Violences PSG: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau répond aux attaques de LFI , qu'il qualifie de "France incendiaire" et accuse le parti "d'encourager la violence"
00:00Je voudrais saluer ceux qui m'entourent, bien sûr, le général Hubert Bonneau qui est le directeur général de la Gendarmerie Nationale.
00:09A ses côtés, est-il besoin de le présenter, Laurent Nunez qui est préfet de police, qui a été mis à rude épreuve toute la nuit.
00:17Je voudrais saluer aussi le directeur général de la Police Nationale, Louis Logier, et puis le directeur général adjoint de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises, pour faire simple, les sapeurs-pompiers.
00:35Pour faire simple, parce qu'il y a aussi, dépendant de lui, du directeur général adjoint, toutes les associations qui contribuent évidemment à la sécurisation des grands événements comme celui-ci.
00:46J'ai pu m'en rendre compte, il y a quelques instants, place de l'étoile.
00:50Écoutez, avant d'aborder le sujet et de vous dire quelle est notre analyse sur les événements d'hier soir, j'ai trois messages.
00:59Et je voudrais d'abord, évidemment, le premier message, qui est un message de joie, de fierté, féliciter cette grande équipe et ces joueurs qui ont rapporté cette belle coupe aux grandes oreilles à notre pays.
01:14Ils ont remporté une éclatante victoire qui fait le bonheur de beaucoup de Français et qui est, je crois, aussi notre fierté.
01:22Mais je m'empresse de dire qu'à côté de ce bonheur, de cette joie, de cette fierté, je voudrais avoir une pensée.
01:29Une pensée pour les familles, pour les proches, pour les amis de deux victimes.
01:34Sans qu'on sache bien, attention, si ces deux morts sont liées aux événements festifs.
01:40Le procureur, d'ailleurs, à Dax, a indiqué il y a quelques heures qu'il n'y avait sans doute pas de lien entre le jeune qui a reçu un coup de poignard qui lui était fatal,
01:52un jeune de 17 ans à Dax, pas de lien entre ce meurtre et puis les événements festifs.
01:59Et puis l'autre jeune homme d'une vingtaine d'années, qui était fauché par une voiture, mais vraiment, j'ai une pensée pour eux,
02:08et notamment pour leur famille et ainsi que les familles, les proches, les amis des blessés.
02:13Le troisième message, il est vraiment pour nos forces de l'ordre, les forces de sécurité intérieure,
02:20qu'ils soient gendarmes, qu'ils soient policiers de la DGPN, qu'ils soient policiers de la préfecture de police,
02:25qu'ils soient aussi sapeurs-pompiers, parce qu'hier soir, ils ont été mis à rude contribution.
02:31Ils ont fait preuve d'un courage admirable.
02:33Je voudrais vraiment les saluer dans des conditions qui ont été excessivement violentes, très, très difficiles.
02:39Ils en ont payé le prix, puisqu'au moment où je vous parle, il y a une trentaine de gendarmes, de policiers,
02:46qui ont été blessés, parfois grièvement.
02:49Je pense à ce policier à Coutance, dans la Manche, qui était plongé dans le coma.
02:55Il a reçu un pétard, hier soir, sans compte sage d'ailleurs, si ce tir de pétard était vraiment dirigé contre lui.
03:05J'ai une pensée particulière aussi pour les six sapeurs-pompiers.
03:08Six sapeurs-pompiers qui ont été blessés, pas seulement ici, sur Paris, mais sur toute la France.
03:16Et je crois que les Français doivent être conscients de leur courage.
03:21Ils doivent être conscients de leur engagement.
03:23Cet engagement, ils en ont fait preuve hier et dans la nuit passée.
03:28Ils vont encore en faire preuve, bien sûr, dans les heures à venir.
03:31Je voudrais vraiment leur exprimer notre grande reconnaissance.
03:35Hier et cette nuit, ce que je veux dire, c'est que la fermeté de la réponse sécuritaire a été au rendez-vous.
03:43Elle a été à la hauteur.
03:45Quelques chiffres que j'ai agrégés, pas seulement de la préfecture de police de Paris,
03:48mais de l'ensemble du territoire national.
03:51Attention, parce que ces chiffres nous remontent progressivement.
03:53Et chaque chiffre que je donne peut être modifié dans les heures à venir, bien évidemment.
04:00Mais pour vous montrer le niveau de cette fermeté de la réponse sécuritaire,
04:04quelques chiffres.
04:05D'abord, il y a eu 563 interpellations, 307 gardes à vue.
04:11On a vu d'ailleurs dans un magasin que 30 individus ont pu être interpellés dans un magasin qui vend des chaussures de sport.
04:18D'autres l'ont été aussi, qui se baladaient là aussi dans la rue en emportant un certain nombre de paires de chaussures de sport.
04:27Donc il y a eu cette réponse, cette réponse policière.
04:31Et je crois qu'on ne peut pas s'en contenter.
04:33On ne peut pas se contenter de chiffres.
04:36Et je suis en colère aujourd'hui, comme beaucoup de Français,
04:40qui ne s'habituent pas, pas plus que je ne m'habitue, à ce déchaînement de violences.
04:44On ne peut plus avoir, finalement, de grandes fêtes sportives sans qu'il y ait, et malgré cela,
04:51une mobilisation massive de forces de sécurité intérieures.
04:56Ça donne à s'interroger.
04:58Je pense que la France, comme je l'appelle des honnêtes gens, ne s'habitue pas non plus.
05:03C'est insupportable quand des parents sont pris de panique parce que leur enfant est parti pour fêter une grande victoire sportive.
05:11Ça, c'est insupportable.
05:12Et ça ne devrait pas avoir lieu.
05:14Ceux qui, hier soir, je le dis, sans mâcher mes mots, ont gâché cette belle fête sportive,
05:23ce sont des barbares.
05:24Oui, ce sont des barbares.
05:26La barbarie, vous voyez, c'est quand tout devient prétexte à la violence.
05:31La barbarie, c'est quand tout devient prétexte au plaisir, au désir, désinhibé, de la destruction et du pillage.
05:40Oui, c'est cela la barbarie.
05:42Comme le dit le dictionnaire, c'est quand on est décivilisé.
05:45C'est un manque de civilisation.
05:46Et cette fabrique de barbares, malheureusement, qu'on a vu déferler hier sur Paris,
05:51mais aussi malheureusement, malheureusement sur tout le territoire français,
05:55je pense à des villes, à des villes aussi moyennes,
05:58cette fabrique de barbares a été engendrée par une société
06:01qui, pendant des décennies, a déconstruit tous les cadres communs
06:05qui permettent à une société de tenir debout tous les piliers
06:08qui sont les piliers porteurs d'une civilisation.
06:11Je pense notamment à la notion d'autorité qui a été déconstruite.
06:13Je pense à la notion même de respect entre des êtres humains.
06:17Je pense aussi à la notion de hiérarchie
06:19pour que chacun puisse garder sa place et respecter l'autre.
06:24Ce sont ces cadres qui ont été ébranlés,
06:27ce sont ces piliers qui ont été, les uns après les autres, déconstruits.
06:31Et tout cela débouche sur cette hyperviolence et sur cette barbarie.
06:37Ce que je veux dire clairement, c'est que la réponse
06:39ne peut pas être uniquement policière, sécuritaire.
06:43Ce serait se tromper que de le penser,
06:46puisqu'on ne mettra jamais un cordon de CRS devant chaque vitrine de commerce.
06:51On ne mettra jamais un escadron de gendarmes mobiles
06:56dans chaque rue, ni à chaque carrefour de Paris
07:01ou même des villes de France.
07:03Et ceux qui pensent que la réponse,
07:06c'est simplement une doctrine du mode d'emploi
07:08justement des forces de l'ordre,
07:10ceux qui pensent qu'il ne s'agit que d'une défaillance
07:13de l'aspect sécuritaire, de la réponse sécuritaire,
07:16se trompent, comme le Rassemblement national,
07:18comme ils trompent, je pense, les Français.
07:20Ils trompent les Français dans la mesure où l'origine,
07:24les causes même, en réalité, de ces violences
07:27sont allées, bien entendu, chercher dans un cadre plus général,
07:32comme je vous l'ai indiqué.
07:33Et la réponse, ce n'est pas seulement une réponse policière.
07:36Il a faux, bien sûr, avec la plus grande fermeté.
07:39Et du reste, nous observerons avec soin
07:41les suites judiciaires qui seront données
07:44à toutes ces gardes à vue, à toutes ces interpellations.
07:46Parce que sans suite judiciaire qui soit puissante,
07:49qui soit forte, il ne peut pas y avoir de dissuasion.
07:54On peut mettre ponctuellement des milliers de gendarmes,
07:58des milliers de policiers, des sauveteurs.
08:00Alors, si ceux et celles qui sont interpellés, gardiers à vue,
08:03ne sont pas lourdement, massivement sanctionnés,
08:06alors la réponse sera toujours vaine.
08:09Donc la réponse, c'est bien entendu,
08:11là encore, une réponse pénale qui soit massive et efficace,
08:16pour redonner du sens à la sanction,
08:18je l'ai souvent dit d'ailleurs, au niveau des plus jeunes.
08:21On le voit bien d'ailleurs dans ces rassemblements,
08:23que la violence des mineurs, elle est, elle, majeure.
08:26Et il faut, encore une fois, changer de pied
08:28pour qu'on puisse adapter la réponse pénale
08:31à ce que sont devenus aujourd'hui des mineurs
08:34qui sont désocialisés, ou en tout cas,
08:36qui se sont ensauvagés.
08:38La réponse aussi, elle vient des familles.
08:40Je disais parfois, où sont les pères ?
08:42Il faut responsabiliser les familles.
08:45Je rappelle que dans notre code pénal,
08:48il y a un article 227-17,
08:50qui permet déjà, lorsqu'il y a une défaillance flagrante
08:53en matière éducative pour une famille
08:56qui ne s'occupe pas de ses enfants,
08:58que font des enfants très mineurs
08:59à se balader dans la voie publique
09:02tard le soir ou tôt le matin.
09:04Ça, c'est insupportable.
09:06Tant que les familles ne seront pas responsabilisées,
09:09alors il y aura un certain nombre de voies
09:11qui permettront à la violence des mineurs
09:14de se déchaîner.
09:16Et puis, là encore, il y a l'école,
09:18ce rôle de l'école, évidemment.
09:20Évidemment, jamais l'école ne pourra rattraper
09:23les échecs des familles,
09:25mais l'école doit être le lieu du respect,
09:29le lieu où on apprend aussi la notion d'hierarchie
09:32entre le maître et l'élève,
09:34la notion aussi d'autorité.
09:37Les parents n'ont pas non plus,
09:39pour leurs enfants, à l'école,
09:40intérêt à contester sans cesse,
09:43parfois, la hiérarchie
09:45et notamment l'autorité des maîtres.
09:47Voilà, je pense qu'il faudra,
09:50dans cette réponse qui est beaucoup plus profonde,
09:52beaucoup plus systémique,
09:53aller directement aux causes
09:55et non pas uniquement traiter les effets
09:58sur le plan sécuritaire.
10:00Il faudra donc tourner le dos au laxisme.
10:03Ce sera le grand débat qui va venir, d'ailleurs,
10:05dans les prochaines années,
10:06c'est-à-dire refaire des repères,
10:08assumer des repères
10:09et aussi rétablir des limites
10:11parce que tout être humain,
10:13toute société a besoin de limites qui soient claires.
10:15Parce que quand ces limites sont franchies,
10:17c'est alors que la barbarie,
10:19la violence se déchaîne.
10:22Voilà ce que je voulais vous dire très rapidement
10:24en félicitant une fois de plus
10:26nos forces de l'ordre
10:27qui ont été, là encore, très, très courageuses.
10:31Je suis prêt à répondre à vos questions.
10:32Je vais laisser au préfet de police vous en parler.