lâcher le morceau
27:31il faut y aller
27:32il faut pas trop écouter
27:33ce qu'on dit autour de soi
27:33sauf si c'est des projets
27:36aller faire le clown
27:36monter sur un toit
27:38et sauter d'un toit à l'autre
27:39c'est autre chose
27:39mais voilà
27:40non voilà
27:41si on a des projets
27:42et qu'on a envie de le faire
27:43et qu'on sent
27:44et qu'on sent que ça fait partie
27:45de son alignement
27:45je pense qu'il faut effectivement
27:47bousculer les pensées limitantes
27:49et puis y aller
27:50et c'est mieux
27:50moi je dis
27:51c'est mieux l'échec
27:52que les remords
27:52donc voilà moi
27:53deux fois j'ai dû recommencer
27:56le projet du Vendée Globe
27:56mais je me serais mal vu
27:58dans 15 ans
28:00dans mon canapé
28:00en disant
28:00ah j'aurais dû
28:01si ceci cela
28:03et c'est la même chose
28:03sur l'histoire de l'abandon
28:05parce que j'ai failli
28:05abandonner deux trois fois
28:06je me dis ok
28:08pendant 3-4 heures
28:09ça va être bien
28:10parce que je serai au port
28:10je serai réconforté
28:12ça va être rassurant
28:12mais qu'est-ce que je fais
28:14dans 10 ans
28:14quand je me regarde dans la glace
28:15donc voilà
28:16c'était pas question de m'abandonner
28:17c'est ça qui t'a aidé à tenir ?
28:18oui
28:18oui vraiment
28:20oui parce que
28:21et puis aussi tous les sacrifices
28:22que j'avais faits pendant 6 ans
28:23c'est pas pour abandonner
28:25juste pour être confortable
28:26pendant 24 heures quoi
28:27oui parce que ça t'impacte
28:29pas que toi
28:29tu sais
28:29oui oui
28:30tu veux l'investissement derrière
28:31ouais et puis toi quoi
28:32je veux dire comment tu fais
28:33on serait pas là
28:34on serait pas abandonné
28:36on serait pas là
28:36donc voilà entre autres
28:38mais c'est pas pour ça
28:39mais voilà
28:40c'est comment tu fais après
28:41dans 10 ans
28:42pour dire ok non
28:42en fait si j'aurais continué
28:44il y avait moyen
28:45voilà
28:45et donc l'idée c'était
28:46de continuer et continuer
28:47jusqu'au bout
28:47tant que la sécurité
28:49n'était pas mise en cause
28:50donc voilà c'est ça qui a fait
28:51qu'on a pu terminer
28:51donc voilà
28:52donc il faut pas abandonner
28:54il faut pas trop trop écouter
28:56les pensées limitées
28:56en tout cas
28:57donc voilà c'est ça qui a fait
29:01c'est ça qui a fait
29:02c'est ça qui a fait