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  • 28/05/2025
Dans cet épisode de "Passé Présent", nous recevons Pierre de Taillac, éditeur et fondateur de la maison qui porte son nom, pour évoquer un livre culte enfin publié en français : "Sur le Front" de Bill Mauldin. Soldat et dessinateur, Mauldin a accompagné les troupes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment en Italie. À travers ses planches, il raconte la guerre vécue par les fantassins — fatigue, absurdité des ordres, boue, peur, humour noir — bien loin des récits officiels. Son style acide et empathique lui a valu l’hostilité de certains généraux… mais aussi le prix Pulitzer en 1945.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Bonjour à tous. Aujourd'hui dans Passé-présent, nous recevons Pierre de Tayac, éditeur spécialisé
00:26en histoire militaire. Fondateur de la maison d'édition qui porte son nom, il vient de
00:31publier pour la première fois en français « Sur le front », un ouvrage remarquable
00:36de Bill Mauldin, prix Pulitzer à 24 ans, dessinateur et soldat américain, témoin
00:41direct de la Seconde Guerre Mondiale. Ses croquis, réalisés sur le terrain, montrent
00:46avec précision et ironie le quotidien des fantassins de l'US Army. Nous parlerons
00:50aussi d'un projet ambitieux à paraître, le Dictionnaire des généraux français
00:54de la Seconde Guerre Mondiale, fruit de dix années de travail collectif pour un ouvrage
00:58unique dans l'historiographie militaire française. Pierre de Tayac, bonjour.
01:04Bonjour, merci de me recevoir.
01:05Vous êtes éditeur, comme je disais, également historien, vous avez une formation historique
01:11également et vous avez choisi de faire de l'histoire militaire, non pas un simple sujet
01:16de livre mais un véritable terrain d'exploration éditoriale. Avec votre maison, vous donnez
01:23la parole à des soldats, des analystes, des témoins directs comme Bill Mauldin mais
01:27aussi à des chercheurs qui revisitent des pages parfois négligées de notre histoire
01:32contemporaine. Première question, qu'est-ce qui vous a poussé à fonder votre propre
01:36maison d'édition ?
01:37J'ai eu envie de lancer une maison en histoire militaire parce que j'étais passionné de
01:41l'histoire et quand on aime l'histoire, les temps de guerre sont des périodes très
01:44intéressantes qui révèlent des tas de choses tout à fait passionnantes. On peut les traiter
01:50de mille façons, on peut faire de l'histoire militaire pure et dure, de la tactique et
01:53c'est très intéressant mais on peut s'intéresser aussi à l'histoire sociale, à l'histoire
01:56artistique. En fait, les guerres sont des phénomènes totaux et donc tout le monde
02:00se retrouve à y participer d'une manière ou d'une autre et ça révèle des tas de
02:03choses sur la société. Donc j'ai pensé que c'était un très bon sujet d'étude et j'avais
02:07fait, quand j'étais étudiant à Londres, un master de war studies et j'avais découvert
02:11les éditeurs militaires anglo-saxons qui sont tout à fait en pointe. Ils font des livres
02:17très beaux dans la forme, très intéressants sur le fond mais très beaux dans la forme
02:20et en France, on était un peu en perte de vitesse, il y avait des très bons livres
02:23mais la forme n'était pas tellement travaillée et je me suis dit que ça valait le coup de
02:26lancer une maison d'édition qui essaierait de publier des bons livres sur le fond mais
02:31qui travaillerait la forme parce que je suis convaincu que les lecteurs d'histoire militaire
02:33sont aussi sensibles à la forme que les lecteurs de tous les autres livres et donc je me suis
02:38dit qu'il y avait une place à prendre.
02:39Vos catalogues mêlent des beaux livres, des bons dessinés, des dictionnaires voire même
02:43des romans. Quelle est votre ligne éditoriale ? Comment choisissez-vous vos sujets ?
02:47C'est le bon côté du travail d'éditeur, c'est qu'on ne sait jamais ce sur quoi on
02:52va travailler. On ouvre son ordinateur le matin et on reçoit un manuscrit et on découvre
02:56un sujet qu'on ne connaissait pas du tout et qu'on ne soupçonnait même pas. Donc c'est
03:00vraiment les auteurs qui nous proposent des sujets et on se dit, oui, moi je n'y pensais
03:03pas alors que je m'intéresse à ces questions militaires, j'ai découvert ce sujet-là.
03:08L'exemple que je donne toujours, c'est des petits-enfants qui m'ont contacté un jour
03:13en me disant qu'on a retrouvé dans le bureau de notre grand-père une conférence qu'il
03:16a faite en France occupée sur les meilleures techniques d'évasion des camps allemands.
03:19Et en fait, il a été fait prisonnier, il a vraiment fait une conférence dans un sanatorium
03:22pour expliquer les meilleures techniques d'évasion qu'il avait vu réussir et une conférence
03:26avec beaucoup d'humour. Et ça, évidemment, jamais j'aurais imaginé qu'en France occupée,
03:29il y avait quelqu'un qui avait fait une conférence sur les meilleures techniques d'évasion
03:31et pourtant ça existait. On a même retrouvé l'affiche de la conférence et donc on l'a
03:35publié. Donc en fait, c'est vraiment le sujet, le sujet et les auteurs, c'est souvent
03:39un jeu à deux, évidemment. C'est une rencontre d'abord, un livre, et c'est ça qui nous
03:43pousse à faire ce qui fait qu'on fait des livres uniquement d'histoire militaire mais
03:46sous toutes ses formes. Ça peut être des livres pour enfants si on a un auteur qui
03:49nous propose un sujet intéressant, ça peut être une bande dessinée si on a des auteurs
03:53bretons qui nous ont fait une bande dessinée très amusante qui s'appelle « Bataille
03:57sous la tente » où ils racontent toutes les batailles à travers les fantassins qui sont
04:00sous la tente et qui ne comprennent pas du tout ce qui se passe. Donc c'est complètement
04:03surréaliste. Je pense que c'est très réaliste parce que la plupart des soldats ne sont pas
04:06vraiment au courant de la grande stratégie et voilà, mais ça fait quelque chose de
04:09complètement décalé. Et ça, jamais j'aurais imaginé publier un livre comme celui-ci.
04:13C'est vraiment le jour où les auteurs viennent frapper à ma porte en me disant « on travaille
04:16là-dessus, on pense que c'est un sujet intéressant ». Et c'est vrai aussi pour les livres sérieux.
04:20Quand on nous contacte en disant « ah bah tiens je veux faire une histoire des animaux
04:23en 14-18 » parce que c'est un moment charnière dans la relation de la malle animale, là
04:26aussi je n'avais pas prévu de publier un livre sur le sujet. Mais quand Jean-Michel
04:30Derex qui est un spécialiste de l'histoire de l'environnement, de l'histoire des arbres,
04:33de l'histoire des marées, nous propose ce sujet et qu'il est habité par ce sujet,
04:36je comprends qu'il y a vraiment quelque chose à raconter d'important.
04:38– Alors vous travaillez aussi avec pas mal de partenaires, des musées, des institutions
04:42et l'armée française, vous travaillez beaucoup avec ?
04:45– Alors je n'avais pas prévu aussi ce type de livre quand j'ai lancé la maison
04:49mais assez rapidement on a été contacté par des régiments. C'est quelque chose
04:53de très important dans la culture militaire, les historiques régimentaires. C'est une
04:58manière de renforcer l'esprit de corps, de faire rayonner l'unité et donc il n'y
05:03avait plus d'éditeurs qui en publiaient. Donc il y a certains régiments en voyant
05:07nos livres qui nous ont dit, est-ce que vous pourriez nous aider à faire un historique
05:10régimentaire ? On en a fait un premier avec le régiment de marche du Tchad et il a très
05:13bien marché et donc on a été rapidement contacté par beaucoup d'autres régiments.
05:16Donc on a dû en faire 25 à peu près en 15 ans. Et à chaque fois c'est très intéressant
05:20parce qu'à travers l'histoire d'une unité, on peut raconter en partie l'histoire de
05:24la France parce qu'évidemment les événements qui touchent l'unité touchent aussi toute
05:28la France en général. Et donc le challenge c'est toujours de montrer qu'à partir de
05:31cette histoire particulière, on peut intéresser un public un peu plus large. L'autre chose
05:34qui est très intéressante c'est que dans les salles d'honneur des régiments, il y
05:37a des documents tout à fait exceptionnels. Et donc ça c'est aussi très amusant à faire
05:40en termes d'iconographie parce qu'il y a des pièces qu'on ne trouverait pas ailleurs.
05:44Je pense à une histoire qu'on a faite avec le 2e régiment d'infanterie de marine. Ils
05:48ont dans leur salle d'honneur une cafetière. C'est une cafetière qui a été utilisée
05:52pour cacher le drapeau en 1914, qui a été enterrée dans le jardin d'une famille de
05:56l'Est de la France. Et donc ils ont récupéré la cafetière et tous les ans il y a la famille
05:59qui revient, les descendants de la famille qui reviennent pour une cérémonie. Et ça
06:03évidemment on ne pourrait pas l'inventer. Et donc c'est ça qui est amusant avec les
06:06salles d'honneur, c'est qu'il y a plein d'objets qui racontent l'histoire du régiment.
06:09Bien sûr. Alors à qui vous adressez-vous l'histoire militaire ? Est-ce qu'elle a
06:12encore aujourd'hui un grand public ? Alors j'espère qu'elle a un grand public.
06:16Ça dépend évidemment des sujets. Les histoires régimentaires c'est d'abord au personnel
06:20actuel et ancien du régiment. Mais on essaie de toucher toujours un public un peu plus
06:25large. Et il y a des livres qui sont beaucoup plus larges. Maintenant heureusement les
06:28passionnés d'histoire sont beaucoup plus nombreux qu'avant. Aussi curieux que ça
06:31puisse paraître, le jeu vidéo a fait venir une nouvelle génération de passionnés d'histoire
06:36aux livres d'histoire. Donc on a des jeunes lecteurs qui se sont trécalés sur l'Antiquité,
06:40sur la Seconde Guerre Mondiale, sur l'Empire. Et donc c'est un peu tout le monde. C'est
06:45pas du tout réservé à d'anciens militaires. C'est vraiment très très large comme public.
06:49– Et alors vous en êtes à combien d'ouvrages à peu près aujourd'hui ?
06:52– On est à près de 300 ouvrages.
06:53– D'accord. Est-ce que vous en avez un préféré ? Lequel a le plus marqué votre carrière ?
06:58– Alors préféré non parce que c'est presque tous comme des enfants.
07:00Et surtout c'est des relations avec des auteurs. Donc il n'y a pas un auteur qu'on préférait.
07:05Il y a des histoires assez étonnantes. J'ai une conservatrice de la Bibliothèque Nationale
07:10qui est venue me voir un jour en me disant, j'ai découvert ce qu'avaient fait les décorateurs
07:14de théâtre en 14-18, c'est formidable, il faut faire un livre sur l'invention du
07:17camouflage. L'armée française est la première à avoir créé une section de camouflage
07:20qui a pour emblème évidemment le caballéon. Et ils ont fait des tas de choses et ce n'est
07:24pas du tout anecdotique parce qu'à la fin il y avait 15 000 personnes qui travaillaient
07:27dans cette section de camouflage et qui fabriquaient des filets et des tas de choses et ça a sauvé
07:30beaucoup de vies. Et ça a été copié par toutes les autres armées. Donc voilà, ça
07:35c'était un des premiers livres qu'on a fait pour le centenaire de la Grande Guerre
07:37et ça a été un beau projet. Donc voilà, s'il faut en citer un je citerai celui-ci
07:40parce que c'est un des premiers. Mais ils nous tiennent tous à cœur. Si on les fait
07:45c'est qu'on n'est pas forcés de les faire.
07:46Vous avez bien quand même une période préférée ?
07:47Moi je suis assez sensible à 14-18 parce que ça concerne tous les français. Tous
07:54les français dans leur famille ont un ancien qui s'est battu ou qui a été tué en 14-18.
07:58Dans tous les villages de France évidemment on voit les monuments aux morts. Et surtout
08:02c'est un conflit qui est tellement, qui est à la fois très moderne et en même temps
08:06dans le rapport à la chose militaire qui est déjà assez ancien et qui concerne toute
08:12la société. Donc moi c'est une période à laquelle je suis assez sensible. Et puis
08:17j'ai lancé La Maison en 2011 et donc très rapidement on s'est retrouvé dans les commémorations
08:23du centenaire à faire de très nombreux projets et ça a permis à La Maison certainement
08:27de se développer.
08:28Alors nous allons maintenant parler d'un livre qui j'espère deviendra l'un des
08:32fleurons de votre maison parce que c'est un livre que j'ai lu, que je dévorais.
08:37Ce livre s'appelle Sur le front. Il est écrit comme je le disais en introduction
08:41par Bill Muldin. Alors vous allez, on va raconter tout ça. Alors déjà qui est Bill Muldin ?
08:49Alors Bill Muldin c'est un jeune Américain qui naît en 1921 au Nouveau-Mexique dans
08:53un milieu très très modeste. Et donc il est mal nourri, il est rachétique. Il fera
08:59à l'âge adulte simplement 52 kilos. Mais il est très brillant, très intelligent.
09:04Quand il fera les tests de l'armée il s'apercevront qu'il a 142 cuits. Et il a une passion
09:09pour le dessin. Et donc très tôt il se rend compte que c'est ce qu'il veut faire
09:11de sa vie. Donc il commence comme il vient d'un milieu très modeste à dessiner des
09:14pin-ups sur les camions des transporteurs américains. Il les dessine nu au départ
09:21et puis il est puni donc il doit dessiner des maillots de bain par-dessus. Et assez
09:25rapidement il comprend que pour, s'il veut vraiment en faire son métier, il doit rejoindre
09:29une université. Donc il va faire des études à Chicago pendant un an. Ça va être une
09:32période très dure parce qu'il travaillera, il sera la journée à l'université. Le
09:37soir il travaillera dans un restaurant. Et la nuit il s'imposera de faire au moins
09:4010 dessins qu'il enverra à tous les journaux américains qui ne les publieront pas. Donc
09:43ce sera une période très dure mais sans doute très formatrice. Et après cette période-là,
09:48comme il doit bien gagner sa croûte, il va s'engager dans la garde nationale. Il ne
09:51peut pas s'engager dans l'armée parce qu'il n'a pas le physique. Mais la garde nationale,
09:55il n'y a pas de test physique. Donc il s'engage et trois jours plus tard la garde nationale
09:59est incorporée dans l'armée américaine. Donc c'est comme ça qu'il se retrouve dans
10:01l'armée américaine. Donc il se retrouve engagé garde nationale qui ensuite est fusionné
10:08et la seconde guerre mondiale commence. Donc il fait ses premières années aux Etats-Unis. Il
10:13dessine dès le départ dans le journal de la 45e division auquel il appartient. Et cette 45e
10:18division est envoyée en Sicile, le débarquement de Sicile et après toute la campagne d'Italie.
10:21Et donc il publie, je crois, cinq dessins par semaine pour raconter le quotidien des fantassins
10:27de la 45e division. Des dessins qui sont publiés ? Dans le journal de la division. Il va devenir
10:31très populaire et rapidement il va être repéré par Stars and Stripes qui est le grand journal de
10:36l'armée américaine qui tire à plus d'un million d'exemplaires, qui est diffusé à tous les soldats.
10:40Et là aussi il va publier plusieurs dessins par semaine. Donc il aura un statut tout à fait
10:44particulier parce qu'il pourra se déplacer partout sur le front et il passe une semaine sur le front
10:49avec des fantassins et une semaine la semaine suivante il dessine à l'arrière et il transmet
10:54ses dessins au journal. Donc livre paru en 1945 aux Etats-Unis qui reçoit le prix Pulitzer,
11:00on va en reparler. Et c'est très étonnant, c'est que ce livre n'avait jamais été traduit en France,
11:06jamais publié en France. Vous êtes le premier. Oui, c'est la première fois qu'il va être publié en France.
11:09On est très très heureux parce que vraiment c'est un témoignage tout à fait unique sur la seconde
11:13guerre mondiale et je ne sais pas pourquoi il n'avait jamais été publié. Il y a des questions de droits.
11:17Acquérir les droits était assez complexe. Ils étaient partagés entre le Royaume-Uni, une fondation
11:24aux Etats-Unis. Enfin ça nous a pris plus d'un an de repérer où acheter ces droits. Mais on est très
11:29heureux de pouvoir le proposer maintenant au public français. Donc c'est Nicolas Ancelin qui l'a
11:34traduit. C'est un connaisseur de la seconde guerre mondiale. Il est journaliste, je crois.
11:37Il est journaliste. Il a travaillé longtemps à Géohistoire. C'est un grand passionné de la seconde
11:40guerre mondiale. Il a traduit un témoignage qui a inspiré la série Band of Brothers. Et à titre
11:47personnel, il saute tous les ans le 6 juin avec des passionnés. Et c'est lui qui m'a alerté sur ce
11:53livre. Il m'a dit qu'il y a un livre formidable qui n'a jamais été traduit en français. C'est un des
11:57meilleurs témoignages sur la seconde guerre mondiale. Il faut absolument le faire. Il a eu le prix Pulitzer
12:01à 23 ans. C'est le plus jeune récipendiaire des prix Pulitzer. Et il faut absolument le traduire. Et
12:05donc, il m'a transmis sa passion parce que du coup, j'ai lu l'édition, une édition poche américaine.
12:10Et vraiment, j'ai été fasciné par le personnage de Bill Muldoon qui est très sympathique.
12:14Alors, ça a été compliqué le travail de traduction. Il a fallu adapter le ton qui est très, sans
12:22emphase, c'est très sec. Il y a beaucoup d'argot.
12:26Beaucoup d'argot. C'est presque un langage parlé. Donc, ça n'a pas été simple. Il s'en est bien sorti.
12:33Le terme le plus difficile à traduire, c'était dogface, ce qui désigne les combattants de première
12:39ligne pour les Américains. On s'est beaucoup posé la question de quel terme utiliser en français.
12:45On a opté pour troufion qui nous semblait le terme le plus proche. Mais l'idée, c'est ça. C'est vraiment
12:51un combattant de première ligne qui est couvert de boue.
12:53D'ailleurs, lui-même, Muldoon était soldat. Il était en première ligne pour observer. Alors, est-ce que
12:59ça a vraiment changé son regard qu'il a porté ? Ça donne quoi comme regard sur le front ?
13:03Je pense que s'il avait dessiné de l'arrière ses dessins, ça aurait été très différent. Il partageait le
13:09quotidien des combattants et la peur qu'il ressentait. Il a été blessé, d'ailleurs, près de Monte
13:17Casino à l'épaule. Il a reçu un éclat d'obus, ce qui le rendra très populaire auprès des G.I. qui
13:23verront qu'il partageait le même quotidien qu'eux. Et il racontait que la chose la plus dure pour lui,
13:28c'était les allers-retours entre l'arrière et le front. Il dit qu'une fois qu'on est au front, on est avec
13:32les combattants, on partage leur sort et donc c'est moins éprouvant. Mais de passer de l'un à l'autre,
13:37à la fin, il ne supportait plus. Il disait que de remonter au front pratiquement une fois par semaine,
13:42c'était vraiment très, très dur.
13:44On peut le considérer un peu comme le porte-parole de ces combattants anonymes de première ligne ?
13:49Je pense qu'on peut le considérer comme le porte-parole. C'est les G.I. qui le considéraient comme
13:54leur porte-parole, qui ont fait son succès, qui en ont parlé quand ils étaient de retour aux Etats-Unis.
14:00Et surtout, il y a une anecdote très touchante. En 2003, on s'aperçoit qu'il a la maladie d'Alzheimer.
14:05Les associations d'anciens combattants américains se passent le mot et donc il y a des centaines d'anciens
14:10combattants qui viennent le remercier et lui rendre hommage dans sa maison de retraite.
14:14Il va recevoir plus de 15 000 lettres. Sa famille ne pourra pas toutes les ouvrir.
14:18Et il y a beaucoup de soldats qui lui amèneront les chaussettes réglementaires de l'armée américaine.
14:22Parce qu'un de ses plus célèbres dessins de la Seconde Guerre mondiale, on voit Willie et Joe.
14:26Willie a sauvé la vie de Joe et pour le remercier, Joe lui dit je vais te donner ma dernière paire de chaussettes sèche.
14:32Et donc c'est en référence à ce dessin que tous les vétérans lui amèneront des paires de chaussettes.
14:36Sachant qu'une paire de chaussettes sèche, si c'est arrivé, effectivement dans ce genre de conditions, peut même vous sauver la vie.
14:42Alors ce que dit Ancelin dans sa préface, il dit que Maudine décrit, je cite, la guerre au ras du sol.
14:50La guerre remenée par des soldats de l'infanterie, des hommes qui dorment en marchant.
14:54Ils se lavent dans les trous d'obus et fuient le combat plus qu'ils ne le cherchent.
14:58Alors est-ce que c'était nouveau de décrire, loin des récits stratégiques, héroïques,
15:05est-ce que c'était nouveau de dépeindre cette guerre à hauteur d'homme ?
15:10Je pense qu'il y a toujours eu des dessinateurs, des caricaturistes, des cartoonistes.
15:13Mais ce qui change avec Bill Maudine, c'est que tout d'un coup il va y avoir une audience gigantesque
15:17parce que l'armée américaine a ce média énorme qui est Stars and Stripes.
15:23Je le disais, plus d'un million d'exemplaires.
15:25Et surtout ces dessins vont être repris dans tous les quotidiens américains, dans tous les quotidiens régionaux.
15:30Et donc ils vont avoir un écho très important.
15:32Donc il va pouvoir dessiner très librement et ces dessins vont être diffusés très largement.
15:37Donc c'est la conjonction de ces deux caractéristiques qui vont faire la nouveauté de Bill Maudine.
15:42Alors il montre aussi l'armée américaine qui est divisée en deux.
15:46Il y a celle du front et celle de l'arrière.
15:50Il dit par exemple que le sang n'avait pas eu le temps de sécher sur les uniformes,
15:55que les barres étaient déjà réservées au personnel non combattant.
15:59Est-ce que c'était un tabou à l'époque cette armée divisée en deux ?
16:02Comment ça se passe effectivement ?
16:04Ce sont ces combattants qui sont en première ligne.
16:06Qui occupe les bonnes places dans les villes ?
16:08Il en veut beaucoup aux officiers.
16:10Il a de l'estime pour quelques officiers mais la plupart il les présente de manière assez critique.
16:15Il veut rendre hommage à cette armée de paysans, de citoyens américains
16:19qui se bat en première ligne, qui risque sa vie, qui n'a rien demandé à personne
16:23et qui se retrouve dans des trous d'obus, dans la boue, à souffrir et à mourir pour beaucoup d'entre eux.
16:28Et donc il ne supporte pas que derrière il y ait, que ce soit des officiers ou des services non combattants
16:34et qui vont prendre toutes les bonnes places, la meilleure nourriture.
16:40C'était un tabou mais il y avait un très grand trafic
16:44et donc en première ligne les simples fantassins n'étaient pas toujours les mieux nourris.
16:48Et donc ça, ça va ulcérer Bill Maudine.
16:50Donc vous parlez effectivement d'armée de paysans.
16:53Ils sont les prolétaires de l'armée.
16:56D'ailleurs j'ai appris une chose, il y a cette différence entre l'armée régulière
17:00et cette armée-là, l'infanterie US qui est une armée de conscription.
17:04C'est ça, c'est une armée de conscription fondée uniquement pour la seconde guerre mondiale
17:07et donc c'est vraiment monsieur tout le monde qui va se retrouver dans cette armée-là.
17:11Et on sent que le livre aurait pu s'appeler Éloge du fantassin ou Plédoyer pour le fantassin.
17:15On sent qu'il y a une grande estime pour ces jeunes types qui n'ont rien demandé à personne
17:18et qui font leurs devoirs, qui vont au front la peur au ventre
17:23et malgré ça, ils remplissent leurs devoirs.
17:25Donc ils trouvent ça très dur quand ils sont punis pour des choses stupides
17:28parce qu'ils sont mal rasés, parce que leur uniforme est sale,
17:31pour tout ce genre de petits détails.
17:34Et donc ils ne cessent de dénoncer toutes ces absurdités dans ces dessins.
17:37– D'ailleurs ces dessins, on va en venir.
17:39Comment vous décririez son style graphique ?
17:43Alors c'est assez épuré, enfin épuré ce n'est pas la ligne claire non plus
17:46mais c'est très simple, mais très très expressif.
17:50Quelle influence a-t-il eue pour dessiner comme ça ?
17:54Est-ce que c'est une tradition américaine ou est-ce que c'est très nouveau ?
17:58– Je pense que c'est assez nouveau, c'est vraiment expressif je trouve le bon adjectif.
18:03L'autre dessin pour lequel il recevra un prix Pulitzer au début des années 60,
18:08c'est lors de l'assassinat de Kennedy.
18:10Il va dessiner son dessin qui sera sans doute le dessin le plus célèbre
18:14où on voit la statue de Lincoln à Washington
18:16qui se tient les visages dans les mains et qui est en train de pleurer.
18:19Et donc ça, ça va avoir un écho très important.
18:22Et donc oui, il a toujours une idée brillante derrière le dessin
18:27et c'est ce qui fait sa force.
18:28Et il dit que beaucoup de ses idées lui ont été données par les types sur le front,
18:31simplement en les entendant discuter, en les entendant plaisanter
18:34et que c'est à partir de ça qu'il griffonne immédiatement
18:38dès qu'il entend une blague intéressante, une idée intéressante.
18:41Et après, quand il revient à l'arrière, il refait le dessin pour qu'il soit publié.
18:45Alors justement, il y a deux personnages récurrents, Willie et Joe.
18:50Effectivement, on les voit toujours hirsutes, habillés un peu comme des clochards,
18:55toujours avec plein d'ustensiles accrochés partout.
18:59Est-ce que c'est vraiment à cela que ressemblait le GI américain sur le front ?
19:04Parce qu'on a très peu de photos finalement de gens comme ça.
19:06J'ai regardé, j'ai cherché.
19:08Oui, je crois que comme vous, moi aussi, j'ai été influencé par la propagande américaine,
19:13par Hollywood et donc on a toujours cette image du combattant américain
19:17impeccable, très jeune, très beau, très fort.
19:19Et en fait, quand on lit le récit de la campagne d'Italie, c'est terrifiant.
19:23Ce n'est pas Verdun, mais on n'en est pas très loin quand même.
19:25Il passe des semaines et des semaines dans des trous d'obus, sous la pluie,
19:29à mal manger, hirsute.
19:31Donc je pense que ça correspond tout à fait à une réalité
19:33et que les combattants impeccables de la propagande, c'est ceux de l'arrière.
19:38Ceux du front qui dorment mal, qui sont en permanence en danger,
19:41évidemment ils ne sont jamais impeccables.
19:43Donc ça correspond tout à fait à la réalité,
19:45mais une réalité qui a été volontairement effacée par la communication américaine.
19:51– Alors les dessins que nos téléspectateurs en prennent connaissance
19:55sont parfois drôles, souvent amers, mélancoliques.
19:59Est-ce qu'on peut parler aussi, souvent très drôles quand même,
20:02est-ce qu'on peut parler d'humour noir ?
20:04– Je pense que ça se rapproche de l'humour noir.
20:07Il dit que s'il avait écrit ce livre 15 jours après être arrivé sur le front,
20:10il aurait été très différent.
20:12Mais il dit après des semaines et des semaines et des mois et des mois
20:14à avoir des types blessés, amputés, tués,
20:17évidemment il n'a pas envie de faire quelque chose qui est uniquement drôle.
20:19Il veut raconter leur quotidien et parfois le quotidien est absurde
20:22et donc ça nous fait sourire ou rire,
20:24mais qu'il ne cherche pas à être drôle pour être drôle.
20:27Il veut vraiment témoigner du quotidien du fantasme américain
20:30et c'est ça à mon avis qui est assez original,
20:32c'est qu'il ne fait pas un dessin pour un dessin et simplement pour être drôle,
20:36mais c'est vraiment un témoignage unique sur la Seconde Guerre mondiale.
20:39– Je parle d'humour noir, il y en a quand même un qui est excellent,
20:42qui est aussi un de ses plus connus.
20:44Là on voit ces deux GI qui sont pris sous le feu
20:49et il y en a deux qui disent à l'autre
20:51je me sens comme un évadé de la loi des probabilités.
20:54Donc là si ce n'est pas de l'humour noir ou un autre,
20:57il se plaque au sol et dit je ne peux pas aller plus bas,
21:00Willy mes boutons font obstacle.
21:02– Oui je trouve que ça sent vraiment le vécu,
21:05il n'a pas dû l'inventer, il a dû entendre des GI plaisanter là-dessus.
21:09Il y a un autre dessin qui lui a attiré les foudres du commandement,
21:13c'est on voit des GI clochardisés qui encadrent des prisonniers allemands
21:18et la légende c'est l'armée américaine victorieuse va de victoire en victoire,
21:23et ils ont l'air tous aussi misérables,
21:25ils sont tous misérables, c'est terrible.
21:27– Effectivement, il y a une grande force symbolique aussi dans ces dessins,
21:31on en a parlé tout à l'heure,
21:33mais quel est le dessin qui vous touche le plus particulièrement ?
21:36Est-ce que c'est celui avec les chaussettes ?
21:38– Les chaussettes je trouve que c'est vraiment assez touchant
21:40parce que ça dit aussi la fraternité d'armes
21:42qui est quelque chose que racontent tous les combattants
21:44quels que soient les conflits,
21:46et ça on voit bien qu'entre Willy et Joe,
21:48c'est aussi ça une des forces de Bill Muldoon,
21:50c'est de raconter cette fraternité d'armes,
21:52ce fait qu'ils se sont prêts à se sacrifier l'un pour l'autre,
21:55à se soutenir dans cette galère,
21:57et donc oui je trouve que c'est un des plus touchants,
22:00c'est celui qui va marquer les esprits,
22:03donc oui c'est mon favori Joe.
22:05– C'est votre favori.
22:07Alors là, comme je le disais, la condition du fantassin
22:10elle est au cœur du livre,
22:12il en fait également les grands sacrifiés de la guerre,
22:14et là j'ai relevé un chiffre que donne Nicolas Ancelin dans la préface,
22:18les fantassins de l'armée américaine
22:20représentaient environ 14% des troupes américaines
22:22déployées à l'étranger tout en subissant 70% des pertes.
22:26Donc l'infanterie, est-ce qu'on peut dire que l'infanterie américaine,
22:29on peut même revenir un petit peu avant la guerre,
22:32est le parent pauvre de l'armée américaine ?
22:34– Je ne me rendais pas compte que c'était autant le cas,
22:36mais en le lisant ça paraît tout à fait véridique,
22:39ils sont assez mal équipés,
22:41parce que ce n'est pas l'arme la plus prestigieuse,
22:44évidemment ce n'est pas l'aviation, ce n'est pas les Marines,
22:47ce n'est pas la Navy,
22:49donc c'est une armée de paysans, ce qui est important c'est le nombre,
22:53ils sont là pour occuper le terrain.
22:55– Le nombre ils étaient en 39, 169 000 seulement.
22:57– Oui c'est ça, ils étaient très peu nombreux,
22:58mais après évidemment le contagien va grossir,
23:01mais c'est toujours les derniers à recevoir les équipements dont ils ont besoin,
23:07et donc il a cette phrase qui est vraiment très frappante de dire,
23:12le plus sûr moyen de devenir pacifiste c'est de rejoindre l'infanterie.
23:18– Et on disait très très mal équipés,
23:21mais ils sont aussi victimes de nouveau de l'arrière,
23:24de tout le trafic, tout le marché noir qu'il y a,
23:27qui les empêche d'avoir du bon matériel, voire des bonnes rations alimentaires.
23:30– C'est ça, il n'en veut même pas aux gens du matériel,
23:33il le raconte dans son mémoire, il dit aussi leur situation n'est pas terrible,
23:36et je comprends qu'ils essaient de l'améliorer en revendant du matériel,
23:40mais ça fait que ce qui était prévu,
23:42le nom précis qui était prévu pour les fantassins,
23:44il y a une grande partie qui n'arrive pas, et donc ils sont mal équipés,
23:47et en hiver ça peut provoquer des pieds gelés,
23:49ça peut provoquer des tas de maladies, et donc il est tout à fait révolté,
23:53et c'est pour ça qu'il le raconte dans ses dessins,
23:55et je pense que ça aura contribué à faire bouger les choses,
23:57parce que certains dessins auront un écho très important,
24:00il y a le général Patton qui veut absolument lui botter le cul
24:03et le jeter en taule.
24:05– Donc oui, il dénonce aussi les absurdités de la hiérarchie militaire,
24:10alors quels ennuis s'attirent-ils pendant toute la guerre ?
24:12Finalement il subit les foudres de sa hiérarchie,
24:15même s'il est soutenu par d'autres généraux.
24:18– C'est assez intéressant, et c'est pourquoi qu'on voit le jeu de pouvoir,
24:21certains généraux pensent qu'il est tout à fait utile,
24:23et ils s'en servent en termes de propagande,
24:25pour expliquer pourquoi la guerre dure, pourquoi elle est dure,
24:27pourquoi alors qu'on vole de victoire en victoire,
24:29la guerre se poursuit jusqu'en avril 1945,
24:33donc ils s'en servent aussi pour raconter que le quotidien des GI n'est pas si facile,
24:38et qu'à l'arrière il faut continuer à faire des efforts,
24:40donc pour ça c'est très utile,
24:42et c'est à mon avis pourquoi, du point de vue stratégique,
24:44ils ont mis en avant ces dessins,
24:46et ils s'en servent aussi parce que c'est un exutoire,
24:49c'est une sorte de catharsis,
24:50et donc il y a beaucoup d'officiers, et notamment Eisenhower,
24:52qui protègent Moldine, parce qu'ils se rendent compte
24:54que c'est très important pour le simple soldat
24:56de voir que son sort est partagé par des centaines de milliers d'autres soldats,
25:01et qu'il n'est pas oublié, qu'on en parle,
25:03qu'on moque les officiers qui sont responsables de cette situation-là,
25:06et voilà, mais il y a certains officiers qui sont furieux,
25:08et notamment le général Patton.
25:10Oui, donc il est la bête noire de Patton.
25:12C'est la bête noire de Patton, il ne supporte pas de voir
25:14les soldats hirsutes et misérables dessinés par Bill Moldine,
25:18donc il le convoque un jour et il veut le jeter en prison,
25:22mais Eisenhower va l'en empêcher,
25:25et donc Moldine va pouvoir continuer jusqu'à la fin de la guerre,
25:27jusqu'à recevoir le prix Pulitzer,
25:29et il aura quand même quelques mots gentils pour le général Patton dans son livre,
25:35il dira que c'était un grand tacticien, un grand chef militaire,
25:38mais que s'arc-bouter sur des règles d'orientation,
25:41sur le fait d'être bien rasé ou d'avoir un uniforme propre,
25:44il trouvait que c'était ridicule.
25:46– Alors, il n'y a pas que les généraux qui en prennent pour leur grade,
25:48il y a également les jeunes lieutenants tout frais et moulus
25:52qui en prennent bien pour leur grade,
25:54pourtant ces lieutenants étaient également sur le front avec l'infanterie.
25:58– C'est ça, on voit qu'ils ont très peur du lieutenant frais et moulu
26:02qui arrive plein d'idées, il y a un dessin assez amusant
26:04où on voit où il est le jour en train de boire de l'alcool
26:06et de tendre la bouteille au lieutenant et ils lui disent
26:09alors c'était quoi tes principes il y a 15 jours ?
26:11Et voilà, en fait le nouveau chef qui a plein d'idées,
26:15c'est toujours très dangereux et donc il y a aussi des dessins
26:18où ils sont très inquiets de voir leur chef qui est là depuis toujours partir
26:21et d'avoir un jeune chef plein d'idées.
26:25– Plein d'idées nouvelles.
26:26Alors, on le disait, il part sans détour du marché noir,
26:29de la corruption, du froid, du manque d'équipement,
26:31mais également, et c'est très important pour le soldat on sait, la nourriture.
26:35Il y a pas mal d'anecdotes assez cocasses sur la nourriture,
26:39donc ils se payent sur la bête, sur le terrain,
26:41ils achètent ou ils volent dans les fermes
26:44et il écrit que tuer une vache à la mitrailleuse
26:47était parfois la seule façon de manger chaud
26:49et d'ailleurs on voit Joe ou Billy, je ne sais pas,
26:52dans un buisson braquant une vache avec sa mitrailleuse
26:55en disant je jurerais qu'il y avait une patrouille de boches derrière la vache.
26:59C'était vraiment si catastrophique que ça au niveau nourriture ?
27:02Est-ce que c'était vraiment si important ?
27:03– C'est ce qu'il raconte, en tout cas la ration de première ligne américaine…
27:06– La fameuse ration C ?
27:08– Oui, était vraiment pas bonne et il raconte que dès qu'ils tombaient
27:13sur un camp allemand, ils étaient ravis de récupérer toute la nourriture
27:17qui était bien meilleure, que les Allemands faisaient le contraire des Américains,
27:22c'est qu'en première ligne les soldats étaient les mieux nourris
27:24et c'était à l'arrière qu'ils souffraient de la faim
27:27et qu'ils avaient de moins bonnes rations et qu'au contraire
27:29la mer américaine, on était très très bien nourris quand on était,
27:32parce que la logistique fonctionnait quand on était à l'arrière,
27:34mais en première ligne en revanche la ration n'était vraiment pas terrible
27:37et d'ailleurs on voit que tout ce qu'ils peuvent trouver sur le front,
27:41ils s'en servent pour se nourrir et qu'ils fabriquent eux-mêmes leur propre alcool.
27:45C'est aussi un autre problème de l'armée américaine,
27:47c'est qu'ils veulent que les soldats soient complètement sobres
27:49et évidemment ça ne fonctionne pas parce que dans des conditions de peur extrêmes,
27:53on sait bien que l'alcool est un besoin réel et donc il y a plein de dessins
27:59où on voit les G.I. fabriquer leur propre alcool dans des alambics de campagne
28:04et donc là aussi c'est une question récurrente dans les dessins.
28:07D'ailleurs il y a une anecdote assez amusante,
28:09ils racontent l'histoire d'un de leurs camarades
28:11qui était prisonnier des allemands, qui s'est échappé
28:13et lorsqu'il revient, parce que la convention de Genève
28:16impose de nourrir les prisonniers de la même façon que le combattant
28:21qu'il l'a fait prisonnier.
28:22Et donc ce soldat américain évadé dit
28:24moi quand j'étais chez les Boches, j'avais le droit à une saucisse,
28:27à de la bière, 10 cigarettes par jour et du chocolat.
28:31– Et il raconte aussi que les prisonniers allemands sont ulcérés
28:34et ne peuvent pas croire que la nourriture qu'on leur donne
28:36est la nourriture du combattant américain tellement elle est mauvaise.
28:39– Donc le livre a connu un immense succès aux Etats-Unis dès 1945
28:43parce que qu'est-ce qu'il a fait finalement ?
28:45Il a compilé tous les dessins, il a écrit le texte après
28:47ou il avait pris des notes pendant la guerre ?
28:49– Alors il n'a pas compilé tous les dessins,
28:51il en a sélectionné les 168 qui trouvaient les meilleurs
28:54et pendant qu'il était en Italie, à Rome,
28:56il va écrire le premier G sur le front,
29:00une partie sera coupée par la censure, on ne sait pas ce qui a été coupé
29:03mais en tout cas on sait que Bill Muldoon en rageait
29:06mais malgré tout ce qui reste est quand même déjà très très fort
29:10et il va le publier en 1945, recevoir le prix Pulitzer
29:13et il y aura plus de 20 éditions jusqu'en 1950,
29:16plus d'un million d'exemplaires vendus
29:17et il sera adapté sur la forme d'un film.
29:19– Un film qui a eu du succès, qu'on peut trouver en France ?
29:22– Alors qu'on peut trouver en France, on peut le voir sur YouTube.
29:24Alors c'est un film de 1952 donc évidemment c'est une manière
29:26de montrer la guerre qui est très différente de ce qu'on connaît aujourd'hui,
29:29c'est assez daté mais on peut le regarder sur YouTube si on le souhaite.
29:32– Alors finalement que dit Muldoon au lecteur d'aujourd'hui ?
29:35Est-ce que ça peut toucher un jeune public ?
29:36Parce que la condition de ces soldats sur le front,
29:39c'est à peu près la même qu'on pouvait retrouver finalement dans toutes les guerres,
29:4314-18 même avant, 39-45, est-ce que c'est une permanence finalement
29:48cette souffrance du soldat, du fantassin sur le front ?
29:50– Alors je suis convaincu que c'est une permanence,
29:52notamment pour les armées de conscription,
29:54les gens qui n'ont pas choisi de faire la guerre et qui se retrouvent sur le front.
29:57J'entendais un podcast hier sur un podcast américain
30:01et il disait qu'on regrette qu'il n'y ait pas un Bill Muldoon en Ukraine
30:04parce qu'avec les chaînes d'info 24 heures sur 24,
30:06on a l'impression de tout voir sur la guerre
30:08mais en fait on ne connaît pas la réalité du combattant et du simple fantassin.
30:12Et donc ce que dessine Bill Muldoon sur l'Italie et la France
30:16pendant la seconde guerre mondiale,
30:18en fait ça aurait pu être dessiné sur n'importe quel conflit,
30:20c'est vraiment intemporel et c'est un témoignage exceptionnel
30:23parce que pour une fois ce n'est pas un combattant
30:25qui se met en scène sur ses exploits militaires, ses faits d'armes,
30:28mais c'est vraiment quelqu'un qui raconte ce qu'il voit et la vie du fantassin.
30:32Donc c'est quelque chose de très différent des témoignages classiques.
30:35– Il n'y a pas d'équivalent Bill Muldoon chez nous en France ?
30:38– Non, j'ai réfléchi dans les dessinateurs,
30:40je crois que ça tient vraiment à la culture américaine,
30:44à cette liberté de la presse, cette liberté d'expression.
30:48Je pense qu'il n'aurait pas pu voir le jour dans un autre pays
30:51et il est arrivé au bon moment, au moment où les médias de masse se développaient
30:56et où il n'y avait pas encore de vraies censures,
31:00on les laissait publier à peu près tout ce qu'ils voulaient,
31:04ça changera avec la guerre du Vietnam,
31:06c'est vrai que pendant la guerre du Vietnam,
31:08le regard de la population américaine va beaucoup changer
31:11suite à ce que raconteront les correspondants de guerre.
31:14Il y a une citation très célèbre d'un général américain
31:16pendant la guerre du Vietnam qui dit
31:18la guerre c'est comme les saucisses, il ne faut mieux pas savoir comment c'est fait.
31:21Et après l'U.S. Army va reprendre complètement le contrôle sur…
31:26– Sur les médias.
31:27– Sur les médias évidemment.
31:29– Sur le front de Bill Muldoon, il y a 168 illustrations,
31:35c'est un livre qui fait 280 pages,
31:39il y a une préface très intéressante également de Nicolas Ancelin
31:43qui pose bien le sujet.
31:46– Et il y a une post-face aussi de la petite-fille de Bill Muldoon
31:49qui se trouve être une militaire américaine,
31:51qui a fait West Point, qui est professeure à West Point
31:53et donc ce qui est étonnant c'est que c'est une lignée de militaires
31:56parce que Bill Muldoon a évidemment été militaire,
31:58son père était artilleur, son grand-père était éclaireur
32:01pendant les guerres contre les indiens
32:03et donc c'est vraiment une lignée de militaires.
32:05C'est un texte qui par certains aspects est antimilitariste
32:07et en même temps il y a un grand respect pour les militaires,
32:09pour les combattants, donc c'est ça qui en fait…
32:11– Qui est plutôt pacifiste, plus qu'antimilitariste.
32:13– Oui, plus pacifiste.
32:14– Plus pacifiste qu'antimilitariste.
32:16Donc c'est une œuvre qui est journalistique, artistique, voire même poétique,
32:20c'est vraiment… et ça se dit… ça se dévore.
32:23Ça se dévore et puis on rit beaucoup.
32:25– Et puis vraiment on a envie de rencontrer Bill Muldoon,
32:27il a l'air très sympathique.
32:28– Très sympathique, il avait une tête absolument…
32:30en plus une tête absolument incroyable.
32:32Alors Pierre de Taillac, on va quitter Bill Muldoon et sur le front,
32:35mais on va rester dans la seconde guerre mondiale
32:37parce que je voudrais que vous nous parliez d'un projet éditorial,
32:40le livre va sortir fin juin, qui est, je le disais en introduction,
32:47qui est vraiment une nouveauté.
32:49C'est 10 ans de travail, c'est un dictionnaire des généraux français
32:54de la seconde guerre mondiale.
32:56Donc 10 ans de travail, mais qui sont les pauvres auteurs
32:58qui ont travaillé pendant 10 ans ?
33:00– Alors les pauvres auteurs, il faut vraiment avoir un courage
33:03à toute épreuve pour se lancer dans ce genre d'aventure
33:05parce qu'il y a 1086 généraux français de l'armée de terre
33:09pendant la seconde guerre mondiale.
33:11– Il y en a eu tant que ça.
33:12– Il y en a eu tant que ça, je n'aurais pas imaginé
33:13qu'ils étaient aussi nombreux.
33:14On peut en citer comme ça peut-être 20 ou 30, mais au-delà…
33:19– Alors on est bien d'accord, on va de 1931 à 1945.
33:22– C'est ça.
33:23– Donc ça inclut…
33:24– Les généraux de la défaite, la campagne de France,
33:26la défaite et jusqu'au généraux de la victoire de 1945.
33:30C'est souvent une même génération, donc c'est assez intéressant.
33:33Et donc les deux directeurs de l'ouvrage se sont lancés
33:37dans ce projet il y a plus de 10 ans maintenant.
33:39C'est Max Quiavon qui est un grand spécialiste des élites militaires.
33:43– Que nous avons reçu ici.
33:45– Voilà, qui a publié sur des bibliographies, sur Gamelin,
33:49sur Georges, sur Olry, de très nombreux généraux
33:52et qui a dirigé la recherche au service historique de la défense
33:55et François Delannoy qui est aussi un grand spécialiste
33:57sur le militaire, docteur en histoire également.
33:59Et donc ils ont réuni autour d'eux une équipe de 30 historiens
34:03parce que c'est évident impossible de faire un livre de cette nature tout seul.
34:09Et donc ça a été 10 ans de travail.
34:11Pour se rendre compte de l'ampleur, un livre comme Sur le front,
34:15ça fait à peu près 250 000 signes.
34:17Là on est proche de 10 millions de signes.
34:19Donc ça équivaut à 40 livres comme Sur le front.
34:23Donc c'est vraiment un travail de Romain.
34:25La correctrice qui a commencé à travailler dessus,
34:27ça fait 2 ans qu'elle travaille dessus, qu'elle relie des notices.
34:29Elle ne fait pas ça à plein temps évidemment
34:31parce qu'on ne peut pas faire ça à plein temps pour rester concentré.
34:33Mais elle en relie 2 ou 3 heures par jour depuis 2 ans
34:37parce qu'il faut aller au bout de ces 10 millions de signes.
34:41Nous, toute l'équipe, parce qu'on va l'envoyer à la pression ces jours-ci,
34:44on s'est partagé le dictionnaire en 5 morceaux.
34:47Donc on est chacun en train de relire nos 20%.
34:50– La chance à la coquille.
34:52– C'est ça, c'est ça.
34:53Et c'est déjà un travail tout à fait conséquent.
34:56Mais c'est très amusant parce qu'on voit la sociologie de ces officiers.
35:01Ils sont tous nés autour des années 1880,
35:04pour être généraux, autour des années 40.
35:07Et c'est tout à fait amusant parce qu'on voit aussi les notations.
35:11C'est ce qu'il y a de plus amusant dans le dictionnaire, c'est les notations.
35:13Parce que contrairement à ce qu'on peut penser,
35:17ce n'est pas du tout édulcoré.
35:18Les officiers qui les notent, dont certains sont des officiers très célèbres,
35:21disent vraiment ce qu'ils pensent.
35:23– Il y a une très féroce sur le général de Gaulle.
35:25– Il y en a très féroce sur le général de Gaulle,
35:27où ils disent qu'il pense surtout qu'il a une autre image de lui-même
35:31et que ça déforme sa pensée.
35:33Donc on voit qu'ils jugent assez justement ces officiers.
35:38Donc ça fait une lecture qui est très amusante.
35:40Évidemment, ce n'est pas fait pour être lu de la première à la dernière page.
35:43C'est un livre qui est fait pour les chercheurs, pour les étudiants,
35:45pour les bibliothèques.
35:46Mais j'espère qu'on en fera avec les auteurs
35:49un essai plus court sur la sociologie de ces élites militaires
35:53parce que ça n'avait jamais été fait.
35:55Il n'y avait jamais eu de dictionnaire.
35:57– Cette sociologie, quelle est-elle ?
35:58– Moi, ce qui m'a frappé en relisant les notices,
36:01c'est de voir qu'il y a quand même pas mal d'officiers généraux
36:05qui sont sortis du rang.
36:08Certains viennent de milieux très très modestes,
36:10ou un père paysan, ou une mère,
36:14évidemment, la plupart du temps, elle n'a pas d'emploi.
36:16Mais certaines sont couturières, on sent des milieux assez modestes.
36:19Et ils réussissent grâce à l'école de la 3ème République,
36:23ils réussissent le concours de Saint-Cyr,
36:24et petit à petit, parce qu'ils sont brillants,
36:26ils graffent sous les échelons.
36:28Donc ça, c'est assez frappant et assez touchant
36:30de voir que sur ce quota, il y a une grande partie
36:32qui ne sont pas du tout…
36:33Il y a aussi des fils de ministre, des fils d'officier, évidemment.
36:35Mais il y a vraiment des simples Français
36:39qui finissent à la tête de l'armée.
36:41– Et beaucoup sortis du rang ?
36:43Je ne sais pas si vous avez les chiffres en tête ?
36:44– Alors, je n'ai pas les chiffres.
36:45On n'a pas encore fait de pourcentage.
36:47Ce sera sans doute l'objet d'une deuxième étude, j'espère.
36:50Mais oui, il y en a quand même pas mal qui sont sortis du rang.
36:52Moi, ça m'a frappé.
36:53Je pensais qu'ils étaient tous passés par Saint-Cyr ou Polytechnique,
36:55selon l'arme dans laquelle ils servent.
36:57Mais en fait, pas du tout.
36:58Il y en a aussi qui s'engagent comme simples soldats,
37:00qui font une très belle Première Guerre mondiale,
37:02qui gravissent rapidement les échelons,
37:04grâce à la Première Guerre mondiale, si je puis dire.
37:06Et après, ils sont sur la rampe,
37:09et ils rattrapent le temps perdu, les diplômes qu'ils n'ont pas,
37:12grâce à cette Première Guerre mondiale.
37:15L'armée a cette force, quand même,
37:17de réussir à faire sortir du rang un certain nombre de types brillants.
37:23– Et c'est un livre où il y a beaucoup de photos ?
37:25– Non, alors pas de photos.
37:26On s'est posé la question.
37:27En fait, on n'a pas retrouvé des portraits de chacun des 1 086.
37:30– Donc, il fallait faire un choix sans en mettre,
37:31si on n'avait pas du tout.
37:32– C'est ça, c'est ça.
37:33Et donc, on a choisi de ne pas en mettre.
37:34Ça fait déjà un livre qui fait 1 200 pages,
37:36et on était à la limite maximum pour pouvoir relier le livre.
37:41Donc, on s'est dit,
37:42on ne va pas prendre le risque de passer 1 400 pages,
37:44de ne plus pouvoir le relier.
37:46Donc, c'est sans photos.
37:48Vraiment, ce qui est le plus amusant,
37:50c'est de voir la sociologie de ces élites militaires,
37:55les notations,
37:56et de temps en temps, il y en a un qui a un parcours tout à fait étonnant.
37:59Donc, ça, c'est aussi assez amusant à lire.
38:01– Ils sont classés par ordre alphabétique ?
38:03– Par ordre alphabétique, oui.
38:04– Bon, écoutez, le dictionnaire des généraux français
38:07de la Seconde Guerre mondiale.
38:08Ce qui m'a frappé, c'est sur la couverture,
38:10il y en a un qui porte l'uniforme américain.
38:12– C'est ça, évidemment.
38:13L'armée victorieuse est largement équipée par l'armée américaine.
38:17Et donc, on le voit aussi sur les uniformes des généraux.
38:20– Piano Taillac, avant de nous quitter,
38:22j'ai vu que vous avez apporté,
38:24bon, il y a sur le front,
38:25vous avez apporté deux autres ouvrages,
38:26des ouvrages que vous voulez nous montrer.
38:28Il y en a un qui est très illustré.
38:29C'est une petite histoire de l'armée française, c'est ça ?
38:31– C'est une petite histoire de l'armée française.
38:33C'est un livre que j'ai eu envie de faire,
38:34parce que, comme tous les passionnés de livres,
38:37j'ai beaucoup de livres pour enfants
38:39de la première moitié du XXe siècle.
38:40Et à l'époque, c'était un classique des éditeurs
38:42de raconter les hauts faits d'armes de l'armée française
38:45dans des livres très illustrés,
38:46avec des illustrateurs très talentueux,
38:48notamment dans Job, par exemple,
38:49mais il y en avait beaucoup d'autres.
38:50Et donc, j'ai eu envie de…
38:52Je me suis dit, pourquoi ça n'a pas été fait depuis 75 ans ?
38:54Il y a plein de choses à raconter,
38:56évidemment, depuis les débuts de l'armée française,
38:59mais jusqu'à aujourd'hui.
39:00Donc, j'ai demandé à un officier
39:02à qui je travaille régulièrement,
39:03qui a beaucoup d'enfants,
39:05de se lancer là-dedans.
39:07Le projet lui a plu.
39:08Et on a trouvé un illustrateur
39:10qui s'appelle Charles Ngo,
39:12qui est aumônier militaire
39:13et qui publiait régulièrement
39:15des aquarelles sur l'armée française,
39:17sur les réseaux sociaux.
39:18C'est comme ça que je l'ai découvert.
39:19Et donc, je lui ai demandé
39:20s'il serait tenté d'illustrer cette petite histoire.
39:23Et on l'a publiée au mois de janvier.
39:24Et ça marche très bien.
39:25J'ai l'impression qu'on répond à un besoin,
39:27qu'il y a des lecteurs qui sont très heureux
39:28de retrouver une histoire pour enfants
39:29de l'armée française.
39:30Et donc, je suis très heureux.
39:31Je vais avoir l'impact qu'on a vu.
39:32Il y a un petit clin d'œil au titre de Bainville,
39:35la petite histoire de l'armée française.
39:36Oui, c'est ça.
39:37Sinon, d'autres projets à venir ?
39:39D'autres projets.
39:40On a publié un roman historique.
39:41On n'en fait pas beaucoup.
39:42Et ça, c'est vraiment un roman tout à fait étonnant
39:45parce qu'il se passe à une période
39:47assez rare pour les romans historiques.
39:49Ce n'est pas l'Empire,
39:50ce n'est pas la Première Guerre mondiale,
39:51ce n'est pas la Seconde Guerre mondiale.
39:52C'est pendant les années 70 en Afrique.
39:54C'est un maçon qui est recruté
39:56par un roi du Dahomey
39:57pour construire son palais.
39:58Et il va découvrir un sceptre
40:00qui, le détenteur du sceptre,
40:01a toute la légitimité du pouvoir.
40:04Donc, il va se retrouver au milieu
40:06de luttes de pouvoir dans le Dahomey,
40:08dans l'Afrique des années 70
40:09avec les services de secret français,
40:11soviétiques, etc.
40:12Donc, c'est très, très amusant.
40:13Bien.
40:14Bien, Père Zodiac, merci.
40:16Donc, longue vie sur le front
40:18et puis au dictionnaire,
40:20même si c'est sûrement beaucoup plus ardu.
40:23Merci d'être venu nous parler
40:25de tous ces livres.
40:26Et puis, on se tient au courant
40:28avec vos prochaines publications.
40:30Merci beaucoup.
40:31Je vous en prie.
40:32C'était Passer présent,
40:33l'émission historique de TVL
40:35présentée en partenariat
40:36avec la Revue d'Histoire Européenne.
40:39Revue d'Histoire Européenne,
40:40dont le numéro de juin-juillet
40:42comporte un gros dossier
40:44consacré à la guerre froide.
40:46Mais nous en reparlerons.
40:47Merci et à bientôt.
40:49Mais avant de nous quitter,
40:50n'oubliez pas, bien sûr,
40:51de cliquer sur le pouce levé
40:52sous la vidéo
40:53et de vous abonner
40:54à notre chaîne YouTube.
40:55Merci.
40:56A bientôt.
40:57Sous-titrage Société Radio-Canada

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