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  • 29/05/2025
Avec Carine Marret auteur du livre "Les Chrétiens d'Orient et la France : mille ans d'une passion millénaire" paru aux éditions Balland.


Retrouvez La culture dans tous ses états tous les jeudis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-05-29##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
00:21Eh oui, le sublime Alléluia André Bercoff de Léonard Cohen sur Sud Radio.
00:28Eh bien aujourd'hui, nous allons parler des liens anciens entre la France et les chrétiens, André.
00:34C'est mille ans vraiment d'une passion tourmentée.
00:37Oui, oui, oui, c'était au temps où la France était l'une des plus grandes puissances, les empires, l'empire.
00:44Et puis, effectivement, c'est une, vous avez raison de le dire, Céline, c'est une liaison passionnée, passionnante,
00:52avec des « Je t'aime, moi non plus », qui ont effectivement marqué un millénaire d'histoire avec ces chrétiens d'Orient.
01:00Il ne faut pas oublier, parce que quelquefois oublier, que la chrétienté est née en Orient.
01:06Un certain Jésus n'est pas né au Groenland ou en Asie mineure.
01:12Non, non, il est né à Nazareth.
01:13Donc, voilà, il y a tout ceci.
01:20Et ces chrétiens d'Orient, effectivement, c'est une histoire très très forte, très riche.
01:26Une civilisation avec toutes ses diversités.
01:30Vous savez qu'en Orient, il y a plus de 17 communautés chrétiennes.
01:34Et quand je dis 17, il y en a peut-être plus.
01:36Et c'est très intéressant, parce que ce livre montre très très très bien, effectivement, cette richesse, ces drames, ces passions.
01:48On a essayé, effectivement, il y a eu des massacres, il y a eu des persécutions, il y a eu des insécurités remises en cause en permanence.
01:57Et voilà, on est toujours, aujourd'hui et plus que jamais, avec ce qui se passe au Moyen-Orient, que ce soit ça de Gaza, en Syrie ou ailleurs, le sort des chrétiens d'Orient est toujours en question.
02:08Et oui, et ce livre dont vous parlez, André Bercoff, c'est celui de Karine Marais, qui publie donc aux éditions Malan un livre passionnant qui retrace, eh bien, l'histoire souvent tragique de ces communautés, André.
02:20Alors, qui sont ces chrétiens d'Orient ? Quelle est leur histoire ?
02:23Eh bien, on va vous la raconter dans un instant sur Sud Radio.
02:26Alors, restez avec nous.
02:27Sud Radio
02:28Sud Radio
02:29Parlons vrai
02:30Parlons vrai
02:30Sud Radio
02:31Parlons vrai
02:32Sud Radio, la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso
02:37Et oui, l'araméen, la langue du Christ, encore parlée aujourd'hui par beaucoup de chrétiens d'Orient, Dré Bercoff.
03:06Leur histoire souvent tragique. Eh bien, on va vous la raconter avec notre invitée, Karine Marais, qui vient de nous rejoindre sur Sud Radio. Bonjour à vous, Karine.
03:15Bonjour, merci pour votre invitation. Alors, vous publiez un livre passionnant aux éditions Balan intitulé « Les chrétiens d'Orient et la France, mille ans d'une passion tourmentée ». Alors, avant de nous la raconter, effectivement, cette histoire d'amour, donc tourmentée.
03:32D'amour, je t'aime moi non plus, je rappelle.
03:34Exactement, André Bercoff. Dites-nous, Karine, qui sont ces chrétiens d'Orient et surtout pourquoi on les désigne ainsi ?
03:42En fait, les chrétiens d'Orient n'existent pas. En tout cas, ils ne se définissent pas comme tels. Si vous allez en Orient et que vous demandez à un chrétien quelle est sa confession, jamais il ne va vous dire « je suis un chrétien d'Orient ».
03:53Il va vous dire « je suis melkite, je suis copte, je suis syriac, je suis maronite ». Et en fait, « chrétien d'Orient », c'est un sainteint qui est utilisé par l'Occident, en Occident, pour décrire l'ensemble de ces communautés qui sont plurielles, comme le rappelait André Bercoff à l'instant.
04:12Et donc, c'est une facilité de langage, en fait. Donc, les chrétiens d'Orient désignent quelque chose d'un peu abstrait quelque part.
04:19En tout cas, ce terme-là n'est pas vraiment très approprié, mais c'est le seul qu'on ait trouvé pour vraiment tous les englober dans un même groupe, avec cette même réalité qui est une même foi.
04:30Mais alors, justement, Karine Marais, quand Céline disait « qui sont-ils ? », c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on englobe quoi dans les chrétiens d'Orient ? En fait, géographiquement déjà, et je dirais presque sociologiquement, qui sont-ils ?
04:45Oui, quelles églises ?
04:47Ce sont les chrétiens des origines. C'est ça vraiment l'important. C'est-à-dire que ce sont les chrétiens, les terres qui ont été évangélisées dès les premiers siècles.
04:57Donc, évidemment, on parle du Levant, de la Terre Sainte, bien entendu, du Levant, de l'Égypte, même de l'Arménie, puisque l'Arménie aussi est une église apostolique,
05:10qui a été aussi le premier royaume chrétien en 301. Donc voilà, c'est l'ensemble de ces églises-là, qui vont jusqu'en Irak, jusqu'en Perse.
05:19Voilà, c'est vraiment ces églises-là qu'on désigne comme les chrétiens d'Orient.
05:24Et oui, donc il y a effectivement, il faut le préciser, les maronites, les assyriens, les chaldéens, les chaldéens, dit-on, pardon, les syriacs, les orthodoxes,
05:32et comme vous l'avez effectivement stipulé, les arméniens. Alors, selon l'œuvre d'Orient, eh bien, il serait 176 millions, André, à travers le monde.
05:41De quelle façon, Karine Marais, leur christianisme se distingue de celui des autres chrétiens ?
05:47Ils ont une fidélité au Christ qui est vraiment exemplaire, et ils ont un courage qui force le respect,
05:56parce qu'en effet, ils ont traversé au fil des siècles de deux millénaires de nombreuses zones de turbulences,
06:04de nombreuses périodes très, très périlleuses, et malgré tout, ils continuent à se rassembler, à pratiquer leur foi,
06:12ils continuent à espérer, et ça, vraiment, ça force le respect, surtout pour nous,
06:16nous sommes dans un pays qui est complètement déchristianisé, les églises sont vides,
06:21et eux, malgré les dangers, malgré les menaces, malgré les assassinats, malgré les attentats,
06:27ils continuent à se rassembler et à célébrer le Christ, et par exemple, au temps de Daesh,
06:34donc quand le califat avait été autoproclamé en Irak,
06:39un prêtre racontait que lui, il s'était réfugié à Karakosh depuis quelques années,
06:45parce que la situation devenait trop dangereuse pour lui, mais il revenait à Mossoul,
06:50où donc le califat avait été autoproclamé au départ, il revenait à Mossoul justement pour célébrer la messe,
06:55pour rencontrer les fidèles, et malgré tous ces dangers, ils se réunissaient dans des maisons particulières,
07:03dans des caves, on était presque revenus au temps des catacombes en fait,
07:07mais malgré tout, les chrétiens tenaient absolument à continuer à célébrer les baptêmes,
07:11les mariages, à se rassembler à la messe,
07:14et il y avait donc cette atmosphère extrêmement périlleuse, menaçante,
07:19et d'ailleurs le père Najib qui raconte ça disait à l'époque,
07:25donc qui quand même revenait, qui avait le courage de revenir toujours à Mossoul pour être à la rencontre de ses fidèles,
07:32on ne pouvait faire confiance à personne, surtout pas à nos voisins du quartier,
07:37les voisins qu'ils avaient pourtant côtoyés pendant des années et des années,
07:40c'était les mêmes qui posaient des bombes contre l'église,
07:43le jour ils vous disent qu'ils vous aiment, la nuit ils vous tuent,
07:46les mêmes policiers chargés de vous protéger sont aussi membres des groupes terroristes.
07:51Et aujourd'hui Karine Marais, nous sommes le jour de l'ascension,
07:54nous sommes jeudi le jour de l'ascension,
07:56est-ce qu'on prie là-bas à votre avis,
07:59aussi intensément, ou plus intensément que l'on prie ici, chez nous ?
08:05Plus intensément, vraiment beaucoup plus intensément,
08:08il y a vraiment une foi au quotidien en fait,
08:11qui pour nous nous échappe un petit peu,
08:13parce que c'est quelque chose qui ne fait plus partie de notre réalité,
08:17de notre vie de tous les jours,
08:19alors que pour les chrétiens d'Orient,
08:21pour l'immense majorité,
08:24c'est vraiment une foi qu'ils vont pratiquer au quotidien,
08:27ils sont avec le Christ, avec cette espérance,
08:30tous les jours, à chaque moment.
08:32Oui, effectivement, leur fidélité au Christ, vous dites, est vraiment exemplaire.
08:36Alors la France a longtemps protégé les chrétiens d'Orient, Karine Marais,
08:41d'où vient cet intérêt de notre pays, pour cette communauté ?
08:45À quand remonte-t-il exactement ?
08:48En fait, on peut dater ça à peu près en 1250,
08:51c'est-à-dire qu'à ce moment-là,
08:53Louis IX, donc le futur Saint-Louis, roi de France,
08:57il y a une lettre apocryphe,
08:59sans doute apocryphe, mais elle est très symbolique et très importante,
09:02parce qu'elle va vraiment marquer les liens qui vont unir les chrétiens,
09:06et là plus spécifiquement les maronites, à la France.
09:09Et donc, dans cette lettre, il va assurer les chrétiens de son soutien,
09:14les assurer de son amitié,
09:16et s'engager à les protéger.
09:18Et il dit même qu'il considère la nation maronite,
09:22donc Saint-Maron, c'est les chrétiens principalement du Liban,
09:26qui va donc dire que c'est une nation qui est comme une partie de la nation française.
09:36Il ne fait pas vraiment de différence.
09:38Pour eux, les maronites font partie de la nation française,
09:40il y a vraiment cet engagement-là de les protéger,
09:43de les considérer comme des frères.
09:45C'est très intéressant à rappeler aujourd'hui,
09:47dans les circonstances dans lesquelles on vit aujourd'hui.
09:49Oui. Alors ce lien, effectivement, privilégié, Karine Marais,
09:53quel a été l'événement fondateur de ce rôle particulier,
09:56si particulier, donc protecteur, que la France a joué pendant des siècles ?
10:02Ça commence en fait très officiellement, je dirais,
10:05parce que les contacts, les rapprochements étaient effectifs depuis très longtemps,
10:10mais ça commence officiellement en 1536,
10:12avec les premières capitulations,
10:14qui vont être renouvelées au fil des siècles.
10:16Alors les capitulations sont des accords commerciaux,
10:18qui sont donc signés pour la première fois entre François Ier et Soliman le Magnifique.
10:24Et ces accords commerciaux vont permettre la libre circulation des sujets français,
10:29que ce soit les consuls, les marchands,
10:31que ce soit ceux qui sont installés de manière permanente en Orient
10:34ou ceux qui viennent à des fins de commerce ou en pèlerinage.
10:38Et donc cette protection va être étendue,
10:41non plus seulement aux sujets français, mais aussi aux sujets catholiques,
10:44c'est-à-dire ceux qui ont renoué avec Rome et plus généralement aux chrétiens.
10:49Et c'est ainsi que ce rôle de protection des chrétiens pour la France est né en fait dès 1536,
10:58et a été donc renouvelé au fil des siècles.
11:00Et oui, et cette protection leur a parfois, on peut dire, porté préjudice, Carine Marais ?
11:05Oui, malheureusement, parce qu'il y a des périodes où la France était moins présente,
11:11il y a des périodes où il y avait des périodes de turbulences, je dirais,
11:16des guerres entre les sunnites, les chiites,
11:19des guerres qui appartenaient vraiment au sol oriental.
11:23Et pendant ces périodes-là,
11:26les chrétiens étaient un petit peu abandonnés à leur sort,
11:29et ils servaient de bouc émissaire,
11:32ils étaient considérés comme des agents de l'étranger,
11:35alors même qu'ils étaient sur leur propre terre depuis toujours,
11:37mais ils étaient considérés comme des agents d'étranger
11:39parce qu'ils avaient été en contact privilégié avec la France.
11:45Donc on se servait un petit peu de ça pour leur faire croire
11:49qu'ils n'étaient pas chez eux, qu'ils n'avaient pas leur place,
11:51et qu'en plus ils étaient des traîtres.
11:53Donc évidemment, ça conduisait à des persécutions, à des violences.
11:58Et d'ailleurs, ce ressentiment envers les chrétiens
12:03à cause de leur rattachement à la France
12:05se ressent dans des témoignages qu'on a pu avoir.
12:09Par exemple, il y a l'archevêque de Saïda,
12:12là on est au milieu du XIXe siècle.
12:15Saïda, je rappelle, qui est au sud de l'Iban,
12:17au sud de Beyrouth, quoi.
12:19Au sud de Beyrouth, oui.
12:21Tout à fait.
12:22Et donc cet archevêque appelle la France au secours
12:26parce que justement, des violences commencent à se faire jour.
12:31Et il dit,
12:33nos ennemis nous injurient à cause de vous,
12:35donc en s'adressant aux Français,
12:38où sont, disent-ils, vos amis les Français ?
12:42Où sont vos rois chrétiens ?
12:43Où sont leurs bâtiments et leurs soldats ?
12:45Se présentent-ils pour vous secourir,
12:48chien d'infidèle que vous êtes ?
12:49Ils entendaient ça depuis les croisades.
12:52Absolument.
12:54Oui, vraiment.
12:55Parce que lors des croisades,
12:57il y a eu des rapprochements extrêmement forts
12:59entre certaines communautés, pas toutes,
13:01mais entre certaines communautés chrétiennes et la France.
13:06Et donc évidemment, ça a créé ce ressentiment envers les chrétiens.
13:11Et oui.
13:11Et les premiers massacres de masse, alors, des chrétiens,
13:14ont commencé à quelle période ?
13:16Et pour quelles raisons précisément ?
13:18Alors, vraiment, les massacres de masse,
13:21parce que malheureusement, il y en a eu bien avant,
13:22mais vraiment les massacres de masse en tant que telles,
13:25on peut parler du XIXe siècle.
13:27En fait, un firmant, c'est-à-dire un décret,
13:31avait été promulgué, qui s'appelle le Hati Umayoun.
13:35Et donc, ce décret,
13:36qui était un décret du sultan Abdoulmesside Ier...
13:40C'était l'Empire ottoman, rappelons-le,
13:42en plein l'Empire ottoman, bien sûr.
13:44Ah, absolument.
13:46Depuis la chute de Constantinople en 1453,
13:49c'était l'Empire ottoman qui régnait.
13:52Et donc, jusque-là, les chrétiens étaient considérés,
13:55et même avant l'Empire ottoman d'ailleurs,
13:57mais jusque-là, les chrétiens étaient considérés comme des dhimis.
14:00Alors, dhimis, ça veut dire protégés,
14:02mais en fait, dans la réalité,
14:04ils étaient surtout des sous-citoyens.
14:05Oui, pardon, citoyens de seconde zone,
14:07protégés et citoyens de seconde zone, c'est bien ça.
14:11Absolument.
14:11Mais il y avait donc un certain nombre d'interdits.
14:15Ils n'avaient pas le droit d'accéder à certains postes,
14:18ils n'avaient pas le droit de circuler dans certains endroits,
14:21ils devaient porter des signes distinctifs,
14:23payer un impôt spécial.
14:25Donc voilà, c'était quand même une situation
14:27qui était assez difficile.
14:30Et donc, avec ce firmant,
14:33l'Athium Mayoun,
14:35cette discrimination prend fin.
14:37Et on dit que maintenant,
14:39les chrétiens vont être des citoyens comme les autres,
14:43à l'égal des musulmans.
14:45Et le firmant ne va jamais être appliqué,
14:51mais juste l'annonce de ce firmant
14:52va être comme une traînée de poudre
14:55et va créer une grande colère dans la population musulmane.
14:59Et une si grande colère,
15:00qu'il y a même une fatwa qui va être lancée.
15:03Donc là, on est en 1860.
15:06Il y a une réunion secrète avec le gouverneur de Damas à l'époque.
15:10Et le chèque déclare que ce décret,
15:14ce firmant,
15:15a violé la loi islamique,
15:17qu'il est absolument impensable
15:19que les chrétiens soient considérés
15:23comme les égaux des musulmans.
15:25Et il dit,
15:26on a les écrits,
15:29il dit qu'on ne peut mettre un terme
15:32à ce décret
15:34et à cette fin de discrimination
15:36que par l'extermination générale des chrétiens.
15:40Et oui.
15:40Et donc, c'est là, dès 1860,
15:43qu'il y aura les fameux massacres au Liban,
15:45puis après à Damas.
15:47Quel a été le bilan de ces massacres ?
15:49Ils ont été terribles ?
15:51Oui.
15:53Les chiffres,
15:54c'est toujours difficile de donner des chiffres,
15:55parce que ça ne dit pas grand-chose.
15:57Les chiffres, ça reste très abstrait.
15:59Il y a eu une violence terrible,
16:02d'abord en effet au Liban
16:03et ensuite à Damas.
16:05Alors on parle de 22 000 morts,
16:06de 75 000 exilés,
16:08de 10 000 orphelins.
16:11Mais ce qu'il faut savoir,
16:12c'est que rapportés aux proportions de l'époque,
16:14ces chiffres sont vraiment monstrueux.
16:16C'est ça qu'il faut retenir.
16:18Et il y a eu aussi 3 000 femmes
16:21dont de très très jeunes filles
16:22qui ont été vendues
16:24dans les harems.
16:27Et c'était une pratique malheureusement
16:29assez systématique
16:30lors des massacres,
16:31lors des vagues de persécutions.
16:33Les femmes,
16:34les jeunes filles,
16:35parfois les petites filles,
16:36étaient donc vendues
16:38comme esclaves
16:39ou dans des harems,
16:41ce qui revenait un petit peu au même.
16:42Et on a même des témoignages,
16:43d'ailleurs,
16:44que des femmes parfois
16:46se suicidaient
16:47pour échapper
16:48à l'esclavage sexuel,
16:49à ce sort très cruel.
16:52Nous avons tout à fait connu ça
16:54avec Daesh et compagnie,
16:55enfin,
16:56comparaison n'est pas raison.
16:58Juste un mot,
16:58est-ce que ça préfigurait
17:00le génocide arménien,
17:03enfin,
17:03contre les Arméniens
17:04en 1915,
17:07ces événements du 19ème ?
17:09Alors,
17:10c'est plutôt
17:11les massacres amidiens.
17:12Parce que là,
17:13on est en 1860,
17:15donc là,
17:15c'est vraiment
17:16la Syrie,
17:18le Liban,
17:18enfin,
17:18ce qu'on appelle le bruit
17:19de la Syrie et le Liban.
17:20Mais après,
17:21les prémices
17:22du génocide
17:23de 1915
17:25sont les massacres amidiens
17:26qui ont lieu
17:27entre 1894
17:29et 1896
17:30qui ont pour cible
17:32les Arméniens
17:33au premier chef,
17:34mais aussi
17:34les Assyro-Caldéens
17:35et les Syriacs
17:37qui vont être absolument
17:38épouvantables
17:40à tout point de vue,
17:41que ce soit au niveau
17:41de l'ampleur des massacres
17:43que de la manière
17:43dont ils sont perpétrés.
17:45Et c'est ça
17:46qui va constituer
17:47les prémices
17:48du génocide
17:49de 1915.
17:50Et oui,
17:51et vous rappelez
17:51dans votre livre
17:52cet autre plan
17:53d'extermination
17:54qui a touché
17:55le Liban
17:55et une partie
17:56de la Syrie
17:56en 1914
17:58et 1918.
18:00Cet événement
18:00a décimé
18:01de nombreuses personnes
18:03dans ces pays,
18:04Karine Marais.
18:05Oui,
18:06parce qu'en fait,
18:06il y a eu
18:07le génocide
18:07des Arméniens,
18:09mais il y a eu
18:10aussi deux autres génocides
18:11dans le même temps.
18:12le génocide
18:13des Assyro-Caldéens
18:14et des Syriacs
18:15qui s'appelle
18:16le Cepho,
18:16qui veut dire
18:17épée en araméen,
18:18et le génocide
18:19des Grecs pontiques.
18:20Et à ces trois génocides
18:22s'ajoute
18:23un autre plan
18:24d'extermination
18:25qui était plus
18:26sournois
18:27parce qu'ils n'ont pas
18:28utilisé le fer,
18:29mais qu'ils ont utilisé
18:30la famine.
18:31Et une famine
18:32absolument terrible
18:33a sévi
18:34entre 1914
18:35et 1918
18:36dans une partie
18:37de la Syrie
18:38et au Liban
18:39et c'était
18:41une vraie volonté
18:42encore une fois
18:43d'exterminer
18:46les chrétiens.
18:47Ils n'ont pas
18:48utilisé épée
18:49parce qu'ils avaient
18:50peur que les troupes
18:51françaises débarquent.
18:52Donc c'était
18:53un moyen
18:53plus discret
18:54je dirais
18:55d'exterminer
18:55les chrétiens,
18:56mais néanmoins
18:56il y avait
18:57une vraie volonté
18:58pour le gouvernement
18:59jeune turc
19:00puisque tous
19:01les génocides
19:01ont été perpétrés
19:02par les turcs
19:03et celui du Liban
19:05aussi.
19:06Et d'ailleurs
19:06on a retrouvé
19:07des échanges
19:08entre
19:09Jamel Pacha
19:11le ministre
19:12de la marine
19:12et Anwar Pacha
19:14le ministre
19:15de la guerre
19:15et l'un des deux
19:17donc dit
19:18l'Empire ottoman
19:19ne recouvrera
19:20liberté et honneur
19:21que lorsqu'il aura
19:22été débarrassé
19:23des Arméniens
19:24et des Libanais
19:24nous avons supprimé
19:26les Arméniens
19:26par le fer
19:27nous supprimerons
19:28les Libanais
19:29par la faim.
19:30Donc on voit vraiment
19:30qu'il y a un plan
19:31d'extermination
19:31qui est très bien.
19:32C'est intéressant
19:32de rappeler
19:34ces lettres
19:34et ces documents.
19:35Mais à cette époque
19:36Karine Maron
19:37Marais
19:38la France
19:39elle avait encore
19:39une volonté
19:40de soutenir
19:41les chrétiens
19:43d'Orient
19:43jusqu'à quand
19:44cette politique
19:45de protection
19:46en quelque sorte
19:47a-t-elle duré
19:47en fait ?
19:49En fait elle a duré
19:50on peut dater
19:51ça de l'abandon
19:53de la Cilicie
19:53en 1921
19:56jusqu'à là
19:57en effet
19:57que ce soit
19:59la population
20:00l'opinion publique
20:02il y a vraiment
20:02une forte mobilisation
20:04même la diplomatie
20:05bien sûr
20:06puisque Napoléon III
20:07a été intervenu
20:08lors des massacres
20:10hamidiens
20:11donc
20:11des massacres
20:13de Beyrouth
20:14et de Damas
20:14pardon
20:14donc il y a une forte
20:16mobilisation
20:17et ça
20:18ça va s'arrêter
20:18complètement
20:19en 1921
20:20la Cilicie
20:21c'est une région
20:22dans le sud de la Turquie
20:23avec laquelle la France
20:24a des liens
20:26extrêmement forts
20:27depuis des siècles
20:27et des siècles
20:28et là on est en pleine
20:30guerre d'indépendance
20:31turque
20:32qui a duré
20:33de 1919
20:34à 1922
20:35qui était menée
20:36par Mustafa Kemal
20:37le nouvel homme fort
20:38de la Turquie
20:39et celui qui allait devenir
20:40le président
20:41de la République
20:43et ça va donner lieu
20:44à des massacres
20:46inouïs
20:47et donc en 1921
20:49au lieu de continuer
20:50à protéger
20:51et à soutenir
20:52les populations chrétiennes
20:53l'armée française
20:54va quitter
20:54la Cilicie
20:55donc elle va abandonner
20:57les chrétiens
20:58ni plus ni moins
20:58et encore pire que ça
21:01c'est à dire
21:02que non seulement
21:02elle les abandonne
21:03et en France
21:04il y a dans la presse
21:05où il y a des discours
21:06de politique
21:07qui expliquent en fait
21:08que les chrétiens
21:09ne risquent plus rien
21:10ils sortent de trois génocides
21:11plus la famine au Liban
21:13et on leur dit
21:14bah non
21:14Mustafa Kemal arrive
21:16massacre les populations
21:17mais les chrétiens
21:18ils s'inquiètent
21:19un peu pour rien
21:19donc ce n'est pas une faute
21:20de la part de la France
21:21d'être partie
21:22parce qu'il n'y a pas
21:23tous ces massacres
21:24que l'on évoque
21:26comme ça
21:27donc il y a en plus
21:28la propagande turque
21:29qui commence
21:30à avoir un écho
21:32en France
21:32et donc ça crée
21:34vraiment un véritable
21:35basculement
21:35aussi bien diplomatique
21:36que de l'opinion
21:37que de la presse
21:38à ce moment là
21:39et oui
21:39pour résumer
21:40en fait
21:40le 20ème siècle
21:41on peut dire
21:41Karine Marais
21:42il a été
21:43pour les chrétiens d'Orient
21:44le siècle des génocides
21:46le 21ème
21:47celui des exodes massifs
21:49André Bercoff
21:50aujourd'hui
21:50ces chrétiens d'Orient
21:51sont menacés
21:53de disparition
21:54on va en parler
21:54dans un instant
21:55sur Sud Radio
21:56alors reste avec
21:56Sud Radio
21:59la culture dans tous ses états
22:00André Bercoff
22:01Céline Alonso
22:02ça me rappelle des souvenirs
22:19Céline
22:20j'étais en Syrie
22:21j'étais en Syrie
22:21il y a quelques années
22:22déjà
22:23et on était à Maloula
22:24c'est Maloula
22:25c'est la ville
22:26où on parle encore
22:27arméen en Syrie
22:28et j'ai assisté
22:29à une messe
22:30en araméen
22:31et c'est vrai que
22:31c'est magnifique
22:33c'est extraordinaire
22:34et si vous voulez intervenir
22:36dans cette saga
22:37à la fois passionnante
22:39tragique
22:40mais aussi avec des instants
22:41de bonheur
22:42des chrétiens d'Orient
22:430826 300 300
22:46vous connaissez le numéro
22:47Céline
22:49alors qu'est-ce qui
22:50qu'est-ce qui se
22:52qu'est-ce qui se passe
22:53aujourd'hui
22:53et oui
22:54qu'est-ce qui se passe
22:54actuellement
22:55effectivement
22:56dans ces régions du monde
22:57on en parle
22:58avec notre invitée
22:59Karine Marais
23:00qui publie un livre
23:01passionnant
23:02aux éditions Ballandre
23:03et Bercoff
23:04sur les chrétiens d'Orient
23:05et leurs relations
23:06avec la France
23:07alors Karine Marais
23:08aujourd'hui
23:09les communautés chrétiennes
23:10peuvent-elles encore jouer
23:11un rôle central
23:13au Levant
23:13et au Moyen-Orient ?
23:15Oui absolument
23:17un rôle central
23:18et même un rôle indispensable
23:19alors on a
23:20l'habitude de parler
23:21de minorité
23:22mais c'est une minorité
23:23en fait en chiffres
23:25parce que
23:26les chrétiens
23:26sont peu nombreux
23:27par rapport
23:28aux autres communautés
23:29mais ils ne sont pas
23:30du tout minoritaires
23:31dans leur participation
23:33à l'histoire
23:33ils sont sur leur terre
23:34depuis toujours
23:36et ils ont toujours été
23:37des acteurs incontournables
23:39de l'histoire
23:40de la région
23:41et ils continuent
23:42à l'être
23:43aujourd'hui
23:44leurs écoles
23:46leurs hôpitaux
23:47profitent à tous
23:48ils sont des passerelles
23:50en plus
23:51entre les communautés
23:52au-delà
23:53des clivages religieux
23:54et ils sont surtout
23:56gages de pluralité
23:57justement
23:58ils apportent
23:58cette pluralité-là
23:59qui est vraiment
24:00indispensable
24:01aujourd'hui
24:01ils sont gages
24:03d'ouverture
24:03de coexistence démocratique
24:07aussi
24:07et ça
24:09aujourd'hui
24:10c'est pas
24:10leur présence
24:11au-delà du fait
24:13qu'elle est tout à fait
24:14légitime
24:14parce qu'ils sont
24:15sur leur terre
24:15et très
24:16et est indispensable
24:18pour l'équilibre
24:19de la région
24:20pardon Karine Marais
24:22quand même
24:22je veux bien
24:23que les chiffres
24:24comptent moins
24:24mais enfin
24:25il y a eu
24:26pour ne parler
24:27que du XXe siècle
24:28si on prend
24:29les chiffres
24:30du début
24:30du XXe siècle
24:31jusqu'à aujourd'hui
24:32donc un siècle
24:32et quelques plus tard
24:34le nombre
24:35des chrétiens
24:35d'Orient
24:36quand même
24:36a accusé
24:37une chute
24:38dramatique
24:40enfin assez retentissante
24:41oui
24:43là encore
24:45si on parle
24:45de proportion
24:46en fait
24:47ce qui se passe
24:48c'est que là
24:48les chrétiens
24:49font face
24:49à une véritable
24:50menace existentielle
24:51le XXe siècle
24:53il y a eu
24:54tous ces génocides
24:55c'était le siècle
24:55des génocides
24:56et là
24:56on est dans le siècle
24:57des exodes massifs
24:58et en effet
25:00les chiffres
25:01sont en train
25:02de fondre
25:04comme neige
25:05au soleil
25:05et c'est
25:07une véritable
25:08catastrophe
25:09pour l'Orient
25:11pour le monde
25:12et ça a commencé
25:13ces exodes massifs
25:14pour le siècle
25:15qui nous intéresse
25:16le nôtre
25:16avec l'invasion
25:18des Etats-Unis
25:20en Irak
25:21ou à la dictature
25:23de Saddam Hussein
25:24a succédé le chaos
25:25avec des assassinats
25:26des enlèvements
25:28des attentats
25:29qui ont évidemment
25:30provoqué
25:30ces exodes
25:32dès le début
25:33du siècle
25:33mais la France
25:35justement
25:35elle s'était opposée
25:36à cette intervention
25:37donc des Etats-Unis
25:38ensuite
25:39lors des révolutions arabes
25:40qu'elle a soutenies
25:41a-t-elle considéré
25:42vraiment le danger
25:43qui guettait les chrétiens
25:44Karine Marais
25:45juste une chose
25:46oui allez-y Karine
25:47parce que nous avons
25:47un auditeur
25:48on le prendra juste
25:49après la réponse
25:50oui de Karine Marais
25:51restez avec nous
25:52d'accord
25:53alors
25:53concernant les révolutions arabes
25:55en fait
25:56le quai d'Orsay
25:56a une position
25:57beaucoup plus d'ingérence
25:59que celle qu'elle avait eue
26:00quand elle s'était opposée
26:01à l'invasion de l'Irak
26:04et donc
26:05ils ont voulu dire aux chrétiens
26:08que les révolutions arabes
26:09étaient une chance pour eux
26:10que les chrétiens
26:12devaient accompagner
26:13ces changements
26:15tout à fait positifs
26:17inéluctables
26:17et que donc
26:18ils devaient en profiter
26:20justement
26:20pour une sorte de renaissance
26:23et on a vu
26:23ce que ça a donné
26:25et ça a donné même
26:27que la chute de Bachar el-Assad
26:28était tellement
26:29une priorité
26:30pour le quai d'Orsay
26:32pour la diplomatie française
26:33qu'à un moment donné
26:34ils n'ont plus fait la différence
26:35dans les groupes de rebelles
26:37entre les opposants au régime
26:39qu'ils soutenaient
26:40c'était cohérent
26:41puisqu'ils voulaient
26:41la chute de Bachar el-Assad
26:42mais ces groupes
26:44étaient aussi
26:45complètement noyautés
26:46complètement débordés
26:47et ça depuis le début
26:48par les djihadistes
26:50et donc la France
26:51indirectement
26:52a soutenu
26:52les djihadistes
26:53le front Al-Nosra
26:55fait du bon travail
26:56mais nous avons
26:56nous avons Michel
26:58qui nous appelle
26:59de Bretagne
27:00bonjour Michel
27:01oui bonjour André
27:02absolument
27:02bonjour à toute l'équipe
27:04et en particulier
27:05à madame Marais
27:06alors ma question
27:07est très courte
27:07et très simple
27:08quelle a été
27:09dès 1920
27:11apparemment
27:12par rapport à ce que
27:13j'ai entendu tout à l'heure
27:13l'attitude du Vatican
27:15et je pousserai même
27:18la question à dire
27:19et à l'heure
27:20où nous faisons
27:20cette émission
27:21alors quelle a été
27:24l'attitude du Vatican
27:25par rapport au chrétien
27:27là c'est pas la France
27:27mais enfin
27:28c'est une bonne question
27:29oui alors
27:31alors le Vatican
27:32on pourra peut-être
27:35en parler un peu plus tard
27:36dans l'émission
27:37justement avec
27:38avec Léon XIV bien sûr
27:40oui
27:40voilà voilà
27:42parce qu'il y a
27:42il y a une volonté
27:43justement
27:44d'unité
27:46le Vatican a toujours
27:47eu une position
27:49un petit peu
27:49un petit peu délicate
27:51prudente
27:52on peut dire prudente
27:54prudente
27:56oui
27:56c'est à dire que
27:57pendant les massacres
27:59dont on parlait
28:00tout à l'heure
28:01ils ont vraiment aidé
28:02le pape à l'époque
28:04à envoyer des circulaires
28:05à envoyer de l'argent
28:07etc
28:07donc il y avait vraiment
28:08une aide
28:09quand les chrétiens
28:10se faisaient massacrer
28:10mais il y a aussi
28:12une certaine défiance
28:13entre le Vatican
28:14et certaines communautés orientales
28:16parce qu'il y a
28:17certaines branches
28:18des communautés orientales
28:19qui sont catholiques
28:19mais celles qui ne sont pas catholiques
28:23une certaine défiance
28:25parce que
28:25vous savez
28:26qu'il y a eu
28:26ce grand schisme
28:28en 1054
28:29et même avant ça
28:30les petits schismes
28:31et les églises
28:33qui se sont détachées
28:34du pape
28:35et à l'époque
28:36l'idée du Vatican
28:39enfin du pape
28:40était de
28:41veiller d'être le chef
28:44de toute la communauté
28:45et donc il y a
28:46certaines communautés
28:47qui disaient
28:47nous on est en Orient
28:48il n'y a aucune raison
28:49pour dépendre du pape
28:50voilà donc
28:51il y a toujours eu
28:52cette défiance là
28:53et là on espère
28:54qu'on va retourner
28:56à l'unité
28:56je pense qu'on en reparlera
28:58on va en reparler
28:59absolument
28:59Karine Marais
29:01revenons aux Arméniens
29:02aujourd'hui
29:03ils font face
29:03encore
29:05à un même péril
29:06oui absolument
29:09les Arméniens
29:10c'est absolument terrible
29:12ce qui s'est passé
29:13dans l'Artsar
29:15c'est à dire
29:15le Haut-Karabakh
29:16il y a eu un blocus
29:18de 9 mois
29:20et à la suite
29:21de ce blocus
29:22il y a eu
29:23une offensive
29:24de l'Azerbaïdjan
29:26qui a mené
29:26à l'épuration ethnique
29:28du Haut-Karabakh
29:30donc c'est une région
29:31où les Arméniens
29:33étaient là
29:33depuis des millénaires
29:35et il se trouve
29:36que là
29:36en quelques jours
29:38suite à cette offensive
29:3985% de la population
29:41ce qui correspondait
29:42à peu près
29:43à 100 000 Arméniens
29:43ont été obligés
29:45de fuir
29:45ces terres millénaires
29:46ah oui
29:4785% de la population
29:49effectivement
29:50il faut le rappeler
29:52effectivement
29:52André Bercoff
29:53Kerdoghan
29:53rêve d'un empire
29:55ottoman
29:55et l'Arménie
29:57est vraiment un obstacle
29:58pour lui
29:58Karine Marais
29:59oui en effet
30:01parce que lui
30:01comme vous l'avez
30:03très justement
30:04il rêve
30:05de refonder
30:06ce grand empire
30:07et donc
30:08quand on regarde
30:08une carte
30:09on voit très bien
30:09que l'Arménie
30:10est un obstacle
30:11sur sa route
30:11pour aller jusqu'à
30:12la mer Caspienne
30:13et bien sûr
30:14au-delà
30:15donc il se sert
30:16de l'Azerbaïdjan
30:17pour concrétiser
30:19son projet
30:19d'ailleurs
30:20Erdogan
30:21dit souvent
30:21que la Turquie
30:22et l'Azerbaïdjan
30:23c'est une seule nation
30:25mais deux états
30:26donc on voit
30:27qu'ils poursuivent
30:28le même objectif
30:30et d'ailleurs
30:31pendant la guerre
30:32de 2020
30:33la guerre des 44 jours
30:34qui a eu lieu
30:35aussi en Artsar
30:36au Karabar
30:37à l'époque
30:38la Turquie
30:39avait envoyé
30:39à l'Azerbaïdjan
30:40des conseillers militaires
30:42des armes
30:43et surtout
30:43surtout
30:44avait envoyé
30:45des djihadistes
30:45des djihadistes
30:46qui avaient été recrutés
30:47en Libye
30:48et très très majoritairement
30:49en Syrie
30:504000 djihadistes
30:51uniquement pour se recruter
30:52en Syrie
30:53et donc
30:54vous voyez
30:56que c'est une espèce
30:57de déménagement
30:58du conflit
30:59et de ce point de vue
31:01et de ce point de vue
31:02Karine Marais
31:02la France
31:03pour revenir
31:03au rare bord
31:04n'a pas eu
31:07pour l'Azerbaïdjan
31:10a eu plutôt
31:10je dirais
31:11les yeux de Chimène
31:12et notamment
31:13l'Union Européenne
31:13la Commission Européenne
31:15avait reçu
31:15la Vondéryen
31:16qui est allée
31:17en Azerbaïdjan
31:18et la France
31:19je dirais
31:20la position de la France
31:21a été pour le moins
31:22ambiguë là-dessus
31:23non ?
31:24oui la France
31:25ne voulait pas
31:25s'en mêler
31:26en gros
31:26c'était le Drilland
31:28à l'époque
31:28qui parlait
31:29de neutralité
31:30il fallait rester neutre
31:32voilà
31:32c'est assez étrange
31:34et un effet
31:36sur l'Azerbaïdjan
31:37elle a renouvelé
31:39après la guerre
31:39des 44 jours
31:40des contrats
31:41de gaz
31:43avec l'Europe
31:43on manquait de gaz
31:44en Europe
31:45parce qu'il y avait
31:45des sanctions
31:46appliquées à la Russie
31:47le pétrole a ses raisons
31:48que la raison ignore
31:50oui mais néanmoins
31:52au bout du compte
31:52on s'est retrouvé
31:53à HTA
31:54à l'Azerbaïdjan
31:55du gaz
31:56pour partie
31:57qui venait de Russie
31:58et qu'on a payé
31:58beaucoup plus cher
31:59et en disant
32:00en plus
32:00au président Aliyev
32:03le président de l'Azerbaïdjan
32:04qu'il était
32:04un partenaire fiable
32:06et de confiance
32:07selon les mots
32:07Ursula von der Leyen
32:09et oui André Bercoff
32:10Ursula von der Leyen
32:11toujours fidèle
32:12à elle-même André
32:13Ursula von der Leyen
32:15effectivement
32:16vous savez
32:16c'était De Gaulle
32:18qui disait
32:19c'est terrible à dire
32:20une nation
32:20n'a pas
32:21mais il n'a pas tort
32:22une nation
32:23n'a pas d'amis
32:24elle n'a que des intérêts
32:25et hélas
32:26ça ne veut pas dire
32:27qu'il faut l'accepter
32:28ça veut dire simplement
32:29qu'il faut le constater
32:30et en tenir compte
32:31et de ce point de vue là
32:33au-delà de l'Arménie
32:35Karine Marais
32:36aujourd'hui
32:37si on fait
32:39si on fait
32:40un état des lieux
32:41et vous l'avez fait
32:42magnifiquement
32:43dans votre livre
32:44au fond
32:46est-ce que ce n'est pas ça
32:47le problème
32:47et depuis toujours
32:48c'est que
32:49effectivement
32:50il y a heureusement
32:51des embrasements
32:52des embrasements
32:52de morale
32:53d'émotion
32:54et puis aussi
32:55d'intérêt
32:56mais que quelquefois
32:57le seul
32:58le seul intérêt
32:59la réelle politique
33:01aussi
33:01l'emporte
33:02Oui
33:03tout à fait
33:04mais le problème
33:05c'est que
33:06c'est une politique
33:07à courte vue
33:08alors qu'on est dans
33:09un enjeu civilisationnel
33:11et donc là
33:11on voit qu'il y a
33:12une démission
33:13en effet
33:14de la diplomatie
33:15de la communauté internationale
33:16en général
33:16mais une démission
33:18en fait
33:18qui n'est pas un bon calcul
33:19parce que même
33:20si on reste
33:20sur le calcul
33:22sur la réelle politique
33:23au bout du compte
33:24ça va créer
33:27des choses
33:29qui
33:29il n'y aura pas
33:30de retour en arrière
33:31possible
33:32une fois qu'il n'y aura plus
33:32de chrétiens en Orient
33:33il n'y aura pas de retour
33:34en arrière possible
33:35et on va être confronté
33:36à deux blocs
33:37alors que la diplomatie
33:39donc patauge
33:40je ne sais absolument
33:40plus quoi faire
33:41ne comprend plus rien
33:42à rien
33:42et on a besoin
33:43des chrétiens justement
33:45qui sont ces médiateurs
33:46entre l'Orient et l'Occident
33:47et qui connaissent le terrain
33:48et qui cherchent
33:49à nous alerter
33:50toujours
33:50et qu'on n'écoute pas
33:52et ça il faudrait
33:52réapprendre
33:53à écouter
33:54ceux qui connaissent
33:55les sujets
33:56en diplomatie
33:57et en politique
33:58en général
33:58En un mot Karine
34:00mais quel rôle
34:01précisément aujourd'hui
34:02la France
34:03peut-elle encore jouer
34:04alors ?
34:06La France
34:06elle gagnerait déjà
34:07à être plus courageuse
34:09ça c'est juste
34:10une question de dignité
34:11vous voyez
34:11je dis ça
34:11c'est pour la gloire
34:12pour l'honneur
34:13elle gagnerait
34:14à être plus courageuse
34:15et plus fidèle
34:16à son histoire
34:16parce qu'elle a quand même
34:18été liée aux chrétiens d'Orient
34:19et quelque part
34:19ça nous oblige
34:20donc elle gagnerait ça
34:22mais aussi
34:22si on est plus
34:24dans les calculs
34:25dans la réelle politique
34:26elle gagnerait
34:27tout simplement
34:28justement
34:29à soutenir
34:30les chrétiens
34:31à établir
34:32un dialogue
34:33pérenne avec eux
34:34pour leur permettre
34:35de rester sur leur terre
34:36et ainsi
34:37ces chrétiens
34:39peuvent devenir
34:40aussi des médiateurs
34:42entre Orient
34:43et Occident
34:44et ça pourrait être
34:46pour la France
34:47elle pourrait à nouveau
34:48briller
34:48justement dans la diplomatie
34:50en disant
34:50qu'elle a trouvé
34:51des solutions
34:51justement pour faire dialoguer
34:53le Nord, le Sud
34:54l'Orient et l'Occident
34:55et on va en reparler
34:56dans un instant
34:57sur Sud Radio
34:58on reparlera du Vatican
34:59le pape XIV
35:00qui a déclaré
35:01Léon XIV
35:02oui pardon
35:03Léon XIV
35:04qui a déclaré
35:05ceci
35:06lors d'un discours
35:08dernièrement
35:08il faut donner aux chrétiens
35:09la possibilité
35:10et pas seulement en parole
35:11de rester sur leur terre
35:13avec tous les droits
35:14nécessaires
35:15à une existence
35:16sûre
35:17André Bercoff
35:18on se retrouve
35:19dans un instant
35:19sur Sud Radio
35:20avec Karine Marais
35:21Sud Radio
35:24la culture
35:25dans tous ses états
35:26André Bercoff
35:27Céline Alonso
35:27toujours cette merveilleuse
35:43langue arabéenne
35:44Céline
35:45et oui André Bercoff
35:46et en cette journée
35:47de l'ascension
35:48et bien sur Sud Radio
35:49nous parlons
35:49des chrétiens
35:50d'Orient
35:51André Bercoff
35:51avec notre invitée
35:53Karine Marais
35:54qui publie un livre
35:56passionnant
35:56docteur en sciences du langage
35:57exactement
35:58qui publie un livre
36:00remarquable
36:00aux éditions Ballon
36:01André
36:01alors selon vous
36:02Karine Marais
36:03le Vatican
36:04peut-il vraiment
36:05jouer un rôle
36:05diplomatique
36:07pour venir en aide
36:08aux chrétiens d'Orient
36:09le pape
36:10donc Léon XIV
36:11a évoqué ce sujet
36:12lors de son discours
36:13aux participants
36:14du jubilé
36:14des églises orientales
36:15le 14 mai dernier
36:16oui tout à fait
36:19son discours
36:21était absolument
36:22formidable
36:23il était salué
36:24d'ailleurs
36:24par les communautés
36:26chrétiennes
36:27il a insisté
36:29sur la nécessité
36:30de permettre
36:31aux chrétiens
36:32de rester sur leur terre
36:33parce que
36:34aider les chrétiens
36:35d'Orient
36:35c'est leur permettre
36:37justement
36:37de rester sur leur terre
36:38pas les déraciner
36:40il est très conscient
36:41de ça
36:42et il ne s'est pas
36:43contenté
36:44de rester dans la passivité
36:45de déplorer
36:46de condamner
36:47comme le font beaucoup
36:50comme le font beaucoup
36:51oui
36:51voilà
36:53je n'osais pas
36:54aller au plus de la presse
36:54mais vous lisez
36:55dans mes pensées
36:56et lui
36:57il a appelé à l'action
36:58le nouveau pape
36:59il a appelé à l'action
37:00il ne déplore pas
37:02il s'engage
37:02il a même proposé
37:03lors de ce discours
37:05une rencontre
37:06un dialogue
37:06des négociations
37:08au sein siège
37:09entre les différentes
37:10les différentes parties
37:12et oui
37:12alors l'une de ses volontés
37:14est vraiment
37:15de revenir
37:16André
37:16à l'unité de l'église
37:18mais toutes les églises
37:19d'Orient
37:19Karine Marais
37:20ne dépendent pas de lui
37:22et non
37:23et d'ailleurs
37:24dès le début
37:26les églises
37:28se sont construites
37:28au-delà
37:29des territoires
37:30sous domination impériale
37:32et donc ça a créé
37:34dès les premiers siècles
37:35une mosaïque
37:35de communautés
37:36avec des liturgies
37:37des rites
37:38des langues
37:39différentes aussi
37:40qui étaient organisées
37:41en patriarcat
37:42et le premier concile
37:44d'ailleurs le premier concile
37:45c'est en 325
37:46nous fêtons
37:46nous célébrons cette année
37:47les 1700 ans
37:49de ce premier concile
37:51qui avait été convoqué
37:52par Constantin
37:54le concile
37:54donc c'est une assemblée
37:55d'évêques
37:56où l'on parle
37:58de la foi
37:59de l'église
38:00et Constantin
38:02avait convoqué
38:02ce concile
38:03donc il y a 1700 ans
38:04justement
38:05pour préserver
38:06l'unité
38:07du peuple de Dieu
38:08ce sont ces mots
38:09puisque dès le départ
38:11l'église se vote une
38:12il y a eu vraiment
38:14une unité
38:14qui était très très
38:15importante
38:16qui est primordiale
38:17dans le message
38:18du Christ
38:19dans le message
38:20de l'église
38:20et donc il y avait
38:22cette volonté d'unité
38:23mais après
38:24au fil des siècles
38:25vous savez
38:25les gens sont des humains
38:27aussi
38:27et donc
38:28il y a eu
38:30beaucoup de péripéties
38:31et les églises
38:33sont peu à peu
38:33détachées
38:34de Rome
38:35et certaines après
38:36sont revenues
38:37vers Rome
38:39et donc maintenant
38:39sont catholiques
38:40des églises orientales
38:41mais il y a encore
38:42des branches
38:43qui sont restées
38:44et ça a été vraiment
38:45comme je disais tout à l'heure
38:46c'est le grand schisme
38:46en 1054
38:47qui a vraiment marqué
38:48d'une manière
38:49plus symbolique
38:50qu'autre chose
38:50parce qu'à l'époque
38:51le grand schisme
38:52quand il a eu lieu
38:53on pensait que c'était
38:54juste encore
38:55une séparation
38:56une querelle de plus
38:57et c'est après
38:59vraiment
38:59que ça s'est installé
39:01dans le temps
39:01et que c'est devenu
39:02la date symbolique
39:02de la grande séparation
39:04de l'église
39:05Et à l'égard
39:06des églises orthodoxes
39:08quelle est la position
39:09du Vatican
39:09Karine Marais ?
39:11Là on remarque
39:12depuis plusieurs pontificats
39:14il y a une vraie volonté
39:15de rapprochement
39:16une vraie volonté
39:17d'unité
39:19mais c'est très très long
39:20évidemment
39:21c'est un long cheminement
39:22parce que ce sont
39:23des fractures
39:24qui existent
39:25depuis des siècles
39:26et des siècles
39:26et des siècles
39:27alors par exemple
39:28cette année
39:29c'est l'année sainte
39:30c'est le jubilé
39:31et Pâques
39:32est tombé
39:33à la même date
39:34pour les catholiques
39:35et les orthodoxes
39:36alors par un hasard
39:38de calendrier
39:39alors c'est symbolique
39:40mais c'est une fête
39:41qui est extrêmement importante
39:41pour les chrétiens
39:42qui est la plus importante
39:43pour les chrétiens
39:44et à l'instar
39:45du pape François
39:46le patriarche
39:48œcuménique de Constantinople
39:50Bartholomé Ier
39:51a appelé de ses voeux
39:53une célébration pascale
39:54qu'il ne soit plus
39:55justement
39:55une coïncidence
39:57comme ce fut le cas
39:58cette année
39:58mais que ce soit
40:00le début
40:01de la fixation
40:02d'une date commune
40:03pour le christianisme
40:04occidental
40:05donc on voit
40:06que de part et d'autre
40:06il y a vraiment
40:07une volonté
40:07de rapprochement
40:08d'unité
40:09Léon XIV
40:10donc le nouveau pape
40:12lui aussi a insisté
40:13sur l'unité de l'église
40:15dans son homélie
40:16lors de la messe
40:18d'inauguration
40:18du pontificat
40:19donc on voit
40:20que c'est aussi
40:20une de ses priorités
40:21et puis surtout
40:22sur son blason
40:23il y a sa devise
40:25et sa devise
40:26c'est
40:27in ilo uno unum
40:28en celui
40:30qui est un
40:31soyons un
40:32donc là
40:33on voit
40:33qu'il y a
40:34une vraie volonté
40:35de Léon XIV
40:36à la suite
40:37des papes précédents
40:38d'aller vers une unité
40:40puisque là
40:41on revient
40:42au message
40:42d'origine de l'église
40:43un seul maître
40:44une seule fois
40:45oui mais nous sommes loin
40:46d'un seul maître
40:47une seule fois
40:48évidemment
40:48avec toutes ces
40:50c'est seulement
40:51juste un mot
40:52cette émission
40:54et vraiment
40:55grâce à vous
40:55est passionnante
40:56Karine-Marie
40:57vous êtes optimiste
40:58ou pessimiste
40:59sur l'avenir
40:59des chrétiens
41:00d'Orient
41:01comme on les appelle
41:02vous personnellement
41:04vraiment
41:04je crois
41:08que la période
41:09est en effet
41:10très très très
41:11périlleuse
41:122025
41:14est placée
41:15sous le signe
41:15de l'espérance
41:16vous savez
41:16c'est la ligne du jubilé
41:17on veut l'unité
41:19donc j'ai envie de dire
41:21c'est le jour de l'ascension
41:22donc j'ai envie de dire
41:23qu'il faut garder
41:24l'espérance
41:25et qu'il faut suivre
41:26l'exemple
41:27de ces chrétiens
41:28des origines
41:28qui ont autant de courage
41:29et qui eux
41:30gardent l'espérance
41:31alors qu'ils sont dans
41:32des situations
41:33tellement difficiles
41:34et que nous
41:34la moindre des choses
41:35c'est d'essayer
41:36d'être là pour eux
41:37et de dire
41:38qu'on fait tout
41:40pour qu'ils puissent
41:42rester sur leur terre
41:43et pour être avec eux
41:45voilà
41:45merci Karine Marais
41:47d'être venue sur Sud Radio
41:48je rappelle que votre livre
41:49Les chrétiens d'Orient
41:50et la France
41:51mille ans d'une passion
41:52tourmentée
41:53est publié aux éditions
41:55Ballon
41:55tout de suite
41:56vous retrouvez
41:57Brigitte Laé
41:57sur Sud Radio

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