Nouvelle-Calédonie, gouvernement Bayrou, ZFE, justice et présidentielle 2027... Marine Le Pen, en déplacement en Nouvelle-Calédonie, a donné un entretien à franceinfo durant lequel la cheffe des députés RN a balayé de nombreux sujets politiques.
00:00Bonjour Marine Le Pen. Bonjour. On est à mi-parcours de votre visite en Nouvelle-Calédonie. Vous avez déjà rencontré beaucoup d'acteurs politiques, y compris les indépendantistes, dont vous n'êtes pourtant historiquement pas proche, loin de là.
00:12Vous voulez montrer quoi ? Que vous faites mieux que le gouvernement ?
00:16Non, je ne suis pas dans une compétition de ce type, mais je veux montrer qu'en réalité, mettre la réforme institutionnelle comme seul et unique sujet de discussion, c'est évidemment repositionner les gens, les uns face aux autres, les uns contre les autres.
00:33Alors moi, je pense que la situation économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie nécessite qu'on ait une réflexion urgente sur la reconstruction, sur le développement économique, sur quelles grandes filières, quels grands projets, quelles grandes infrastructures.
00:48Et qu'à partir du moment où on aura réfléchi ça, alors il faut expliquer aux indépendantistes que pour obtenir les financements, pour obtenir les investissements, il faut envisager un nouveau référendum d'ici 40 ans.
01:0140 ans, c'est votre projet ?
01:03Oui, je le pose sur la table. Je pense que 40 ans...
01:06Certains vous disent aux calandres grecs.
01:07Non, ce n'est pas les calandres grecs. C'est que dans des investissements avec des infrastructures lourdes du type, je ne sais pas, par exemple, des centrales nucléaires modulaires, pour pouvoir obtenir une électricité à bas coût pour les trois usines qui sont aujourd'hui dans des lourdes difficultés à cause du prix de l'électricité.
01:28Il y a des investissements. Il faut quand même les prévoir sur un certain temps. Pour faire revenir les investisseurs, pour faire investir les privés, il ne faut pas que les types se disent « j'investis dans une énorme usine », mais en réalité, si ça se trouve, demain matin ou dans trois mois, je vais être obligée de partir ou on va la brûler.
01:47Vous voyez, ce n'est pas possible. Donc, la Nouvelle-Calédonie, elle a besoin de stabilisation, mais l'économie, parce que derrière, il y a aussi le social.
01:54Or, les accords de Nouméa, qui devaient rééquilibrer entre la province nord et la province sud, ont effectué un rééquilibrage social, mais pas un rééquilibrage économique.
02:07Du coup, ça ne marche pas.
02:08Vous demandez Marine Le Pen à Emmanuel Macron de participer aux consultations qu'il va organiser le mois prochain à Paris. Pourquoi faire ? Vous dénoncez les mauvaises méthodes du gouvernement sur la Nouvelle-Calédonie.
02:19Pourquoi vouloir participer à ces consultations ?
02:21Je dis encore une fois que la mauvaise méthode que je reproche au gouvernement, c'est précisément de se focaliser exclusivement sur la réforme institutionnelle.
02:29Enfin, regardez la classe politique calédonienne. Moi, je n'ai entendu aucun projet structurant pour la Nouvelle-Calédonie, pour l'avenir.
02:35Il y a quand même des habitants qui attendent demain quel emploi, quel niveau de pouvoir d'achat, quelles décisions vont être prises pour nous, pour nos enfants.
02:45Ils n'obtiennent aucune réponse. Il y a un face-à-face entre les anti-indépendantistes et les indépendantistes qui ont tendance d'ailleurs à se radicaliser les uns les autres.
02:53Et le gouvernement valide cela. Je pense que c'est une mauvaise méthode. Je pense que ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.
02:59Il faut partir encore une fois du travail en commun sur l'économie pour réussir potentiellement à rapprocher les positions sur la réforme institutionnelle, en tout cas sur le chemin de la réforme institutionnelle.
03:10Sincèrement, vous pensez qu'il vous invitera sans inviter les autres forces politiques ?
03:14Oui, s'il veut inviter les autres forces politiques, il peut le faire. Moi, je demande à être présente parce que je fais 40% au second tour de l'élection présidentielle en Nouvelle-Calédonie,
03:23que je m'y intéresse depuis de nombreuses années, que j'ai beaucoup travaillé sur ce sujet, que je suis le premier groupe à l'Assemblée nationale.
03:29Et donc, je pense que c'est dommage d'écarter, puisque le débat un jour aura lieu à l'Assemblée, puisque le débat aura lieu un jour au Congrès, d'écarter la première force politique de l'Assemblée nationale de ce type de discussion.
03:41Et puis, peut-être, ai-je des choses à apporter ? En tout cas, en tout cas, j'ai été reçu par l'ensemble des acteurs, vous avez raison de le rappeler, et de manière extrêmement courtoise.
03:50Et je crois, pour un certain nombre d'entre eux, intéressé.
03:53Et c'est bien vous, Marine Le Pen, qui irait participer à ces consultations, si le président accepte, évidemment, sans Jordan Bardella, dont vous disiez ce matin,
04:00« je ne suis pas sûr qu'il connaisse très bien la Nouvelle-Calédonie ». C'est votre remplaçant, pourtant, Jordan Bardella ?
04:06D'accord, mais en l'occurrence, si vous voulez, on a travaillé sur des dossiers différents.
04:12Moi, je connais très bien la Nouvelle-Calédonie, mais enfin, Jordan, il est tellement performant que je vais vous dire,
04:17si vous lui dites « tu connais la Nouvelle-Calédonie », deux jours après, il va quand même connaître l'ensemble des sujets qui sont importants.
04:24Mais moi, au long cours, vous essayez toujours de tirer des éléments négatifs.
04:31Maintenant, partout où je vais, il faut qu'on soit main dans la main avec Jordan Bardella.
04:34Vous ne trouvez pas ça ridicule ? Vous ne croyez pas qu'on a assez de travail à faire ?
04:38Là, il va aller à l'étranger. Je ne vais pas venir avec lui, si vous voulez. On se partage le travail.
04:46Moi, je connais très bien ce dossier de Nouvelle-Calédonie, j'ai beaucoup travaillé sur ce dossier.
04:49Ce n'est pas honteux de dire que je le connais mieux qu'il ne le connaît, parce que ça fait très longtemps que j'y viens.
04:57Je pense que la première fois que je suis venue en Nouvelle-Calédonie, c'était en 2008.
05:01Donc, voilà, on se partage le travail en toute sérénité, en toute tranquillité, en toute confiance.
05:07Vous arrivez à l'Élysée demain. Comment est-ce que vous résolvez la crise calédonienne d'un point de vue institutionnel, Marine Le Pen ?
05:14Je démarre avec les propositions de développement économique.
05:19Est-ce que la Nouvelle-Calédonie pourrait être un objet de censure au Parlement, si jamais le gouvernement n'écoutait pas vos prérogatives, vos conseils sur la Nouvelle-Calédonie ?
05:28Non, mais il faut arrêter, encore une fois, à chaque fois qu'on a un désaccord avec le gouvernement, de nous poser la question de savoir si on va censurer ou pas censurer.
05:33Ça devient ridicule, la censure, ce n'est pas un but en soi. Je ne suis pas là pour me faire plaisir à censurer un gouvernement.
05:38Je l'ai fait, on l'a fait, parce que quand M. Barnier proposait 20 milliards d'impôts supplémentaires, on a dit que ce n'est pas possible.
05:45Il va tuer les entreprises qui sont déjà dans des difficultés et il va alourdir la charge sur les Français qui n'en peuvent plus.
05:53Si M. Bayrou fait la même chose au prochain budget, les mêmes causes entraîneront les mêmes effets qu'il en soit absolument assuré.
05:59Donc, c'est « revoyons-nous à l'automne », c'est ça le message ?
06:01C'est « attention, ce que nous avons dit, encore une fois, à M. Barnier, nous l'avons dit à M. Bayrou, nous le redirons à M. Bayrou,
06:10qu'il arrête de demander des efforts aux Français et qu'il commence par en faire à lui, sur le train de vie de l'État, sur les agences qui coûtent une fortune
06:17et qui n'apportent pas, objectivement, tout un bénéfice majeur aux Français, qui commencent par mettre en œuvre la réduction des investissements financiers
06:28que nécessite la politique parfaitement dérégulée d'immigration, qui commence par ça.
06:34C'est toujours la même chose. C'est tellement facile de demander des efforts aux Français, sauf que les Français, ils ne peuvent plus en donner des efforts.
06:40C'est impossible. Ils sont à l'os.
06:42Parlons de ces ZFE, les zones à faible émission. Elles ont été supprimées par les députés hier soir à l'Assemblée.
06:48Vous n'y étiez pas puisque vous êtes à Nouméa en ce moment. Vous parlez d'une victoire, une victoire sur l'écologie ?
06:54Non, d'une victoire sur l'écologie punitive, mais surtout d'une victoire pour les Français et notamment pour les plus modestes.
07:00Ceux qui n'avaient pas les moyens d'acheter une voiture électrique et qui ont une voiture qui, parfois, a 8 ans, 9 ans, 10 ans,
07:09mais qu'ils entendent conserver jusqu'à ce que celle-ci ne roule plus.
07:13Vous voyez, parce que quand on est dans des situations économiques tellement difficiles,
07:17on ne met pas en place un apartheid social.
07:19C'est-à-dire une différence entre ceux qui peuvent se payer la voiture électrique et ceux qui ne peuvent pas se payer la voiture électrique.
07:25Le pouvoir d'achat, donc.
07:26La liberté de circulation dans l'ensemble du territoire français est un droit.
07:32C'est un droit que nous défendrons, et je n'entends pas, défendre des politiques qui mettent en place le droit pour ceux qui ont les moyens de se déplacer
07:41ou de venir dans les centres-villes et l'interdiction pour ceux qui n'ont pas les moyens de le faire.
07:45C'est, je considère que c'est profondément une honte.
07:48Donc, évidemment, nous avons combattu pour que ces ZFE soient supprimées.
07:52Elles sont supprimées.
07:53Je m'en réjouis.
07:54Si je vous pose la question, c'est qu'on ne vous entend plus jamais parler d'écologie.
07:58Mais vous avez totalement tort.
07:59Quand nous défendons l'idée que nous devons produire sur place, faire de la relocalisation d'activités,
08:04nous luttons pour l'environnement, puisque, encore une fois, 50% des émissions de CO2 sont le fait des importations.
08:14Donc, le fait de baisser les importations en produisant sur notre territoire est un moyen, précisément, de défendre l'écologie.
08:21Mais l'écologie punitive, c'est non.
08:25C'était non hier, c'est non aujourd'hui, ce sera non demain.
08:27Et on voit d'ailleurs qu'elle recule parce que les Français se rendent bien compte que les mesures qui leur sont demandées sont profondément injustes et, en plus, accessoirement inutiles.
08:38Et que ceux qui les portent sont en totale contradiction avec eux-mêmes.
08:42Si les écologistes étaient, comment dire, cohérents, ils lutteraient pour la relocalisation de l'activité en France et ils défendraient le nucléaire parce que c'est, encore une fois, l'énergie la plus propre.
08:55Est-ce qu'ils le font ? Réponse non.
08:56Un mot, Marine Le Pen, du procès en appel qui vous attend l'année prochaine dans l'affaire des assistants d'eurodéputés du FN pour lequel vous avez été condamnée à une peine d'inéligibilité.
09:06Est-ce que, oui ou non, vous allez changer votre ligne de défense dans ce deuxième procès ?
09:10Et pourquoi je changerais ma ligne de défense ?
09:11Parce que vous avez été condamnée.
09:14Ah bon, c'est comme ça que ça fonctionne ?
09:15Donc, en réalité, il faut s'adapter à qui, à quoi ?
09:19Vous la connaissez, ma ligne de défense ?
09:21Ma ligne de défense, ça a été de dire, nous n'avons rien à nous reprocher pour une raison simple.
09:25C'est que vous jugez aujourd'hui le fait qu'ils ont eu lieu il y a 20 ans, il y a 20 ans, les réglementations qui étaient en application n'étaient pas les mêmes que celles d'aujourd'hui.
09:34Que faire de la politique avec son assistant parlementaire, c'est précisément le rôle, en fait, d'un député d'opposition quand il est dans sa circonscription nationale.
09:44Donc, que je n'ai pas été entendu dans les arguments que j'ai développés auprès du tribunal, qu'il n'ait pas souhaité m'entendre.
09:48Je crois comprendre pourquoi, en lisant le jugement, quand même, c'est qu'il y a quand même un sacré parti pris de la part du tribunal.
09:55Un parti pris qui a fait d'ailleurs oublier au tribunal l'application de la réserve d'interprétation qui a été posée par le Conseil constitutionnel, alors que le jugement est postérieur à cette réserve d'interprétation.
10:08Et je pense que, d'ailleurs, cette omission, dirais-je poliment, sera sanctionnée.
10:15Donc voilà, je n'ai pas été entendu. Je vais retenter d'être entendu lors de l'audience de cours d'appel.