Samedi 31 mai 2025, au salon du livre, Anne Goscinny s’est livrée sur son envie d’écrire et le lien avec son père, l’un des pères du Petit Nicolas et évidemment Astérix. #salondulivre #nicecotedazur #famille
00:00Je lui dois à mon père cette vocation pour la littérature, puisque quand il est mort je n'avais que 9 ans et j'ai compris assez vite que pour l'entendre désormais il fallait que je tourne les pages d'un livre.
00:11Et dans ma mythologie toute enfantine, je me suis dit que là où il était, il faudrait que lui aussi pour m'entendre, il faudrait désormais qu'il tourne les pages d'un livre.
00:23Et à 9 ans je me suis dit, puisque c'est comme ça, puisque ce sera notre seul canal de communication, quand je serai grande, je serai écrivain.
00:31Tout le monde a lu un Astérix, tout le monde a ri en lisant à Calembour de mon père.
00:35Je me dis que j'ai une chance folle d'être la fille de cet homme-là et que je n'ai pas le droit à la médiocrité.
00:43Et vous prenez cette capacité d'écrire que vous avez comme un cadeau qui vous permet de maintenir le lien ?
00:49Oui c'est un cadeau, mais il y a quand même des moments où j'aurais préféré être douée pour la cuisine ou le violoncelle,
00:54parce qu'être l'enfant de Mozart et écrire des opéras c'est compliqué, il vaut mieux se lancer dans le tango.
01:00Souvent vous avez des enfants dont les pères ou les mères sont très célèbres, etc. qui se sentent écrasés et qui n'arrivent pas à exister, à se réaliser.
01:09Vous ça semble être l'inverse, ça vous a poussé, ça vous a ouvert peut-être ?
01:12Disons que j'avais le choix où être écrasée, pleurer toute ma vie en me disant la statue du commandeur m'a écrasée et moi je vais vivre dans l'ombre de cette statue.
01:22Ou bien je résistais, je prenais les choses en main et mon stylo et j'essayais, non pas d'être forcément à sa hauteur, sa hauteur qui me paraît inatteignable,
01:32mais au moins de faire quelque chose dont je me dis que le jour où on se retrouvera et il me dira j'ai bien aimé ce que tu as fait.