00:00Mais d'abord, l'édito international d'Europe 1. Bonjour Vincent Hervouet.
00:03Bonjour Dimitri.
00:04Vincent, vous revenez sur l'élection présidentielle en Pologne.
00:07C'est donc le candidat nationaliste Karol Navrochi qui s'impose de justesse avec un petit peu moins de 51% des voix.
00:15On s'est couché, le libéral gagné, on se réveille, c'est le conservateur qui semble vainqueur et du coup, on a mal dormi.
00:22D'ailleurs, je sais que vous avez passé un très mauvais week-end Dimitri, vous qui lisez tous les journaux, les parisiens, la presse régionale, la presse étrangère.
00:28Et ils ont relayé les mêmes dépêches d'agence, mais avec des accents différents, de Rennes à Lisbonne, de Marseille à Stockholm.
00:36Car la planète médiatique vit à l'heure de Bruxelles et déclinait la même angoisse.
00:42Ce second tour de la présidentielle à Varsovie, ce n'était pas un duel entre deux politiciens de droite jeunes et interchangeables pour un poste largement honorifique.
00:52Non, non, non, c'était un choc de civilisation.
00:55Comme en Roumanie il y a trois semaines, comme en Allemagne il y a trois mois, à chaque élection, oyez oyez, les tambours de la peur matraquent que l'heure est grave.
01:05La lutte finale entre le bien et le mal, entre les libéraux qui veulent l'union plus fort et les illibéraux qui veulent mettre le mécano par terre.
01:14Et ce n'était pas le cas à Varsovie ce week-end ?
01:15Eh bien non, il y avait un duel entre les champions des deux grands partis polonais qui alternent au pouvoir depuis un quart de siècle.
01:23Actuellement c'est Donald Tusk qui gouverne, il le faisait déjà il y a près de 20 ans.
01:27Quand ses rivaux conservateurs du parti droit et justice l'ont remplacé, il est parti à Bruxelles et il a été président du conseil.
01:34Aux élections, il y a un an et demi, les conservateurs arrivés en tête du scrutin n'avaient pas de majorité.
01:40Donald Tusk a trouvé des alliés au centre, à gauche et à un soutien massif de la Commission européenne.
01:47Alors il est donc Premier ministre depuis l'automne 2023, mais il n'a pas tous les pouvoirs car le président sortant et conservateur étaient debout sur les freins,
01:58notamment pour bloquer les réformes sociétales.
02:02Alors on comprend que la tutelle lui pèse, mais cette cohabitation en fait reflète le pays réel, car il y a au moins deux Pologne,
02:09schématiquement une Pologne attachée à ses traditions, aux valeurs chrétiennes, à ses racines paysannes, à la mémoire longue et à l'indépendance farouche,
02:19et puis une autre libérale urbaine qui croit aux Lumières et à son avenir dans l'Union européenne,
02:24les deux ayant une conscience aiguë que la paix est fragile et le voisin russe dangereux.
02:29Mais alors en quoi le choix entre Rafał Trachowski, donc le candidat libéral, et Karol Nawrocki était décisif ?
02:36La première raison est géopolitique. Karol Nawrocki a été reçu par Donald Trump le mois dernier,
02:42et il a été soutenu par sa ministre de la Sécurité Intérieure, venu en Pologne la semaine dernière,
02:48et dans un pays qui a tout misé sur l'OTAN, ça compte d'être proche de Trump.
02:51Ne pas l'aide de Zelensky aussi d'ailleurs, les conservateurs ne veulent pas de l'Ukraine dans l'OTAN ni dans l'Union européenne,
02:57alors que le maire de Varsovie, lui, était soutenu par Kiev, par Berlin, par Paris, par Bruxelles.
03:03Mais l'essentiel aux yeux de médias, ce sont les réformes sociétales.
03:07Avec Karol Nawrocki, la protection de la vie restera une priorité.
03:11Avec Rafał Trachowski, l'IVG aurait été autorisé, le mariage des homosexuels aussi.
03:17La Pologne au miroir de la France, ayant répudié l'Église et l'Amérique,
03:23mettant tout son idéal dans l'Europe et tournant le dos à la Russie, voilà un programme moderne.
03:29Comme dirait le président de la République, championne mon frère.
03:32Eh bien, c'est raté, Varsovie est ce matin la capitale d'une autre Europe.