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  • 31/05/2025

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00:00Europe 1 Soir Weekend
00:0219h, 21h, Pascal de la Tour Dupin
00:05Il y a un peu d'eau dans le gaz entre Marine Le Pen et Jordan Bardella, semble-t-il.
00:09On va en parler tout de suite avec Philippe Guibert, avec Raphaël Stainville.
00:14Je voudrais qu'on réécoute.
00:15Peut-être on a un extrait, Esteva me dit oui, extrait de ce petit échange.
00:21Je ne suis pas sûre que Jordan, pour le coup, connaisse très bien les problématiques de la Nouvelle-Calédonie.
00:27On partage nos talents, on dit.
00:29Elle ne dit pas que je ne connais pas le dossier.
00:31Je pense que vous sortez cette phrase de son contexte.
00:33Elle est investie sur ce sujet depuis très longtemps.
00:36Mais je vous rassure, je connais très bien les dossiers ultramarins,
00:39et notamment le dossier de la Calédonie française.
00:42Ce sont des petites piques à distance, échangées entre Marine Le Pen et Jordan Bardella,
00:47qui affichait jusqu'à, il n'y a pas si longtemps, effectivement, une unité.
00:51Jordan Bardella, lors d'une interview, parlait un peu, pas d'une mère de substitution,
00:55en parlant de Marine Le Pen, mais parlait d'une référence, d'une référente en tout cas.
01:01Là, il y a de l'eau dans le gaz.
01:02Il faut rappeler le contexte.
01:04Il y a d'abord une une de Valeurs Actuelles qui met en scène Jordan Bardella,
01:10quasiment comme étant le candidat du Rassemblement National en 2027,
01:14prenant presque pour acquis cette possibilité, cette hypothèse.
01:19Alors, bien sûr que pour Jordan Bardella, la situation, elle est presque impossible.
01:23Parce qu'il ne peut pas dire qu'il n'existe pas de...
01:28Enfin, il doit dire officiellement qu'il n'existe pas de plan B,
01:31mais ce serait absolument suicidaire pour lui.
01:33Mais enfin, il a dit, pardon, il a dit qu'il irait si Marine Le Pen était condamnée.
01:39Sauf qu'aujourd'hui, la stratégie, le narratif du Rassemblement National,
01:43c'est d'être tous derrière Marine Le Pen,
01:45de continuer à penser que la justice pourrait ne pas invalider Marine Le Pen dans l'optique de 2027,
01:53et de se préparer avec ce tandem ou ce duo.
01:56Et donc, lui, il essaye de tenir ce narratif, ce récit,
01:59mais ne pas se préparer à y aller lui-même,
02:02à ne pas faire entendre ses différences.
02:04Notamment, on le voit, il n'hésite pas à dire, à ne pas nier qu'il est de droite,
02:09quand Marine Le Pen, à longueur d'interview,
02:12continue à dire qu'elle n'est ni de droite ni de gauche,
02:15et même parfois plutôt de gauche que de droite.
02:17Pas souvent quand même, cher.
02:19Pas souvent quand même, mais il y a cette différence qui se fait entendre,
02:22et bien évidemment, pour nous, journalistes politiques,
02:25pour tous les commentateurs et les observateurs de la vie politique,
02:27ce sont autant de coins que l'on met dans ce binôme
02:30qui, jusqu'à présent, il faut quand même l'admettre,
02:33marcher de concert, sans qu'aucune différence
02:38et aucune humeur ne vienne interférer dans ce duo.
02:45Philippe Guibert.
02:46Il va falloir qu'ils mettent leurs arrières-pensées en accord,
02:48parce que le jugement en appel pour Marine Le Pen,
02:52c'est été 2026.
02:54C'est donc dans plus d'un an.
02:56Et à ce rythme, si l'une commence à dire
02:59que l'autre ne connaît rien à Nouvelle-Calédonie,
03:01et qu'il est obligé de rectifier, ça va être long,
03:04parce que la réalité,
03:07est-ce que Marine Le Pen accepte l'idée qu'il y ait un plan B ?
03:12Et du côté de Bardella,
03:13est-ce que Bardella accepte qu'il n'est qu'un plan B ?
03:16Et qu'il faudra qu'il attende l'été 2026 ?
03:20J'ai l'impression,
03:21à les écouter, j'ai peu de contacts au sein du RN,
03:25que là, il y a une ambiguïté.
03:26Il faut qu'ils se mettent rapidement d'accord,
03:27parce que cela va nuire aux deux,
03:30et que les deux risquent de sortir affaiblis.
03:32Ça, les Français n'aiment pas, les guerres fratricides.
03:34Non, non.
03:35Ça, les Français n'aiment pas ça.
03:35Et plus ils répètent qu'ils sont hyper d'accord,
03:38alors qu'on voit bien qu'il y a des problèmes de communication entre eux,
03:43plus, évidemment, ils vont s'affaiblir.
03:46Et je trouve que là, Marine Le Pen...
03:49Alors, Marine Le Pen est quand même la chef,
03:51donc c'est à elle de prendre l'initiative,
03:52et c'est quand même à elle de poser les choses.
03:54C'est la candidate, mais le président du parti,
03:56c'est Jean-Anne Bardella.
03:57Oui.
03:58Raphaël, c'est quand même...
03:59Il lui doit tout.
04:00Il lui doit tout,
04:01c'est un président qui est quand même
04:02en position hiérarchique de numéro 2.
04:06Vous avez raison.
04:07Mais ce qui est nouveau,
04:09c'est que jusqu'à présent,
04:10dans l'histoire du Rassemblement National
04:12et du Front National,
04:13il y avait une sorte de tragédie des numéros 2,
04:16qui était presque condamnée, finalement,
04:18à s'auto-exclure,
04:20à vouloir jouer les brutus,
04:21et finalement à disparaître du paysage politique.
04:24C'était Bruno Maigret,
04:25c'était Florian Philippot.
04:27Et là, il y avait quelque chose
04:28de presque miraculeux
04:29dans la relation entre Marine Le Pen
04:32et Jean-Anne Bardella.
04:33Mais encore une fois,
04:34le contexte politique et judiciaire
04:37rend quasiment impossible
04:39que Jean-Anne Bardella,
04:41s'il se prépare sérieusement
04:43à occuper les plus hautes fonctions,
04:44alors que ce soit à Matignon
04:45ou à l'Élysée,
04:46mais ce narratif
04:49consistant à dire
04:50qu'il n'y a pas de plan B aujourd'hui,
04:52il est suicidaire
04:53pour les deux, en fait.
04:54Parce que Jean-Anne Bardella,
04:56s'il doit candidater en 2027,
04:59doit dès à présent
05:00faire la démonstration
05:01qu'il a l'épaisseur.
05:04Ce sera difficile.
05:05Ce sera difficile,
05:06mais ça sera d'autant plus difficile
05:07que Marine Le Pen
05:08ne le laisse pas éclore
05:09dans sa plate-dimension.
05:10Vous avez raison.
05:12Il faut qu'il trouve
05:12une articulation
05:13et rapidement entre eux.
05:14Sinon, encore une fois,
05:15ils vont y perdre chacun.
05:16Mais pour Jean-Anne Bardella,
05:18c'est très compliqué aussi
05:19parce que, très honnêtement,
05:21on a vu ses limites
05:22pendant la campagne
05:23des législatives.
05:24Il y a quand même
05:25une défaite du RN
05:26au deuxième tour.
05:27Il y a eu des Français
05:28qui se sont dit
05:29non, pas cette fois-ci.
05:31Pas cette fois-ci,
05:32le RN au pouvoir.
05:34Et Bardella a montré des limites.
05:36Je ne lui fais pas
05:36tous les candidats,
05:39tous les grands politiques.
05:39Et donc, Bardella
05:41a un manque d'expérience
05:44et je trouve
05:44un manque d'épaisseur
05:45qui ne sont pas forcément
05:47rédhibitoires
05:47parce qu'il a 29 ans
05:49ou 30 ans,
05:49je ne me souviens plus.
05:50Et qu'à son âge,
05:51beaucoup de politiques
05:52ont encore beaucoup
05:54pas travaillé.
05:55Mais pour devenir
05:56président de la République
05:57en 2027,
05:58Bardella,
05:59il part de loin.
06:00Je trouve qu'il ne faut pas
06:01se laisser avoir
06:01par les sondages.
06:03Et je pense que les entourages
06:04regardent un peu trop
06:05les sondages.
06:06Les sondages,
06:06deux ans avant
06:07une présidentielle,
06:08ne veulent pas dire
06:09grand-chose.
06:09Ils indiquent simplement
06:11des rapports de force
06:12actuels.
06:14Mais très honnêtement,
06:15ça fait 30 ans
06:16que je suis des présidentielles,
06:18je pense que Bardella
06:18aurait beaucoup de mal
06:19dans une présidentielle.
06:21Donc,
06:21s'il doit être un pamblé,
06:22il faut qu'il trouve
06:23un système,
06:24il faut qu'ils trouvent
06:25ensemble un système
06:26de binômes,
06:27de tickets,
06:28avec une Marine Le Pen
06:29qui serait Premier ministre
06:30si elle ne peut pas
06:31être candidate,
06:32pour que ça tienne la route
06:33parce que sinon,
06:33ça ne tiendra pas la route.
06:35Donc, il y a deux problèmes.
06:36Il y a le problème
06:36de Marine Le Pen
06:37qui l'accepte
06:37que, éventuellement,
06:38elle pourrait ne pas être candidate.
06:40Et puis, de côté de Bardella,
06:41il faut aussi prendre conscience,
06:43je trouve,
06:43de ses limites,
06:45de son inexpérience,
06:46du travail considérable
06:47qu'il doit encore faire.
06:49Et c'est cette une,
06:50selon vous,
06:50de Valeurs Actuelles
06:51qui a déclenché
06:53la guerre des chefs,
06:55entre guillemets ?
06:56En tout cas,
06:57la déclaration de Marine Le Pen,
06:59elle intervient
07:00juste après
07:01que Valeurs Actuelles
07:03ait consacré sa une
07:04à Jordan Bardella
07:05avec des sondages
07:06assez flatteurs,
07:07d'ailleurs,
07:08sur des traits d'image.
07:08Pourquoi Jordan Bardella
07:09sur cette une ?
07:10On n'empêche pas
07:10les journalistes de travailler.
07:12Bien sûr,
07:12mais d'ailleurs,
07:13Valeurs Actuelles
07:14fait sa une sur Bardella ?
07:15Il y a des louvances,
07:15à mon avis,
07:16qui sont à l'oeuvre.
07:17Il y a des groupes de pression
07:18qui disent...
07:19Est-ce que ce ne serait pas
07:20justement une façon
07:21de le tuer,
07:23Jordan Bardella ?
07:24C'est énorme.
07:24Si le grand Bardella...
07:25Moi, je le croirais plus tôt,
07:26mais peut-être que vous avez raison.
07:26...au prix de Valeurs Actuelles
07:27pour faire une une,
07:28c'est trop gros, ça.
07:29Peut-être que c'est Raphaël
07:30qui a la bonne information.
07:30C'est grossier, pardon.
07:32C'est grossier,
07:32parce qu'il sait
07:33qu'il va se prendre un revers
07:34de bateau.
07:34Je crois aussi qu'il y a des gens
07:35qui se disent
07:36Marine Le Pen,
07:37c'est fichu pour 2027,
07:38et donc si on veut
07:39que notre camp gagne,
07:40il faut qu'on fasse monter Bardella.
07:42Il y a aussi des gens
07:42qui ont pu se dire ça.
07:43Et Marine Le Pen,
07:45en tout cas,
07:45c'est ce qui transparaît
07:46à la lecture de ce dossier,
07:48s'est convaincu
07:49qu'un certain nombre
07:50de personnes
07:51agissent dans l'ombre
07:53pour finalement
07:55pousser Jordan Bardella,
07:58et notamment
07:59un certain nombre
08:00de réseaux
08:00qui lui sont
08:02sinon hostiles,
08:04du moins pas forcément
08:04très favorables,
08:05parce que ce ne sont pas
08:06forcément sur la même ligne
08:07politique, idéologique,
08:08et même économique.
08:12Est-ce qu'ils ont conscience
08:13ces groupes-là
08:13qui risquent de tuer
08:15dans l'oeuf
08:15leurs candidats ?
08:16Mais vous avez parfaitement
08:17raison de poser cette question.
08:18C'est lui mettre une cible
08:18dans le dos.
08:19Mais vous avez parfaitement
08:20raison de poser la question.
08:21Probablement qu'à vouloir
08:22bien faire
08:23et à vouloir
08:24le meilleur
08:25pour Jordan Bardella,
08:28ils condamnent
08:29en tout cas
08:30cette relation
08:30qui jusqu'à présent
08:32faisait leur force
08:32et qui aujourd'hui
08:33apparaît
08:34comme une fragilité
08:36de plus en plus évidente.
08:38Moi, j'ai le sentiment
08:39que ces réseaux-là
08:40dont vous parlez...
08:41Vous qui êtes un spécialiste
08:42de la com' politique, là.
08:43Franchement, c'est une erreur
08:44des com' de la part de...
08:45C'est beaucoup trop tôt.
08:46C'est beaucoup trop tôt.
08:47C'est grossier.
08:48Et ça risque de...
08:49Et le problème
08:50est que parfois,
08:50la politique est faite
08:51d'effets pervers
08:52et de malentendus.
08:53C'est-à-dire que Marine Le Pen,
08:54je pense que vous avez raison,
08:55a dû prendre ça
08:56comme une attaque
08:57de la part de réseaux
08:58dont elle sait
08:59depuis longtemps,
09:00parce qu'ils étaient parfois
09:01derrière Éric Zemmour
09:02lors de la dernière présidentielle.
09:04Et Marine Le Pen sait
09:06que cette mouvance,
09:07ces réseaux-là,
09:09feront tout
09:09pour éviter
09:10qu'elle soit la candidate
09:11du camp nationaliste
09:13en 2027
09:14et qu'il préfère Bardella.
09:16Donc, je pense
09:16qu'elle n'est pas due
09:17parce qu'elle s'est dit
09:17ceux-là,
09:18je les ai déjà vus à l'œuvre
09:19au moment de 2022.
09:21Et donc, je pense
09:23qu'ils ont déclenché
09:24peut-être à leur insu,
09:25ces réseaux,
09:26une sorte de pré-guerre
09:27ou de début de guerre
09:29entre Bardella et Le Pen.
09:30Parce que Le Pen,
09:31Marine Le Pen,
09:32qui est une politique,
09:33une vraie bête politique...
09:34C'est exactement
09:34ce que j'allais dire,
09:35c'est un animal politique.
09:36C'est un animal politique
09:37et donc,
09:37elle sent le danger.
09:39Oui.
09:39Elle sent le danger.
09:40Je suis entièrement
09:41d'accord avec ça
09:42et l'histoire récente
09:44l'a démontré,
09:45notamment pendant
09:45la dernière campagne.
09:46C'est un animal politique
09:49d'une redoutable férocité
09:52lorsqu'elle se sent attaquée,
09:54en danger.
09:55Elle a fait la démonstration
09:56pendant la campagne
09:57lorsque un certain nombre
09:59de ses proches
09:59commençaient à douter
10:00d'elles-mêmes
10:01parce qu'Éric Zemmour
10:02prospérait dans les sondages.
10:04Elle a tenu
10:05et elle a porté
10:06des coups extrêmement sévères
10:08et auprès d'Éric Zemmour
10:09et auprès de Marion Maréchal
10:10à l'époque
10:11qui s'apprêtait
10:13à rejoindre Éric Zemmour.
10:14Elle ne se laisse pas faire
10:15parce que toute sa vie
10:17est tournée vers la politique,
10:20transpire la politique,
10:20habité par la politique.
10:22Et vers la présidentielle
10:23en particulier.
10:24La guerre fratissine,
10:25en tout cas,
10:25c'est en train de flancher.
10:27Il va falloir recoller
10:28les morceaux très très vite.
10:29Aujourd'hui,
10:29c'est d'abord
10:30une histoire médiatique
10:31mais c'est une histoire
10:34qui est déjà
10:34quelque chose.
10:35Oui,
10:36vous avez raison.
10:37C'est d'autant plus
10:38une erreur de com'
10:39que vous êtes dans une phase
10:40où Rotaillot
10:40a le vent en poupe,
10:41bien sûr,
10:42qu'il vient d'être élu
10:43brillamment
10:44à la présidence des Républicains.
10:46On voit que dans
10:47les intentions de vote,
10:48il commence à dépasser
10:49les...
10:49il peut atteindre les 15%.
10:51Et donc,
10:52évidemment,
10:52tout ça peut profiter
10:53à Rotaillot
10:54à un moment donné
10:54qui pourrait être
10:55la vraie alternative
10:56expérimentée
10:57avec une expérience
10:58d'homme d'État
10:59en restant à l'intérieur
11:00par rapport à un bardélac
11:02dont je répète
11:03sans vouloir lui faire injure.
11:04Tout d'un coup,
11:05les sondages,
11:06vous les prenez
11:06pour argent comptant.
11:08Il faut se rappeler
11:09dans ces cas-là
11:09que Valérie Pécresse,
11:10lorsqu'elle a été désignée
11:12comme la candidate
11:12des LR,
11:13j'ai été jusqu'à 20%
11:14dans les sondages.
11:15Non, mais je pense
11:16que vous avez raison.
11:17Et elle a terminé
11:18la campagne
11:19il y a 4,5%.
11:19Vous avez raison
11:20et Rotaillot,
11:21il y a encore
11:21beaucoup,
11:21beaucoup de chemin
11:22et de travail.
11:23Il le sait,
11:23je pense aussi,
11:24colline après colline.
11:25Il y a une dynamique
11:26politique incontestable.
11:28Il y a quand même
11:29quelque chose
11:30qui bouge dans le pignon.
11:31Et donc,
11:32s'il rentre
11:33en guerre intestine,
11:35je pense que Rotaillot
11:36en profitera quand même
11:37presque mécaniquement.
11:39S'il continue
11:40d'incarner
11:40cette figure d'ordre
11:42au ministère de l'Intérieur
11:43qui est attendu quand même
11:45par une large partie
11:46des Français.
11:47Bon.

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