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  • 01/06/2025
Dans son édito du 01/06/2025, Jules Torres revient sur la victoire du  PSG face à l'Inter Milan, à l'issue de la finale de la Ligue des champions qui s'est déroulée à Munich, en Allemagne.

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Transcription
00:00Il y a des victoires qui soulagent, d'autres qui consolent, celle-ci,
00:03et bien entre dans l'histoire 5-0, zéro but concédé, une finale dominée de bout en bout,
00:09une démonstration de force et de maîtrise, et dans ce temple bavarois de la rigueur face à l'Inter de le bilan,
00:15et bien le PSG a fait plus que gagné, il a imposé son récit.
00:18Mais ce récit lumineux a été une fois encore terni par ces barbares venus semer le désordre dans les rues de Paris.
00:24Des voyous sans foi ni loi, venus non pour célébrer mais pour casser, voler, provoquer.
00:29Des figures sans honneur qui ne respectent rien, ni les autres, ni le pays, ni ce moment de liesse.
00:35Et pourtant, ce qui s'est passé sur le terrain mérite d'être raconté, car ce fut une victoire pleine, souveraine, assumée.
00:41Il fallait ça pour que l'histoire bascule, pas un exploit au rabais, pas une victoire à la française,
00:47pleine de miracles et de sueurs, non. Un triomphe, un score sec, impitoyable, 5-0.
00:52Hier soir, Paris a dominé, Paris a frappé, Paris a marqué, avec calme, avec science, avec grandeur.
00:58Que dire des images de Marquinhos, vous savez, le capitaine taiseux, survivant des nuits humiliantes,
01:03qui soulève enfin ce trophée après tant d'échecs, de larmes et de frustrations.
01:07A lui seul, il incarne la rédemption d'un club longtemps moqué, la fidélité récompensée.
01:12Et que dire de Luis Enrique, cet entraîneur contesté, bien souvent incompris, qui touche enfin au sommet.
01:18Hier, il devait penser très fort à sa fille Xana, disparue en 2019 à l'âge de 9 ans,
01:22plus qu'un sacre, un hommage silencieux, digne et déchirant.
01:26Tout était juste dans cette soirée allemande, allemande seulement,
01:29puisqu'on a bien vu qu'à Paris, ce n'était pas dans le juste.
01:32Et dans la lumière, il y avait également un visage, désiré doué, 20 ans dans deux jours,
01:36la grâce au bout du pied, l'intelligence dans chaque geste.
01:39Il n'a pas seulement brillé, il a incarné, il devient un symbole,
01:42celui d'un club enfin adulte, celui d'un pays qui peut-être recommence à croire à ses propres victoires.
01:47Mais cette victoire, Jules, elle dit aussi quelque chose de nous, de la France et de son rapport compliqué à la Russie.
01:52Il y a dans ce 5-0 infligé par le Paris Saint-Germain plus qu'une victoire.
01:56Il y a une secousse, un dégel, un pays qui, l'espace de 90 minutes, se réconcilie, à peu près partout,
02:02avec l'idée qu'il peut gagner sans trembler, sans s'excuser et sans se caricaturer,
02:06un pays qui découvre qu'il peut dominer.
02:08Car la France n'a jamais entretenu une relation apaisée avec la victoire.
02:12Elle l'admire de loin, mais la redoute de près.
02:14Elle célèbre les podiums, mais se méfie des règnes.
02:17Elle s'émeut des épopées, mais redoute les empires.
02:19Elle préfère l'éclat d'un soir à la constance d'un projet.
02:22Le panache à la suprématie, la beauté du geste à l'efficacité froide.
02:26C'est le pays de Séville 82, de Noa qui danse sur la terre battue,
02:29de Marie-Pierre sans pleurs, de Raymond Poulidor qui brille sans jamais gagner le tour.
02:33Le pays de Zidane en 98 et celui de Mbappé en 2018, bien sûr.
02:37Mais c'est aussi celui de Naïsna, de l'autodestruction, du soupçon, de la gloriole qui dérape.
02:42La France aime des héros à la blessure ouverte.
02:45Pas les machines à gagner.
02:46Elle chérit les perdants magnifiques.
02:47Et pourtant, hier, la victoire était pleine.
02:50Elle ne doit rien au hasard, pas de souffrance, pas de miracle dans les arrêts de jeu.
02:53Juste une équipe supérieure du début à la fin.
02:56Une équipe qui n'a pas eu besoin d'attendre l'humiliation pour réagir,
02:59qui a imposé son rythme.
03:00Ce PSG-là, moqué, détesté, a offert à la nation bien plus qu'un trophée.
03:04Il prouve qu'on peut gagner sans trahir ce que l'on est,
03:07qu'on peut réussir sans se renier.
03:08Et pose une question presque douloureuse.
03:10Pourquoi faut-il attendre un match pour que la France fasse corps ?
03:13Oui, pourquoi faut-il attendre un but, finalement, pour que le pays se rassemble ?
03:17C'est une très bonne question.
03:18Hier, les terrasses vibraient, dans les cafés, les voitures, les salons ont crié à l'unisson.
03:23Ce n'est pas seulement une équipe qui a gagné,
03:25c'est un peuple qui, pour quelques heures, a retrouvé sa voie commune.
03:29L'espace d'un match, la France a cessé de douter.
03:31Elle a cru en elle-même, voire mieux, elle s'est aimée.
03:33Mais pourquoi faut-il attendre une finale pour se sentir vivant ?
03:36Pourquoi faut-il un maillot pour se parler, un but pour se regarder,
03:40un trophée pour se sentir fier ?
03:41Combien de fois faudra-t-il qu'un ballon entre dans un filet
03:44pour que ce pays se souvienne qu'il peut vibrer ensemble ?
03:48Ce que nous appelons l'unité nationale ne devrait pas être un éclair,
03:52une fête volée du quotidien.
03:54Oui, Paris a gagné, c'est beau, c'est mérité, c'est juste.
03:56Mais ce bonheur populaire dit aussi, en creux,
03:58ce qui manque au reste de notre vie collective,
04:01du souffle de la joie, une ambition commune.
04:03Mais cette victoire, il faut qu'elle nous serve de rappel,
04:06et non d'exutoire.
04:07Ce pays ne manque ni de talent, ni d'énergie,
04:10il manque de récits, d'incarnations, de confiance.
04:13Il faut bien que quelqu'un ouvre la voie.
04:14Ce soir, c'est Paris, demain, accue le tour.
04:17Hier, il y avait deux Frances.
04:18Il y avait cette France barbare qui a profané,
04:21qui a gâché la fête, elle était minoritaire.
04:23Il y avait cette France majoritaire,
04:25celle qui célébrait la victoire du Paris Saint-Germain,
04:29cette victoire éclatante,
04:30la France vibrante, la France fière,
04:31la France unie.
04:33Il est donc temps désormais de ne plus attendre un but pour exister
04:36et d'apprendre enfin à marquer dans la vraie vie.

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