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  • il y a 5 jours
Hécatombe dans l'habillement en France : la déferlante Shein dans le collimateur du Sénat. Yann Rivoallan, président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin (FFPAPF), est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 02 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud au coeur de l'actualité
00:07puisque le Sénat va étudier une proposition de loi polémique sur la fast fashion
00:11et que cette mode jetable que l'on achète sur Chine ou sur Temu
00:14est peut-être en train de tuer ce qu'il reste de notre industrie textile.
00:17Amandine, vous avez donc choisi d'inviter ce matin le président de la Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin
00:22il s'appelle Yann Riveau-Allan. Bonjour et bienvenue à vous.
00:25Bonjour et merci beaucoup d'être là ce matin ici à RTL.
00:28Une petite précision d'abord peut-être pour commencer. C'est quoi la fast fashion ?
00:32Il y a trois stades. Une marque française grosso modo va fabriquer à peu près trois nouveaux produits par jour.
00:39Zara c'est 100 produits par jour et Chine c'est 10 000 nouveaux produits par jour.
00:43Mais Zara donc ça n'est pas de la fast fashion ?
00:45Alors Zara est de la fast fashion parce que c'est 33 fois plus qu'une marque française
00:49mais il y a des sociétés qui vont beaucoup plus loin.
00:52Primark en fait partie et avec Chine et Temu, là on a explosé le plafond.
00:56Bon Primark, Chine et Temu, ça ce sont vos trois gros gros gros concurrents et adversaires.
01:04Le texte qui sera aujourd'hui débattu au Sénat n'est pas tout à fait le même
01:07que celui qui avait été adopté à l'Assemblée nationale au mois de mars 2024,
01:11qui avait été adopté d'ailleurs à l'unanimité.
01:13Il a été largement modifié en commission.
01:15Est-ce que malgré tout, il peut vous convenir,
01:18est-ce que malgré tout il suffit à lutter contre ces trois géants qu'on citait ?
01:22Les changements qui ont été effectués sont compliqués, par exemple sur la publicité.
01:28Il y avait à l'Assemblée nationale une interdiction totale de la publicité
01:31et au Sénat, c'est uniquement une interdiction sur les influenceurs.
01:36Les influenceurs ont permis il y a cinq ans de faire connaître Chine
01:39et c'est à travers TikTok essentiellement que Chine a été connue.
01:43Mais désormais, c'est 23 millions de Français qui sont sur l'application Chine.
01:46C'est des datas qui tous les jours vont à l'État chinois
01:49et c'est une augmentation de près de 50% de la publicité sur Chine depuis maintenant un mois.
01:55Donc on a une avalanche de publicités, on a une récolte de toutes nos datas.
02:00Il faut absolument se protéger de ce point.
02:02Mais interdire purement et simplement ces publicités, c'est ce que vous demandez ?
02:05C'est le minima, c'est-à-dire interdire ces publicités dans un premier temps.
02:08Mais quand on voit aussi que ces produits sont à 91% hors normes,
02:12même à 66% dangereux, je pense qu'il faut interdire ces sociétés tout court.
02:16Et comment on peut interdire ces sociétés tout court ?
02:18Alors reprenons, si ces produits sont dangereux, pourquoi les consommateurs peuvent les acheter ?
02:23L'État français, l'Europe doit nous protéger et cette protection doit se faire, je pense,
02:28aussi à minima avec une interdiction si on s'aperçoit que ces produits sont trop dangereux
02:32ou alors avec une taxe comme on a pu le mettre en place aux États-Unis.
02:36Les produits dangereux, j'imagine que tous les auditeurs qui nous écoutent et qui ont déjà acheté,
02:42se disent, bon bah ils nous disent ça parce que ce sont leurs concurrents.
02:45Très concrètement, en quoi c'est dangereux ?
02:47Alors très concrètement, je vais prendre deux exemples.
02:48Un dans le textile, mais un autre aussi dans l'habillement, je veux dire, dans la décoration.
02:53Si vous avez acheté un lit sur Temu, il est possible que vos temps francs soient étranglés par ce lit.
02:59Des tests ont pu être faits par la Fédération de l'Ameublement
03:01et ont montré que ce lit était dangereux et qu'il pouvait donc nous tuer.
03:05Et malgré tout, ils peuvent être vendus ?
03:07Comme on a, comme pour l'instant l'Europe est une passoire
03:10et qu'elle laisse passer des centaines de millions de colis tous les ans,
03:14et bien évidemment ces produits, on ne peut pas les arrêter.
03:16L'autre exemple que vous vouliez prendre ?
03:18L'autre exemple, c'est sur aussi tous les perturbateurs endocriniens
03:21qui provoquent de cancers qu'on a retrouvés par exemple sur des vêtements Chine.
03:25On reçoit son produit, il peut y avoir une odeur un peu désagréable
03:28quand on va ouvrir le colis,
03:29et on ne s'aperçoit pas quand on l'essaye
03:31qu'en fin de compte, il va être dangereux
03:34et il va donc aussi nous polluer directement.
03:37Et il y a un deuxième point aussi essentiel à savoir,
03:40c'est que 81% des vêtements sur Chine sont en plastique, en polyester.
03:45Alors chaque fois qu'on les lave,
03:46on perd une partie de ce plastique qui part dans l'eau,
03:49et une fois que ces produits sont dans l'eau,
03:52une fois que ce plastique est dans l'eau,
03:53les poissons le mangent et on remange les poissons.
03:56Résultat, on a aussi 7 grammes dans notre corps de plastique
03:58à cause de ces microfibres.
04:00Donc vous nous dites, ces plateformes, ces géants chinois,
04:03aujourd'hui, non seulement ils tuent l'industrie textile ici en Europe,
04:08mais en plus ils nous empoisonnent tous.
04:10Alors ils nous empoisonnent, nous, nous les consommateurs,
04:12et n'oublions pas, ils exploitent aussi leurs salariés,
04:15ils exploitent leurs ouvriers.
04:17On a pu voir les vidéos horribles de toutes ces personnes
04:20qui sont exploitées en Chine,
04:22on peut voir aussi le travail des enfants qui a été remonté,
04:24y compris par Chine,
04:26et bien sûr, évidemment aussi les problèmes des Ouïghours.
04:28Donc on est une société de bout en bout
04:30qui, à la fois, vole nos produits,
04:32à travers tous les procès en contrefaçon qu'on a pu avoir,
04:35qui détruit notre santé,
04:36et qui exploite les personnes tout en détruisant la planète.
04:39Alors le texte initial prévoyait un malus,
04:425 euros par produit dans un premier temps,
04:44ça pouvait aller jusqu'à 10 euros d'ici 2030,
04:47mais le gouvernement a visiblement déposé un amendement
04:49pour supprimer ces pénalités financières.
04:52Qu'est-ce que vous dites ce matin au gouvernement ?
04:54Vous êtes complice, finalement, de tout ça ?
04:57Alors le gouvernement veut agir,
05:00et le gouvernement veut être aussi dans les clous de l'Europe.
05:03Il veut avoir une loi qui va passer au niveau européen,
05:06je pense qu'on doit avoir aussi une audace,
05:08l'audace de pouvoir éclairer le monde,
05:10l'audace de pouvoir éclairer l'Europe.
05:12Et cette capacité à pouvoir expliquer comment on doit fonctionner,
05:15se fait aussi, à mon avis,
05:17à travers cette capacité à pouvoir éclairer le monde.
05:20Mais pour être très clair,
05:21vous trouvez que le gouvernement est trop mou sur cette question ?
05:23Compte tenu des milliers d'emplois qui ont été détruits désormais depuis deux ans,
05:27je pense qu'il faut avoir la plus grande vigueur.
05:29Je sens en fait une volonté de la part du gouvernement,
05:32mais pour l'instant, on attend encore les actions.
05:34Quand il y a uniquement 2 euros de frais de gestion qui sont mis sur ces colis,
05:37alors qu'aux Etats-Unis, on a 100 dollars qui ont été mis sur chacun de ces colis,
05:41clairement, on est 50 fois moins puissant que les Etats-Unis.
05:44Donc on doit évidemment être au niveau de cette invasion qu'on est en train de vivre en ce moment.
05:50Christophe Castaner, l'ancien ministre de l'Intérieur,
05:52travaille désormais pour Chine.
05:54Est-ce que c'est un problème pour vous ?
05:57Alors c'est un problème avec, évidemment, Castaner,
06:00mais c'est aussi la même chose avec Nicole Gage.
06:02C'est la même chose...
06:03Il était aussi ministre.
06:04Oui, exactement.
06:05C'est au même temps avec Bernard Glitz,
06:07un des membres des Grecs et aussi du Medef.
06:12Donc on a de nombreux lobbyistes qui ont été pris,
06:15à la fois pour influencer les sénateurs et les députés,
06:17mais on a aussi Magali Berda,
06:19qui a arpenté le télétrottoir
06:21pour harponner un certain nombre de consommateurs
06:24et leur faire donner des mensonges.
06:25Et qui a fait une collaboration commerciale
06:29pour montrer à quel point Chine était une très belle société
06:31et à quel point c'était une petite victime
06:33qu'on était en train justement d'attaquer.
06:35Mais ça veut dire qu'aujourd'hui,
06:36toute la classe politique est en train de se faire corrompre par Chine ?
06:38Non, je ne pense pas,
06:39parce que je pense que la majorité, l'immense majorité
06:42derrière des politiques,
06:43savent que c'est une société qui est dangereuse.
06:45Mais je ne suis pas sûr qu'on a pris l'envers,
06:47en fait, de tous les dangers
06:49qu'il peut y avoir avec cette société
06:50et comment, point par point,
06:52dans toute notre économie,
06:54on est en train de se faire détruire.
06:55Yann Riveau-Allan,
06:56je voulais qu'on s'arrête aussi sur la question du prix.
06:58Parce que si nombreux Français,
07:00et c'est l'un des arguments de Chine,
07:01mais pas seulement,
07:02si nombreux Français achètent aujourd'hui sur ces plateformes,
07:05c'est souvent aussi pour une histoire de prix.
07:0840% des clients,
07:09tout confondu,
07:10disent aujourd'hui,
07:11d'ailleurs,
07:11que le prix est devenu un critère décisif
07:13lorsqu'ils achètent un vêtement.
07:16Tout ça,
07:17finalement,
07:18est-ce que ce n'est pas
07:19parce que les marques qui sont vendues,
07:21déjà les marques classiques,
07:23ont raté le coche
07:24et sont devenues trop chères ?
07:26Alors,
07:26c'est Chine qui a détruit le prix
07:28et qui a détruit la valeur du produit.
07:30Il y a,
07:31du côté de Chine,
07:32aucun frais qui est payé.
07:34Mais aujourd'hui,
07:34c'est Vinted,
07:35le premier vendeur de vêtements en France,
07:36donc ce site de seconde main.
07:39Ça veut dire que
07:40on ne va pas chercher chinois,
07:42pour faire simple,
07:43on va chercher moins cher.
07:44Bien sûr,
07:45le prix est essentiel
07:45et on le fait dans toute notre consommation,
07:47y compris dans l'alimentation.
07:49Le but,
07:49c'est de pouvoir offrir aux Français
07:51à la fois des produits de qualité
07:52et des produits abordables.
07:54Quand on va,
07:54par exemple,
07:54acheter sur les plateformes de seconde main
07:56comme Vinted
07:56ou Vestiaire Collective,
07:58à ce moment-là,
07:59on achète 70% moins cher.
08:01Donc oui,
08:01on peut s'habiller pour pas cher.
08:03Et n'oublions pas,
08:03c'est aussi ce qu'on faisait
08:04il y a encore 30 ans.
08:05On n'avait pas de problème
08:06pour pouvoir s'habiller,
08:07mais on avait une autre façon de consommer.
08:09Quand j'étais un père,
08:10je transmettais mon pull marin,
08:11par exemple,
08:11à mon fils.
08:12Eh bien,
08:13cette volonté de garder de la qualité,
08:15de garder dans le temps,
08:16c'est la meilleure façon
08:17de faire des économies.
08:18Et c'est pour ça
08:18que les marques françaises
08:19qui vendent des produits de qualité
08:20doivent être aussi félicitées
08:22par leur travail
08:22parce que le but,
08:23ce n'est pas de faire des promos illégales
08:25comme le fait Chine tous les jours,
08:26c'est au contraire
08:27de vendre des produits
08:28qui vont durer pour toujours.
08:29Donc c'est une prise de conscience
08:30aussi de consommateurs,
08:31c'est l'appel que vous lancez
08:32ce matin sur RTL ?
08:33C'est qu'on a pris l'habitude
08:34de vivre dans l'éphémère
08:36et de consommer,
08:37consommer,
08:37consommer.
08:38Désormais,
08:38il faut revenir vers une réalité.
08:40Il faut consommer
08:40pour se faire plaisir
08:41et pour faire attention à la planète.
08:43Et tout ça,
08:44ce sont aussi des emplois,
08:4537 000 emplois détruits
08:47en 10 ans
08:48dans votre secteur.
08:49Merci beaucoup.

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