Un hommage est-il neutre ? Depuis le 31 mars, une enseignante d’un lycée de Sens, dans l’Yonne, est suspendue par le rectorat pour avoir organisé en classe, avec ses élèves de seconde, une minute de silence pour les victimes des bombardements israéliens à Gaza, une procédure disciplinaire qui provoque la colère de plusieurs de ses collègues et des syndicats.
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00:00Faire une minute de silence pour des personnes qui sont mortes,
00:03mais ça devrait être normal.
00:05Censurer, empêcher de parler d'un génocide,
00:08ça c'est hautement politique.
00:09Une minute de silence est-elle neutre ?
00:11À Sens, dans Lyon, une professeure de physique-chimie
00:14a été suspendue par le rectorat
00:15après avoir observé une minute de silence
00:18pour les victimes de Gaza
00:19avec ses élèves de seconde du lycée Jeannot-Curie
00:21en mars dernier.
00:22Une mesure révoltante pour les syndicats
00:24qui la soutiennent et organisent aujourd'hui
00:26plusieurs rassemblements en France,
00:28notamment ici à Sens.
00:29Si elle veut venir dire un mot,
00:30je pense que c'est la meilleure personne pour commencer à parler.
00:40Je suis un peu stressée, je ne vais pas vous mentir,
00:42je ne m'attendais pas à ça.
00:44Quand des voix tentent de dénoncer le génocide,
00:46on les accuse d'apologie du terrorisme.
00:48Et quand une de ces voix, par empathie
00:50avec la multitude des victimes civiles à Gaza,
00:53réalise une minute de silence en leur mémoire
00:55à la demande d'élèves terriblement touchés
00:56par ce qui s'y passe,
00:57l'éducation nationale brandit le spectre
00:59de la neutralité politique
01:00pour suspendre cette enseignante.
01:02C'est juste une question d'humanité,
01:03ce qu'elle a fait.
01:04Donc toute sanction serait vraiment intolérable.
01:07C'est particulièrement scandaleux
01:08qu'une de nos collègues
01:09qui a une liberté pédagogique en fait
01:11et une liberté d'expression
01:12soit suspendue.
01:14C'est une mine de silence humaine
01:15que n'importe qui, je pense,
01:17et n'importe quel collègue
01:17aurait pu faire face au drame
01:20que vivent les Palestiniens aujourd'hui.
01:21Dans cette histoire,
01:22deux versions s'opposent.
01:22Les syndicats affirment que cette minute de silence
01:24était une idée des élèves.
01:26Le rectorat, lui, avance
01:27que c'était une initiative de la professeure.
01:29Dans tous les cas,
01:30mettre en place cet hommage en classe
01:31était un manquement à l'obligation
01:33de respect de neutralité,
01:35selon les explications
01:35de l'Académie de Dijon à France Bleue.
01:37Comment ça s'est passé concrètement,
01:44cette minute de silence ?
01:45C'était votre idée au départ ?
01:46Alors, ce n'était pas mon idée.
01:50Ce sont les élèves d'une des classes
01:52qui me l'ont proposé.
01:54Il y avait eu la rupture
01:55du cessez-le-feu à Gaza,
01:57plus de 400 mœurs,
01:58un événement assez terrible
01:59pour les élèves.
02:01Et j'en avais parlé un peu le lendemain
02:02en me disant que j'étais présente
02:05s'ils avaient besoin d'en parler.
02:06Et la semaine d'après,
02:08des élèves me demandent
02:10si on peut prendre un temps
02:11en mémoire.
02:13Et j'ai spontanément dit oui.
02:14Est-ce que faire un hommage
02:15pour un événement en particulier
02:16ou pour une population en particulier,
02:18ce n'est pas aussi prendre position ?
02:20Je ne pense pas.
02:21Parce que déjà,
02:22des minutes de silence,
02:23elles ont déjà été faites dans le passé.
02:25On a fait une minute de silence
02:26pour Samuel Paty.
02:27On a fait une minute de silence
02:28pour le 11 septembre.
02:29Cette minute de silence,
02:30elle est pour toutes les victimes civiles.
02:33Donc, à mes yeux, c'est neutre.
02:36Et encore, merci à tous de vous.
02:53Faire une minute de silence
02:54pour des personnes qui sont mortes,
02:56ça devrait être normal.
02:58En quoi est-ce que c'est politique,
02:59en fait,
03:00de regretter la mort de personne ?
03:03Je trouve ça incompréhensible.
03:05Et à l'inverse,
03:06je trouve que censurer,
03:08empêcher de parler d'un génocide,
03:10ça, c'est hautement politique.
03:12Pour vous, c'était une fonte
03:13ou pas, cette minute de silence ?
03:14Alors, c'est délicat
03:17parce que c'est politique.
03:19Je comprends et je soutiens ma collègue.
03:22Après, moi, personnellement,
03:23je pense que si ça m'était arrivé,
03:26je ne sais pas si je serais allée
03:27au bout de la démarche.
03:30Mais en tout cas,
03:31dans la situation,
03:33il n'est pas normal
03:34qu'elle ait été mise en retrait
03:37de tout le monde aussi longtemps.
03:39C'est une histoire
03:39qui aurait pu être réglée,
03:41je veux dire,
03:41en une semaine,
03:42si jamais il y avait eu une discussion.
03:44Elle a fait son devoir de professeur.
03:45Elle nous a dit
03:45que s'il y avait besoin d'en parler
03:47ou si on sentait nécessaire
03:48de faire une minute de silence,
03:50on pouvait.
03:51Plusieurs cours,
03:52plus d'or,
03:53moi, j'ai trouvé ça bien.
03:54Et on a fini par le faire
03:55à la fin du cours.
03:56Elle n'a ni précisé génocide,
03:57ni aucune opinion politique.
04:00Elle a juste fait preuve d'humanité.
04:02Vous, c'est un sujet
04:02qui vous touche, Gaza ?
04:04Sincèrement, oui.
04:05Là, en ce moment,
04:05on parle beaucoup de Gaza.
04:06Malheureusement,
04:06on parle aussi beaucoup de l'Ukraine.
04:08Mais c'est vraiment un sujet
04:09qu'il faut aborder
04:09parce que ce n'est pas un sujet
04:10qu'il faut taire.
04:11Nous sommes tous
04:12les enseignants de Gaza.
04:14Nous sommes les bienvenants de Gaza.
04:16Le sujet de Gaza,
04:16vous en entendez parler,
04:18les élèves vous en parlent ?
04:19Alors moi,
04:19je n'en ai pas parlé
04:21encore ouvertement en classe,
04:22mais je vois que mes élèves,
04:23ça les questionne vraiment,
04:25ça les révolte.
04:25et je me sens démunie
04:29face à tout leur questionnement
04:32parce qu'on sait que malheureusement,
04:34le sujet est traité
04:35de manière très délicate en France.
04:39Donc, c'est compliqué.
04:41Très mal compliqué.
04:42Mais je vois qu'ils sont touchés
04:42dans leur humanité.
04:45C'est normal.
04:47Mais voilà,
04:48c'est compliqué d'avoir à gérer ça.
04:55Et j'ai la paix.
04:57Euh,
04:57des...
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